Il incarne Pétain dans La Rafle. Depuis 20 ans, Roland Copé partage sa vie entre ses passions pour la médecine et la comédie. Rencontre avec le père du député UMP. Promis j'arrête la langue de bois, Un député ça compte énormément, L'état de l'opinion... L'intégrale de Jean-François Copé trône dans le salon de l'acteur qui prête ses traits à Pétain dans
La Rafle, sortie sur les écrans cette semaine. Normal, c'est son père, Roland Copé, 80 ans le 14 mars.
Avec le soutien indéfectible de sa femme Monique, ce "père de" mène depuis une vingtaine d'années une double vie. Le professeur de médecine (chirurgien et cancérologue comme l'atteste sa plaque professionnelle) dans le VIIe arrondissement est aussi comédien. Deux passions qui requièrent "les mêmes qualités: désir d'écouter, de regarder et de respecter les silences." Mais ces dernières années, le brillant médecin cède régulièrement la place à l'acteur. Des plateaux de télévision (
Plus belle la vie,
Navarro,
Les Rois maudits, etc.) au cinéma (
Les Brigades du tigre et
La Rafle) en passant par le théâtre, là où il a fait ses armes, il veut tout jouer et avoue un faible pour les personnages historiques.
De la médecine au théâtre
C'est en tournant des films médicaux avec sa femme que le père du président du groupe UMP à l'Assemblée nationale découvre les plateaux de tournage. Roland Copé est immédiatement fasciné par cet univers et par ces équipes à la "solidarité exceptionnelle" qu'il ne trouve nulle part ailleurs, "pas même dans un bloc opératoire." Il se souvient alors de sa passion d'enfant, la comédie. Et de son père (médecin lui-aussi) qui le mettait en scène avec sa mère, chanteuse, lors des dîners dont le menu alternait entre récitations, saynètes et imitations. En 1993, sa décision est prise, il remontera sur scène. Après un passage au Théâtre de la Maison Bleue, il s'inscrit en 1995 au conservatoire du VIIe arrondissement. Avec son professeur, Jean-Pierre Hané, ils montent ensuite des pièces au profit de l'institut de recherche en cancérologie de Villejuif. Puis, on lui propose de petits rôles à la télévision, jusqu'à celui de Pétain dans le film de Rose Bosch.
Le défi d'incarner Pétain
Un défi pour l'enfant qu'il était durant la guerre et qui voyait alors en Pétain "un Dieu, comme tout le monde à l'époque." La désillusion est d'autant plus grande lorsque le héros de la Première Guerre mondiale prend les premières mesures antisémites, interdisant par exemple à son père d'exercer son métier. Il se documente sur le personnage et s'emploie à reconstituer "le ton froid et assuré du militaire." Il tient à faire transparaître la banalisation de ce qui reste une décision épouvantable, l'envoi à la mort de milliers de femmes et d'enfants par les autorités françaises. Le tournage de
La Rafle va faire ressurgir de douloureux souvenirs. Quand, par exemple, il tourne à Budapest, entouré de centaines de figurants interprétant des nazis. De même, "quand je voyais Hitler, accompagné de Himmler, attablés à côté de nous, souriants et nous invitant à partager le repas, ce n'était pas possible." Mais le film est "indispensable" et résonne d'autant plus dans l'histoire familiale de Roland Copé que sa famille et lui ont été victimes d'une rafle, menée par les SS celle-ci.