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 comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !

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MessageSujet: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty25/8/2016, 15:03

Le problème de l’extension du Canon des Écritures
parAlain Le Boulluec

École Pratique des Hautes Études


Quand on examine comment s’est constitué le Canon au cours des premiers siècles de l’histoire du christianisme, ou comment la nécessité de le définir est devenue progressivement manifeste, il faut tout d’abord se rappeler que le terme « canon » pour désigner un ensemble clos de documents perçu comme Écriture sainte apparaît pour la première fois dans les textes chez Athanase [1]
[1] Decr. 18 (p. 15, 20 ; PG 25, 448 A). Bruce M. Metzger...
, qui est aussi le premier témoin de l’emploi au participe parfait passif du verbe ?????????? appliqué aux « livres » « inclus dans le canon » de l’Écriture [2]
[2] Lettre festale 39 (PG 26, 1436 B et 1437 C), transmise...
. Cette innovation coïncide avec l’établissement, au ive siècle, de listes officielles cataloguant les livres que les autorités ecclésiastiques considèrent comme Écriture, listes dont la plus fameuse est précisément celle de la Lettre festale 39 d’Athanase, datant de 367. À l’époque antérieure ?????, utilisé en lien avec l’Écriture, conserve le sens de « règle » de foi. Ainsi Clément d’Alexandrie parle-t-il de « la règle ecclésiastique » comme de « l’accord à l’unisson de la loi et des prophètes avec l’alliance transmise lors de la venue du Seigneur » [3]
[3] Stromates, VI, 15, 125, 3 (traduction de P. Descourtieux,...
. Il s’agit de « l’explication des Écritures » [4]
[4] Strom, VI, 15, 125, 2.
, et non d’une liste close de livres. Et même lorsqu’Eusèbe de Césarée rapporte le jugement d’Origène sur les évangiles en écrivant : « dans le premier des tomes Sur l’Évangile selon Matthieu, il maintient le canon ecclésiastique, et témoigne qu’il ne connaît que quatre évangiles » [5]
[5] Histoire Ecclésiastique, VI, 25, 3 (traduction de G....
, en qualifiant la « règle (canon) » d’« ecclésiastique », il ne désigne pas encore strictement avec ce terme le nombre, limité à quatre, des Évangiles, mais il renvoie à la tradition reçue dans l’Église, comme le précise le fragment d’Origène cité ensuite, concernant l’ordre de rédaction des seuls évangiles « incontestés (??????????) », Mt, Mc, Lc et Jn. C’est l’expression « catalogue des Écritures sacrées de l’Ancien Testament » qu’il emploie pour introduire la liste donnée par Origène « selon la tradition des Hébreux », des vingt-deux livres « testamentaires (??????????) » [6]
[6] HE VI, 25, 1.
. Le changement qui survient dans la seconde moitié du ive siècle se marque ainsi dans le vocabulaire, qui étend la valeur normative de ?????, tant en matière de foi que de discipline, au dénombrement ordonné des livres scripturaires. Une mutation décisive se produit alors, qui met fin à une époque où une certaine fluidité caractérisait la réflexion sur l’extension des Écritures et sur leurs limites, et qui ouvre les temps où la codification s’affirme et se fait autoritaire, voire péremptoirement exclusive.
2

Une autre évolution sémantique est l’indice d’un moment important dans l’histoire de cet affermissement, qu’on peut dater du début du iiie siècle, et qui a été préparé dans les dernières décennies du iie. Il s’agit de l’emploi de ???????, traduit en latin par testamentum, pour désigner les livres dont est composée l’Écriture. Pour « l’Ancien Testament », l’usage est attesté dès Méliton de Sardes [7]
[7] Fragment des Eklogés cité par Eusèbe DE CÉSARÉE, HE...
. Pour le couple ?????? ???????/????? ??????? il en va différemment. Pendant longtemps les deux valeurs du mot ???????, « alliance » et « testament », système religieux fondé sur la notion d’élection divine et corpus textuel portant la révélation de l’alliance et les termes du contrat, sont restées indissociables, même dans des passages où la référence aux Écritures est patente. Irénée est un bon témoin de cette ambivalence [8]
[8] Y.- M. Blanchard, Aux sources du canon. Le témoignage...
. Elle s’atténue chez Clément d’Alexandrie, qui entend, certes, par « Testament transmis lors de la venue du Seigneur » l’ « alliance » de Dieu avec l’humanité manifestée par le message du Christ, mais aussi la forme concrète des écrits matérialisant ce message, et qui, surtout, emploie plusieurs fois ?????? ??????? et ??? ??????? au sens devenu courant par la suite d’ « Ancien Testament » et de « Nouveau Testament » [9]
[9] Strom. III, 6, 54, 4 ; 11, 71, 3 ; IV, 21, 134, 2-4...
. Cet usage quasiment technique est fermement établi au temps d’Origène. Il marque la fin d’un long développement qui a donné à la Bible chrétienne l’un de ses traits principaux, voire son principal caractère, le fait qu’elle est composée de deux Testaments.
3

Les simples données lexicales qui viennent d’être évoquées indiquent déjà deux temps forts dans l’histoire des Écritures aux premiers siècles du christianisme. Le premier (fin du iie siècle, début du iiie) est celui de l’extension du concept de livre saint à d’autres textes que les écrits hérités du judaïsme. Il suppose une période antérieure, celle de l’appropriation chrétienne de cet héritage. Le second, dans la seconde moitié du ive siècle, est celui des efforts de délimitation de l’Ancien et du Nouveau Testament, des décisions prises pour trancher les débats, commencés deux siècles plus tôt, concernant l’authenticité scripturaire de tel ou tel écrit et le contenu des deux ensembles qui ont fini par constituer la Bible chrétienne. Les difficultés ne disparaissent pas pour autant, car des divergences subsistent sur l’ordre des livres et la façon de les dénombrer, qui peuvent impliquer des désaccords sur le degré de sainteté des textes retenus, et qui attestent des différences entre l’Occident et l’Orient. Les problèmes que pose l’extension du canon ne font que changer au cours des trois périodes envisagées, jusqu’aux années 150, pendant les deux siècles suivants, et à partir des années 350 ; ils ne sont pas résolus définitivement par les Églises et les questions que doit affronter l’historien sont innombrables. Nous ne pouvons traiter ici que de quelques-unes d’entre elles.
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MessageSujet: Indétermination relative   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty25/8/2016, 15:04

Indétermination relative
4

Pour aborder un tel sujet, il faut se défaire d’illusions et de préjugés engendrés par l’application rétrospective à la réalité antique de distinctions formalisées ultérieurement, et faire l’effort de retrouver des manières diverses de reconnaître l’autorité d’écrits qui ont subi plus tard les effets du partage instauré par la canonisation.
5

Prenons le cas des textes qualifiés d’ « apocryphes » par la tradition patristique, pour lesquels la science moderne a forgé le terme « intertestamentaires », appellation impropre et trompeuse, et que l’auteur de l’ouvrage de référence le plus récent propose de considérer, faute de mieux, comme appartenant à « la littérature religieuse judéohellénistique » [10]
[10] A.-M. Denis (et collaborateurs), Introduction à la...
. Quelques exemples suffiront pour rappeler la variété de la réception chrétienne d’écrits dont la totalité a été transmise par des copistes et des traducteurs chrétiens (mis à part les textes présents aussi dans les manuscrits de la Mer Morte).
6

Hénoch est cité explicitement par l’Épître de Jude, prise ici non comme écrit admis dans le Nouveau Testament, mais comme l’un des plus anciens textes chrétiens, au tournant du ier au iie siècle. 1 Hénoch 1, 9 est invoqué comme parole de prophète en Jude 14-15 [11]
[11] La citation est conforme au texte grec transmis par...
. L’Épître de Barnabé, 4, 3, se réfère à une parole attribuée à Hénoch pour dire qu’il est question dans l’Écriture de la proximité du scandale ultime. Si aucun passage du corpus conservé des textes mis sous le patronage d’Hénoch ne correspond exactement à cette parole, il est plausible de la faire remonter à un écrit apocalyptique perdu rapportant une tradition hénochéenne [12]
[12] Voir la discussion de P. Prigent dans SC 172 [1971],...
. On sait par ailleurs quelle fortune a eue chez les Pères le midrash sur Gn 6, 1-4 concernant le péché des anges en 1 Hénoch 6-8 [13]
[13] Un dossier partiel sur ce sujet est présenté par A.-M....
et, en général, de quelle faveur a joui dans l’Antiquité chrétienne et au Moyen Âge l’angélologie de 1 Hénoch. On a pu repérer aussi chez Irénée son influence à propos du problème de l’origine du mal [14]
[14] D. R. Schultz, « The Origin of Sin in Irenaeus and...
. Les longues citations du premier livre de 1 Hénoch que fait Georges le Syncelle sont empruntées vraisemblablement au moine chronographe Panodore d’Alexandrie, actif entre 395 et 468 [15]
[15] Voir A.-M. Denis, o. c, p. 105.
. Un livret de papyrus du IVe siècle, reprenant un texte probablement du iiie siècle, associe des fragments de la dernière partie de 1 Hénoch à des extraits provenant sans doute d’un écrit attribué à Ézéchiel, précédés d’une homélie de Méliton sur la Passion [16]
[16] Pour la bibliographie sur ce livret et sur son contenu,...
. Une anthologie, à l’époque même, le iiie siècle, où les autorités de l’Église commençaient à imposer la séparation entre un Ancien Testament inspiré et des écrits contestés ou rejetés, faisait donc coexister deux de ces documents et l’homélie d’un Père ancien et vénéré. Ainsi quelques-uns des traits de la réception chrétienne de 1 Hénoch illustrent-ils la valeur accordée à cette littérature : aux temps les plus anciens, elle peut être citée comme Écriture ; elle continue ensuite d’être lue et elle nourrit la réflexion doctrinale ; au iiie siècle elle demeure offerte à la méditation des fidèles au même titre que la prédication d’un évêque du siècle précédent ; au début du ve siècle, alors que les listes officielles excluant les « apocryphes » se multiplient, elle reste pour les érudits une source digne d’être exploitée [17]
[17] Nous laissons de côté ici un fait capital dans l’extension...
. Ce dernier usage n’apprend rien cependant sur le degré d’autorité concédé au document en cause dans son ensemble, pas plus que le recours à tel ou tel passage d’apocryphe dans un genre tout différent, celui de l’hagiographie, moins soumis que la littérature théologique ou exégétique aux normes édictées par l’Église institutionnelle à partir du moment où celle-ci a défini le canon. Il reste que les autres témoignages révèlent une réalité mouvante.
7

Quelques exemples de plus, parmi d’autres, prouvent que les auteurs ecclésiastiques, à date ancienne, reconnaissaient comme faisant partie des Écritures des livres qui n’ont pas été reçus par la suite dans le Canon. Ainsi lit-on chez Hermas : « "Proche est le Seigneur de ceux qui se convertissent", comme il est écrit dans Eldad et Modad, qui ont prophétisé au peuple dans le désert (cf. Nb 11, 26-29) » [18]
[18] Hermas, Le Pasteur, Vision 2, 3, 4.
. C’est l’unique vestige, en grec, du Livre d’Eldad et Modad, dont l’existence est assurée par plusieurs catalogues anciens [19]
[19] Voir A.-M. Denis, o. c, p. 478.
. Certains repèrent dans l’Épître de Barnabé, 11, 9 et 16, 6, deux allusions à l’Apocalypse syriaque de Baruch [20]
[20] Ainsi nommée parce que le texte complet n’existe plus...
, l’une introduite par la mention « Et un autre prophète dit encore », l’autre par les mots : « Car il est écrit ». Ces références sont controversées [21]
[21] Voir A.-M. Denis, o. c, p. 728.
. Quoi qu’il en soit, Barn. accorde bien le statut d’Écriture prophétique à des textes absents des livres canoniques. Une partie de la tradition manuscrite des Testimonia ad Quirinum de Cyprien introduit par les termes : « Item in Baruch », une citation qui ressemble à un autre passage de la même Apocalypse (48, 33-36) [22]
[22] C’est peut-être une interpolation, faite au plus tard...
. Clément d’Alexandrie cite des paroles du « Prophète Sophonie » enlevé par l’Esprit au cinquième ciel et contemplant les anges voués à la glorification du Très Haut [23]
[23] Strom. V, 11, 77, 2.
. Elles viennent assurément d’une Apocalypse de Sophonie, peut-être identique à celle qui est conservée partiellement dans un papyrus copte [24]
[24] Voir A.-M. Denis, o. c, p. 795-799.
. Clément de Rome associe à des propos d’Ézéchiel et d’Isaïe sur le repentir, qu’il attribue au « Maître de l’univers lui-même », des paroles qu’un fragment présent chez Clément d’Alexandrie permet de faire remonter à un Apocryphe d’Ézéchiel [25]
[25] Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, 8, 3 (voir...
. L’Alexandrin introduit, avec la formule « le Prophète Esdras dit », la citation exacte de 4 Esdras 5, 35, mise sur le même plan que Jr 20, 14 et 18 [26]
[26] Strom. III, 16, 100, 3.
. Il accorde dans sa doctrine de la compréhension des Écritures une grande importance à une tradition relative à deux visions différentes reçues par Josué et Chaleb de Moïse « élevé ». On reconnaît là un emprunt à une Assomption de Moïse [27]
[27] Strom. VI, 15, 132, 2-3 ; Clément tient sûrement du...
. Certes, Clément ne le présente pas comme extrait des Écritures, mais comme ???????; cependant, la force probante qu’il lui donne atteste la haute autorité qu’il confère à ce récit.
8

Tous ces exemples montrent que, jusqu’au début du iiie siècle, les auteurs ecclésiastiques ne perçoivent pas tous de différence fondamentale à l’intérieur des écrits reçus des Juifs et se rapportant aux figures des patriarches, de Moïse et des Prophètes, entre des textes inspirés, constituant un ensemble clos, et d’autres qui seraient suspects ou à rejeter. Il arrive même que soient citées comme « Écriture » des paroles absentes des livres qui par la suite appartiendront au canon exclusif et provenant soit de ceux qui seront abandonnés comme « apocryphes », soit de textes perdus, dont la disparition a eu précisément pour cause principale la condamnation prononcée plus tard.
9

Cette indétermination du concept d’« Écriture », qui apparaît si l’on compare les pratiques les plus anciennes à la doctrine qui se formalise à partir de la seconde moitié du ive siècle, change de nature selon les périodes considérées au cours des quatre premiers siècles. Le recours que l’on constate jusqu’au temps de Clément d’Alexandrie à des documents exclus plus tard comme « apocryphes » ne se fait plus aussi librement à la génération suivante. Ainsi la critique et la différenciation s’exprimentelles clairement chez Origène. L’évolution est gouvernée par les rapports entre le christianisme et le judaïsme. À l’âge dit « apostolique », non seulement les liens ne sont pas rompus, mais la religion nouvelle acquiert peu à peu son identité à l’intérieur du judaïsme, comme l’un de ses courants, lui-même multiple. L’extension de l’« Écriture » reflète directement le modèle hérité. Pour chacun des textes primitifs, qu’il s’agisse d’écrits entrés plus tard dans le « Nouveau Testament » ou d’évangiles, de récits et d’épîtres soit relégués par la suite dans la catégorie des livres suspects, voire condamnés (sous l’étiquette « hérétiques »), soit distingués, tout en restant vénérés, de l’ensemble scripturaire (Barnabé, 1 Clément, la Didachè, le Pasteur), des analyses très fines doivent être menées, tenant compte des formes du judaïsme dont ils portent l’influence. Les situations sont très différentes selon que le partenaire initial représente la mouvance apocalyptique, les traditions esséniennes ou le courant pharisien. Une fois la rupture consommée et l’expansion parmi les « Nations » définitivement engagée, deux données nouvelles ont des effets convergents : la controverse a pour objet l’appropriation chrétienne de l’Écriture juive et l’un des éléments majeurs de la reconstruction du judaïsme après la ruine du Temple est la clôture de la Bible sainte. La discussion aligne ce qui devient pour les chrétiens l’ « Ancien Testament » sur la Bible ainsi définie. C’est chez les auteurs et dans les lieux où cette confrontation est moins vive que l’indétermination est plus grande : un Clément d’Alexandrie, de culture grecque, accueille volontiers les traditions non canoniques, en un temps où le désastre subi par le judaïsme hellénisé en Egypte dans les années 115-118 a des conséquences irrémédiables [28]
[28] Voir J. Mélèze Modrzejewski, Les Juifs d’Égypte de...
, ce judaïsme dont il a précisément accaparé la production littéraire [29]
[29] On dit trop souvent cependant que les Juifs n’ont pas...
.
10

Avant de rappeler quelques-unes des questions soulevées par la délimitation antique de l’« Ancien Testament », il est nécessaire d’évoquer le phénomène le plus important dans l’extension du canon chrétien, c’est-à-dire l’addition à l’« Écriture » reçue du judaïsme d’une « Écriture » nouvelle, entraînant la constitution du « Nouveau Testament ».
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MessageSujet: L’apparition d’un « Nouveau Testament » 11 Avant le milieu du IIe siècle, quelle que soit la diversité des communautés chrétiennes, l’un de leurs traits communs est de reconnaître pour « Écriture » principalement les livres saints du judaïsme, un corpus d   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty25/8/2016, 15:06

L’apparition d’un « Nouveau Testament »
11L’apparition d’un « Nouveau Testament »
11

Avant le milieu du IIe siècle, quelle que soit la diversité des communautés chrétiennes, l’un de leurs traits communs est de reconnaître pour « Écriture » principalement les livres saints du judaïsme, un corpus de textes qui n’est pas absolument le même partout, comme nous l’avons rappelé, mais dont les contours se sont dessinés beaucoup plus tôt [30]
[30] D. Barthélemy, « L’état de la Bible juive depuis le...
, sans s’imposer comme normatifs [31]
[31] Ainsi E. Ulrich peut-il conclure que la bibliothèque...
.
12

Dans des écrits comme 1 Clément ou Barnabé, l’un reprenant les méthodes de l’homilétique juive, l’autre christianisant le midrash, la référence aux « Écritures », « vraies », « données par l’Esprit Saint », « paroles de Dieu » [32]
[32] Clement, Épître aux Corinthiens 45, 2 ; 53, 1. Nous...
, se conjugue avec la mention de Moïse et des « autres prophètes » [33]
[33] Clement, Cor. 43, 1 (« les autres prophètes ont suivi...
, sans ignorer « la suréminente Sagesse », qui parle dans les Proverbes [34]
[34] Clement, Cor. 57, 3-7, citant Prov 1, 23-33.
, et elle peut introduire des paroles qui ne sont pas des citations littérales des textes bibliques, mais des montages d’un style qui devait être courant dans les usages de la synagogue [35]
[35] Barn. 4, 7-8 ; cf. Clement, Cor. 53 ; voir le commentaire...
. Barnabé caractérise aussi par les formules « L’Écriture dit », ou « Il est écrit », des paroles très proches de passages de 1 Hénoch [36]
[36] Voir Barn. 16, 5b et 6b (cf. 1 Hénoch 89, 56-74 et...
. La citation, avec les mots « comme il est écrit », d’une parole qui se trouve aussi en Mt 22, 14 : « Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus », en Barnabé 4, 14, n’est peut-être pas vraiment une exception, en ce qu’elle ne désignerait pas comme Écriture précisément l’Évangile selon Matthieu. L’unicité de l’exemple fait penser plutôt à une collection de logia [37]
[37] Nous suivons ici Y.-M. Blanchard, o. c., p. 54.
. Il faut beaucoup d’ingéniosité pour aboutir à un jugement différent, dans un cas où l’analyse littéraire dispose de trop peu d’éléments. Il faut pouvoir en l’occurrence prouver que le contexte doctrinal et polémique plus large de l’Épître de Barnabé est en accord avec la péricope de l’Évangile selon Matthieu où apparaît le dit [38]
[38] Telle est la démonstration que propose P. F. Beatrice,...
. Il reste qu’une parole de Jésus est citée comme Écriture. C’est l’un des premiers témoignages sur l’extension possible de la catégorie livre saint, faisant autorité, à des écrits relatifs à Jésus.
13

Quant à la Didachè, elle est l’objet de débats qui remettent en cause la thèse communément reçue selon laquelle elle ne connaîtrait pas encore les textes canoniques du Nouveau Testament, tout en pouvant apporter quelque lumière sur les origines de la tradition synoptique [39]
[39] Voir, dans l’Introduction à la Didachè, SC 248 [1978],...
. On a récemment voulu démontrer par exemple qu’on ne pouvait comprendre la fin de la Didachè (16) sur l’attente eschatologique sans y voir une adaptation de l’apocalypse synoptique telle qu’elle est composée dans Mt 24-25 [40]
[40] C.M Tuckett, « Synoptic Tradition in the Didachè »,...
. Il faut noter cependant que même le concept « Écriture » est absent dans la Didachè ; les allusions aux textes législatifs de la Torah se font par la médiation de l’enseignement d’origine rabbinique [41]
[41] Nous renvoyons à la présentation synthétique de Y.-M....
. Il serait donc vain, à plus forte raison, de chercher dans ce document une forme de canonisation. Il ne donne accès qu’à une pratique, dont on peut chercher à inférer à quels textes il accordait autorité. Cette enquête est elle-même très délicate. C’est l’occasion de faire une remarque générale sur les travaux concernant les relations éventuelles entre les écrits des Pères dits « apostoliques », et même des apologistes, et les évangiles devenus plus tard canoniques. La tendance est forte de supposer des contacts avec des sources ou des traditions parallèles, ou encore des rédactions partielles de ces évangiles, plutôt qu’avec les textes définitifs. La critique a des raffinements tellement subtils qu’on a parfois du mal à percevoir la nécessité du recours à de telles hypothèses, quand l’analyse conduit à repérer des similitudes si patentes avec Mt, Mc ou Lc, et des différences si ténues [42]
[42] Il est réconfortant de trouver la question posée par...
.
14

