Petit extrait d'une interview de Denis Tillinac . Après ça, je ne comprends comment on peut ne pas être réac !
Justement, un des attributs du réac est son attachement à la féminité, perçue comme une valeur. Que vous inspire la tendance à l'indifférenciation des sexes à l'œuvre dans notre société, illustrée dernièrement par la polémique sur la théorie du genre?
La civilisation occidentale est fondée sur deux héritages, le gréco-romain et le judéo-chrétien, qui se conjuguent avec deux cultes de la féminité: Aphrodite et la vierge, qui fondent l'histoire de l'art occidental. Et moi, je ne renoncerai à ça pour rien au monde. La féminité est plus que la différence de la femme, elle est un imaginaire qui permet de créer.
La femme est aussi capable que nous d'être président de la République, chasseur ou catcheur: qu'on leur donne le triple de salaire et 100% dans les conseils municipaux, le monde serait plus gai!
Mais la théorie du genre est une psychose égalitariste et totalitaire: on voudrait fabriquer des petits bâtonnets identiques. Ce que je veux c'est que le rapport de séduction persiste, une altérité et une séduction qui ne tomberont jamais au niveau de la mesquinerie des salaires égaux et de l'égalité des droits. Le rapport masculin-féminin ne peut se réduire à un rapport égalitaire et comptable!
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de représenter une France crispée, repliée sur elle-même fermée et hostiles aux autres cultures?
Je ne crois pas à une hiérarchie entre les civilisations, mais je préfère la mienne. Je suis plein de respect pour l'art asiatique, que je trouve grandiose, mais ça ne me touche pas, ça me laisse froid. Le moindre portail roman d'une petite chapelle, ou les absidioles au carrefour d'une départementale me touchent en plein coeur, car c'est la France. C'est Saint-Denis, cette grande voute cistercienne qui surplombe les tombeaux des rois de France, auquel vous ajoutez une bonne andouillette-frites avec un nuit Saint Georges, et de belles amours: voilà ma définition de l'identité de la France, qui est celle du bonheur. Il n'y a pas de bonheur sans identité.
Le sous-titre de mon livre est «apologie de la liberté», mais il pourrait être «apologie de l'identité», car il n'y a pas non plus de liberté sans identité. Pas une identité crispée mais une identité suffisamment sûre d'elle-même pour être ouverte aux autres.
Selon vous, cette identité française est-elle menacée par l'immigration massive, ou même, comme certains le craignent, par l'islam?
Je ne suis pas hostile à l'islam, mais à l'immigration de masse qui menace l'équilibre même de notre société. La France est un pays de sédentaires, pas un pays d'immigrés comme les Etats-Unis. C'est un pays qui a accueilli des immigrés et qui en a fait des Français.
Beaucoup de musulmans pieux, qui envoient leurs enfants dans des écoles cathos dès qu'ils ont un peu
d'argent, véhiculent des valeurs de respect de la famille et d'enracinement dans la tradition. Il peut y avoir une alliance de ceux qui croient, face aux individualistes libertaires de tout poil, aux nihilistes, aux cyniques et aux nombrilistes.
Notre ennemi, ce n'est pas le musulman, mais le bobo. Le bobo c'est le nihilisme fait homme: un cynique, un jouisseur, un sceptique.