Salazar a t-il sauvé le Portugal ?

Président du Ministère (1932-1933) puis du Conseil des ministres (1933-1968), il dirigea pendant 36 ans un régime autoritaire conservateur et nationaliste fondé sur la doctrine de l'Estado Novo.

En économie, Salazar impose, surtout à partir de 1933, un régime corporatiste, inspiré des encycliques pontificales. Le corporatisme portugais se distingue du système italien en laissant une véritable autonomie aux corps de métier et à l'Église catholique, ce qui lui vaut d'être plébiscité en France par l'extrême-droite et la partie de la droite tentée par la solution corporatiste. C'est tout particulièrement net pour les questions agricoles.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il réussit à stabiliser les finances grâce à une politique monétaire restrictive au prix d'un déficit en biens alimentaires et d'une grande inflation.

Durant la Guerre d'Espagne, fidèle à ses préceptes anti-communistes, il apporte son soutien à Francisco Franco dans sa lutte contre les Républicains. Il ouvre ses ports au transit de matériels d'armement (armes, avions) fournis par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste au profit des nationalistes espagnols, et met à disposition des franquistes des moyens de communication et de propagande. Il permet également qu'une Légion portugaise de 12000 hommes participe aux combats contre les républicains. L’aide de Salazar, dans les six premiers mois du conflit, se révèle absolument décisive pour la victoire de Franco en 1939. Les relations personnelles entre les deux hommes ne seront cependant jamais amicales.

Oui, dans une certaine mesure Salazar a sauvé le Portugal.

D'abord nommé ministre des Finances en 1928, il a redressé d'une façon spectaculaire l'économie du pays posant comme condition que pas un escudo ne serait dépensé sans son accord. En un an, alors que le pays était au bord de la banqueroute, il a réussi un redressement spectaculaire, rétabli l'équilibre budgétaire et stabilisé la monnaie.

C'est en 1932 que le président de la République le nomme chef du Gouvernement où, menant une vie quasiment ascétique tout à fait à l'opposée du culte de la personnalité, n'apparaîssant en public que lorsque cela était strictement necéssaire, il a poursuivi le redressement du pays.

À deux reprises il a démissionné et est retourné auprès de ses chers étudiants de l'université de Coimbra... et à deux reprises on est venu le supplier de revenir à son poste au gouvernement.

Il a réussi le coup de force de préserver la neutralité du Portugal lors de la seconde guerre mondiale, tout en prêtant les aérodromes portugais, notamment aux Açores, pour les escales de ravitaillement des avions alliés.

Salazar décédé en 1970, son successeur, ironie du sort, fut déposé en 1974 par un coup d'État militaire, le putsch des capitaines, improprement appelé la révolution des oeillets, alors que Salazar avait été porté au pouvoir par les généraux d'un autre putsch en 1926...

Pour la petite histoire, en mars 2007, il a été désigné « Plus grand Portugais de tous les temps » par 41 % des téléspectateurs de la chaîne de télévision RTP, la télévison d'État. Loin, en deuxième position se trouvait son ancien opposant Alvaro Cunhal (19 %), secrétaire général du Parti communiste portugais.

(Oui, je sais, ça bouleverse pas mal d'idées préfabriquées par les officines du prêt-à-penser... )

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Citation :

Pour la petite histoire, en mars 2007, il a été désigné « Plus grand Portugais de tous les temps » par 41 % des téléspectateurs de la chaîne de télévision RTP, la télévison d'État...

Ce qui n'est pas sans présenter un parallèle remarquable avé le sondage qui a désigné Charles De Gaulle comme plus grand français de tous les temps ou le personnage le plus important de l'histoire de France selon deux sondages, l'un fait par BVA en 2005 et l'autre fait récemment par TNS-Sofres pour la célébration du 40° anniversaire de sa disparition.
Ce dernier sondage donnait 44% des suffrages à De Gaulle en premier contre 38% à Napoléon Ier le second et 34 % à Charlemagne le troisième (qui entre nous était aussi roi des futurs Boches, Flamands, Saxons et Belges).

Comme quoi la mémoire collective des contemporains donne toujours une prime au plus récent des dirigeants hors-normes.

Je suis perplexe que les salazaristes n'apprécient pas De Gaulle à la mode de chez eux ?!

EddieCochran a écrit:

6 -Je suis perplexe que les salazaristes n'apprécient pas De Gaulle à la mode de chez eux ?!

Bonjour Eddie !

Ce n'est pas dit, Eddie, ce n'est pas dit... moi, qui n'ai pas participé au sondage de la RTP... et que mon papa militait dans l'opposition alors que j'étais trop jeune pour y comprendre quelque chose......

Plus réellement, mon intérêt dans cette histoire est le suivant : on entend propager sous nos latitudes tant de mensonges malveillants sur Salazar et taire tant de ses bons côtés... et répandre tant de belles choses pas toujours vraies sur De Gaulle et celer soigneusement tant d'autres choses pas franchement flatteuses du tout sur lui...

C'est pour moi une pulsuion irrésistible d'appuyer ce qui me semble être la vérité.

(Si je devais comparer De Gaulle à un autre homme politique et militaire contemporain, ce serait plutôt avec le général Pinochet... mais bon, là je suis très légèrement provocateur, sachant que Lawrence est dans le coin... )