OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
| Sujet: Guerre financière contre le terrorisme ou contre l'islam ? 7/2/2010, 12:42 | |
| - Citation :
- Ibrahim Warde est spécialiste de l’économie et de la finance internationales, professeur associé à la Fletcher School of Law and Diplomacy (Massachusetts). Il écrit régulièrement pour Le Monde diplomatique.
Il a publié Propagande impériale & Guerre financière contre le terrorisme (1),une enquête qui lève le voile sur la propagande américaine qui se cache derrière l’aspect financier du « combat » mené par les États-Unis contre le terrorisme. Algerie-Focus.com l’a rencontré.
Vous mettez en lumière l’idéologie islamophobe sous-jacente des néoconservateurs dans la guerre financière contre le terrorisme, puisque les premières victimes ont été les banques, les hommes d’affaires et les associations caritatives d’obédience musulmane. Faut-il prendre au sérieux le terme de « croisade » prononcé par M. Bush juste après le 11-Septembre ?
Le système politique américain n’est pas aussi monolithique qu’on le croit. Mais certaines de ses composantes – néoconservateurs et droite chrétienne – sont clairement islamophobes. L’intellectuel le plus influent en termes d’islam, du moins pendant la période entre le 11 septembre 2001 et 2004, est Bernard Lewis. C’est lui qui a « expliqué l’islam » à Dick Cheney et aux autres responsables américains, après le 11-Septembre. Je cite dans mon livre certains de ses propos : « Il faut les frapper fort car les Arabes ne comprennent que le langage de la force » ; « l’attentat-suicide est une métaphore de tout le Moyen-Orient » ; « un islamiste modéré est un islamiste qui n’a plus de munitions ». Si l’islam est l’ennemi, les fonds qui lui sont associés sont suspects. Il y a une partie non négligeable du système politique américain pour qui la guerre contre le terrorisme doit être une véritable croisade.
Comment expliquez-vous l’un des paradoxes de cette guerre financière – celui de la création de ce vous appelez « la forteresse financière », qui exclut des pays entiers (souvent des alliés musulmans de l’Amérique) au prétexte de la lutte contre le terrorisme ?
C’est le résultat de la contradiction entre deux fondamentalismes : économique, qui prône la libéralisation et l’intégration dans la mondialisation, et sécuritaire, qui a tendance à voir le terrorisme partout. Cette contradiction a trouvé sa résolution dans la logique de la « finance saine » ou de la « forteresse financière ». à l’instar de ces quartiers clos que l’on trouve en Amérique latine, dont les habitants sont totalement isolés, la forteresse financière abrite en gros les institutions financières des pays industrialisés. Le reste est à l’écart. Le monde musulman, en particulier, est constamment surveillé. Même les grandes entreprises de certains états peuvent être soupçonnées d’accointances terroristes. Quand, en février 2006, Dubai Ports World a acquis la société britannique Peninsular and Oriental Steam Navigation, qui lui aurait permis de contrôler les terminaux de six ports américains, l’affaire a provoqué un tel tollé que l’entreprise de Dubaï a dû céder le contrôle des ports en question. Ce rejet de pays et de très larges secteurs est en contradiction avec la stratégie américaine, qui consiste à démocratiser et à libéraliser le monde. Alors que ces états sont invités à réformer leurs systèmes économiques, la guerre financière a multiplié les exclusions, qui sont parfois totales. En 2004, l’ambassade du Soudan à Washington n’a pu trouver de banque pour y ouvrir un compte.
http://www.algerie-focus.com/2010/02/06/guerre-fianciere-contre-le-terrorise-ou-contre-lislam-entretien-avec-ibrahim-ward/ | |
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