Les Lettres d’Ignace appartiennent à un monde tout différent, caractérisé par des dissensions qui opposent le courant dont l’auteur est le porte-parole et le maître à des groupes gnosticisants. Un passage fameux peut résumer le témoignage d’Ignace. Il invite en ces termes les Philadelphiens à fuir les divisions : « Je vous exhorte à ne rien faire par esprit de rivalité, mais selon l’enseignement du Christ. Car j’en ai entendu qui disaient : "Si je ne le trouve pas dans les archives, je ne le crois pas dans l’évangile". Et quand je leur disais : "C’est écrit", ils me répondaient : "C’est là la question". Pour moi, mes archives, c’est Jésus Christ; mes archives sacrées, c’est sa croix, et sa mort, et sa résurrection, et la foi qui vient par lui ; c’est en cela que je désire, par vos prières, être justifié » [43]
[43] Phld 8, 2, selon la traduction généralement reçue de...
. Les archeia, « archives », désignent l’Ancien Testament, et evangelion n’indique pas au premier chef un évangile écrit, mais le message du Christ et la foi en lui, annoncés par l’Église [44]
[44] Cela n’exclut pas la référence, sous-jacente, à un...
. Ce que les adversaires d’Ignace refusent, c’est l’interprétation des « archives » en vue d’y découvrir l’annonce d’un Christ incarné et souffrant. Tel est le sens de la réplique : « C’est là la question ». Ils ne trouvent pas dans l’Ancien Testament un enseignement sur la réalité de l’Incarnation, de la Passion et de la Résurrection. Ignace leur reproche en somme d’alléguer la lettre de ces Écritures pour soutenir que ces événements se sont produits en apparence [45]
[45] Voir Trall. 10, 1 ; Smyrn. 2, 1 ; 4, 2.
. Son interprétation va dans l’autre sens, en accord avec la tradition orale de 1’ « Évangile » [46]
[46] Y.-M. Blanchard, o. c. ci-dessus n. 8, pp. 22-31, insiste...
. Au demeurant, il n’emploie la formule « il est écrit » que pour des passages des Proverbes [47]
[47] Pr 3, 34 en Éph. 5, 2 et Pr 18, 17 en Magn. 12.
, tout en citant ailleurs des versets des Psaumes et d’Isaïe.
15

Parmi les textes anciens, il faut retenir aussi la Deuxième Épître à Timothée (3, 15-16). Son auteur félicite le destinataire de connaître « depuis sa tendre enfance les Saintes Écritures » ; il s’agit manifestement de la Loi et des Prophètes, et d’autres écrits, de sagesse. Il ajoute, selon une visée tout opposée à celle des adversaires d’Ignace, mais plus explicite que chez l’évêque d’Antioche : « elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus ». Là se trouve en germe l’interprétation patristique de l’Ancien Testament, mais — l’absence est de taille ! — sans la référence à un autre corpus d’écrits, à un Nouveau Testament. L’argument implicite est que la prédication orale de Jésus et sur Jésus suffit [48]
[48] 1 Tm 5, 18, où est citée comme « Écriture », après...
. C’est alors qu’apparaît la formule emblématique : « Toute Écriture est inspirée de Dieu (???????????) ». En l’occurrence elle s’applique à ce qui est en train de devenir pour les chrétiens « l’Ancien Testament ». La Deuxième Épître de Pierre, plus tardive, en tire une conséquence qui introduit dans la compréhension de l’Écriture la norme de la compétence spirituelle et de l’autorité des maîtres de la communauté, norme qui a joué un grand rôle aussi dans la définition du Canon : « Tout d’abord, sachez-le bien : aucune prophétie de l’Écriture n’est affaire d’interprétation privée ; en effet, ce n’est pas la volonté humaine qui a jamais produit une prophétie, mais c’est portés par l’esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » [49]
[49] 2 P 1, 20, selon la Tob.
. Cette mise en garde retentit jusqu’à la fin de l’Épître, cette fois à propos des lettres de Paul : « Et dites-vous bien que la longue patience du Seigneur, c’est votre salut ! C’est dans ce sens que Paul, notre frère et ami, vous a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est aussi ce qu’il dit dans toutes les lettres où il traite de ces sujets : il s’y trouve des passages difficiles dont les gens ignares et sans formation tordent le sens, comme ils le font aussi des autres Écritures pour leur perdition » (2 P 3, 15-16). Preuve qu’une collection de lettres de Paul, douée d’autorité, existe alors, mise au même niveau que « les Écritures ». Alors même que le terme « Écriture », au singulier ou au pluriel, désigne exclusivement la « prophétie », donc l’Ancien Testament, un grand pas est franchi vers l’élévation d’autres textes, en l’occurrence des lettres de Paul, au statut scripturaire [50]
[50] Cf. H. Paulsen, Der Zweite Petrusbrief und der Judasbrief,...
. Des signes pointant dans la même direction apparaissent dans l’Épître aux Philippiens de Polycarpe de Smyrne. Il n’est pas exclu qu’il range les épîtres pauliniennes parmi les « Lettres sacrées » [51]
[51] C’est la conclusion de A. Lindemann, art. cit. ci-dessus...
, comme le peut laisser entendre ce passage : « Je suis assuré que vous êtes très versés dans les Lettres sacrées et que rien ne vous en est ignoré : moi je n’ai pas ce don. Seulement, comme il est dit par ces Écritures : "Mettez-vous en colère et ne péchez pas" (Ps 4, 5) et "Que le soleil ne se couche pas sur votre colère" (Eph 4, 26). Heureux qui s’en souvient ; je crois qu’il en est ainsi pour vous » [52]
[52] Polycarpe, Phil. 12, 1, traduction de P. Th. Camelot,...
. Eph 4, 26 cite l’exhortation de Ps 4, 5, mais la phrase suivante ne se trouve que dans l’épître paulinienne. Il est en outre probable que Polycarpe connaît toutes les lettres attribuées à Paul, à l’exception de Col, 1 Th, Phm et Tt, ainsi que les évangiles. Il cite également 1 P et 1-2 Jn [53]
[53] R. Burnet, Épîtres et lettres. ier-iie siècle. De Paul...
. Il appartient à un temps de la pratique épistolaire chrétienne où le recours à des recueils d’écrits faisant autorité se substitue à la mémoire de la première rencontre de l’apôtre avec ses communautés, sous la forme de la prédication orale et de la parole divine. Cette modification profonde de la pratique épistolaire du premier christianisme change à la fois le rôle de l’écrit, œuvre de compilateurs et de commentateurs, et la référence à l’Écriture, qui se met à englober les textes où l’on va chercher l’enseignement des modèles fondateurs [54]
[54] R. Burnet, o. c., p. 370-375, étudie excellemment les...
, par un élargissement qui ébauche un Nouveau Testament, sans qu’il soit légitime de parler déjà d’un canon néotestamentaire [55]
[55] A. Lindemann, art. cit. ci-dessus n. 50, p. 324, reprend...
.
16

Ce qui va accélérer le développement d’un Nouveau Testament venant compléter et parachever dans le christianisme la Bible reçue du judaïsme, c’est la crise profonde provoquée par l’intervention de Marcion ainsi que par la controverse avec ceux qu’il est convenu d’appeler « gnostiques ».
17

Il importe, pour mesurer cette accélération, d’examiner le témoignage de l’un des premiers acteurs de ces conflits, l’auteur ecclésiastique des plus anciennes répliques à des adversaires contre lesquels il a forgé le concept d’ « hérésie » [56]
[56] Comme nous avons tenté de le montrer dans La notion...
, et de constater la mutation qui se produit entre lui et Irénée.
18

Les œuvres conservées de Justin, dans les années 150 [57]
[57] Que l’on admette une seule Apologie, ou deux Apologies...
, manifestent l’autorité dont jouissent déjà les évangiles synoptiques. Certes, la critique n’a pas cessé de le contester depuis le xviiie siècle, et des thèses contradictoires s’affrontent encore aujourd’hui, les uns considérant que Justin (ou son « école ») a voulu composer un évangile harmonisant destiné à supplanter Mt et Lc, et peut-être Mc [58]
[58] H. Koester, « The Text of the Synoptic Gospels »,dans...
, d’autres étant plus frappés par les mentions des Mémoires des Apôtres chez Justin et par l’importance qu’il accorde aux traditions écrites des paroles de Jésus [59]
[59] L’une des études les plus probantes en ce sens est...
. L’examen attentif des propos de l’apologiste permet cependant de percevoir la haute estime qu’il a pour cette forme de transmission et sa connaissance des évangiles devenus plus tard canoniques.
19

Au début de la Première Apologie, Justin insiste sur l’enseignement reçu du Christ, le Fils venu d’auprès du Père pour donner cet enseignement, lequel continue d’être dispensé par les chrétiens (4, 7 ; 6, 2 ; 8, 3). Au point culminant de sa défense et illustration du christianisme, l’exposé sur les prières de la communauté qui suivent l’admission du nouveau baptisé et sur l’ « eucharistie », à laquelle seuls peuvent participer ceux qui vivent « comme le Christ l’a transmis (?? ? ??????? ?????????) » (66, 1), révèle que « l’enseignement », les traditions reçues incluent les Mémoires écrits des Apôtres. « La nourriture eucharistiée par la parole de prière venue de lui », les chrétiens ont appris [60]
[60] C’est le verbe ?????????, au passif, qui est emplo...
« qu’elle est la chair et le sang de ce Jésus qui s’est fait chair » (66, 2). « Les Apôtres en effet, dans les Mémoires composés par eux, qui sont appelés "Évangiles", ont transmis ainsi qu’il leur a été ordonné (????? ????????? ????????????????) Jésus prit du pain, et après avoir rendu grâces dit : "Faites ceci en mémoire de moi…" … » (66, 3). Le passage confirme que l’enseignement soigneusement transmis par ces écrits des Apôtres et appliqué par les disciples de Jésus a pour source le Christ lui-même, le Fils venu d’auprès du Père (6, 2). Il ne fait pas de doute que ces traditions sont douées de la plus haute autorité, même si elles ne sont pas désignées comme « Écriture ».
20

Un autre développement important corrobore ce résultat : l’introduction des vingt-six paroles de Jésus, réparties en dix groupes, choisies pour présenter « quelques-uns des enseignements du Christ lui-même » (14, 4), les qualifie de « brèves et concises », et ajoute : « car ce n’était pas un sophiste, mais sa parole était la puissance de Dieu » (14, 5) [61]
[61] G. N. Stanton, art. cit. ci-dessus n. 59, p. 356, met...
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21

Commentant dans le Dialogue avec Tryphon sa conversion, Justin souhaite que personne ne s’écarte des paroles du Sauveur (?? ?????????? ??? ??? ??????? ?????), car elles possèdent « une majesté redoutable qui les rendent propres à effrayer ceux qui se détournent du droit chemin ; elles procurent par contre le plus doux repos à ceux qui s’y attachent » (8, 2). Il fait dire à Tryphon : « Vous avez… dans ce qu’on appelle l’Évangile des préceptes si grands et admirables, que personne, je soupçonne, ne peut les suivre : j’ai pris soin de les lire » (10, 2 ; cf. 18, 1). Évoquant le baptême de Jésus, il précise : « et pendant qu’il remontait de l’eau, l’Esprit Saint comme une colombe voltigea sur lui ; ce sont les Apôtres de ce Christ lui-même qui l’ont écrit » (88, 3). Les « Apôtres » sont certainement « ces hommes amis du Christ » pour lesquels, comme pour les Prophètes, il dit avoir été pris d’amour (8, 1). L’expression « les Mémoires des Apôtres » est employée douze fois dans le développement où abondent les citations où l’on reconnaît des références à Mt, Mc et Lc (101-107). Le récit de Josué 5, 2-3 annonce la seconde circoncision faite par Jésus le Christ, avec les couteaux de pierre que sont ses paroles, paroles prêchées par les Apôtres de « la pierre angulaire » (113, 6-7 ; 114, 4). Compte tenu de l’exposé précédent, il s’agit manifestement de traditions écrites. Leur autorité ne pourrait être soulignée plus fortement [62]
[62] G. N. Stanton, art. cit. ci-dessus n. 59, p. 358.
. Plusieurs passages de la Première Apologie et du Dialogue montrent d’autre part que Justin veut accorder aux paroles de Jésus le même statut qu’aux paroles des Prophètes [63]
[63] Voir 1 Apol. 61, 3.4-8 ; 63, 3-5 ; Dial. 17, et la...
. Le fait qu’il ne les introduit pas par la formule « il est écrit » ne signifie pas qu’il les juge inférieures à l’Écriture [64]
[64] Les trois emplois de ????????? accompagnant des citations...
. Il dit clairement le contraire à propos de la vocation d’Abraham, étendue au peuple nouveau : « Car de même qu’il a eu foi en la voix de Dieu, et que cette foi lui a été imputée à justice (cf. Gn 15, 6), de même nous, nous avons eu foi en la voix de Dieu qui nous a parlé à nouveau par les Apôtres du Christ, et que les Prophètes nous avaient annoncée » (119, 6) [65]
[65] Voir G. N. Stanton, art. cit. ci-dessus n. 59, p. ...
. L’inspiration des Apôtres est l’égale de celle des Prophètes.
22

Quant aux Mémoires des Apôtres, Justin précise qu’ils sont appelés « Évangiles » [66]
[66] 1 Apol. 66, 3, où il est difficile de voir une glose...
. C’est le premier emploi du terme au pluriel dans la littérature chrétienne ancienne. D’autres passages confirment que Justin entend par Mémoires des Apôtres plus d’un Évangile [67]
[67] Voir Dial. 88, 3 ; 103, 8 ; en 106, 3, la mention des...
. Le recours fréquent à Mt et Lc, plus limité à Mc, est assuré. On a fait valoir de bons arguments en faveur de Jn, Mais la question reste débattue [68]
[68] Voir J. W. Pryor, « Justin Martyr and the Fourth Gospel...
, et il n’est pas certain qu’on puisse compter Jn au nombre des Mémoires des Apôtres. Certes, Justin a connu des paroles de Jésus ou des traditions sur Jésus sous d’autres formes orales ou écrites [69]
[69] On trouve notamment chez lui des agrapha (en Dial....
, mais quand il se réfère à ces Mémoires, il utilise l’un des évangiles devenus ensuite canoniques. Son respect religieux pour l’inspiration d’évangiles écrits s’exprime aussi de façon érudite par le choix de l’appellation ??????????????? : le terme ne renvoie pas chez lui à des « notes », mais il inscrit les évangiles dans une tradition littéraire remontant aux Mémorables de Xénophon concernant Socrate [70]
[70] G. N. Stanton, art. cit. ci-dessus n. 59, p. 365, se...
. Il faut enfin rappeler que Justin est le premier témoin de l’usage liturgique des évangiles, qu’il appelle Mémoires des Apôtres : ils sont lus, dit-il, lors des assemblées du dimanche, puis « le président prend la parole pour adresser des avertissements et exhorter à imiter ces beaux exemples » [71]
[71] 1 Apol. 67, 3-4 ; la lecture est faite de ces Mémoires...
.
23

Nous pouvons retenir que la façon dont Justin parle des évangiles et son témoignage sur leur place dans le culte enseignent que les synoptiques, et peut-être l’Évangile de Jean, ont gagné à Rome dans les années 150 une autorité qui ne le cède en rien à celle des Prophètes. L’usage liturgique, en outre, n’est pas présenté comme une innovation, mais comme bien établi, donc antérieur, et il n’est pas limité à Rome [72]
[72] Une trace ténue d’une lecture de l’évangile à l’assemblée...
, puisque Justin l’introduit ainsi : « Au jour qu’on appelle le jour du soleil, tous, qu’ils demeurent dans les villes ou dans les campagnes, se réunissent en un même lieu, et on lit les Mémoires des Apôtres ou bien les écrits des Prophètes, pendant le temps disponible » [73]
[73] Notons, avec G. N. Stanton, ibid., que cette dernière...
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24

Justin est cependant très loin de ce que l’on entend communément par Canon scripturaire, c’est-à-dire une liste strictement établie des livres inspirés, faisant autorité, qui constituent l’ensemble reconnu et reçu de l’Écriture sainte, norme de foi d’un groupe religieux majoritaire ; liste qui est le résultat de décisions d’inclusion et d’exclusion prises après sérieuse délibération et large accord de la communauté [74]
[74] Telle est la définition que tire E. Ulrich, art. cit....
. Si l’appropriation de la Bible juive de son temps, la Septante, dans l’environnement culturel qui est celui de Justin, implique une notion de l’Écriture comportant un bon nombre de ces caractères, avec des exceptions sur lesquelles il faudra revenir, il n’en va pas du tout ainsi pour les Mémoires des Apôtres. Ils sont considérés comme livres inspirés, faisant autorité ; ils contribuent à fournir des règles à la foi, à la conduite et au culte ; la manière de se réclamer d’eux les apparente à ceux qui sont explicitement qualifiés d’ « Écriture » ; mais ils ne sont pas encore formellement intégrés au corpus scripturaire ; ils coexistent avec d’autres collections, orales ou écrites ; ils ne sont pas pourvus de titres identifiant chacun d’eux ; il n’y a pas de liste exclusive, ni d’ordre de succession des livres dans un catalogue ; et, bien entendu, le choix n’a pas fait l’objet de délibérations publiquement organisées, aboutissant à des décisions ayant force de loi. On ne peut plus dire, sans nuancer la formulation, que Justin « est un dernier représentant de cette période des origines de l’histoire du canon où l’on ne pouvait s’appuyer, pour prêcher le Christ, sur aucune autre "Écriture", que sur l’Ancien Testament dont on avait hérité » [75]
[75] H. F. von Campenhausen, La formation de la Bible chrétienne...
, car le statut des Mémoires des Apôtres est de même rang, pour l’inspiration et l’autorité, que les écrits des Prophètes, mais il n’y a pas chez lui de « Nouveau Testament » à côté de l’« Ancien Testament ». Or, à peine plus de trois décennies plus tard, l’œuvre principale d’Irénée, qui a lu et utilisé Justin, atteste un changement profond ; l’un des traits les plus saillants est le modèle de l’Évangile unique à quatre formes [76]
[76] Contre les hérésies, III, 11, 8.
, pas une de plus, pas une de moins [77]
[77] Contre les hérésies, III, 11, 8 ; cf. III, 9, 1, 1...
, chacun des textes correspondants étant précisément nommé, et appartenant à l’« Écriture divine ». Plusieurs causes peuvent expliquer cette différence : l’affermissement des structures ecclésiastiques, la prise de conscience de la diversité des pratiques liturgiques et disciplinaires, dont témoigne la correspondance d’Irénée lui-même, et les efforts faits pour la réduire, l’émergence d’une orthodoxie, la diffusion des livres réunissant les quatre évangiles. Mais la raison principale est sans doute l’effet de la lutte contre Marcion et contre les gnostiques qui, de manières différentes, amoindrissent l’autorité de la Bible et mettent l’accent sur la révélation du Sauveur. La querelle à propos de l’Écriture ne porte pas sur sa délimitation, mais sur son inspiration et sur la façon de l’interpréter. Il n’y a pas de divergence entre Marcion et ses adversaires sur les contours de l’Ancien Testament ; pas davantage pour les gnostiques ; c’est la validité de la Loi et des Prophètes pour les chrétiens qui est mise en cause.


Avant le milieu du IIe siècle, quelle que soit la diversité des communautés chrétiennes, l’un de leurs traits communs est de reconnaître pour « Écriture » principalement les livres saints du judaïsme, un corpus de textes qui n’est pas absolument le même partout, comme nous l’avons rappelé, mais dont les contours se sont dessinés beaucoup plus tôt [30]
[30] D. Barthélemy, « L’état de la Bible juive depuis le...
, sans s’imposer comme normatifs [31]
[31] Ainsi E. Ulrich peut-il conclure que la bibliothèque...
.
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Dans des écrits comme 1 Clément ou Barnabé, l’un reprenant les méthodes de l’homilétique juive, l’autre christianisant le midrash, la référence aux « Écritures », « vraies », « données par l’Esprit Saint », « paroles de Dieu » [32]
[32] Clement, Épître aux Corinthiens 45, 2 ; 53, 1. Nous...
, se conjugue avec la mention de Moïse et des « autres prophètes » [33]
[33] Clement, Cor. 43, 1 (« les autres prophètes ont suivi...
, sans ignorer « la suréminente Sagesse », qui parle dans les Proverbes [34]
[34] Clement, Cor. 57, 3-7, citant Prov 1, 23-33.
, et elle peut introduire des paroles qui ne sont pas des citations littérales des textes bibliques, mais des montages d’un style qui devait être courant dans les usages de la synagogue [35]
[35] Barn. 4, 7-8 ; cf. Clement, Cor. 53 ; voir le commentaire...
. Barnabé caractérise aussi par les formules « L’Écriture dit », ou « Il est écrit », des paroles très proches de passages de 1 Hénoch [36]
[36] Voir Barn. 16, 5b et 6b (cf. 1 Hénoch 89, 56-74 et...
. La citation, avec les mots « comme il est écrit », d’une parole qui se trouve aussi en Mt 22, 14 : « Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus », en Barnabé 4, 14, n’est peut-être pas vraiment une exception, en ce qu’elle ne désignerait pas comme Écriture précisément l’Évangile selon Matthieu. L’unicité de l’exemple fait penser plutôt à une collection de logia [37]
[37] Nous suivons ici Y.-M. Blanchard, o. c., p. 54.
. Il faut beaucoup d’ingéniosité pour aboutir à un jugement différent, dans un cas où l’analyse littéraire dispose de trop peu d’éléments. Il faut pouvoir en l’occurrence prouver que le contexte doctrinal et polémique plus large de l’Épître de Barnabé est en accord avec la péricope de l’Évangile selon Matthieu où apparaît le dit [38]
[38] Telle est la démonstration que propose P. F. Beatrice,...
. Il reste qu’une parole de Jésus est citée comme Écriture. C’est l’un des premiers témoignages sur l’extension possible de la catégorie livre saint, faisant autorité, à des écrits relatifs à Jésus.
13

