La première croisade . 1096 - 1099
Cette première croisade, dite croisade des Gueux et des Barons ,se compose en fait de deux vagues distinctes .
Un premier groupe ,constitué de " gueux " se place spontanément sous l’autorité du
prédicateur Pierre l’Ermite et de Gauthier sans Avoir .
Pierre l’Ermite n’était pas très regardant sur le recrutement et acceptait tout, de l’illuminé au bandit de grand chemin ,et comme prévisible, les problèmes ne tardèrent pas à survenir…
Ce premier groupe complètement désorganisé et pratiquement sans arme ni formation militaire n’a strictement aucune chance face aux musulmans ,et c’est d’ailleurs déjà par miracle qu’ils sont parvenus à Constantinople tout en laissant flotter derrière eux une sérieuse odeur de brigandage, de pillage, et d’incendie(les juifs surtout en feront les frais ).
N’ayant aucune conscience des difficultés matérielles de l’entreprise, ce groupe après avoir
forcé la main de ces " chefs " va partir seul à l’aventure.
Bien conscients de la gravité de la menace, et soucieux d’" éviter la casse ", les Seigneurs
des états allemands et hongrois traversés décidèrent (bien sagement) de ravitailler le premier groupe tout au long de sa progression ,afin qu’ils traversent le plus vite possible
leurs terres …
…Et c’est ainsi qu’ils arrivèrent à Constantinople….
Les Byzantins ne surent bien évidemment qu’en faire, car ils étaient en effet incapables de faire quoique ce soit….
Tout aussi sagement que leurs homologues Allemands et Hongrois, ils se dirent que
la première chose à faire était d’empêcher des catastrophes et donc de les ravitailler…
Mais cela ne suffit pas, et les pillages continuèrent….
Aussi les Byzantins décidèrent-ils de s’en débarrasser " proprement "en les transportant
sur la rive asiatique du Bosphore loin ,très loin…à 3 jours de marche de Constantinople
près de la ville de Nicée tenue par les Turcs ….
Soit ils l’emportent et alors la ville retourne à Constantinople,soit ils se font tailler en pièce et le problème est résolu aussi …
Comme prévu,ils ne tardèrent pas à s’y faire massacrer après quelques succès attribuables plus à la chance et à la surprise qu’à des qualités militaires .
Le massacre eut lieu dans la ville de Civitot ,le prédicateur Gauthier sans Avoir y perdit la vie,
et les chroniqueurs racontent que longtemps encore on pouvait voir dans la région et tout au long de la route des impressionnants tas d’ossements blanchis …
Les rares survivant de l’aventure (moins de 3000 semble t’il ) sont récupérés par les Byzantins et incorporés à l’armée des Barons qui était arrivée entre temps à Constantinople .
Un deuxième groupe subdivisé en 4 colonnes distinctes et indépendantes prend la route quelques semaines plus tard en suivant 4 itinéraires distincts .
Ce deuxième groupe est fort différent du premier… il est placé sous le commandement des " Barons " ,et sous la tutelle du " Légat du Pape " .
Il s’agit là d’une armée féodale puissante, impressionnante et organisée qui prend la route pour Constantinople, point de ralliement prévu des quatre colonnes .
Les historiens estiment que cette armée, considérable pour l’époque devait se composer de
plus ou moins 4.000 chevaliers et donc de l’ordre de 30.000 fantassins .
La 1°colonne commandée par Robert de Flandre descend la vallée du Rhône, traverse l’Italie, prend le bateau à Bari, traverse l’Adriatique et arrive à Constantinople .
La 2° colonne, commandée par Godefroy de Bouillon descend la vallée du Danube en suivant grosso-modo le trajet suivi par le groupe " des Gueux ",ce groupe suit donc un trajet entièrement " terrestre " .
La 3° colonne, commandée par Raymond IV de Toulouse, suit elle aussi un itinéraire uniquement " terrestre " ;traversée des Alpes, du Nord de l’Italie, puis descente
de la côte Dalmate .
La 4° colonne, commandée par Bohémond de Tarente traverse l’Adriatique à Tarente,
et gagne ensuite Constantinople par voie de terre .
Pour la petite histoire, ce groupe est commandé par des barons et non des rois tout simplement parce que, par le plus grand des hasards, les trois principaux monarques du temps sont à ce moment frappé d’excommunication : le Roi de France, pour " adultère ",le Roi d’Angleterre et l’Empereur Germanique ,pour " s’être opposé aux autorités religieuses "….
Lorsque les premiers éléments du deuxième groupe arrivèrent devant Constantinople,
les Byzantins s’inquiétèrent très fort….ils attendaient des " renforts " ,mais pas en tel nombre, ni surtout si bien organisé….
Il leur parut " clair " qu’à tout moment cette aide pouvait très bien , et très rapidement
se retourner contre eux ….
