Les Possédés ou la destinée tragique d'un nihiliste (Dostoïevski)

Passif et silencieux, Stravoguine, le héros de ce roman, est au centre de l'intrigue qui se clôt par son suicide. Précurseur du roman policier et autres trhillers, Dostoïevski ménage le suspense et les révélations jusqu'à l'embrasement final qui semble inéluctable.

Toutefois, les Possédés représentent aussi une tragédie métaphysique.

A l'alternative d'une liberté infinie dans le chaos ou la soumission dans l'ordre divin, Stavroguine choisit la première solution. Il se perd alors dans la jouissance de tous les possibles : viol, mariage avec une infirme démente, jusqu'au meurtre et enfin au suicide.

Mais la liberté se détruit dans l'infini des possibilités. Foyer du mal, "possédé" par l'athéisme, il est voué au néant.

Véritable pamphlet contre la dégradation morale de la Russie que ce héros incarne, le roman ne perd pas pour autant de vue les tourments de l'âme que Dostoïevski cherche à comprendre.

A noter que ce roman fut soumis tant à la censure religieuse de la Russie tsariste que celle des communistes après la révolution de 1917, constituant, selon eux, une œuvre subversive et "réactionnaire"...