Quant à la Didachè, elle est l’objet de débats qui remettent en cause la thèse communément reçue selon laquelle elle ne connaîtrait pas encore les textes canoniques du Nouveau Testament, tout en pouvant apporter quelque lumière sur les origines de la tradition synoptique [39]
[39] Voir, dans l’Introduction à la Didachè, SC 248 [1978],...
. On a récemment voulu démontrer par exemple qu’on ne pouvait comprendre la fin de la Didachè (16) sur l’attente eschatologique sans y voir une adaptation de l’apocalypse synoptique telle qu’elle est composée dans Mt 24-25 [40]
[40] C.M Tuckett, « Synoptic Tradition in the Didachè »,...
. Il faut noter cependant que même le concept « Écriture » est absent dans la Didachè ; les allusions aux textes législatifs de la Torah se font par la médiation de l’enseignement d’origine rabbinique [41]
[41] Nous renvoyons à la présentation synthétique de Y.-M....
. Il serait donc vain, à plus forte raison, de chercher dans ce document une forme de canonisation. Il ne donne accès qu’à une pratique, dont on peut chercher à inférer à quels textes il accordait autorité. Cette enquête est elle-même très délicate. C’est l’occasion de faire une remarque générale sur les travaux concernant les relations éventuelles entre les écrits des Pères dits « apostoliques », et même des apologistes, et les évangiles devenus plus tard canoniques. La tendance est forte de supposer des contacts avec des sources ou des traditions parallèles, ou encore des rédactions partielles de ces évangiles, plutôt qu’avec les textes définitifs. La critique a des raffinements tellement subtils qu’on a parfois du mal à percevoir la nécessité du recours à de telles hypothèses, quand l’analyse conduit à repérer des similitudes si patentes avec Mt, Mc ou Lc, et des différences si ténues [42]
[42] Il est réconfortant de trouver la question posée par...
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Les Lettres d’Ignace appartiennent à un monde tout différent, caractérisé par des dissensions qui opposent le courant dont l’auteur est le porte-parole et le maître à des groupes gnosticisants. Un passage fameux peut résumer le témoignage d’Ignace. Il invite en ces termes les Philadelphiens à fuir les divisions : « Je vous exhorte à ne rien faire par esprit de rivalité, mais selon l’enseignement du Christ. Car j’en ai entendu qui disaient : "Si je ne le trouve pas dans les archives, je ne le crois pas dans l’évangile". Et quand je leur disais : "C’est écrit", ils me répondaient : "C’est là la question". Pour moi, mes archives, c’est Jésus Christ; mes archives sacrées, c’est sa croix, et sa mort, et sa résurrection, et la foi qui vient par lui ; c’est en cela que je désire, par vos prières, être justifié » [43]
[43] Phld 8, 2, selon la traduction généralement reçue de...
. Les archeia, « archives », désignent l’Ancien Testament, et evangelion n’indique pas au premier chef un évangile écrit, mais le message du Christ et la foi en lui, annoncés par l’Église [44]
[44] Cela n’exclut pas la référence, sous-jacente, à un...
. Ce que les adversaires d’Ignace refusent, c’est l’interprétation des « archives » en vue d’y découvrir l’annonce d’un Christ incarné et souffrant. Tel est le sens de la réplique : « C’est là la question ». Ils ne trouvent pas dans l’Ancien Testament un enseignement sur la réalité de l’Incarnation, de la Passion et de la Résurrection. Ignace leur reproche en somme d’alléguer la lettre de ces Écritures pour soutenir que ces événements se sont produits en apparence [45]
[45] Voir Trall. 10, 1 ; Smyrn. 2, 1 ; 4, 2.
. Son interprétation va dans l’autre sens, en accord avec la tradition orale de 1’ « Évangile » [46]
[46] Y.-M. Blanchard, o. c. ci-dessus n. 8, pp. 22-31, insiste...
. Au demeurant, il n’emploie la formule « il est écrit » que pour des passages des Proverbes [47]
[47] Pr 3, 34 en Éph. 5, 2 et Pr 18, 17 en Magn. 12.
, tout en citant ailleurs des versets des Psaumes et d’Isaïe.
15

Parmi les textes anciens, il faut retenir aussi la Deuxième Épître à Timothée (3, 15-16). Son auteur félicite le destinataire de connaître « depuis sa tendre enfance les Saintes Écritures » ; il s’agit manifestement de la Loi et des Prophètes, et d’autres écrits, de sagesse. Il ajoute, selon une visée tout opposée à celle des adversaires d’Ignace, mais plus explicite que chez l’évêque d’Antioche : « elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus ». Là se trouve en germe l’interprétation patristique de l’Ancien Testament, mais — l’absence est de taille ! — sans la référence à un autre corpus d’écrits, à un Nouveau Testament. L’argument implicite est que la prédication orale de Jésus et sur Jésus suffit [48]
[48] 1 Tm 5, 18, où est citée comme « Écriture », après...
. C’est alors qu’apparaît la formule emblématique : « Toute Écriture est inspirée de Dieu (???????????) ». En l’occurrence elle s’applique à ce qui est en train de devenir pour les chrétiens « l’Ancien Testament ». La Deuxième Épître de Pierre, plus tardive, en tire une conséquence qui introduit dans la compréhension de l’Écriture la norme de la compétence spirituelle et de l’autorité des maîtres de la communauté, norme qui a joué un grand rôle aussi dans la définition du Canon : « Tout d’abord, sachez-le bien : aucune prophétie de l’Écriture n’est affaire d’interprétation privée ; en effet, ce n’est pas la volonté humaine qui a jamais produit une prophétie, mais c’est portés par l’esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » [49]
[49] 2 P 1, 20, selon la Tob.
. Cette mise en garde retentit jusqu’à la fin de l’Épître, cette fois à propos des lettres de Paul : « Et dites-vous bien que la longue patience du Seigneur, c’est votre salut ! C’est dans ce sens que Paul, notre frère et ami, vous a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est aussi ce qu’il dit dans toutes les lettres où il traite de ces sujets : il s’y trouve des passages difficiles dont les gens ignares et sans formation tordent le sens, comme ils le font aussi des autres Écritures pour leur perdition » (2 P 3, 15-16). Preuve qu’une collection de lettres de Paul, douée d’autorité, existe alors, mise au même niveau que « les Écritures ». Alors même que le terme « Écriture », au singulier ou au pluriel, désigne exclusivement la « prophétie », donc l’Ancien Testament, un grand pas est franchi vers l’élévation d’autres textes, en l’occurrence des lettres de Paul, au statut scripturaire [50]
[50] Cf. H. Paulsen, Der Zweite Petrusbrief und der Judasbrief,...
. Des signes pointant dans la même direction apparaissent dans l’Épître aux Philippiens de Polycarpe de Smyrne. Il n’est pas exclu qu’il range les épîtres pauliniennes parmi les « Lettres sacrées » [51]
[51] C’est la conclusion de A. Lindemann, art. cit. ci-dessus...
, comme le peut laisser entendre ce passage : « Je suis assuré que vous êtes très versés dans les Lettres sacrées et que rien ne vous en est ignoré : moi je n’ai pas ce don. Seulement, comme il est dit par ces Écritures : "Mettez-vous en colère et ne péchez pas" (Ps 4, 5) et "Que le soleil ne se couche pas sur votre colère" (Eph 4, 26). Heureux qui s’en souvient ; je crois qu’il en est ainsi pour vous » [52]
[52] Polycarpe, Phil. 12, 1, traduction de P. Th. Camelot,...
. Eph 4, 26 cite l’exhortation de Ps 4, 5, mais la phrase suivante ne se trouve que dans l’épître paulinienne. Il est en outre probable que Polycarpe connaît toutes les lettres attribuées à Paul, à l’exception de Col, 1 Th, Phm et Tt, ainsi que les évangiles. Il cite également 1 P et 1-2 Jn [53]
[53] R. Burnet, Épîtres et lettres. ier-iie siècle. De Paul...
. Il appartient à un temps de la pratique épistolaire chrétienne où le recours à des recueils d’écrits faisant autorité se substitue à la mémoire de la première rencontre de l’apôtre avec ses communautés, sous la forme de la prédication orale et de la parole divine. Cette modification profonde de la pratique épistolaire du premier christianisme change à la fois le rôle de l’écrit, œuvre de compilateurs et de commentateurs, et la référence à l’Écriture, qui se met à englober les textes où l’on va chercher l’enseignement des modèles fondateurs [54]
[54] R. Burnet, o. c., p. 370-375, étudie excellemment les...
, par un élargissement qui ébauche un Nouveau Testament, sans qu’il soit légitime de parler déjà d’un canon néotestamentaire [55]
[55] A. Lindemann, art. cit. ci-dessus n. 50, p. 324, reprend...
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Ce qui va accélérer le développement d’un Nouveau Testament venant compléter et parachever dans le christianisme la Bible reçue du judaïsme, c’est la crise profonde provoquée par l’intervention de Marcion ainsi que par la controverse avec ceux qu’il est convenu d’appeler « gnostiques ».
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Il importe, pour mesurer cette accélération, d’examiner le témoignage de l’un des premiers acteurs de ces conflits, l’auteur ecclésiastique des plus anciennes répliques à des adversaires contre lesquels il a forgé le concept d’ « hérésie » [56]
[56] Comme nous avons tenté de le montrer dans La notion...
, et de constater la mutation qui se produit entre lui et Irénée.
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Les œuvres conservées de Justin, dans les années 150 [57]
[57] Que l’on admette une seule Apologie, ou deux Apologies...
, manifestent l’autorité dont jouissent déjà les évangiles synoptiques. Certes, la critique n’a pas cessé de le contester depuis le xviiie siècle, et des thèses contradictoires s’affrontent encore aujourd’hui, les uns considérant que Justin (ou son « école ») a voulu composer un évangile harmonisant destiné à supplanter Mt et Lc, et peut-être Mc [58]
[58] H. Koester, « The Text of the Synoptic Gospels »,dans...
, d’autres étant plus frappés par les mentions des Mémoires des Apôtres chez Justin et par l’importance qu’il accorde aux traditions écrites des paroles de Jésus [59]
[59] L’une des études les plus probantes en ce sens est...
. L’examen attentif des propos de l’apologiste permet cependant de percevoir la haute estime qu’il a pour cette forme de transmission et sa connaissance des évangiles devenus plus tard canoniques.
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Au début de la Première Apologie, Justin insiste sur l’enseignement reçu du Christ, le Fils venu d’auprès du Père pour donner cet enseignement, lequel continue d’être dispensé par les chrétiens (4, 7 ; 6, 2 ; 8, 3). Au point culminant de sa défense et illustration du christianisme, l’exposé sur les prières de la communauté qui suivent l’admission du nouveau baptisé et sur l’ « eucharistie », à laquelle seuls peuvent participer ceux qui vivent « comme le Christ l’a transmis (?? ? ??????? ?????????) » (66, 1), révèle que « l’enseignement », les traditions reçues incluent les Mémoires écrits des Apôtres. « La nourriture eucharistiée par la parole de prière venue de lui », les chrétiens ont appris [60]
[60] C’est le verbe ?????????, au passif, qui est emplo...
« qu’elle est la chair et le sang de ce Jésus qui s’est fait chair » (66, 2). « Les Apôtres en effet, dans les Mémoires composés par eux, qui sont appelés "Évangiles", ont transmis ainsi qu’il leur a été ordonné (????? ????????? ????????????????) Jésus prit du pain, et après avoir rendu grâces dit : "Faites ceci en mémoire de moi…" … » (66, 3). Le passage confirme que l’enseignement soigneusement transmis par ces écrits des Apôtres et appliqué par les disciples de Jésus a pour source le Christ lui-même, le Fils venu d’auprès du Père (6, 2). Il ne fait pas de doute que ces traditions sont douées de la plus haute autorité, même si elles ne sont pas désignées comme « Écriture ».
20

Un autre développement important corrobore ce résultat : l’introduction des vingt-six paroles de Jésus, réparties en dix groupes, choisies pour présenter « quelques-uns des enseignements du Christ lui-même » (14, 4), les qualifie de « brèves et concises », et ajoute : « car ce n’était pas un sophiste, mais sa parole était la puissance de Dieu » (14, 5) [61]
[61] G. N. Stanton, art. cit. ci-dessus n. 59, p. 356, met...
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Commentant dans le Dialogue avec Tryphon sa conversion, Justin souhaite que personne ne s’écarte des paroles du Sauveur (?? ?????????? ??? ??? ??????? ?????), car elles possèdent « une majesté redoutable qui les rendent propres à effrayer ceux qui se détournent du droit chemin ; elles procurent par contre le plus doux repos à ceux qui s’y attachent » (8, 2). Il fait dire à Tryphon : « Vous avez… dans ce qu’on appelle l’Évangile des préceptes si grands et admirables, que personne, je soupçonne, ne peut les suivre : j’ai pris soin de les lire » (10, 2 ; cf. 18, 1). Évoquant le baptême de Jésus, il précise : « et pendant qu’il remontait de l’eau, l’Esprit Saint comme une colombe voltigea sur lui ; ce sont les Apôtres de ce Christ lui-même qui l’ont écrit » (88, 3). Les « Apôtres » sont certainement « ces hommes amis du Christ » pour lesquels, comme pour les Prophètes, il dit avoir été pris d’amour (8, 1). L’expression « les Mémoires des Apôtres » est employée douze fois dans le développement où abondent les citations où l’on reconnaît des références à Mt, Mc et Lc (101-107). Le récit de Josué 5, 2-3 annonce la seconde circoncision faite par Jésus le Christ, avec les couteaux de pierre que sont ses paroles, paroles prêchées par les Apôtres de « la pierre angulaire » (113, 6-7 ; 114, 4). Compte tenu de l’exposé précédent, il s’agit manifestement de traditions écrites. Leur autorité ne pourrait être soulignée plus fortement [62]
[62] G. N. Stanton, art. cit. ci-dessus n. 59, p. 358.
. Plusieurs passages de la Première Apologie et du Dialogue montrent d’autre part que Justin veut accorder aux paroles de Jésus le même statut qu’aux paroles des Prophètes [63]
[63] Voir 1 Apol. 61, 3.4-8 ; 63, 3-5 ; Dial. 17, et la...
. Le fait qu’il ne les introduit pas par la formule « il est écrit » ne signifie pas qu’il les juge inférieures à l’Écriture [64]
[64] Les trois emplois de ????????? accompagnant des citations...
. Il dit clairement le contraire à propos de la vocation d’Abraham, étendue au peuple nouveau : « Car de même qu’il a eu foi en la voix de Dieu, et que cette foi lui a été imputée à justice (cf. Gn 15, 6), de même nous, nous avons eu foi en la voix de Dieu qui nous a parlé à nouveau par les Apôtres du Christ, et que les Prophètes nous avaient annoncée » (119, 6) [65]
[65] Voir G. N. Stanton, art. cit. ci-dessus n. 59, p. ...
. L’inspiration des Apôtres est l’égale de celle des Prophètes.
22

Quant aux Mémoires des Apôtres, Justin précise qu’ils sont appelés « Évangiles » [66]
[66] 1 Apol. 66, 3, où il est difficile de voir une glose...
. C’est le premier emploi du terme au pluriel dans la littérature chrétienne ancienne. D’autres passages confirment que Justin entend par Mémoires des Apôtres plus d’un Évangile [67]
[67] Voir Dial. 88, 3 ; 103, 8 ; en 106, 3, la mention des...
. Le recours fréquent à Mt et Lc, plus limité à Mc, est assuré. On a fait valoir de bons arguments en faveur de Jn, Mais la question reste débattue [68]
[68] Voir J. W. Pryor, « Justin Martyr and the Fourth Gospel...
, et il n’est pas certain qu’on puisse compter Jn au nombre des Mémoires des Apôtres. Certes, Justin a connu des paroles de Jésus ou des traditions sur Jésus sous d’autres formes orales ou écrites [69]
[69] On trouve notamment chez lui des agrapha (en Dial....
, mais quand il se réfère à ces Mémoires, il utilise l’un des évangiles devenus ensuite canoniques. Son respect religieux pour l’inspiration d’évangiles écrits s’exprime aussi de façon érudite par le choix de l’appellation ??????????????? : le terme ne renvoie pas chez lui à des « notes », mais il inscrit les évangiles dans une tradition littéraire remontant aux Mémorables de Xénophon concernant Socrate [70]
[70] G. N. Stanton, art. cit. ci-dessus n. 59, p. 365, se...
. Il faut enfin rappeler que Justin est le premier témoin de l’usage liturgique des évangiles, qu’il appelle Mémoires des Apôtres : ils sont lus, dit-il, lors des assemblées du dimanche, puis « le président prend la parole pour adresser des avertissements et exhorter à imiter ces beaux exemples » [71]
[71] 1 Apol. 67, 3-4 ; la lecture est faite de ces Mémoires...
.
23

Nous pouvons retenir que la façon dont Justin parle des évangiles et son témoignage sur leur place dans le culte enseignent que les synoptiques, et peut-être l’Évangile de Jean, ont gagné à Rome dans les années 150 une autorité qui ne le cède en rien à celle des Prophètes. L’usage liturgique, en outre, n’est pas présenté comme une innovation, mais comme bien établi, donc antérieur, et il n’est pas limité à Rome [72]
[72] Une trace ténue d’une lecture de l’évangile à l’assemblée...
, puisque Justin l’introduit ainsi : « Au jour qu’on appelle le jour du soleil, tous, qu’ils demeurent dans les villes ou dans les campagnes, se réunissent en un même lieu, et on lit les Mémoires des Apôtres ou bien les écrits des Prophètes, pendant le temps disponible » [73]
[73] Notons, avec G. N. Stanton, ibid., que cette dernière...
.
24

Justin est cependant très loin de ce que l’on entend communément par Canon scripturaire, c’est-à-dire une liste strictement établie des livres inspirés, faisant autorité, qui constituent l’ensemble reconnu et reçu de l’Écriture sainte, norme de foi d’un groupe religieux majoritaire ; liste qui est le résultat de décisions d’inclusion et d’exclusion prises après sérieuse délibération et large accord de la communauté [74]
[74] Telle est la définition que tire E. Ulrich, art. cit....
. Si l’appropriation de la Bible juive de son temps, la Septante, dans l’environnement culturel qui est celui de Justin, implique une notion de l’Écriture comportant un bon nombre de ces caractères, avec des exceptions sur lesquelles il faudra revenir, il n’en va pas du tout ainsi pour les Mémoires des Apôtres. Ils sont considérés comme livres inspirés, faisant autorité ; ils contribuent à fournir des règles à la foi, à la conduite et au culte ; la manière de se réclamer d’eux les apparente à ceux qui sont explicitement qualifiés d’ « Écriture » ; mais ils ne sont pas encore formellement intégrés au corpus scripturaire ; ils coexistent avec d’autres collections, orales ou écrites ; ils ne sont pas pourvus de titres identifiant chacun d’eux ; il n’y a pas de liste exclusive, ni d’ordre de succession des livres dans un catalogue ; et, bien entendu, le choix n’a pas fait l’objet de délibérations publiquement organisées, aboutissant à des décisions ayant force de loi. On ne peut plus dire, sans nuancer la formulation, que Justin « est un dernier représentant de cette période des origines de l’histoire du canon où l’on ne pouvait s’appuyer, pour prêcher le Christ, sur aucune autre "Écriture", que sur l’Ancien Testament dont on avait hérité » [75]
[75] H. F. von Campenhausen, La formation de la Bible chrétienne...
, car le statut des Mémoires des Apôtres est de même rang, pour l’inspiration et l’autorité, que les écrits des Prophètes, mais il n’y a pas chez lui de « Nouveau Testament » à côté de l’« Ancien Testament ». Or, à peine plus de trois décennies plus tard, l’œuvre principale d’Irénée, qui a lu et utilisé Justin, atteste un changement profond ; l’un des traits les plus saillants est le modèle de l’Évangile unique à quatre formes [76]
[76] Contre les hérésies, III, 11, 8.
, pas une de plus, pas une de moins [77]
[77] Contre les hérésies, III, 11, 8 ; cf. III, 9, 1, 1...
, chacun des textes correspondants étant précisément nommé, et appartenant à l’« Écriture divine ». Plusieurs causes peuvent expliquer cette différence : l’affermissement des structures ecclésiastiques, la prise de conscience de la diversité des pratiques liturgiques et disciplinaires, dont témoigne la correspondance d’Irénée lui-même, et les efforts faits pour la réduire, l’émergence d’une orthodoxie, la diffusion des livres réunissant les quatre évangiles. Mais la raison principale est sans doute l’effet de la lutte contre Marcion et contre les gnostiques qui, de manières différentes, amoindrissent l’autorité de la Bible et mettent l’accent sur la révélation du Sauveur. La querelle à propos de l’Écriture ne porte pas sur sa délimitation, mais sur son inspiration et sur la façon de l’interpréter. Il n’y a pas de divergence entre Marcion et ses adversaires sur les contours de l’Ancien Testament ; pas davantage pour les gnostiques ; c’est la validité de la Loi et des Prophètes pour les chrétiens qui est mise en cause.
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty25/8/2016, 15:07

Rappelons sommairement les positions de Marcion, arrivé à Rome vers 139 et fondant sa propre Église après 144, pour prendre la mesure du défi qu’elles constituent en un temps où l’Écriture pour les chrétiens est fondamentalement la Bible héritée des Juifs [78]
[78] Voir A. von Harnack, Marcion, l’évangile du Dieu étranger,...
. Marcion affirme la nouveauté absolue de l’Évangile. Le Christ fait connaître un Dieu bon, patient et miséricordieux, différent du Dieu de la Bible, perçu comme vindicatif et jaloux, sévère dans sa justice, terrible dans ses châtiments. Marcion retient du message de Paul, en le durcissant, le contraste entre la Grâce et la Loi. Il reproche à l’Église d’avoir altéré l’authenticité de l’Évangile en reconnaissant les Écritures des Juifs, et d’avoir dénaturé la révélation du Christ en la rattachant au judaïsme. Prétendant que les judaïsants ont falsifié les écrits de Paul après sa mort, il veut les purger de toute interpolation. Pour lui, l’Apôtre a été élu par Dieu à cause du complot qui aurait abusé les Douze après l’Ascension. Une fois restaurées dans ce qu’il considère être leur intégrité première, les lettres pauliniennes lui servent de modèle pour reconstituer l’Évangile « véritable », avec une préférence marquée pour l’Évangile de Luc. Sélection et suppressions caractérisent donc sa critique néotestamentaire (si l’on peut employer cette expression anachronique) et sont les instruments de sa doctrine scripturaire. Marcion se donne ainsi les moyens d’étayer les distinctions entre le Dieu de la Loi et le Dieu bon, seul vrai Dieu, d’après Lc 18, 19 ; entre le Créateur du monde et le Dieu « étranger », tout autre ; entre le Dieu des Juifs et le Dieu révélé par le Christ ; entre le Messie humain promis à Israël et le Sauveur venu d’un au-delà transcendant qui, sans s’incarner réellement, mais en prenant l’apparence d’un corps charnel, vient, par un acte d’une totale gratuité et de pur amour, libérer des âmes qui ne lui appartiennent pas de la servitude du monde, pour une béatitude éternelle. Marcion opère une rupture brutale dans le christianisme. Non seulement il rejette toute allégorie, mais il adopte une lecture strictement littérale, en proscrivant toute interprétation qui voit dans la Bible des prophéties de la venue du Christ, ou des figures annonçant son œuvre. Il ruine l’autorité de l’Écriture et détruit les liens établis par des méthodes exégétiques appropriées, mises au point dès la première évangélisation et les plus anciens écrits qui en témoignent, entre la Bible reçue du judaïsme et le message de Jésus et de ses disciples, Juifs eux-mêmes et se référant à cette Bible. Parmi les effets de la commotion provoquée par cette offensive, le moindre n’est pas l’émergence accélérée d’un Nouveau Testament, qui agrandit l’Écriture [79]
[79] Quant à la thèse, qui a longtemps prévalu, en raison...
.
26

