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 La tragédie de Bhopal, n'oublions jamais...

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OmbreBlanche

OmbreBlanche


Masculin Nombre de messages : 11154
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La tragédie de Bhopal, n'oublions jamais... Empty
MessageSujet: La tragédie de Bhopal, n'oublions jamais...   La tragédie de Bhopal, n'oublions jamais... Empty1/12/2009, 18:35

Citation :
Indra Sinha fait revivre le drame de Bhopal

La tragédie de Bhopal, n'oublions jamais... 71201_indraune

Cette nuit-là , puissant roman de l'Anglo-Indien Indra Sinha, est inspiré d'une catastrophe bien réelle : l'explosion dans la ville indienne de Bhopal, en 1984, d'une usine de pesticides, le plus grand désastre industriel à ce jour. Indra Sinha transpose le drame en imaginant le destin d'Animal, jeune homme insolent contraint à marcher sur les genoux, sauvé par un sens de l'humour truculent et son intelligence. Une fable noire et tendre aux parfums d'Apocalypse.


lepoint.fr : Qu'est-ce qui vous a conduit à vous intéresser à la catastrophe industrielle de Bhopal ?
Indra Sihna :
En 2004, alors que je travaillais dans la publicité, un homme de Bhopal est venu à Londres me demander de l'aide. J'ai découvert que les victimes n'avaient reçu ni soins ni compensation et que des gens continuaient à mourir. Les survivants avaient décidé que puisque personne ne les aidait, ni le gouvernement, ni la compagnie responsable de la catastrophe, ni les associations, ils feraient en sorte de monter leur propre clinique. Mais ils n'avaient pas d'argent. La seule chose que je savais faire, c'était concevoir des publicités ; j'en ai donc créé une que j'ai fait publier dans un quotidien. J'ai dû promettre au journal que si nous ne récoltions pas de fonds, je devrais payer moi-même l'encart... Fort heureusement pour moi, ça a marché ! Nous avons récolté de quoi construire un bâtiment et commencer à former des gens. C'est ainsi que tout a commencé et, aujourd'hui, je continue à consacrer du temps à la levée de fonds pour cette clinique qui associe des médecines traditionnelles ou du yoga à la médecine moderne, a permis de soigner gratuitement plus de 30.000 personnes.

Quand avez-vous décidé de vous consacrer à l'écriture ?

Juste après avoir rencontré cet homme. La première publicité destinée à financer la clinique est parue en décembre 2004, et j'ai démissionné en janvier 2005. J'avais quarante-cinq ans et j'en avais ras le bol. Bien sûr, ce n'était pas une décision facile parce que dans la publicité, surtout si vous avez du succès, votre salaire atteint un montant indécent... Mais ma femme, Dieu merci, m'a dit : "Tu es malheureux, démissionne, nous nous débrouillerons !"

Il vous a pourtant fallu écrire deux livres, un essai et un roman, avant de vous attaquer de front à la catastrophe de Bhopal dans Cette nuit-là ...

Je pensais qu'il était impossible d'écrire sur le sujet. Je m'en sentais trop proche. La seule façon pour moi était d'en faire une ville de fiction, que j'ai appelée Khaufpur, ce qui veut dire "la ville de la terreur". Et cette ville est devenue si réelle pour moi que quand je me suis rendu à Bhopal, près de l'usine, j'ai cherché du regard un bidonville voisin en me demandant ce qu'il était devenu. Il m'a fallu quelques minutes pour réaliser qu'il n'existait que dans mon roman ! Cette transposition était nécessaire, de même que j'ai raconté des événements qui suivent la catastrophe, mais pas "cette nuit-là" en tant que telle. Et, au fond, le roman pourrait se passer ailleurs, par exemple au Brésil : c'est avant tout l'histoire de petites gens qui vivent dans le sillage d'une tragédie.

Comment est né le personnage d'Animal, avec sa rage et son humour si décapant ?

Au départ, je pensais prendre pour personnage principal un chanteur qui a perdu sa voix lors de la catastrophe. Mais l'histoire manquait de vie, elle était bien trop sombre. Un jour, on m'a montré la photo d'un jeune garçon, un survivant qui marchait sur les genoux. Il avait un très beau visage et un air de défi. Aussitôt, le personnage a existé pour moi, avec son nom, sa façon de parler, son histoire. Tout était en place. Et il s'est mis à m'insulter, à me questionner sur ce qu'il faisait à l'intérieur de ma tête. Il me demandait aussi comment moi, qui n'avais pas eu faim un seul jour au cours de ma vie, j'avais le culot de vouloir raconter son histoire ! J'ai beaucoup ri en travaillant sur ce livre, j'avais vraiment l'impression d'écrire sous sa dictée...

Cette nuit-là , Indra Sinha, traduit de l'anglais par Dominique Vitalyos, Albin Michel, 22 euros, 442 p.

http://www.lepoint.fr/culture/2009-11-30/interview-indra-sinha-fait-revivre-le-drame-de-bhopal/249/0/399986&xtor=EPR-6-%5BNewsletter-Quotidienne%5D-20091201