La première chose à faire était de toute évidence d’empêcher leur concentration devant la ville, et pour cela les transporter au plus tôt de l’autre côté des détroits avant que les quatre colonnes soient réunies ….
La seconde chose à faire était de bien " faire préciser les choses "avant que l’entreprise débute réellement .
Son arme principale de négociation ? La même ;la traversée des détroits ….
L’Empereur Byzantin Alexis Comène rappela donc aux croisés que les terres qu’ils s’apprêtaient à conquérir lui appartenaient en fait de droit, et que donc, en application du droit féodal, elles devaient lui revenir ….
En échange, Byzance s’engageait à leurs prêter ravitaillement, effectif et aide logistique en particulier une aide maritime .
Bon gré, mal gré, un accord est accord est conclu, et la croisade se met en marche ;premier objectif :Nicée,la ville vers laquelle le groupe des manants avait été dirigé .
La ville de Nicée, capitale de l’Anatolie Turque est prise après un siège relativement bref .
La ville se rend non à la croisade, mais aux Byzantins .
La reddition aux Byzantins et l’accord préalable passé à Constantinople clôture donc toutes discussions sur le sort de la ville ;elle appartient aux Byzantins …
Nouvelle étape : la ville d’Antioche .
Ici les choses se passèrent assez mal ;le siège fut très long (près de 8 mois) et très pénible,
la famine s’installa parmi les assiégeants, et les désertions furent nombreuses .
Les soutiens demandés à Byzance ne vinrent pas ,et à peine la ville prise par les croisés ,
elle se trouve à son tour assiégée à son tour par les Turcs .
La situation des croisés devient intenable ,le moral s’écroule .
Enfin, un " miracle " se produit on aurait retrouvé une incroyable relique ;la lance qui a percé le cœur du Christ….
La croisade reprend courage, et fait une " sortie "…
Emporté par l’élan mystique, et à un contre dix, les troupes croisées brisent le siège …
Mais les croisés n’ont pas oublié la " non assistance " de Byzance devant Antioche,
et celle-ci va se payer très cher ,maintenant et plus tard…
Maintenant ce sera la non-restitution de la ville au Basileus .
Plus tard ,ce sera la quatrième croisade et la mise à sac de Constantinople ….
Et la croisade reprend sa route …
Et il faut faire vite, parce que la croisade en a assez, et parce que Byzance cette fois leur parle d’aide, une aide bien tardive, mais une aide qui risque de se payer fort cher …
Sur la route de Jérusalem, les choses vont cependant relativement mieux qu’escompté ;
d’une part les villes musulmanes sur le trajet de Jérusalem comprennent qu’ils ont tout intérêt à se rendre pour éviter le massacre, et d’autre part les chrétiens maronites se joignent à la croisade .
Dernière étape enfin : Jérusalem .
Au soir du 7 juin 1099,l’armée croisée campe enfin devant les murs de Jérusalem .
Pour certains il y a près de trois ans qu’ils sont partis de chez eux …
Le premier assaut est lancé le 13 Juin, parce qu’un ermite aurait prophétisé la victoire en cas d’attaque à cette date précise .
Cet assaut est repoussé, et l’échec est très cruellement ressenti par les croisés .
Le deuxième assaut a lieu un mois plus tard, le 13 Juillet .
Bien mieux organisé, et surtout appuyé par des machines de siège ,il sera victorieux .
La ville prise, le massacre commence ; les musulmans, les juifs, mais aussi quelques chrétiens dont les rites orientaux " exotiques " ne semblaient pas reconnus par le " vulgum pecus " de la croisade en font les frais ..…
Une semaine plus tard Godefroy de Bouillon est élu " Avoué du Saint Sépulcre " ,les autres prétendants possible ayant tous décliné l’offre pour pouvoir retourner chez eux ,sauf Bohémond de Tarente qui lui voulait retourner dans son nouveau fief d’Antioche .
Un dernier danger menace :une armée de secours musulmane se dirige vers Jérusalem .
N’y aura t’il pas un deuxième siège comme à Antioche ? Non dans un dernier effort,
la croisade se porte au devant de l’ennemi près de la ville d’Ascalon et anéantit
l’armée de secours .
Estimant sa mission accomplie, la croisade se disloque .
La majeure partie des croisés rentre en Europe, un très faible groupe reste sur place et s’installe .
Ce sera là le gros problème des Francs ;ils ne seront pas suffisamment nombreux pour s’établir durablement, et ils devront faire alliance tantôt avec les uns et tantôt avec les autres pour se maintenir, ce qui va conduire à des " associations momentanées " et des " associations de fait " parfois assez difficiles à comprendre de prime abord ….
La première croisade a atteint son but : Jérusalem est prise .
Mais cette victoire sera sans lendemain, Jérusalem ne tardera pas à retomber dans les mains des musulmans .