Les gnostiques [80]
[80] Terme commode, mais, on le sait, inexact, puisque c’est...
ont en commun avec Marcion la distinction entre le Dieu bon et le Dieu juste, entre le Dieu transcendant et le Démiurge, la dépréciation de la Loi et l’hostilité envers le monde et la matière. De grandes différences les séparent de lui cependant : pour eux l’humanité, par sa partie spirituelle, est consubstantielle au Sauveur divin, qui se sauve lui-même en sauvant l’homme ; ils font figure de rivaux de l’Église institutionnelle non parce qu’ils veulent fonder à part des communautés fermement structurées, mais parce qu’ils dénoncent la prétention abusive d’une hiérarchie mondaine à détenir l’autorité ; leur interprétation de l’Écriture a recours abondamment à l’allégorie ; ils revendiquent des traditions secrètes et reconnaissent nombre d’évangiles et d’apocalypses qui n’ont pas cours chez Marcion [81]
[81] Rappelons simplement que beaucoup de traités de la...
. Le début de la Genèse, allégorisé, est l’un de leurs principaux textes de référence pour la théologie, la cosmologie et l’anthropologie. Il est constamment repris, réécrit dans les textes de Nag Hammadi. L’absence de formes fixes dans ces paraphrases interprétatives empêche de les considérer comme produites avec l’intention de créer un substitut gnostique à la Bible [82]
[82] Pheme Perkins, « Gnosticism and the Christian Bible...
. Ils trouvent aussi chez les Prophètes des révélations fondamentales [83]
[83] Il suffit ici de mentionner les attaques répétées d’Irénée...
, et même les limites de la connaissance prophétique servent à étayer leur système [84]
[84] La vision de Dieu ne peut concerner pour eux que l’auteur...
. La différence faite entre le Dieu Père, bon, et le Démiurge, entraîne aussi une distinction entre deux sources de l’inspiration. Cette doctrine introduit une partition ontologique dans les livres des Prophètes entre les divers niveaux de sens, et cette séparation est renforcée par la supériorité donnée à la révélation de l’Évangile. Elle s’oppose ainsi à la tradition en vigueur jusqu’à Justin. Le privilège accordé au message du Christ est illustré en outre par le fait que les gnostiques sont les premiers parmi les chrétiens à avoir consacré des commentaires aux évangiles. Basilide a composé des Exegetica qui faisaient une grande place à l’explication de versets évangéliques [85]
[85] Ils commentaient aussi des ????? ????????? mis sous...
. Le disciple de Valentin Héracléon est le premier auteur d’un commentaire de l’Évangile de Jean [86]
[86] Jean est en général une autorité essentielle pour les...
.
27

Justin a affronté lui-même les défis de Marcion et des gnostiques, dans son Traité contre toutes les hérésies qui se sont produites, antérieur aux Apologies, œuvre perdue, mais connue d’Irénée [87]
[87] Justin y renvoie en 1 Apol. 26, 8 ; c’est probablement...
. Or, la doctrine scripturaire de Justin ne permettait pas de répliquer efficacement à ces défis. Sa visée antimarcionite et antignostique est perceptible dans le Dialogue avec Tryphon, en particulier dans l’infléchissement donné à l’interprétation polémique des préceptes légaux et des règles cultuelles, qui deviennent des moyens temporaires de détourner Israël des égarements du paganisme et de l’idolâtrie. L’argumentation change de nature quand elle ne vise plus seulement les Juifs, mais les hérétiques antinomistes. On a pu écrire avec justesse : « Il s’agit alors de sauvegarder l’unité de la révélation, donc de montrer que les rites juifs avaient dans le passé le caractère de moyens indispensables de sanctification et de salut pour Israël » [88]
[88] M. Simon, Verus Israel, Paris, 1964, p. 196, n. 1 ;...
. L’intention est de défendre l’intégralité et l’unité de l’Écriture. Justin est amené ainsi à distinguer trois grandes périodes : l’une, antérieure à Moïse, précède la Loi ; la vraie volonté de Dieu, spirituelle, morale, universelle, s’y manifeste [89]
[89] Dial. 11, 2 ; 93, 1.
; puis vient l’époque de la Loi, rendue provisoirement nécessaire par le caractère rétif du peuple [90]
[90] Dial. 18, 2 ; 19, 5-6 ; 20, 4 ; 21, 1 ; 22 ; 46, 5
; à ce temps succède, avec la Prophétie et les Psaumes, une période qui ne serait plus dominée par la Loi, mais par la révélation de la volonté éternelle de Dieu, accomplie dans le Christ ; dès la seconde époque, cependant, certains préceptes et rites ont été institués comme mystères du Christ, et d’autres pour la piété envers Dieu et la pratique de la justice, conformément au plan supérieur de Dieu. Contre Marcion, une telle histoire du salut n’a pas d’efficacité, ni la découverte des « mystères du Christ », qui passe par l’interprétation figurée. Elle a d’autant moins de puissance qu’elle laisse de côté la question de l’Évangile, en tant que texte, doué d’autorité. Contre les gnostiques, elle ne comporte pas d’argument décisif, en raison même des distinctions qu’elle maintient. Un document d’origine gnostique, qui use d’un langage propre à établir le dialogue avec les autres chrétiens, tout en s’opposant à Marcion, la Lettre à Flora de Ptolémée, montre même qu’une réponse comme celle de Justin pouvait être assimilée et détournée [91]
[91] Pour une analyse plus complète, je me permets de renvoyer...
. La tripartition de la Loi divine elle-même proposée par le disciple de Valentin a en effet des ressemblances avec celle de Justin : il y a des éléments qui ont été « accomplis » par Jésus, qui constituent la « législation pure » ; une partie mêlée de mal et d’injustice que le Sauveur a abolie parce qu’elle ne s’accordait pas avec sa nature ; enfin une partie typique et symbolique, destinée à représenter le spirituel et le transcendant, les prescriptions cultuelles et cérémonielles [92]
[92] Lettre à Flora, 5, 1-6, 6 (texte, traduction et introduction...
. Une différence essentielle est que la tripartition de la Loi ainsi postulée est indissociable de la distinction entre trois principes, le Dieu suprême, le Diable, et l’ « Intermédiaire » [93]
[93] Lettre à Flora, 7, 3-4. Ch. Markschies a mis en lumière...
. Une autre est que Ptolémée prend explicitement comme critères pour juger la Loi des déclarations du « Sauveur », en citant Mt 19, 6-9 et Mt 15, 4-5 [94]
[94] Lettre à Flora, 4, 4 et 4, 11-12, pour faire le tri...
, et qu’il se réfère aussi à « l’Apôtre Paul » [95]
[95] 1 Co 5, 7, Lettre à Flora 5, 15 ; Eph 2, 15 et Rm 7,...
et à un autre « Apôtre », Jean en l’occurrence [96]
[96] Jn 1, 3 en 3, 6.
. Il se réclame même de « la tradition apostolique » : « nous l’avons reçue nous aussi, dit-il, par voie de succession, en soumettant aussi toutes nos paroles à la règle de l’enseignement de notre Sauveur (???? ??? ??? ????????? ? ???? ?????? ?? ??? ??????? ???? ??????????) ». On ne peut affirmer plus clairement la valeur normative, pour toute compréhension de la Loi, des textes de l’Évangile et de l’Apôtre. La controverse ne peut plus éluder la question du « Nouveau Testament », ni celle de la relation entre l’inspiration de l’Écriture et la révélation de l’Évangile, pour effacer les différences d’ordre ontologique entre les sources de l’une et de l’autre. On voit que cette extension du canon scripturaire a des causes indissociablement herméneutiques [97]
[97] Cf. J.-D. Dubois, art. cit. ci-dessus n. 86, pp. 8...
et théologiques.
28

C’est Irénée qui atteste que le pas décisif a été fait dans la génération qui le sépare de Justin, et il donne cohérence aux réflexions antérieures, en leur imprimant sa marque [98]
[98] Il se flatte lui-même d’avoir réussi là où ses prédécesseurs,...
. La doctrine qu’il élabore a été fort étudiée et il serait vain, dans les limites de cette étude, d’en reprendre l’examen [99]
[99] L’éclairage donné par H. F. von Campenhausen est particulièrement...
. Retenons seulement qu’il a fourni le modèle d’une Bible chrétienne à deux Testaments, le second contrôlant la compréhension du premier. Il n’a pas mis encore au point une liste formelle d’écrits canoniques. Son intérêt n’est pas historique, mais théologique, gouverné par le souci de l’unité : le Dieu un, le Christ un, le salut unique [100]
[100] Voir la présentation synthétique de E. Osborn, Irenaeus...
. Un trait important du processus ultérieur de canonisation est cependant déjà présent : l’exclusion des textes considérés par Irénée comme étrangers à la tradition authentique. Il prétend que les gnostiques ont forgé des paroles de Jésus et des écrits apostoliques pour donner un semblant d’assise chrétienne à leurs mythes : « Tel est leur récit de base, que les Prophètes n’ont pas proclamé, que le Seigneur n’a pas enseigné, que les Apôtres n’ont pas transmis, mais qu’ils se flattent, eux, de connaître, comme un privilège extraordinaire, mieux que les autres ; tout en alléguant des textes non scripturaires et, d’après le dicton, en s’appliquant à tresser des cordes avec du sable, ils tâchent d’adapter de façon persuasive à leurs propos soit des paraboles du Seigneur, soit les paroles des Prophètes, soit les discours des Apôtres, afin que leur fiction ne passe pas pour privée de témoins » [101]
[101] Contre les hérésies, I, 8, 1.
. À ce passage fait écho un développement où apparaît la règle « Ni ajouter ni retrancher », qui a joué un si grand rôle dans l’histoire du Canon [102]
[102] Voir W. C. van Unnik, « De la règle ???? ??????????...
: « La "gnose vraie" consiste en « une conservation non feinte des Écritures, un compte intégral de celles-ci, sans addition ni soustraction [103]
[103] Dans la traduction latine : neque additamentum neque...
, une lecture exempte de fraude et, en pleine conformité avec ces Écritures, une explication correcte, harmonieuse, exempte de péril et de blasphème » [104]
[104] Contre les hérésies, IV, 33, 8.
.
29

On s’est demandé d’autre part si le montanisme avait joué un rôle dans la formation du Canon. La « nouvelle prophétie », en fait, ne s’oppose pas aux textes de la tradition chrétienne primitive et se situe même dans leur continuité historique. Le conflit n’a pas porté sur la valeur normative de cette tradition. La confrontation a contribué seulement à restreindre la révélation à un passé révolu, à renforcer le facteur d’apostolicité. L’influence indirecte du montanisme a porté sur l’aspect limitatif du Canon [105]
[105] Ces conclusions sont obtenues par H. Paulsen, qui critique...
.
30

La controverse interne avec Marcion et avec les gnostiques a donc abouti, dès le temps d’Irénée, à la doctrine d’une Bible unique rassemblant deux corps d’écrits faisant autorité, dont les contours se précisent. Expansion, par accès au statut scripturaire de la prédication évangélique ; limitation, par le rejet de certains écrits hors du « Nouveau Testament » authentique. Origène peut célébrer l’unité de l’ensemble, assurée par le Christ, faisant ainsi de l’évangile le Canon dans le Canon :
31

… ce n’est pas en un seul livre, à notre avis, que l’Écriture a parlé du Christ — je prends le mot livre au sens usuel — : car l’Écriture a parlé de lui dans le Pentateuque, mais il a été question de lui également dans chacun des prophètes, et dans les Psaumes et d’une façon générale, dans toutes les Écritures auxquelles il nous renvoie en disant : "Vous scrutez les Écritures parce que vous croyez trouver en elles la vie éternelle. Et celles-ci rendent témoignage pour moi" (Jn 5, 39). Si donc il nous renvoie aux Écritures en nous disant qu’elles témoignent pour lui, ce n’est pas à celle-ci ou à celle-là qu’il nous renvoie mais à toutes celles qui font des annonces à son sujet, celles qu’il appelle « rouleau du livre » lorsqu’il dit dans les Psaumes : "dans le rouleau du livre il a été écrit à mon sujet" (Ps 39, Cool. Si l’on veut rapporter l’expression "dans le rouleau du livre" simplement à l’un quelconque des livres qui le concernent, il faudra expliquer pour quelle raison on pense à tel livre plutôt qu’à tel autre. Car si l’on suppose que cette parole renvoie au livre même des Psaumes, nous répondrons qu’il aurait fallu dire : En ce livre-ci il a été écrit à mon sujet. En fait, il nomme tous les Écrits un seul rouleau parce que la Parole qui nous est venue à son sujet est récapitulée en un seul tout. Et que signifie le fait que Jean a vu un livre écrit « par-devant et par-derrière », un livre scellé que nul ne pouvait lire, dont nul ne pouvait briser les sceaux (cf. Apoc. 5, 1-3) si ce n’est le lion issu de la tribu de Juda, la racine de David (Apoc. 5, 5), celui qui a la clé de David qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira (Apoc. 3, 7) ? Toute l’Écriture est signifiée par ce livre, elle est écrite "par-devant" selon la première lecture qu’on en fait, "par-derrière" selon la lecture secrète et spirituelle. [106]
[106] Com Jn, V, Prologue, 5 (traduction de M. Harl, Philocalie...
.

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MessageSujet: La composition de l’Ancien Testament   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty25/8/2016, 15:08

La composition de l’Ancien Testament
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Cette unité de deux Testaments dominée par la lecture christologique a mis du temps à s’imposer. Nous avons rappelé que chez Justin encore, même si l’accent est mis sur les formes écrites de l’évangile, l’« Écriture » désigne essentiellement ce qui va devenir l’Ancien Testament. Certaines pratiques littéraires des chrétiens le confirment. Par exemple, le meilleur moyen d’asseoir ses droits et sa légitimité peut être de produire des écrits mis sous le patronage des Prophètes, et non pas d’abord de composer des révélations rapportées à Jésus lui-même ou accordées à ses disciples. Le cas de l’Ascension d’Isaïe est particulièrement éclairant. Un groupe prophétique chrétien, sans doute à Antioche en Syrie, au début du iie siècle, à l’époque d’Ignace, choisit, pour diffuser sa christologie et sa sotériologie, de composer une vision d’Isaïe qui explicite selon sa doctrine propre le sens décelé par la tradition chrétienne dans le livre du Prophète. Après le rejet de cette vision par le parti adverse [107]
[107] L’idée que l’ouvrage reflète deux phases dans la vie...
, il développe le motif de la persécution et du martyre du Prophète, en l’attribuant à la colère de Béliar provoquée par la « Vision d’Isaïe », les « faux prophètes » qui l’ont repoussée représentant les autorités ecclésiastiques, comme l’indique l’évocation de la crise que connaîtra l’Église vers la fin du monde, lorsque « des presbytres iniques… opprimeront leurs ouailles » : « Et ils négligeront la prophétie des prophètes qui m’ont précédé, et mes visions aussi ils les abrogeront pour proférer les éructations de leurs cœurs » [108]
[108] Ascension d’Isaïe, 3, 31, traduction de Enrico Norelli,...
. Un autre exemple, dans une autre région, de l’Occident latin cette fois, et quelques décennies plus tard, est fourni par 5 Esdras ; il s’inscrit, lui, dans les débats entre Juifs et chrétiens et transforme Esdras, le prêtre et scribe de l’écrit biblique, et la figure emblématique da la canonisation des Écritures juives, en prophète annonçant le rejet d’Isarël au profit d’un peuple issu des nations [109]
[109] Voir l’introduction de P. Geoltrain dans F. Bovon,...
. Justin avait affirmé, lui, que les Juifs avaient supprimé le passage suivant (en Esdras 6, 19-22) : « Et Esdras dit au peuple : cette Pâque est notre sauveur et notre refuge…Et si nous croyons en lui, ce temple ne sera plus détruit… Si vous ne croyez pas en lui, ni n’écoutez sa prédication, vous serez raillerie pour les gentils » [110]
[110] Dialogue avec Tryphon, 72, 1 ; voir A.-M. DENIS, o....
.
33

Les interpolations chrétiennes dans les apocryphes juifs, qui peuvent être plus tardives, sont un phénomène différent. Elles témoignent en faveur de l’autorité attribuée à ces écrits, mais, bien entendu, elles sont étrangères, voire contraires au processus de canonisation [111]
[111] Il convient de noter cependant que ce processus ne...
.
34

Aux ive et ve siècles, un retour partiel à l’autonomie des Écritures juives apparaît en Orient, chez les Pères qu’on a coutume de présenter comme appartenant à l’école d’Antioche, qui limitent la signification christologique de l’Ancien Testament, en revalorisant le sens historique. Mais cette divergence ne rencontre pas la question du Canon scripturaire.
35

Quant à la perception herméneutique de l’unité de la Bible chrétienne, exprimée par Origène et par beaucoup d’autres, elle n’efface pas la pluralité des « livres » qui la constituent. Pour l’Ancien Testament, le soin d’en dresser la liste exacte se manifeste très tôt.
36

Méliton, sous le règne de Marc Aurèle, dans le prologue de ses Eklogès, rapporte qu’il a composé ces « extraits de la Loi et des Prophètes » à la demande d’Onésime, au sujet du Sauveur et de toute la foi chrétienne ; ce « frère » a voulu aussi « connaître avec précision le nombre des anciens livres et l’ordre (?????) dans lequel ils sont placés » ; aussi Méliton est-il allé jusqu’en Judée-Palestine se renseigner, et il envoie la liste ainsi établie : les cinq livres « de Moïse », puis Jésus Navé, Juges, Ruth, quatre livres des Règnes, deux des Paralipomènes, les Psaumes de David, les Proverbes (ou la Sagesse) de Salomon, Ecclésiaste, Cantique des cantiques, Job ; les livres des Prophètes, Isaïe, Jérémie, les Douze en un seul livre, Daniel, Ézéchiel, Esdras [112]
[112] D’après la citation d’Eusèbe, HE, IV, 26, 14.
. Les traits caractéristiques d’un Canon scripturaire sont présents : exactitude, ordre et nombre des livres. La liste, même si Méliton s’est informé auprès de Judéens chrétiens et non directement auprès de rabbins, est le décalque d’un Canon juif. Ce n’est pas le lieu de rendre compte des particularités de ce catalogue. La question générale qu’il incite à poser est celle de la répartition des livres en grands ensembles. Les seuls termes génériques qu’il emploie sont « la Loi » et « les Prophètes », expression très fréquente chez les Pères, dans les développements où ne sont pas dressées des listes précises, pour désigner tout l’Ancien Testament. Sans doute ne faut-il pas trop tirer du témoignage de Méliton en faveur d’une bipartition du Canon juif à son époque. Il reste que le souci de ces chrétiens est de confronter leur Écriture sainte, celle où ils lisent des enseignements sur leur « Sauveur » et sur leur « foi », à sa forme historique exacte. La controverse persistante aux premiers siècles, la conscience de l’héritage commun et la perpétuation de pratiques de lecture, d’usages des textes ont fait évoluer le Canon chrétien sous l’influence du Canon juif [113]
[113] Voir la conclusion, en forme d’hypothèse, concernant...
, sans jamais effacer les différences qui tiennent, en milieu grec, à la forme et au contenu de la Bible selon la Septante, lesquelles sont quelque peu atténuées en Occident à partir de l’intervention de Jérôme et de son retour à la veritas Hebraica. Les historiens rencontrent là de grandes difficultés, d’autant que les textes qui constituent la Septante sont eux-mêmes authentiquement juifs à l’origine. Il est impossible ici de traiter de ces difficultés. Il faut se borner à en signaler quelques-unes et à indiquer dans quelles directions les recherches s’orientent.
37

Origène a consacré une situation ancienne, le fait que l’Église usait du texte de la Septante et d’une collection plus large que celle de la Bible juive, en déclarant que la Providence avait doté les chrétiens de cet Ancien Testament grec et qu’il fallait respecter l’interdit : « Tu ne déplaceras pas les bornes éternelles que tes prédécesseurs ont établies » [114]
[114] Voir Lettre à Africanus 8 (avec le commentaire de N....
. C’est ce texte-là qui est inspiré dans ses moindres détails [115]
[115] Voir, entre autres passages, Traité des principes IV,...
. Il évite cependant d’invoquer des livres qui sont absents du Canon hébraïque, quand il envisage de discuter avec les Juifs sur l’Écriture [116]
[116] Voir E. Norelli, « Canone », dans A. Monaci Castagno...
. Il n’a manifestement pas commenté les écrits dits plus tard deutérocanoniques, qui ne devaient pas être lus lors des assemblées liturgiques, selon une règle dérivée peut-être de la pratique synagogale [117]
[117] É. Junod, art. cit. ci-dessus n. 112, p. 120.
. Une catégorie de textes est ainsi mise à part ; le processus de canonisation qui se formalise plus strictement au ive siècle les distingue nettement des livres canoniques, comme en témoigne la Lettre festale 39 d’Athanase : « Mais pour plus d’exactitude je suis obligé d’ajouter ceci aussi à ma lettre, qu’il y a d’autres livres en dehors de ceux-là, qui ne sont pas canonisés, mais que l’usage reçu des Pères a prescrit de lire aux débutants qui veulent recevoir l’enseignement catéchétique de la vraie religion : la Sagesse de Salomon et la Sagesse de Sirach et Esther et Judith et Tobit… ». Épiphane les qualifie d’ « utiles » et de « profitables » [118]
[118] Sur les poids et mesures, 4, où il ne mentionne que...
. Certains livres, qui ne font pas partie du Canon hébreu, ni du Canon chrétien, sont recommandés pour l’apprentissage des débutants ou pour l’enseignement moral.
38

Les recherches sur la répartition des livres en divers ensembles se sont nécessairement tournées vers la comparaison avec l’histoire du Canon hébreu, en conférant un rôle déterminant à la reconstruction pharisienne opérée par l’académie rabbinique de Jamnia/Yabneh au tournant des ier-iie siècles. Pour expliquer la présence dans la Bible chrétienne de livres ou de portions de livres absents du Canon rabbinique, on considère généralement que cette Bible venait des milieux qui lisaient des collections larges sur lesquelles l’influence des Pharisiens n’avait pu encore s’exercer d’une manière suffisante pour en éliminer les livres qu’ils n’admettaient pas, leur liste s’étant imposée seulement à l’occasion de la grande restauration accomplie par ces Pharisiens. On note aussi que la liste chrétienne s’est un peu plus développée dans les directions mêmes où la collection la plus restreinte avait commencé à s’étendre : la Bible grecque ajoute un pseudépigraphe salomonien, Sagesse, plus récent que l’Ecclésiaste et le Cantique ; elle a deux ajouts, Baruch et la Lettre de Jérémie, à l’addition pharisienne à Jérémie, les Lamentations ; elle ajoute les livres des Maccabées aux livres historiques plus récents, admis par les Pharisiens, les Chroniques et Esdras-Néhémie ; elle ajoute aux histoires romancées accueillies par la Bible pharisienne, Ruth, Jonas, Esther, deux autres : Tobit, Judith ; dans le cas du Siracide, il s’agit plutôt de nonélimination que d’admission [119]
[119] D. Barthélemy, art. cit. ci-dessus n. 30, p. 42, qui,...
. Une telle présentation des faits, sans être fausse, doit être nuancée, depuis les interrogations nouvelles sur les étapes de l’histoire qui a conduit à la constitution du Canon massorétique, sur la nature ou la date des décisions attribuées à l’académie de Yabneh, en raison aussi de la grande diversité des usages attestés par les listes chrétiennes elles-mêmes. Les débats portent même sur la date de la tripartition Loi, Prophètes, Écrits ; les uns donnent un grand poids au témoignage du petit-fils de Jesus ben Sira, dans son prologue à la traduction grecque du Siracide (« Mon grand-père, qui se donna à fond à la lecture de la Loi, des prophètes et des autres livres de nos pères, et acquit une compétence remarquable en ces matières, fut conduit lui aussi à écrire un de ces textes dont l’objet est l’instruction et la sagesse » [120]
[120] Traduction de G. Dorival, dans M. Harl, G. Dorival,...
), et considèrent comme certain que dès la deuxième moitié du iie siècle avant notre ère une troisième catégorie de livres, à côté de la Loi et des Prophètes, jouissait d’une très haute autorité, sans que la liste en fût close [121]
[121] A. van der Kooij fait remonter l’importance accordée...
. Les autres, contestant le sens donné à l’expression « les autres livres de nos pères », ainsi que le recours à 2 Maccabées 2, 13-15, à un texte de Qumrân, 4QMMT [122]
[122] En fait 4Q397, comme le note G. Dorival, « L’apport...
, à Philon (Vie contemplative 25) et à Lc 24, 44, estiment que les discussions rabbiniques concernant certains des Écrits prouvent qu’un Canon tripartite n’est pas encore élaboré et datent celui-ci de l’époque de Jamnia, ou même plus tard [123]
[123] L. M. McDonald, The Formation of the Christian Biblical...
. Les témoignages des Pères de l’Église peuvent être exploités pour progresser vers une solution. C’est la méthode qu’illustre une étude toute récente [124]
[124] G. Dorival, art. cit., pp. 81-110, qui étudie dans...
, qui, tout en apportant des arguments nouveaux en faveur d’une datation tardive du Canon rabbinique tripartite, formule des propositions très précieuses sur l’histoire du Canon chrétien de l’Ancien Testament. Elle fait apparaître en particulier la diversité et la variabilité des modèles qui ont eu cours aux premiers siècles, qu’il s’agisse du groupement des textes en plusieurs ensembles, du nombre des livres ou de leur ordre dans les listes.
39

La bipartition elle-même est changeante, de Méliton à Rufin, et entre Rufin et Augustin [125]
[125] Voir G. Dorival, art. cit., p. 85-86.
. Des différences existent entre deux types de tripartition : l’un distingue livres historiques, poétiques et prophétiques (avec des variations importantes dans l’ordre des ensembles et dans les appellations) ; l’autre est celui de Jérôme, dans son prologue galeatus aux livres de Samuel et des Rois, qui dit décrire le Canon hébraïque de son temps : « Torath, c’est-à-dire Loi », ordo des Prophètes, ordo des hagiographes, tripartition qui se présente elle-même sous une double forme, « ce qui montre la fluidité relative de la Bible tripartite » à l’époque de Jérôme [126]
[126] G. Dorival, art. cit., p. 90.
. Quant aux genres différents de quadripartition, les quatre pentateuques d’Épiphane par exemple, ou la classification d’origine rhétorique de Junilius Africanus au vie siècle, ce sont des innovations, qui pourraient s’expliquer par une volonté de « christianiser » l’Ancien Testament [127]
[127] Id., p. 91.
.
40

Les Pères affirment souvent que le nombre des livres est de 22 chez les Hébreux et ils le mettent en rapport avec leurs 22 consonnes. Des décomptes très divers produisent ce total, qui inclut parfois des livres absents du Canon hébraïque, alors même que celui-ci est censé servir de référence [128]
[128] G. Dorival, art. cit., pp. 93-95, décrit ces « manipulations...
. Jérôme est le témoin patristique le plus sûr en faveur du nombre 24, attesté par une partie des sources juives anciennes, tandis que Flavius Josèphe parle des 22 livres de la Bible [129]
[129] Contre Apion I 38-41 ; G. Dorival, p. 97-98 met en...
. D’autres chiffres sont avancés aussi par les Pères. Certains sont manifestement porteurs d’un symbolisme chrétien ; ainsi le nombre de 27 livres, chez Epiphane [130]
[130] Sur les poids et mesures 3-4, repris par Jean Damascène,...
, justifié par le fait que cinq des 22 lettres hébraïques ont deux formes, associe en un diptyque harmonieux l’Ancien Testament et les 27 écrits du Nouveau Testament [131]
[131] G. Dorival, art. cit., p. 95.
. D’une autre façon Cassiodore insiste sur cette harmonie, en rapprochant de l’unité de poids et de compte, la libra, comprenant 72 solidi, du total des 44 livres de l’AT (décompte d’Augustin) et des 27 du NT, augmenté du chiffre 1 de la Trinité [132]
[132] Id., p. 96.
.
41

Le statut, canonique ou non, du livre d’Esther ne fait pas l’unanimité des Pères. Les hésitations, voire les contradictions dont ils témoignent, renvoient au débat sur la clôture des Écrits et sont difficilement conciliables avec l’hypothèse plaçant cette clôture à l’époque hasmonéenne. Elles doivent être elles-mêmes le reflet d’incertitudes qui ne peuvent être antérieures à l’époque de Yabneh [133]
[133] D’autres indices incitent G. Dorival, p. 103-104, à...
. Dans le cas des livres appelés beaucoup plus tard deutérocanoniques, un flottement, voire un brouillage sont à noter chez les Pères. Quelques-unes des listes anciennes les citent sur le même plan que les livres canoniques ; quand elles les traitent à part, le plus souvent, les énumérations sont fort différentes, allant de 1 chez Origène décrivant le Canon des Hébreux [134]
[134] Le livre des « Maccabaïques », sans doute 1 M (voir...
à 13 chez le Pseudo-Athanase. D’autre part, si les Pères les qualifient d’utiles et de profitables, ils se séparent sur la définition des bénéficiaires de leur lecture, tantôt les catéchumènes, tantôt les jeunes, sans plus de précision, ou encore « le peuple », pour son édification, mais « non pour confirmer l’autorité des doctrines ecclésiastiques » [135]
[135] Jérôme, Prologue aux livres de Salomon ; voir G. Dorival,...
. Le même auteur, en outre, peut placer tel ou tel de ces textes dans le groupe des « autres livres » et avoir recours à cet écrit, dans ses ouvrages, en lui donnant la même autorité qu’aux livres canoniques, ainsi Athanase pour Sagesse et pour Siracide [136]
[136] Voir J. Leemans, « Athanasius and the Book of Wisdom...
. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour expliquer ces fluctuations, au cas par cas, en tenant compte des milieux particuliers, des époques et de la visée des auteurs [137]
[137] G. Dorival, art. cit., p. 107-108, indique des pistes...
.
42

La grande diversité des manières de compter les livres, de les classer selon un ordre précis, de quantifier aussi la part des « autres livres », qui ne sont ni canoniques, ni « apocryphes », amène à s’interroger sur la valeur normative des listes anciennes, d’autant que synodes et conciles n’ont guère légiféré dans l’Antiquité sur ces points. On peut tout au plus citer, pour l’Orient, le canon 59 du Concile de Laodicée [138]
[138] Date incertaine, vers 400 (P.-M. Bogaert, « Aux origines...
et, pour l’Occident, le canon 36 du Concile de Carthage de 397 [139]
[139] Ainsi que le canon 24 in causa Apierii et le canon...
. Les divergences entre cette dernière liste et le Canon des Écritures que donne Augustin dans le De Doctrina Christiana II, 8, en 396, alors qu’il siégeait au Concile de Carthage d’août 397 au moment du vote sur le Canon scripturaire, ont conduit les chercheurs à reconstituer l’histoire complexe de la rédaction de celui-ci, comme exemple de la difficile formation du Canon des Écritures en Occident [140]
[140] Voir l’étude approfondie de A.-M. la Bonnardière, «...
. Et le caractère temporaire de l’autorité d’une telle liste conciliaire est illustrée par la façon dont le même Augustin, entre 396 et 430, a pu changer d’opinion sur certains points au sujet du Canon biblique [141]
[141] A.-M. la Bonnardière, art. cit., pp. 296-301.
. Beaucoup d’obscurités subsistent, à propos d’autres Pères et d’autres milieux, qui réclament des investigations.
43

Les recherches de codicologie, en lien avec l’activité des scriptoria et l’analyse des documents sur les pratiques commerciales des libraires peuvent apporter des lumières sur l’ordre des livres tant dans les manuscrits que dans les listes anciennes. Des travaux novateurs, en montrant par exemple le rôle pivot du Canon athanasien dans l’histoire de la production du Vaticanus, ou bien en scrutant la stichométrie des livres bibliques et des œuvres de Cyprien donnée par un indiculum d’origine latine et presque certainement africaine, vers 350, illustrent la puissance heuristique des études sur « la physique du Canon » [142]
[142] L’expression est de P.-M. Bogaert, acteur éminent dans...
. Les conclusions obtenues confirment, s’il en était besoin, le constat qu’impose la diversité des listes ecclésiastiques : la fixation d’un Canon scripturaire intangible est fort loin d’être assurée à la fin du ive siècle, si tant est qu’elle l’ait été un jour. L’examen d’exemples concrets fait apparaître l’interaction de multiples facteurs : le support (rouleau ou codex), les listes et les titres, les scriptoria, et les autorités ecclésiastiques [143]
[143] P.-M. Bogaert, art. cit., p. 155.
.
44

Si la délimitation des écrits dits plus tard deutérocanoniques et leurs relations avec les textes définis comme canoniques restent particulièrement floues, la sélection qui exclut les « apocryphes » est plus nette, même si des zones d’indécision demeurent. L’évolution qui fait passer certains d’entre eux d’un prestige relatif au rejet est en effet assez claire, du moins chez les témoins et acteurs des pratiques normatives. Origène est déjà plus strict qu’un Clément d’Alexandrie. Tertullien revendique le droit d’utiliser Hénoch, bien que cet ouvrage ne se trouve pas dans la Bible juive, tout en se montrant embarrassé par le fait que certains chrétiens le rejettent précisément pour cette raison [144]
[144] De cultu feminarum (I, 3, 1-3) ; voir E. Junod, art....
. Origène connaît le concept d’« apocryphes » et il ne donne jamais ce titre à des livres deutérocanoniques, mais, pour s’en tenir à ses œuvres transmises en grec, à la Prière de Joseph, à l’Histoire de Joseph et Aseneth, au Martyre d’Isaïe et à un apocryphe de Zacharie [145]
[145] É. Junod, art. cit., p. 121, évite prudemment de faire...
. Il emprunte sûrement le terme aux Juifs alexandrins, de même que l’adjectif testamentaire (??????????), qui lui est opposé [146]
[146] É. Junod, art. cit., p. 122. ; cf. W. Alder, « The...
. Il ne semble pas l’employer généralement dans un sens péjoratif : les apocryphes sont des écrits dignes d’intérêt, mais officiellement considérés comme non-scripturaires. Un seul passage pourrait comporter une autre inflexion. Ayant à commenter la parole de Jésus aux Sadducéens : « Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne connaissez pas les Écritures » (Mt 22, 29), Origène rejette trois interprétations, dont l’une consisterait à voir dans cette parole une allusion aux « discours secrets (???? ?????????? … ??????), là où il semble qu’il soit écrit plus clairement au sujet de la vie bienheureuse » [147]
[147] ComMt XVII, 35. Un peu plus loin le recours aux « discours...
. Le passage n’est pas dénué d’ironie ; il proscrit les apocryphes qui prétendent décrire, montrer la vie des justes dans l’au-delà [148]
[148] On pourrait voir ici une transformation chrétienne...
. On a constaté au demeurant qu’Origène, s’il a pu reconnaître que certains de ces écrits pouvaient aider l’interprète à découvrir le sens voilé du texte biblique, sans être en eux-mêmes sources des vérités les plus hautes, a exprimé une méfiance grandissante pour les apocryphes [149]
[149] Voir É. Junod, art. cit. ci-dessus n. 113, pp. 120-121,...
.
45

Au temps d’Athanase, la condamnation des apocryphes est prononcée : sa Lettre festale 39 est une exhortation à abandonner l’usage des apocryphes, étroitement liée à l’interdiction de communier avec les ariens et les mélitiens ; aux manœuvres des hérétiques est opposé le respect de l’unique canon authentique des Écritures, censé dépendre de la tradition et contenir les vraies doctrines [150]
[150] Voir A. Camplani, Atanasio di Alessandria, Lettere...
. En l’occurrence, l’accusation lancée par Athanase contre ses adversaires est sans fondement. Il reste que le recours à des apocryphes chez des « hérétiques » a contribué fortement au rejet ecclésiastique de ces ouvrages. Le cas de Mani, reprenant dans son livre des Géants un récit emprunté à la littérature hénochique, est un exemple particulièrement frappant [151]
[151] Voir M. Tardieu, Le manichéisme, Paris, 1981, pp. 59-62....
.
46

La condamnation officielle, répétée sous diverses formes à partir du IVe siècle, n’a cependant pas empêché les apocryphes d’être lus, recopiés, retravaillés, réécrits, et n’a pas entravé la production de nouveaux textes mis sous le patronage de personnages bibliques. Le rejet a eu pour effet la disparition des textes complets, en grec, des apocryphes composés originellement ou traduits dans cette langue, et leur absence des manuscrits de la Septante, mais on sait comment la Vulgate a assuré une large diffusion des livres qu’on appelle 4, 5 et 6 Esdras [152]
[152] Voir P. Geoltrain, dans F. Bovon, P. Geoltrain (dir.),...
. Dans ces derniers cas on se trouve, à l’intérieur de la littérature chrétienne, à la limite indécise entre les apocryphes référés à l’Ancien Testament et les écrits qui ont subi le tri imposé par la définition d’un Canon du Nouveau Testament.
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MessageSujet: De la contestation à l’exclusion ou à la reconnaissance : l’instauration d’un Canon néotestamentaire    comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty25/8/2016, 15:10

De la contestation à l’exclusion ou à la reconnaissance : l’instauration d’un Canon néotestamentaire
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Les recherches de la dernière décennie sur l’histoire du livre ont insisté sur la prédilection chrétienne, très ancienne, pour le codex, et rendu plus que vraisemblable la réunion en un seul codex un peu avant 150 des quatre évangiles devenus plus tard canoniques [153]
[153] Voir T. C. Sketat, « The Origins of the Christian Codex...
. L’existence d’une telle collection, produite par la sélection, pour les besoins de l’instruction et de la liturgie, de ces évangiles-là, n’a pas peu fait à son tour, pour renforcer leur autorité dans la conscience des lecteurs. Quant au corpus paulinien, on admet maintenant qu’il a existé sous la forme d’une édition des lettres aux sept églises antérieure à 140, c’est-à-dire à l’intervention de Marcion [154]
[154] Cf. H. Y. Gamble, « The New Testament Canon : Recent...
. L’autorité des Actes des Apôtres est affirmée et fermement revendiquée par Irénée [155]
[155] Par exemple, Contre les hérésies, III, 12 ; sur le...
. Parmi les épîtres qualifiées ultérieurement de « catholiques », certaines, comme 1 Jn et 1 P, sont très tôt objet de grand respect. Une zone indécise commence à ce niveau ; c’est alors qu’il convient d’employer le terme de canonisation dans un sens strict, en distinguant le statut scripturaire accordé à un écrit, et le statut canonique, attribuable seulement à partir du moment où l’existence d’une collection définie et close est attestée, ce qui renvoie à la deuxième moitié du ive siècle ; on ne peut parler auparavant que de formation progressive, faite d’expansions et de resserrements, selon un mouvement complexe qui fait coexister croissance et restriction, aux trois étapes les plus anciennes (émergence des quatre évangiles et des lettres de Paul, fin ier-iie siècle, apparition d’autres documents « néotestamentaires », de la fin du iie siècle au début du ive, effort pour fixer des limites, ive siècle) [156]
[156] La distinction faite par A. C. Sundberg entre « Écritures...
. La première liste close, limitée à 27 écrits, est donnée par la Lettre festale 39 d’Athanase, qui met parmi « les autres livres » la « Doctrine des apôtres et le Pasteur », au même rang que les deutérocanoniques de l’Ancien Testament. Ces « autres livres », qui sont encore au temps d’Eusèbe source d’hésitation, conservent une grande dignité, aux marges du canon, comme le montre la présence de Barnabé et du Pasteur dans le codex Sinaiticus et de 1 et 2 Clément dans l’Alexandrinus, après l’Apocalypse de Jean. La double dynamique d’expansion et de limitation affecte les écrits dits « contestés » (?????????????) au moins depuis Origène, écrits dont le nombre et la nature restent fluctuants. Une autre distinction se dessine entre les livres « contestés » et ceux qui finissent par être complètement rejetés.
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La polémique ecclésiastique contre les gnostiques a entraîné, nous l’avons rappelé, le rejet d’évangiles, ou de textes rapportés aux disciples de Jésus, qui avaient cours chez eux. Il en est allé de même pour les écrits qui étaient l’expression des courants judéo-chrétiens, au sens strict du terme. Dorénavant l’association à un groupe dont la doctrine et/ou la pratique étaient suspectes devenait un motif suffisant de rejet. Un exemple clair est fourni par le sort de l’Évangile de Pierre : Sérapion d’Antioche ne voit rien à lui reprocher tant qu’on ne l’a pas convaincu qu’il est lu à Rhossos par des gens soupçonnés d’hérésie et tant qu’il n’a pas constaté qu’à Antioche même il est entre les mains de personnes coupables de docétisme. Encore se contente-t-il de dire, sur le fond, qu’il y a trouvé, « pour la majeure partie la doctrine droite du Sauveur, avec quelques additions différentes ». Le fait de pouvoir être rangé parmi « les pseudépigraphes mis sous le nom » de Pierre et des autres apôtres ne devient un défaut qu’en raison du premier soupçon [157]
[157] Eusèbe cite l’extrait du traité de Sérapion Sur l’Évangile...
. Clément, dans des cas semblables, use d’une autre tactique : tout en signalant que telle parole invoquée par les adversaires ne se trouve pas « dans les quatre évangiles qui nous ont été transmis, mais dans l’Évangile des Egyptiens », il s’ingénie à lui donner un sens conforme à la doctrine qu’il juge droite ; ce travail d’assimilation orthodoxe de tout propos prêté à Jésus ou à ses disciples et apôtres obéit à une stratégie constante chez lui [158]
[158] Voir A. le Boulluec, art. cit. ci-dessus n. 9, et Clément,...
. Mais il fait exception. La coutume qui s’établit est d’exclure. La sélection qui en résulte, avec la canonisation d’écrits néotestamentaires, n’est pas unanime, et une grande diversité se manifeste selon les textes et à des époques et dans des milieux différents. Le cas de l’Apocalypse de Jean est à cet égard exemplaire. Entrée dans la liste des écrits reconnus assez tôt en Occident, malgré des signes d’hostilité à Rome au début du iiie siècle [159]
[159] Un certain Gaius attribuait même l’écrit à l’hérétique...
, elle reste longtemps contestée en Orient, après les critiques de Denys d’Alexandrie, suscitées par la force du courant millénariste en Egypte. Amphiloque d’Iconium, à l’extrême fin du ive siècle, peut encore écrire : « Quant à l’Apocalypse de Jean encore, les uns l’approuvent, mais le plus grand nombre, certes, l’appelle fausse » [160]
[160] ïambes à Séleucos, 316-318. P.-M. Bogaert, art. cit....
.
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Le statut relativement incertain encore au iiie siècle d’écrits rejetés plus tard comme apocryphes peut être illustré par la façon dont un Origène, qui cite couramment les Actes des Apôtres et les attribue à Luc, utilise, sans les nommer, d’autres Actes, qu’il mentionne ailleurs avec prudence, pour étayer la tradition relative aux régions évangélisées par les Apôtres [161]
[161] Voir É. Junod, « Origène, Eusèbe et la tradition sur...
.
50

Il est impossible ici de dresser ne serait-ce qu’une liste des éléments à prendre en compte pour présenter un état de la question du Canon néotestamentaire [162]
[162] Voir H. Y. Gamble, art. cit. ci-dessus n. 153 ; E....
. Nous nous bornerons à citer, et à commenter brièvement, un texte charnière, qui témoigne des hésitations persistantes aux premières décennies du ive siècle et qui indique les critères de sélection en vigueur, l’exposé d’Eusèbe de Césarée en HE III, 25 [163]
[163] Voir A. le Boulluec, « Écrits « contestés », « inauthentiques...
:
51

1. Arrivés à ce point, il nous paraît opportun de donner une liste récapitulative des écrits du Nouveau Testament, que nous avons signalés. Il faut assurément placer au premier rang la sainte tétrade des Évangiles, que suit l’écrit des Actes des Apôtres ; 2. après celui-ci, il faut compter les Épîtres de Paul, à la suite desquelles il faut ratifier l’appartenance de la Première Épître attribuée à Jean et semblablement de la Première de Pierre ; en plus de ces textes il faut y ranger, si on le juge bon, l’Apocalypse de Jean ; nous exposerons au moment convenable les opinions à son sujet.

3. Tels sont les textes à mettre dans les livres reçus.

Parmi les écrits contestés, mais connus du plus grand nombre, il y a l’Épître dite de Jacques et celle de Jude, ainsi que la Deuxième de Pierre et les Épîtres nommées Deuxième et Troisième de Jean, qu’elles soient de l’évangéliste ou d’un autre portant le même nom. 4. Parmi les inauthentiques sont à ranger aussi l’écrit des Actes de Paul, l’ouvrage dit Le Pasteur, l’Apocalypse de Pierre ; en outre l’Épître attribuée à Barnabé et ce que l’on appelle les Enseignements des Apôtres et encore, comme je l’ai dit, l’Apocalypse de Jean, si on le juge bon ; certains, commeje l’ai dit, la suppriment, alors que d’autres la font entrer dans les livres reçus. 5. Certains ont aussi compté dans le même ensemble l’Évangile selon les Hébreux, qui plaît surtout à ceux des Hébreux qui ont accepté le Christ.

Tous ces livres pourraient bien être au nombre des écrits contestés ;

6. nous avons trouvé nécessaire pourtant d’en dresser le catalogue, en distinguant les écrits qui, selon la tradition ecclésiastique, sont vrais, non pas fabriqués, dûment reconnus, et ceux qui en diffèrent : écrits non testamentaires, mais contestés, qui pourtant sont connus de la plupart de ceux qui appartiennent à l’Église ; ainsi pourrons-nous savoir ce que sont ces écrits et les autres, présentés par les hérétiques sous le nom des apôtres, qu’ils contiennent des Évangiles censés être de Pierre, de Thomas, de Matthias, ou d’autres encore, ou des Actes censés être d’André, de Jean et des autres apôtres ; ces écrits-là, jamais personne parmi les gens de l’Église régis par les successions (légitimes) n’a jugé digne d’en rappeler en aucune façon le souvenir dans un ouvrage ; 7. au demeurant, le caractère de l’expression y est fort éloigné du style apostolique, la pensée et l’intention de ce qui s’y trouve sont en complet désaccord avec l’orthodoxie véridique ; autant de preuves manifestes qu’il s’agit de fabrications de faussaires hérétiques ; c’est pourquoi il ne faut pas même les ranger parmi les écrits inauthentiques, mais on doit les proscrire comme tout à fait absurdes et impies.

52

Ce chapitre récapitule les observations faites par Eusèbe à partir de la documentation qu’il a recueillie chez ses prédécesseurs, et s’efforce de présenter de façon synthétique les jugements portant sur les textes qui ont pu à un moment ou à un autre, à tel ou tel endroit, prétendre au statut d’Écriture néotestamentaire. Il veut aussi établir ce qu’on peut appeler, de façon encore anachronique, un Canon du Nouveau Testament. Le regard rétrospectif qu’Eusèbejette sur l’histoire antérieure, afin de tenter de fixer des normes pour le présent, suscite chez lui l’embarras. Cet embarras ne s’exprime pas seulement devant la place incertaine de l’Apocalypse de Jean, que l’historien est contraint de mentionner à la fois parmi les livres reçus et parmi les inauthentiques, mais encore à travers l’ambiguïté de la catégorie des écrits « contestés », qualifiés aussi d’ « inauthentiques », alors que certains d’entre eux sont doués de l’autorité relative que leur confère le fait d’être « connus » des gens de l’Église ; une ambiguïté dont Eusèbe cherche à se libérer en introduisant finalement une distinction plus tranchée entre les livres seulement « contestés » et « les fabrications de faussaires hérétiques ». Cet embarras est instructif, en ce qu’il rappelle combien le sens critique doit rester éveillé encore aujourd’hui quand on examine le processus de canonisation. L’exposé d’Eusèbe a en outre le mérite, parce qu’il est en même temps celui d’un érudit et celui d’un homme d’Église, de faire apparaître l’interaction complexe de la critique savante d’authenticité, héritée de la philologie hellénistique, et du souci pastoral d’édicter des normes. Celles-ci sont l’orthodoxie [164]
[164] H. J. de Jonce a récemment étudié la persistance de...
et la reconnaissance par la majorité des églises. Cet exposé récapitulatif et les autres développements d’Eusèbe sur le sujet montrent que la norme d’apostolicité ne va pas jusqu’à exiger la certitude absolue sur l’identité de l’auteur. Science critique et enseignement dogmatique font ici alliance. Quant à la gêne qui se manifeste dans la terminologie et les distinctions proposées, elle est comme la trace de la résistance des faits au geste voulant arrêter un instant les flux multiples qui alternativement étendent ou rétrécissent les rives mouvantes de la terre ferme, elle-même entamée parfois par une lame de fond. Dans la zone incertaine des courants contraires, la règle de l’accord majoritaire ne cesse de se heurter à une autre légitimité, celle des usages locaux. Les mouvements qui agitent la périphérie ne sont pas sans effet sur le centre, sur le Canon lui-même.
53

La floraison de recherches nouvelles sur les littératures dites « apocryphes » au cours des dernières décennies a attiré l’attention sur l’importance de cette périphérie, qu’il s’agisse de l’Ancien ou du Nouveau Testament. La relation qu’il convient de maintenir entre l’histoire de la formation du Canon et l’histoire de l’interprétation est revenue aussi au cœur de l’investigation. L’usage social des textes, dans les diverses communautés, a permis de mieux cerner les raisons de l’extension du corpus scripturaire et de l’émergence des « autres écrits », comme dit Athanase. Les travaux de codicologie et de critique textuelle sont exploités par les historiens de la canonisation. La « physique » du Canon a en outre des conséquences psychologiques : il est certain que les progrès de la technique du livre au ive siècle, à partir du moment où il fut possible de réunir en un seul livre l’ensemble de la Bible chrétienne, Ancien et Nouveau Testament, donnèrent au concept de Canon une forme concrète, rendant irréversible le processus qui conduisait à sa définition [165]
[165] Voir R. A. Kraft, « The Codex and Canon Consciousness...
. ?
Notes
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty25/8/2016, 16:21

Il manque les notes.... Sad
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty25/8/2016, 16:32

comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Denis10
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty27/8/2016, 18:54

Biloulou a écrit:
Il manque les notes.... Sad

avant que je publie les notes prouvez moi que vous avez lu et compris que la bible fut écrite par des hommes et que tout n'est qu'une fable qui a servit à dominer les peuples grâce à la peur de ce dieu tout puissant !

coco!
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty27/8/2016, 23:40

Je ne peux rien prouver, mais je suis persuadé que tout n'est que fable .
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 08:09

coco! a écrit:
Biloulou a écrit:
Il manque les notes.... Sad

avant que je publie les notes prouvez moi que vous avez lu et compris que la bible fut écrite par des hommes et que tout n'est qu'une fable qui a servit à dominer les peuples grâce à la peur de ce dieu tout puissant !
coco!

Bonjour Coco !

Je me doute bien que ce sont des hommes qui ont écrit la Bible, à cette époque-là les esprits et autres divinités n'étaient pas très adroites au clavier.
Et même de nos jours....

Quant à leurs intentions, je n'en sais rien, ils étaient encore très loin de s'imaginer les proportions mondiales que l'Église allait prendre, je vois mal un complot hourdi depuis cette haute antiquité.

Par contre, ce qui m'intéresse beaucoup c'est le passage de la tradition orale à la tradition écrite... et d'autant plus que dans le cas de la Genèse, la tradition orale a forcément précédé la tradition écrite de quelques milliers d'années, probablement.
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 08:27

Biloulou a écrit:
coco! a écrit:
Biloulou a écrit:
Il manque les notes.... Sad

avant que je publie les notes prouvez moi que vous avez lu et compris que la bible fut écrite par des hommes et que tout n'est qu'une fable qui a servit à dominer les peuples grâce à la peur de ce dieu tout puissant !
coco!

Bonjour Coco !

Je me doute bien que ce sont des hommes qui ont écrit la Bible, à cette époque-là les esprits et autres divinités n'étaient pas très adroites au clavier.
Et même de nos jours....

Quant à leurs intentions, je n'en sais rien, ils étaient encore très loin de s'imaginer les proportions mondiales que l'Église allait prendre, je vois mal un complot hourdi depuis cette haute antiquité.

Par contre, ce qui m'intéresse beaucoup c'est le passage de la tradition orale à la tradition écrite... et d'autant plus que dans le cas de la Genèse, la tradition orale a forcément précédé la tradition écrite de quelques milliers d'années, probablement.

comme moi vous savez qu'il est impossible de faire confiance aux juifs quand ils affublent une fable !!!!

et vous savez sans doute que le vieux testament fut en partie écrit par des juifs!

et vous savez sans doute que ces juifs qui ont écrit le vieux testament l'ont fait pendant plusieurs siècles !

et bien entendu ils se sont servit de ce qui se disait parmi les peuples parmi lesquels ils vivaient!

chez nous nous disons d'abord il y a eu la parole puis petit à petit tout fut écrit !

une chose que vous devez sans doute savoir que ceux qui écrivirent la bible furent aux ordre du pouvoir, un roi ou un empereur et plus tard pour vous les chrétiens les papes . etc............

coco!!
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 08:44

coco! a écrit:
comme moi vous savez qu'il est impossible de faire confiance aux juifs quand ils affublent une fable !!!!
et vous savez sans doute que le vieux testament fut en partie écrit par des juifs!
et vous savez sans doute que ces juifs qui ont écrit le vieux testament l'ont fait pendant plusieurs siècles !
et bien entendu ils se sont servit de ce qui se disait parmi les peuples parmi lesquels ils vivaient!
chez nous nous disons d'abord il y a eu la parole puis petit à petit tout fut écrit !
une chose que vous devez sans doute savoir que ceux qui écrivirent la bible furent aux ordre du pouvoir, un roi ou un empereur et plus tard pour vous les chrétiens les papes . etc............
coco!!

Très franchement Coco, ça ne m'intéresse pas tellement, en ce moment, du moins.

Par contre, la  Genèse qui, elle, a précédé tout cela, peut-être étudiée sous l'éclairage d'événements indépendants des distorsions, torsions et contorsions ordonnées par des rois, empereurs et autres gens de pouvoir, bref, des fables sur commande car elle (la Genèse) semble avoir date certaine qui précède de beaucoup ces gens-là.
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Mara-des-bois

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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 09:39

kalawasa a écrit:
Je ne peux rien prouver, mais je suis persuadé que tout n'est que fable .


Bah moi non plus je ne peux rien prouver mais je suis persuadée que Dieu est une femme.


Mab -ça se vaut-
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 09:45

Mais le fils de dieu lui c'est un mec. J'ai pas les preuves
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kalawasa

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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 10:26

[quote="Mab"]je suis persuadée que Dieu est une femme
[/quote
La situation mondiale s'explique... Twisted Evil
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 19:40

Biloulou a écrit:
coco! a écrit:
comme moi vous savez qu'il est impossible de faire confiance aux juifs quand ils affublent une fable !!!!
et vous savez sans doute que le vieux testament fut en partie écrit par des juifs!
et vous savez sans doute que ces juifs qui ont écrit le vieux testament l'ont fait pendant plusieurs siècles !
et bien entendu ils se sont servit de ce qui se disait parmi les peuples parmi lesquels ils vivaient!
chez nous nous disons d'abord il y a eu la parole puis petit à petit tout fut écrit !
une chose que vous devez sans doute savoir que ceux qui écrivirent la bible furent aux ordre du pouvoir, un roi ou un empereur et plus tard pour vous les chrétiens les papes . etc............
coco!!

Très franchement Coco, ça ne m'intéresse pas tellement, en ce moment, du moins.

Par contre, la  Genèse qui, elle, a précédé tout cela, peut-être étudiée sous l'éclairage d'événements indépendants des distorsions, torsions et contorsions ordonnées par des rois, empereurs et autres gens de pouvoir, bref, des fables sur commande car elle (la Genèse) semble avoir date certaine qui précède de beaucoup ces gens-là.

De plus, Coco, si la Genèse avait été écrite par des hommes d'Église, qui n'existait pas encore, ils auraient utilisé l'expression "Dieu" pour mieux nous manipuler, nous mentir, la rendre indiscutable
Or s'il y a un mot, une notion, un concept, qui est absent de la Genèse, mais alors là totalement absent, c'est... "Dieu" !

Bizarre, hein ? Very Happy
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 21:06

Biloulou a écrit:
Biloulou a écrit:
coco! a écrit:
comme moi vous savez qu'il est impossible de faire confiance aux juifs quand ils affublent une fable !!!!
et vous savez sans doute que le vieux testament fut en partie écrit par des juifs!
et vous savez sans doute que ces juifs qui ont écrit le vieux testament l'ont fait pendant plusieurs siècles !
et bien entendu ils se sont servit de ce qui se disait parmi les peuples parmi lesquels ils vivaient!
chez nous nous disons d'abord il y a eu la parole puis petit à petit tout fut écrit !
une chose que vous devez sans doute savoir que ceux qui écrivirent la bible furent aux ordre du pouvoir, un roi ou un empereur et plus tard pour vous les chrétiens les papes . etc............
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Très franchement Coco, ça ne m'intéresse pas tellement, en ce moment, du moins.

Par contre, la  Genèse qui, elle, a précédé tout cela, peut-être étudiée sous l'éclairage d'événements indépendants des distorsions, torsions et contorsions ordonnées par des rois, empereurs et autres gens de pouvoir, bref, des fables sur commande car elle (la Genèse) semble avoir date certaine qui précède de beaucoup ces gens-là.

De plus, Coco, si la Genèse avait été écrite par des hommes d'Église, qui n'existait pas encore, ils auraient utilisé l'expression "Dieu" pour mieux nous manipuler, nous mentir, la rendre indiscutable
Or s'il y a un mot, une notion, un concept, qui est absent de la Genèse, mais alors là totalement absent, c'est... "Dieu" !

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très étonnant puisque moi je lis ceci et le mot dieu y est écris!

coco!

L'histoire des origines

Le chapitre 1 et le début du chapitre 2 décrivent la création en six jours de l'univers et de ce qui s'y trouve. L'humanité (hommes et femmes) est créée le sixième jour, et la création se termine par un repos sabbatique le septième jour.

À partir de Genèse 2,4b, le récit offre un autre regard sur la création des êtres vivants, notamment de l'homme, puis de la femme. Au chapitre 2, Dieu place l'homme (Adam) dans le jardin d'Éden « pour le cultiver et pour le garder » (Gn 2,15). Il l'autorise à manger de tous les arbres du jardin, à l'exception de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,16–17). Puis il crée la femme (Ève). Au chapitre 3, le serpent tente la femme, qui mange le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et en donne ensuite à l'homme. À cause de leur désobéissance, l'homme et la femme sont chassés du jardin d'Éden10.

Au chapitre 4, l'homme commence à se montrer violent, et c'est alors que survient le meurtre d'Abel par son frère Caïn. Les descendants de Caïn se montrent eux aussi particulièrement violents. Le chapitre 5 présente une lignée d'humains plus pieux, allant d'Hénoch à Noé, qui tente de contrebalancer cette violence. Dans les chapitres 6 à 8, à cause de la corruption des hommes, Dieu provoque le Déluge, auquel seuls la famille de Noé et les animaux survivent. Au chapitre 9, Dieu établit alors une alliance avec les humains survivants, promettant de ne plus amener de Déluge sur la Terre10. À la fin du chapitre, Noé plante une vigne, puis s'enivre de son vin et se dénude. Son fils Cham le voit nu et au lieu de le couvrir, court prévenir ses frères. Cela vaut à son fils d'être maudit11.

Le chapitre 10 évoque les familles qui sont à l'origine de l'Humanité, présentant ce que l'on appelle la Table des nations. Le chapitre 11 narre l'épisode de la Tour de Babel, où apparaissent les langues et se dispersent les nations. Il donne aussi la généalogie qui va de Sem (un des fils de Noé) à Abraham12.
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Biloulou

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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 21:56

coco! a écrit:
Biloulou a écrit:
"]De plus, Coco, si la Genèse avait été écrite par des hommes d'Église, qui n'existait pas encore, ils auraient utilisé l'expression "Dieu" pour mieux nous manipuler, nous mentir, la rendre indiscutable
Or s'il y a un mot, une notion, un concept, qui est absent de la Genèse, mais alors là totalement absent, c'est... "Dieu" !

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coco!

L'histoire des origines
Le chapitre 1 et le début du chapitre 2 décrivent la création en six jours de l'univers et de ce qui s'y trouve. L'humanité (hommes et femmes) est créée le sixième jour, et la création se termine par un repos sabbatique le septième jour.
À partir de Genèse 2,4b, le récit offre un autre regard sur la création des êtres vivants, notamment de l'homme, puis de la femme. Au chapitre 2, Dieu place l'homme (Adam) dans le jardin d'Éden « pour le cultiver et pour le garder » (Gn 2,15). Il l'autorise à manger de tous les arbres du jardin, à l'exception de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,16–17). Puis il crée la femme (Ève). Au chapitre 3, le serpent tente la femme, qui mange le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et en donne ensuite à l'homme. À cause de leur désobéissance, l'homme et la femme sont chassés du jardin d'Éden10.
Au chapitre 4, l'homme commence à se montrer violent, et c'est alors que survient le meurtre d'Abel par son frère Caïn. Les descendants de Caïn se montrent eux aussi particulièrement violents. Le chapitre 5 présente une lignée d'humains plus pieux, allant d'Hénoch à Noé, qui tente de contrebalancer cette violence. Dans les chapitres 6 à 8, à cause de la corruption des hommes, Dieu provoque le Déluge, auquel seuls la famille de Noé et les animaux survivent. Au chapitre 9, Dieu établit alors une alliance avec les humains survivants, promettant de ne plus amener de Déluge sur la Terre10. À la fin du chapitre, Noé plante une vigne, puis s'enivre de son vin et se dénude. Son fils Cham le voit nu et au lieu de le couvrir, court prévenir ses frères. Cela vaut à son fils d'être maudit11.
Le chapitre 10 évoque les familles qui sont à l'origine de l'Humanité, présentant ce que l'on appelle la Table des nations. Le chapitre 11 narre l'épisode de la Tour de Babel, où apparaissent les langues et se dispersent les nations. Il donne aussi la généalogie qui va de Sem (un des fils de Noé) à Abraham12.


Il faut choisir une édition de grande qualité comme je viens de faire pour toi, mon cher Coco : Edouard Dhorme, La Pléiade !
(C'est fou ce qu'une Bible papier sent bon, même si je ne suis pas très fier de mes scans de nuit...) Embarassed

comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! 2016-011

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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty28/8/2016, 23:07

Biloulou a écrit:
coco! a écrit:
Biloulou a écrit:
"]De plus, Coco, si la Genèse avait été écrite par des hommes d'Église, qui n'existait pas encore, ils auraient utilisé l'expression "Dieu" pour mieux nous manipuler, nous mentir, la rendre indiscutable
Or s'il y a un mot, une notion, un concept, qui est absent de la Genèse, mais alors là totalement absent, c'est... "Dieu" !

Bizarre, hein ? Very Happy

très étonnant puisque moi je lis ceci et le mot dieu y est écris!

coco!

L'histoire des origines
Le chapitre 1 et le début du chapitre 2 décrivent la création en six jours de l'univers et de ce qui s'y trouve. L'humanité (hommes et femmes) est créée le sixième jour, et la création se termine par un repos sabbatique le septième jour.
À partir de Genèse 2,4b, le récit offre un autre regard sur la création des êtres vivants, notamment de l'homme, puis de la femme. Au chapitre 2, Dieu place l'homme (Adam) dans le jardin d'Éden « pour le cultiver et pour le garder » (Gn 2,15). Il l'autorise à manger de tous les arbres du jardin, à l'exception de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,16–17). Puis il crée la femme (Ève). Au chapitre 3, le serpent tente la femme, qui mange le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et en donne ensuite à l'homme. À cause de leur désobéissance, l'homme et la femme sont chassés du jardin d'Éden10.
Au chapitre 4, l'homme commence à se montrer violent, et c'est alors que survient le meurtre d'Abel par son frère Caïn. Les descendants de Caïn se montrent eux aussi particulièrement violents. Le chapitre 5 présente une lignée d'humains plus pieux, allant d'Hénoch à Noé, qui tente de contrebalancer cette violence. Dans les chapitres 6 à 8, à cause de la corruption des hommes, Dieu provoque le Déluge, auquel seuls la famille de Noé et les animaux survivent. Au chapitre 9, Dieu établit alors une alliance avec les humains survivants, promettant de ne plus amener de Déluge sur la Terre10. À la fin du chapitre, Noé plante une vigne, puis s'enivre de son vin et se dénude. Son fils Cham le voit nu et au lieu de le couvrir, court prévenir ses frères. Cela vaut à son fils d'être maudit11.
Le chapitre 10 évoque les familles qui sont à l'origine de l'Humanité, présentant ce que l'on appelle la Table des nations. Le chapitre 11 narre l'épisode de la Tour de Babel, où apparaissent les langues et se dispersent les nations. Il donne aussi la généalogie qui va de Sem (un des fils de Noé) à Abraham12.


Il faut choisir une édition de grande qualité comme je viens de faire pour toi, mon cher Coco : Edouard Dhorme, La Pléiade !
(C'est fou ce qu'une Bible papier sent bon, même si je ne suis pas très fier de mes scans de nuit...) Embarassed

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cher ami sachez que moi je suis juif, israélien et que maintenant ma langue usuelle est l'hébreu !

vous êtes un portugais qui vie en Belgique et vos langues sont sans doute le portugais, l'anglais et le français !

l'hébreu vous est inconnu sinon vous n'auriez pas fait l'erreur de me faire lire la Genèse de la pléiade

et oui dés le début il est écrit :"au commencement Elohim créa les cieux et la terre !

plus loin est écrit :pour faciliter la distinction des sources dans le pentateuque nous gardons le nom divin ELOHIM "DIEU"

donc vous avez faux en disant que dans la genèse n'apparait pas le nom de dieu

come quoi la connaissance de l'hébreu peut-être utile !

j'ai honte d'avouer que moi je lis le vieux testament en hébreu ancien mélangé d'une langue ,plus; ancienne dont à l'instant j'ai oublié le nom !

mais cher ami je suppose que par faute d'inattention vous n'avez pas relu votre texte de la genèse avant de le publier !

coco!
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty29/8/2016, 01:58

Coco de la nuit, qui ne peut avoir tort, a écrit:
Cher ami sachez que moi je suis juif, israélien et que maintenant ma langue usuelle est l'hébreu !
vous êtes un portugais qui vie en Belgique et vos langues sont sans doute le portugais, l'anglais et le français !
l'hébreu vous est inconnu sinon vous n'auriez pas fait l'erreur de me faire lire la Genèse de la pléiade et oui dés le début il est écrit :"au commencement Elohim créa les cieux et la terre !
plus loin est écrit :pour faciliter la distinction des sources dans le pentateuque nous gardons le nom divin ELOHIM "DIEU" donc vous avez faux en disant que dans la genèse n'apparait pas le nom de dieu come quoi la connaissance de l'hébreu peut-être utile !
j'ai honte d'avouer que moi je lis le vieux testament en hébreu ancien mélangé d'une langue ,plus; ancienne dont à l'instant j'ai oublié le nom !
mais cher ami je suppose que par faute d'inattention vous n'avez pas relu votre texte de la genèse avant de le publier !

Mon cher Coco de la nuit,

Il n'y a pas d'erreur de ma part, ni de manque d'attention, encore moins de faux de ma paternité, car je ne participe pas à des combats de coq.
En l'occurrence, si combat il y a, c'est entre Coco et Edouard Dhorme.

Et si Dhorme ne traduit pas Élohim par Dieu, c'est que Elohim, pluriel d'Eloha, ne signifie ni Dieu ni dieux, pas même Son nom Divin, mais plutôt "envoyé du ciel" ou "céleste".

Si Dhorme ou son éditeur consent dans les notations à établir un parallèle entre Elohim et Dieu, c'est pour faciliter la compréhension du grand public, car dans ses textes savants à l'adresse du monde savant, jamais il n'utilise cet abominable raccourci.

Donc, vous pouvez dormir en paix.
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Biloulou

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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty29/8/2016, 02:08

Rick, excuse-moi si j'ai perturbé ton repos et activités journalières utiles, mais j'ai été arraché du sommeil par une inspiration divine qui me disait que Coco était en train de saccager mes pensées dans LP....

Voilà, justice faite, je retourne dormir... Wink
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty29/8/2016, 05:19

Biloulou a écrit:
Rick, excuse-moi si j'ai perturbé ton repos et activités journalières utiles, mais j'ai été arraché du sommeil par une inspiration divine qui me disait que Coco était en train de saccager mes pensées dans LP....

Voilà, justice faite, je retourne dormir... Wink

excusez moi cher ami de troubler vos pensées divines mais quand je discute avec quelqu'un de la religion, de dieu etc...souvent mes arguments sont troublants !

par amitié je vous donne à lire un texte qui me semble expliquer clairement le sujet de notre discutions

coco!

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MessageSujet: vous remettre en question si vous êtes chrétiens !    comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty29/8/2016, 05:21
























accrochez-vous, nous allons passer maintenant à quelque chose qui pourrait vous secouer, vous remettre en question si vous êtes chrétiens !



La majorité des personnes lisent à peu près tous les mêmes Bibles. Il y a pour les francophones 14 principales traductions en français de la Bible. Il faut savoir que la Bible, dont les écrits originaux sont en ancien hébreu, a d'abord été traduite en grec à partir du texte en araméen, puis en latin à partir du texte grec, pour être traduite enfin en français, et dans les autres langues modernes, en commençant par l'anglais.

Les 14 traductions principales en français sont : celles de Crampon, de Maredsous, d'Osty, celle dite "de Jérusalem", ces quatre-là sont d'obédience catholique ; celles d'Ostervald, de Segond, de Darby, de Scofield, du Monde Nouveau et "la Synodale" qui sont d'obédience protestante ou de la réforme, celle de TOB qui est œcuménique, puis il y a encore celle de Khan et celle, plus récente, de Chouraqui qui sont d'obédience juive ; une seule a été publiée sous la direction d'un Universitaire, c'est celle d'Edouard Dhorme, Bibliothèque de La Pléiade, NRF, Gallimard.

Malheureusement les personnes ne lisent pas la version de Dhorme, ni celle de Chouraqui, ils lisent celles des obédiences catholiques ou protestantes. C'est bien dommage, parce qu'à travers les traductions de Dhorme ou Chouraqui, moins remaniées et déformées, vous pouvez plus facilement faire de bons liens avec les traditions religieuses authentiques.

La plupart du temps, des Bibles qui ont été de nombreuses fois recopiées, retraduites, révisées, corrigées, manipulées par des copistes, des interprètes, des traducteurs et éditeurs de tous poils ! Ceci entraînant forcément des divergences, des inexactitudes, voire des "fautes"... dont la plupart ont été introduites délibérément, etc.

Mais alors, y a-t-il une clé pour retrouver la vérité, et si oui où est-elle ?
La clé, c'est d'aller à la source. Bon... mais c'est quoi la source ?

Ce sont les écrits originaux en Hébreu, avec les noms, les substantifs originaux en Hébreu dans le texte. Mais attention, pour trouver ces écrits originaux, il faut les chercher dans "la Torah" (livre écrit en hébreu ancien et nommé aussi "Thora" ou "Tora"). C'est là que sont les textes originaux du véritable "Pentateuque", ensemble des 5 premiers livres de la Bible, "La Genèse", "L'exode", etc.


Alors que voit-on, en Hébreu dans la Torah, la Bible originale ?


Tout simplement on y constate que le mot "Dieu" ne se trouve nulle part dans le texte !


Et s'il n'y a pas de mot "Dieu" dans l'original de la Bible en Hébreu, c'est qu'il n'y a jamais eu de Dieu unique, immatériel, tout puissant !

Par ailleurs, comme la "Bible" a été rédigée, pour la première fois, en Hébreu, c'est donc dans la langue hébraïque qu'elle doit être prise en compte, avec toutes les spécificités et particularités de cette langue au niveau du vocabulaire et de la grammaire.

Quel est donc le mot autour duquel tout s'articule dans cette première Bible en Hébreu ? Ce mot est un nom : le nom "Elohim". Et le premier verset de la Bible, le voici en hébreu : "Bereshit bara Elohim et ha shamaïm vé et ha éretz". Ce qui se traduit tout bonnement en français par : "Au commencement Elohim créa le ciel et la terre".

Or, on n'a pas le droit de détruire un nom propre quand on le traduit ; à travers les différentes langues employées, un nom propre doit rester ce qu'il est, sinon c'est tout le texte qu'on défigure, on ne peut pas traduire Elohim par "Dieu", ce serait contraire à la plus élémentaire déontologie.

Et, s'il vous plaît, qu'on ne vienne pas ici parler d'une "étourderie", allons donc... une étourderie qui, par le fait du hasard sans doute, se répéterait de multiples fois dans chaque traduction et se retrouverait utilisée dans toutes les traductions !

C'est bien d'une erreur qu'il s'agit, oui, mais d'une erreur voulue et programmée de façon grandiose, il faut le reconnaître, c'est d'ailleurs plus qu'une erreur : une tromperie, une désinformation systématisée. Eh bien, c'est pourtant ce qui a été fait ! Le plus nuancé des qualificatifs qu'on puisse attribuer à une telle façon d'agir, s'exprime par le terme "incorrect" et c'est vraiment peu dire, en fait il y a là un manque total d'honnêteté intellectuelle.

Employer, à cet endroit de la phrase, le mot "Dieu", à la place du mot "Elohim", sujet d'un verbe d'action aussi important que le verbe "créer", est-ce que cela revient à la même chose ? Absolument pas ! La différence est énorme : ce mot et lui seul, volontairement remplacé par un autre, a entraîné des conséquences gravis-simes... atteignant des centaines de millions d'individus !

Revenons sur ce mot "Elohim", placé en tête de la première phrase de la Genèse... c'est bien le cas de dire qu'il est "primordial". Sa forme contractée c'est "El", son singulier "Eloha" (ou "Eloah") et "Elohim" lui-même est un pluriel... incontestable, incontournable, car, dans ce cas, en hébreu le suffixe "im" ne peut marquer que le pluriel. Il faut se rappeler aussi, que le pluriel de majesté, de politesse, n'existe pas en hébreu.

C'est tellement vrai que si on disait en hébreu "les Elohim" on ferait un pléonasme, il faut employer le mot "Elohim" tout court, sans article "les" le précédant pour le transformer en pluriel. En hébreu on ne peut pas non plus dire "les Elohas" pour exprimer qu'on désigne plus d'un "Eloha", cette tournure n'existe pas, on dit tout simplement "Elohim", c'est dans ce cas-ci la seule possibilité d'exprimer un pluriel.

Il suffit, pour en trouver confirmation, de prendre par exemple le dictionnaire Larousse, édition 1965 ; à la définition de ce mot on peut lire : "Elohim", mot hébreu (...) pluriel de el ou eloha ... »!
Ainsi, ce mot pluriel - l'entité centrale de la Bible - désignant l'entité créatrice (on pourrait dire que ce mot "nomme" les créateurs), est bel et bien un pluriel parfaitement défini, qui désigne une entité d'individus distincts... autrement dit : ce mot "Elohim" désigne un peuple.

Mais, pourquoi, dans le Christianisme, la Papauté l'a-t-elle écarté, remplacé par un autre ? Pourquoi les Institutions Judéo-Chrétiennes ont-elles accepté, elles aussi, que le sens littéral du terme original soit écarté, remplacé par un autre sens tout à fait différent, pourquoi donc ? Bonne question, qui nous emmène, dans la foulée, à poser d'emblée la suivante :

D'où vient donc ce mot "Dieu" ?

Ce mot s'est glissé dans le français, au IXème siècle ; avant cette époque il n'existait pas dans cette langue ; par rapport à l'Histoire millénaire des religions il est donc très récent ! Son origine se rattache à une source indo-européenne, et son ancêtre lointain est le fameux "Dei", qui était utilisé par les primitifs en Europe pour exprimer la lumière du soleil, et d'autres phénomènes lumineux observés dans le ciel. On peut dire que, étymologiquement, "Dei" signifiait et signifie toujours : "lumière dans le ciel".

A un moment donné de leur histoire les Romains ont adopté, sous le nom de Jupiter, le "Zeus" des Grecs. Ce nom - celui du dieu suprême dans la mythologie grecque - "Zeus" se prononçait "Zeous", ce qui a donné "Deus" ( prononciation latine: "De-ous" ). Et, c'est de cette façon-là que recentré sur la racine "Di" en français, le mot "Dieu" a pris naissance à partir du latin "Deus"

Avec ce mot "Dieu" on est donc très loin d'une traduction honnête du mot "Elohim", ce mot central de la Bible originale ! A ce sujet il est intéressant de noter, car ce n'est sûrement pas sans lien, qu'au IVème siècle avant Jésus-Christ, un certain Aristote était venu sur la scène avec un concept totalement abstrait qui avait fait mouche à l'époque, l'expression latine qui le désigne est même encore employée aujourd'hui : Aristote prônait la théorie d'un univers régi par un "moteur" situé... on ne sait où (!) dans ce grand tout qu'est l'univers, c'était le fameux "Deus ex-machina", littéralement un "Dieu sortant d'une machine" une sorte de "Zeus-moteur" auquel personne ne pouvait rien comprendre mais qui était censé réguler ce tout.

Disons le autrement : à son époque Aristote était venu "moderniser" le vieux Zeus-Jupiter, et cela avait fait bingo ! Car, ce concept d'Aristote a ensuite été remodelé par le judaïsme et le christianisme, pour aboutir en force au concept fourre-tout d'un "Dieu", éternel, omniscient, immatériel, unique, insaisissable, invisible, pur esprit et pas physique du tout... et pourtant représentable, assis sur un petit nuage lissant sa belle barbe blanche, tendant le bout du doigt à sa création respectueuse. .. tout ça permettant d'amuser la galerie.

Mais ce qui devenait moins drôle pour l'humanité, c'était que le "représentant sur Terre" de ce "Dieu" astucieusement inventé - se trouvant alors à la tête de la plus puissante Institution mondiale - pouvait quelques siècles plus tard... et par l'effet de sa seule décision personnelle se déclarer "in-fail-li-ble"... ben voyons ! C'est tellement plus confortable lorsqu'on est au pouvoir d'évincer d'un seul mot quiconque aurait la velléité de contester les prérogatives qu'on s'est octroyées !

Force est de reconnaître que les conciles du Latran, du Vatican et d'autres encore, plus les tribunaux de l'Inquisition, ont fait tout ce qu'il fallait pour que l'Eglise impose, en force, ce fumeux concept du "monothéisme" aux populations européennes.

Inutile d'entrer ici dans le détail de toutes les monstruosités qui ont été commises pour que triomphe cette conception de l'univers... au profit exclusif de quelques-uns ; malheureusement le fait est bien là... c'est ainsi que s'est construit le pouvoir de l'Eglise et la puissance mondiale du Vatican : en camouflant la vérité et en écrasant toutes les rebellions, d'où qu'elles viennent !

Comment donc en est-on arrivé à la généralisation d'un concept basé sur l'idée qu'il n'y a qu'un seul "bon" Dieu ... à côté de tous les autres... qui eux sont forcément mauvais ? Vous le connaissez bien ce "bon Dieu", vous savez, c'est à lui que nos charmants bambins font leur "prière du soir" au pied de leur petit lit... celui par le nom duquel jure l'homme vulgaire... commettant ainsi un grave "blasphème" qu'obligatoirement notre "bon Dieu" punira, tout "bon" qu'il soit... c'est certainement vrai... puisque Mr le Curé l'a encore dit en chaire dimanche dernier (!)

Et peut-être que maintenant, en lisant ces lignes vous pensez... « Quand même, tout ce que dit Mr le Curé c'est certainement vrai ». Je ressens bien ce qui vous fait vibrer, d'ailleurs ce "brave curé" dans son sermon de dimanche dernier, il vous a encore dit du haut de la chaire à peu près ceci :
« Notre "Bon Dieu ", Lui il est bon... mais méfiez-vous, les autres sont des "mauvais " Dieux... alors moi je vous dis, mes chers paroissiens, croyez en notre Mère à tous, la Sainte Vierge Marie qui vous aidera et priez son Fils, le vrai Dieu, car ceux qui croient en d'autres Dieux que le "Bon Dieu ", ceux-là deviennent forcément mauvais, on voit chaque jour tous les méfaits qu'ils sont capables de commettre, mais eux, ils n'iront jamais au Ciel, ils ne connaîtront pas le Paradis où le "Bon Dieu " vous réserve une place, il vous attend, vous qui souffrez ici-bas pour vous unir à sa souffrance rédemptrice, vous qui le priez depuis si longtemps et avec tant de ferveur ! »

C'est intéressant d'étudier ainsi "comment ça marche" dans la vie journalière de chacun, parce que, à coup sûr ça marche ; elle marche même très bien chez un grand nombre d'humainsd'Africains, cette idée du "bon" Dieu inventé par les blancs, ce concept les tranquillise, ils sont gavés de "bonnes paroles" qui les rassurent et eux trouvent ça "fabuleux"... c'est le mot juste pour le dire d'ailleurs, puisque c'est tout à fait d'une fable qu'il s'agit, un joli conte de fées, très bien écrit et bien joué, du "virtuel" bien fabriqué... pour vous attirer et vous retenir dans le giron de leur "Sainte Eglise".

Je suis, hélas, désolé de vous le dire, mais cette Eglise est bien loin d'être "Sainte" et de tout ce qu'elle vous raconte rien n'est vrai... et au fond de vous mêmes, vous le savez, il n'y a qu'à réfléchir, écouter et regarder pour comprendre ce qu'est la vérité... Cessez donc de vous comportez comme des autruches, en vous enfouissant les yeux et les oreilles dans le sable du "train-train quotidien" !

Eh oui, c'est bien une fable, une histoire inventée de toutes pièces afin de dominer les gens - avec, si nécessaire, l'appui de la force militaire des pays alliés - puisque le Vatican « n'a pas de divisions » comme ironisait Staline... Oui, c'est vrai, mais les cardinaux de son gouvernement, "la Curie", savent parfaitement comment faire pour utiliser à leur profit les armées de leurs nombreux amis : tous ces dirigeants... "reine", "roi", "dictateur" ou "président" de moult pays.

L'Eglise a ainsi réussi à imposer l'idée que son "Dieu" à elle, c'était le meilleur et que sa conception du monde à elle, c'était la seule valable. Son Dieu étant "le bon"... le seul "bon Dieu", tous les autres sans exception sont des dieux "mauvais". Elle a entré dans la tête des foules - et pas seulement celles qui s'agglutinent "Place Saint Pierre" à Rome - que croire en "des dieux" était une grave erreur, et que la croyance en un autre Dieu que le leur était, non seulement mauvaise, mais encore qu'elle devait être punie parce qu'elle était : source de maladies, de malédictions et même de la venue d'horribles "démons"... à l'entendre, tous aussi dangereux et méchants que "les dieux" eux-mêmes (les autres bien sûr, tous sauf le sien... puisqu'elle vous le dit !), etc.

Au fil des siècles il fallait donc obligatoirement être du côté de cette Eglise Catholique pour être avec le "bon Dieu"... et éviter d'être persécuté ! Et, cela a marché et même bien marché pour elle, avec l'appui évidemment d'un grand nombre des "puissants" de ce monde. On peut rappeler, pour donner un aperçu de "l'efficacité matérielle" de sa méthode, que dans la "Sainte Ville" de Rome la moitié des immeubles, dit-on, appartiennent au Vatican, c'est difficile à vérifier, certes, mais... comme chacun sait : "on ne prête qu'aux riches" ! Oui, pour l'Eglise ça a très bien marché, mais beaucoup moins bien pour les millions de victimes déjà laissées en chemin, et ça marchera encore plus mal pour les millions de prochaines victimes à venir.

Que de tromperies ignobles et iniques !

Dans la Bible originale en Hébreu les deux noms qui reviennent le plus fréquemment sont Elohim (2.312 fois) et Yahvé (6.499 fois). Mais, il n'y a pas que ces deux noms là, il y en a encore d'autres, comme par exemples: Adonaï, El-Shaddaï, El-Elyon, El-Roi, El-Bethel, etc.

Encore une fois, le mot de "Dieu" au nom duquel l'Eglise colonisatrice prétend parler, ce mot lui-même n'existe pas dans la "vraie" Bible, la Torah, Bible originale et originelle... dans la mesure où c'est elle qui explique fondamentalement l'origine de notre humanité !

Mais arrêtons-nous au moins sur deux des autres pluriels dont on vient de voir une courte liste ; on choisira d'abord "El-Shaddaï", pour dire qu'il signifie "ceux d'en haut" en hébreu, et puis le pluriel "Adonaï", également fort intéressant.

Selon des lois judaïques, il est interdit aux juifs de prononcer le mot "Elohim", ainsi que le mot "Yahvé", car un des commandements dictés à Moïse au Mont Sinaï dit : « tu ne prononceras pas en vain le nom de Yahvé, car Yahvé n'innocente pas celui qui prononce son nom en vain » (EXODE XX, 7, Bible de Dhorme). Ainsi, beaucoup de juifs pour prier, lisent, disent et pensent le mot "Adonaï".

D'où vient ce mot "Adonaï" ? C'est le pluriel du mot hébreu "Adon", qui veut dire "Maître". Donc "Adonaï" veut dire "Les Maîtres". Dès lors, "Adonaï" est tout simplement un autre mot hébreu pour désigner "Elohim", ce pluriel qui signifie "les Autres" ou "Ceux qui sont venus du Ciel" .

Les Catholiques, l'Eglise, tout le Judéo-christianisme a traduit l'ensemble de ces noms par "Dieu", "le Tout-Puissant", "le Seigneur" ! Ce qui est entièrement faux et une escroquerie intellectuelle grotesque... une de plus.
Le verset de la GENESE (I, 26) où, au sixième jour, Elohim dit : « Faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance ! » prend cette fois tout son sens dans le cadre des traditions de nos ancêtres ; en fonction d'elles on peut le comprendre aisément, il est normal et même logique, puisque leurs dieux sont eux-mêmes "humanisés".

Dans certains passages de la Torah (Bible en hébreu), on parle de "Bénéi ha Elohim", ce qui, littéralement, veut dire "les fils d'Elohim", cela aussi devient compréhensible à la lumière de nos traditions religieuses authentiques, puisqu'on y parle d'un peuple venu du ciel.

Et surtout le passage suivant de la Torah, que je tiens beaucoup à citer, parce que les prêtres chrétiens/catholiques souhaitent le cacher le plus possible, tellement il les dérange, ce passage devient merveilleusement compréhensible à la lumière des religions polythéistes où les dieux sont des êtres humanisés, physiques, faits de chair et de sang... donc, sont des "humains" comme nous le sommes, le voici :

« Quand les hommes commencèrent à se multiplier à la surface du sol et que des filles leur naquirent, il advint que les fils d'Elohim s'aperçurent que les filles des hommes étaient belles. Ils prirent donc pour eux des femmes parmi toutes celles qu'ils avaient élues [...] En ces jours-là il y avait des géants sur la terre et même après cela : quand les fils d'Elohim venaient vers les filles des hommes et qu'elles enfantaient d'eux, c'étaient les héros qui furent jadis des hommes de renom »
(GENÈSE VI, 1,2 ET 4, édition Edouard Dhorme).

J'aime ce passage, je l'adore, c'est un régal de le mettre sous le nez des chrétiens et des noirs africains en soutanes, au service de la Religion du colonisateur, au service de l'abominable Rome ! Comment peuvent-ils le comprendre si Dieu est unique, immatériel, pur-esprit ? On parle ici très clairement des fils d'Elohim, d'un peuple qui est venu du ciel, et dont quelques-uns des fils (des hommes de la planète d'Elohim donc) se sont accouplés avec les filles des hommes (... filles des terriennes et des terriens, elles).

Ce qui prouve, au passage, que leur semence, leur sperme est compatible avec les ovules de nos compagnes humaines... puisque "elles enfantaient d'eux" !

Rien de plus logique, puisqu'ils nous ont fait à leur image, à leur ressemblance. Les Dieux, ces "fils d'Elohim" sont donc sexués, ils sont bien physiques, ont des organes sexuels comme nous-mêmes, et éprouvent certainement du plaisir grâce à l'usage qu'ils en font. Ils ont vu que les filles des hommes étaient belles ; on peut dire qu'ils ont été excité par la beauté et le charme des terriennes.

Le sexe est un élément tellement important dans la vie des humains que s'en faire les maîtres, le censurer à leur gré, c'est vite devenu l'un de leurs moyens de coercition préféré, à ces chrétiens "pudibonds" d'après Paul, "l'homme du mensonge" comme le nommaient les parents de Jésus ! Seulement, c'est bien connu... "chasser le naturel, il revient au galop" n'est-ce pas ?

Or le sexe c'est bel et bien "naturel" et maintenant qu'il revient, au détour de ce verset biblique que vont-ils donner comme explication, tordue, biscornue, ambiguë... que vont-ils encore trouver pour essayer de se tirer de ce mauvais pas ? Quel conte de fées vont-ils encore inventer pour s'en sortir... en cherchant à endormir les petits enfants impubères qu'ils aimeraient bien que nous restions ?

Je me souviens de deux fois au moins, où j'ai posé à des catholiques engagés la question de ces dieux multiples et des unions charnelles de leurs "fils" avec les "filles des hommes", l'évêque et le "le théologien chargé de grandes responsabilités ecclésiales" que j'avais eu chacun l'occasion d'interroger, s'en sont tirés tous les deux en cherchant à me rassurer de la même façon : "Non, non, il n'y a qu'un Dieu ! Tout ce que vous lisez dans la Bible est authentique et vous devez le croire... sauf ce passage-là, car celui-là est une erreur qui s'y est glissée malencontreusement". Autant vous dire que j'ai trouvé l'argument un peu léger... et vous ?


« La Virginité de Marie ? Une aberration.
La Bible ? Un tissu de mensonges.
Les théologiens ? Des pédants qui "froncent
le sourcil" pour se donner l'air important.
Non, les femmes ne sont pas moins intelligentes que les hommes.
Non, les gens d'église ne devraient pas jouir de si grands biens
mais, se contenter d'un peu de bouillon; non, les espagnols n'ont pas bienfait de découvrir l'Amérique, car ils ont violé la vie d'autrui. »
- GIORDANO BRUNO (1548 - 1600) -
























Accrochez-vous, nous allons passer maintenant à quelque chose qui pourrait vous secouer, vous remettre en question si vous êtes chrétiens !







La majorité des personnes lisent à peu près tous les mêmes Bibles. Il y a pour les francophones 14 principales traductions en français de la Bible. Il faut savoir que la Bible, dont les écrits originaux sont en ancien hébreu, a d'abord été traduite en grec à partir du texte en araméen, puis en latin à partir du texte grec, pour être traduite enfin en français, et dans les autres langues modernes, en commençant par l'anglais.

Les 14 traductions principales en français sont : celles de Crampon, de Maredsous, d'Osty, celle dite "de Jérusalem", ces quatre-là sont d'obédience catholique ; celles d'Ostervald, de Segond, de Darby, de Scofield, du Monde Nouveau et "la Synodale" qui sont d'obédience protestante ou de la réforme, celle de TOB qui est œcuménique, puis il y a encore celle de Khan et celle, plus récente, de Chouraqui qui sont d'obédience juive ; une seule a été publiée sous la direction d'un Universitaire, c'est celle d'Edouard Dhorme, Bibliothèque de La Pléiade, NRF, Gallimard.

Malheureusement les personnes ne lisent pas la version de Dhorme, ni celle de Chouraqui, ils lisent celles des obédiences catholiques ou protestantes. C'est bien dommage, parce qu'à travers les traductions de Dhorme ou Chouraqui, moins remaniées et déformées, vous pouvez plus facilement faire de bons liens avec les traditions religieuses authentiques.

La plupart du temps, des Bibles qui ont été de nombreuses fois recopiées, retraduites, révisées, corrigées, manipulées par des copistes, des interprètes, des traducteurs et éditeurs de tous poils ! Ceci entraînant forcément des divergences, des inexactitudes, voire des "fautes"... dont la plupart ont été introduites délibérément, etc.

Mais alors, y a-t-il une clé pour retrouver la vérité, et si oui où est-elle ?
La clé, c'est d'aller à la source. Bon... mais c'est quoi la source ?

Ce sont les écrits originaux en Hébreu, avec les noms, les substantifs originaux en Hébreu dans le texte. Mais attention, pour trouver ces écrits originaux, il faut les chercher dans "la Torah" (livre écrit en hébreu ancien et nommé aussi "Thora" ou "Tora"). C'est là que sont les textes originaux du véritable "Pentateuque", ensemble des 5 premiers livres de la Bible, "La Genèse", "L'exode", etc.


Alors que voit-on, en Hébreu dans la Torah, la Bible originale ?


Tout simplement on y constate que le mot "Dieu" ne se trouve nulle part dans le texte !


Et s'il n'y a pas de mot "Dieu" dans l'original de la Bible en Hébreu, c'est qu'il n'y a jamais eu de Dieu unique, immatériel, tout puissant !

Par ailleurs, comme la "Bible" a été rédigée, pour la première fois, en Hébreu, c'est donc dans la langue hébraïque qu'elle doit être prise en compte, avec toutes les spécificités et particularités de cette langue au niveau du vocabulaire et de la grammaire.

Quel est donc le mot autour duquel tout s'articule dans cette première Bible en Hébreu ? Ce mot est un nom : le nom "Elohim". Et le premier verset de la Bible, le voici en hébreu : "Bereshit bara Elohim et ha shamaïm vé et ha éretz". Ce qui se traduit tout bonnement en français par : "Au commencement Elohim créa le ciel et la terre".

Or, on n'a pas le droit de détruire un nom propre quand on le traduit ; à travers les différentes langues employées, un nom propre doit rester ce qu'il est, sinon c'est tout le texte qu'on défigure, on ne peut pas traduire Elohim par "Dieu", ce serait contraire à la plus élémentaire déontologie.

Et, s'il vous plaît, qu'on ne vienne pas ici parler d'une "étourderie", allons donc... une étourderie qui, par le fait du hasard sans doute, se répéterait de multiples fois dans chaque traduction et se retrouverait utilisée dans toutes les traductions !

C'est bien d'une erreur qu'il s'agit, oui, mais d'une erreur voulue et programmée de façon grandiose, il faut le reconnaître, c'est d'ailleurs plus qu'une erreur : une tromperie, une désinformation systématisée. Eh bien, c'est pourtant ce qui a été fait ! Le plus nuancé des qualificatifs qu'on puisse attribuer à une telle façon d'agir, s'exprime par le terme "incorrect" et c'est vraiment peu dire, en fait il y a là un manque total d'honnêteté intellectuelle.

Employer, à cet endroit de la phrase, le mot "Dieu", à la place du mot "Elohim", sujet d'un verbe d'action aussi important que le verbe "créer", est-ce que cela revient à la même chose ? Absolument pas ! La différence est énorme : ce mot et lui seul, volontairement remplacé par un autre, a entraîné des conséquences gravis-simes... atteignant des centaines de millions d'individus !

Revenons sur ce mot "Elohim", placé en tête de la première phrase de la Genèse... c'est bien le cas de dire qu'il est "primordial". Sa forme contractée c'est "El", son singulier "Eloha" (ou "Eloah") et "Elohim" lui-même est un pluriel... incontestable, incontournable, car, dans ce cas, en hébreu le suffixe "im" ne peut marquer que le pluriel. Il faut se rappeler aussi, que le pluriel de majesté, de politesse, n'existe pas en hébreu.

C'est tellement vrai que si on disait en hébreu "les Elohim" on ferait un pléonasme, il faut employer le mot "Elohim" tout court, sans article "les" le précédant pour le transformer en pluriel. En hébreu on ne peut pas non plus dire "les Elohas" pour exprimer qu'on désigne plus d'un "Eloha", cette tournure n'existe pas, on dit tout simplement "Elohim", c'est dans ce cas-ci la seule possibilité d'exprimer un pluriel.

Il suffit, pour en trouver confirmation, de prendre par exemple le dictionnaire Larousse, édition 1965 ; à la définition de ce mot on peut lire : "Elohim", mot hébreu (...) pluriel de el ou eloha ... »!
Ainsi, ce mot pluriel - l'entité centrale de la Bible - désignant l'entité créatrice (on pourrait dire que ce mot "nomme" les créateurs), est bel et bien un pluriel parfaitement défini, qui désigne une entité d'individus distincts... autrement dit : ce mot "Elohim" désigne un peuple.

Mais, pourquoi, dans le Christianisme, la Papauté l'a-t-elle écarté, remplacé par un autre ? Pourquoi les Institutions Judéo-Chrétiennes ont-elles accepté, elles aussi, que le sens littéral du terme original soit écarté, remplacé par un autre sens tout à fait différent, pourquoi donc ? Bonne question, qui nous emmène, dans la foulée, à poser d'emblée la suivante :

D'où vient donc ce mot "Dieu" ?

Ce mot s'est glissé dans le français, au IXème siècle ; avant cette époque il n'existait pas dans cette langue ; par rapport à l'Histoire millénaire des religions il est donc très récent ! Son origine se rattache à une source indo-européenne, et son ancêtre lointain est le fameux "Dei", qui était utilisé par les primitifs en Europe pour exprimer la lumière du soleil, et d'autres phénomènes lumineux observés dans le ciel. On peut dire que, étymologiquement, "Dei" signifiait et signifie toujours : "lumière dans le ciel".

A un moment donné de leur histoire les Romains ont adopté, sous le nom de Jupiter, le "Zeus" des Grecs. Ce nom - celui du dieu suprême dans la mythologie grecque - "Zeus" se prononçait "Zeous", ce qui a donné "Deus" ( prononciation latine: "De-ous" ). Et, c'est de cette façon-là que recentré sur la racine "Di" en français, le mot "Dieu" a pris naissance à partir du latin "Deus"

Avec ce mot "Dieu" on est donc très loin d'une traduction honnête du mot "Elohim", ce mot central de la Bible originale ! A ce sujet il est intéressant de noter, car ce n'est sûrement pas sans lien, qu'au IVème siècle avant Jésus-Christ, un certain Aristote était venu sur la scène avec un concept totalement abstrait qui avait fait mouche à l'époque, l'expression latine qui le désigne est même encore employée aujourd'hui : Aristote prônait la théorie d'un univers régi par un "moteur" situé... on ne sait où (!) dans ce grand tout qu'est l'univers, c'était le fameux "Deus ex-machina", littéralement un "Dieu sortant d'une machine" une sorte de "Zeus-moteur" auquel personne ne pouvait rien comprendre mais qui était censé réguler ce tout.

Disons le autrement : à son époque Aristote était venu "moderniser" le vieux Zeus-Jupiter, et cela avait fait bingo ! Car, ce concept d'Aristote a ensuite été remodelé par le judaïsme et le christianisme, pour aboutir en force au concept fourre-tout d'un "Dieu", éternel, omniscient, immatériel, unique, insaisissable, invisible, pur esprit et pas physique du tout... et pourtant représentable, assis sur un petit nuage lissant sa belle barbe blanche, tendant le bout du doigt à sa création respectueuse. .. tout ça permettant d'amuser la galerie.

Mais ce qui devenait moins drôle pour l'humanité, c'était que le "représentant sur Terre" de ce "Dieu" astucieusement inventé - se trouvant alors à la tête de la plus puissante Institution mondiale - pouvait quelques siècles plus tard... et par l'effet de sa seule décision personnelle se déclarer "in-fail-li-ble"... ben voyons ! C'est tellement plus confortable lorsqu'on est au pouvoir d'évincer d'un seul mot quiconque aurait la velléité de contester les prérogatives qu'on s'est octroyées !

Force est de reconnaître que les conciles du Latran, du Vatican et d'autres encore, plus les tribunaux de l'Inquisition, ont fait tout ce qu'il fallait pour que l'Eglise impose, en force, ce fumeux concept du "monothéisme" aux populations européennes.

Inutile d'entrer ici dans le détail de toutes les monstruosités qui ont été commises pour que triomphe cette conception de l'univers... au profit exclusif de quelques-uns ; malheureusement le fait est bien là... c'est ainsi que s'est construit le pouvoir de l'Eglise et la puissance mondiale du Vatican : en camouflant la vérité et en écrasant toutes les rebellions, d'où qu'elles viennent !

Comment donc en est-on arrivé à la généralisation d'un concept basé sur l'idée qu'il n'y a qu'un seul "bon" Dieu ... à côté de tous les autres... qui eux sont forcément mauvais ? Vous le connaissez bien ce "bon Dieu", vous savez, c'est à lui que nos charmants bambins font leur "prière du soir" au pied de leur petit lit... celui par le nom duquel jure l'homme vulgaire... commettant ainsi un grave "blasphème" qu'obligatoirement notre "bon Dieu" punira, tout "bon" qu'il soit... c'est certainement vrai... puisque Mr le Curé l'a encore dit en chaire dimanche dernier (!)

Et peut-être que maintenant, en lisant ces lignes vous pensez... « Quand même, tout ce que dit Mr le Curé c'est certainement vrai ». Je ressens bien ce qui vous fait vibrer, d'ailleurs ce "brave curé" dans son sermon de dimanche dernier, il vous a encore dit du haut de la chaire à peu près ceci :
« Notre "Bon Dieu ", Lui il est bon... mais méfiez-vous, les autres sont des "mauvais " Dieux... alors moi je vous dis, mes chers paroissiens, croyez en notre Mère à tous, la Sainte Vierge Marie qui vous aidera et priez son Fils, le vrai Dieu, car ceux qui croient en d'autres Dieux que le "Bon Dieu ", ceux-là deviennent forcément mauvais, on voit chaque jour tous les méfaits qu'ils sont capables de commettre, mais eux, ils n'iront jamais au Ciel, ils ne connaîtront pas le Paradis où le "Bon Dieu " vous réserve une place, il vous attend, vous qui souffrez ici-bas pour vous unir à sa souffrance rédemptrice, vous qui le priez depuis si longtemps et avec tant de ferveur ! »

C'est intéressant d'étudier ainsi "comment ça marche" dans la vie journalière de chacun, parce que, à coup sûr ça marche ; elle marche même très bien chez un grand nombre d'humainsd'Africains, cette idée du "bon" Dieu inventé par les blancs, ce concept les tranquillise, ils sont gavés de "bonnes paroles" qui les rassurent et eux trouvent ça "fabuleux"... c'est le mot juste pour le dire d'ailleurs, puisque c'est tout à fait d'une fable qu'il s'agit, un joli conte de fées, très bien écrit et bien joué, du "virtuel" bien fabriqué... pour vous attirer et vous retenir dans le giron de leur "Sainte Eglise".

Je suis, hélas, désolé de vous le dire, mais cette Eglise est bien loin d'être "Sainte" et de tout ce qu'elle vous raconte rien n'est vrai... et au fond de vous mêmes, vous le savez, il n'y a qu'à réfléchir, écouter et regarder pour comprendre ce qu'est la vérité... Cessez donc de vous comportez comme des autruches, en vous enfouissant les yeux et les oreilles dans le sable du "train-train quotidien" !

Eh oui, c'est bien une fable, une histoire inventée de toutes pièces afin de dominer les gens - avec, si nécessaire, l'appui de la force militaire des pays alliés - puisque le Vatican « n'a pas de divisions » comme ironisait Staline... Oui, c'est vrai, mais les cardinaux de son gouvernement, "la Curie", savent parfaitement comment faire pour utiliser à leur profit les armées de leurs nombreux amis : tous ces dirigeants... "reine", "roi", "dictateur" ou "président" de moult pays.

L'Eglise a ainsi réussi à imposer l'idée que son "Dieu" à elle, c'était le meilleur et que sa conception du monde à elle, c'était la seule valable. Son Dieu étant "le bon"... le seul "bon Dieu", tous les autres sans exception sont des dieux "mauvais". Elle a entré dans la tête des foules - et pas seulement celles qui s'agglutinent "Place Saint Pierre" à Rome - que croire en "des dieux" était une grave erreur, et que la croyance en un autre Dieu que le leur était, non seulement mauvaise, mais encore qu'elle devait être punie parce qu'elle était : source de maladies, de malédictions et même de la venue d'horribles "démons"... à l'entendre, tous aussi dangereux et méchants que "les dieux" eux-mêmes (les autres bien sûr, tous sauf le sien... puisqu'elle vous le dit !), etc.

Au fil des siècles il fallait donc obligatoirement être du côté de cette Eglise Catholique pour être avec le "bon Dieu"... et éviter d'être persécuté ! Et, cela a marché et même bien marché pour elle, avec l'appui évidemment d'un grand nombre des "puissants" de ce monde. On peut rappeler, pour donner un aperçu de "l'efficacité matérielle" de sa méthode, que dans la "Sainte Ville" de Rome la moitié des immeubles, dit-on, appartiennent au Vatican, c'est difficile à vérifier, certes, mais... comme chacun sait : "on ne prête qu'aux riches" ! Oui, pour l'Eglise ça a très bien marché, mais beaucoup moins bien pour les millions de victimes déjà laissées en chemin, et ça marchera encore plus mal pour les millions de prochaines victimes à venir.

Que de tromperies ignobles et iniques !

Dans la Bible originale en Hébreu les deux noms qui reviennent le plus fréquemment sont Elohim (2.312 fois) et Yahvé (6.499 fois). Mais, il n'y a pas que ces deux noms là, il y en a encore d'autres, comme par exemples: Adonaï, El-Shaddaï, El-Elyon, El-Roi, El-Bethel, etc.

Encore une fois, le mot de "Dieu" au nom duquel l'Eglise colonisatrice prétend parler, ce mot lui-même n'existe pas dans la "vraie" Bible, la Torah, Bible originale et originelle... dans la mesure où c'est elle qui explique fondamentalement l'origine de notre humanité !

Mais arrêtons-nous au moins sur deux des autres pluriels dont on vient de voir une courte liste ; on choisira d'abord "El-Shaddaï", pour dire qu'il signifie "ceux d'en haut" en hébreu, et puis le pluriel "Adonaï", également fort intéressant.

Selon des lois judaïques, il est interdit aux juifs de prononcer le mot "Elohim", ainsi que le mot "Yahvé", car un des commandements dictés à Moïse au Mont Sinaï dit : « tu ne prononceras pas en vain le nom de Yahvé, car Yahvé n'innocente pas celui qui prononce son nom en vain » (EXODE XX, 7, Bible de Dhorme). Ainsi, beaucoup de juifs pour prier, lisent, disent et pensent le mot "Adonaï".

D'où vient ce mot "Adonaï" ? C'est le pluriel du mot hébreu "Adon", qui veut dire "Maître". Donc "Adonaï" veut dire "Les Maîtres". Dès lors, "Adonaï" est tout simplement un autre mot hébreu pour désigner "Elohim", ce pluriel qui signifie "les Autres" ou "Ceux qui sont venus du Ciel" .

Les Catholiques, l'Eglise, tout le Judéo-christianisme a traduit l'ensemble de ces noms par "Dieu", "le Tout-Puissant", "le Seigneur" ! Ce qui est entièrement faux et une escroquerie intellectuelle grotesque... une de plus.
Le verset de la GENESE (I, 26) où, au sixième jour, Elohim dit : « Faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance ! » prend cette fois tout son sens dans le cadre des traditions de nos ancêtres ; en fonction d'elles on peut le comprendre aisément, il est normal et même logique, puisque leurs dieux sont eux-mêmes "humanisés".

Dans certains passages de la Torah (Bible en hébreu), on parle de "Bénéi ha Elohim", ce qui, littéralement, veut dire "les fils d'Elohim", cela aussi devient compréhensible à la lumière de nos traditions religieuses authentiques, puisqu'on y parle d'un peuple venu du ciel.

Et surtout le passage suivant de la Torah, que je tiens beaucoup à citer, parce que les prêtres chrétiens/catholiques souhaitent le cacher le plus possible, tellement il les dérange, ce passage devient merveilleusement compréhensible à la lumière des religions polythéistes où les dieux sont des êtres humanisés, physiques, faits de chair et de sang... donc, sont des "humains" comme nous le sommes, le voici :

« Quand les hommes commencèrent à se multiplier à la surface du sol et que des filles leur naquirent, il advint que les fils d'Elohim s'aperçurent que les filles des hommes étaient belles. Ils prirent donc pour eux des femmes parmi toutes celles qu'ils avaient élues [...] En ces jours-là il y avait des géants sur la terre et même après cela : quand les fils d'Elohim venaient vers les filles des hommes et qu'elles enfantaient d'eux, c'étaient les héros qui furent jadis des hommes de renom »
(GENÈSE VI, 1,2 ET 4, édition Edouard Dhorme).

J'aime ce passage, je l'adore, c'est un régal de le mettre sous le nez des chrétiens et des noirs africains en soutanes, au service de la Religion du colonisateur, au service de l'abominable Rome ! Comment peuvent-ils le comprendre si Dieu est unique, immatériel, pur-esprit ? On parle ici très clairement des fils d'Elohim, d'un peuple qui est venu du ciel, et dont quelques-uns des fils (des hommes de la planète d'Elohim donc) se sont accouplés avec les filles des hommes (... filles des terriennes et des terriens, elles).

Ce qui prouve, au passage, que leur semence, leur sperme est compatible avec les ovules de nos compagnes humaines... puisque "elles enfantaient d'eux" !

Rien de plus logique, puisqu'ils nous ont fait à leur image, à leur ressemblance. Les Dieux, ces "fils d'Elohim" sont donc sexués, ils sont bien physiques, ont des organes sexuels comme nous-mêmes, et éprouvent certainement du plaisir grâce à l'usage qu'ils en font. Ils ont vu que les filles des hommes étaient belles ; on peut dire qu'ils ont été excité par la beauté et le charme des terriennes.

Le sexe est un élément tellement important dans la vie des humains que s'en faire les maîtres, le censurer à leur gré, c'est vite devenu l'un de leurs moyens de coercition préféré, à ces chrétiens "pudibonds" d'après Paul, "l'homme du mensonge" comme le nommaient les parents de Jésus ! Seulement, c'est bien connu... "chasser le naturel, il revient au galop" n'est-ce pas ?

Or le sexe c'est bel et bien "naturel" et maintenant qu'il revient, au détour de ce verset biblique que vont-ils donner comme explication, tordue, biscornue, ambiguë... que vont-ils encore trouver pour essayer de se tirer de ce mauvais pas ? Quel conte de fées vont-ils encore inventer pour s'en sortir... en cherchant à endormir les petits enfants impubères qu'ils aimeraient bien que nous restions ?

Je me souviens de deux fois au moins, où j'ai posé à des catholiques engagés la question de ces dieux multiples et des unions charnelles de leurs "fils" avec les "filles des hommes", l'évêque et le "le théologien chargé de grandes responsabilités ecclésiales" que j'avais eu chacun l'occasion d'interroger, s'en sont tirés tous les deux en cherchant à me rassurer de la même façon : "Non, non, il n'y a qu'un Dieu ! Tout ce que vous lisez dans la Bible est authentique et vous devez le croire... sauf ce passage-là, car celui-là est une erreur qui s'y est glissée malencontreusement". Autant vous dire que j'ai trouvé l'argument un peu léger... et vous ?


« La Virginité de Marie ? Une aberration.
La Bible ? Un tissu de mensonges.
Les théologiens ? Des pédants qui "froncent
le sourcil" pour se donner l'air important.
Non, les femmes ne sont pas moins intelligentes que les hommes.
Non, les gens d'église ne devraient pas jouir de si grands biens
mais, se contenter d'un peu de bouillon; non, les espagnols n'ont pas bienfait de découvrir l'Amérique, car ils ont violé la vie d'autrui. »
- GIORDANO BRUNO (1548 - 1600) -
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MessageSujet: Re: comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme !   comment fut écrit la fable qui créa le chrstianisme ! Empty29/8/2016, 05:26

C'est de la manipulation d'esprit. Tout ce qui passe devant nos yeux est enregistré comme une image et notre cerveau le lit. Oui. Le lit. Coco vous n'avez pas de femmes a satisfaire chez vous ?
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