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Les perspectives christologiques et ecclésiologiques de la croissance - 3/12Père Mario Saint-Pierre Publié le lundi 5 mai 2008 , par
Père Mario Saint-PierreLes refrains de la croissance dans les Actes des apôtres nous ont conduits à redécouvrir les perspectives vétéro-testamentaires de cette révélation de Dieu au sein de la création et de la réalité biblique de l’Alliance. Ces mêmes refrains nous invitent à revisiter certains passages de l’Évangile pour mieux comprendre le lien entre le Christ, Parole faite chair, et l’Église en croissance. La parabole du semeur nous permettra de faire ce lien.
Si nous lisons la parabole du semeur dans les différentes versions des synoptiques (Matthieu 13, 3-23 ; Marc 4, 2-20 ; Luc 8, 5-15), nous constatons des éléments suffisamment nuancés pour comprendre qu’il s’agit là d’une réalité complexe, mais tout de même riche de significations théologiques. Le père Xavier Léon-Dufour qui conclut son commentaire exégétique sur la parabole du Semeur, nous indique bien jusqu’à quel point la médiation ecclésiale est nécessaire, non seulement dans sa dimension herméneutique, pour écouter et comprendre la Parole en vérité, mais aussi dans sa dimension pastorale et évangélisatrice, pour assurer le développement réel de cette Parole en croissance et en fructification :
"L’Église applique la parabole du semeur aux situations inédites que suscitent des temps nouveaux et des circonstances nées de l’évangélisation" (
Études d’Evangile. Parole de Dieu, Seuil, Paris, 1965, Étude VIII :
La parabole du semeur, 255-301, en part. 301).
La fructification de la Parole-semenceL’enjeu de la parabole du semeur repose particulièrement sur l’interprétation allégorique qui fait passer de la double identification :
- les hommes / les terrains
- la parole / la semence à la simple identification (les hommes / la-les semence-s). Le jeu des identités mentionnées ici se révélera progressivement et de manière différente selon tel ou tel évangéliste (on le verra particulièrement avec Marc dans notre explication ci-dessous). Pour l’instant, on peut affirmer qu’il se produit peu à peu une sorte de transformation identitaire entre la semence et ceux qui la reçoivent. Puisque, finalement, ce sont les auditeurs de la Parole qui sont eux-mêmes semés, la diversité des terrains représentant la diversité des circonstances et des contextes. Ainsi la Parole-semence s’implante dans l’auditeur qui est lui-même semé et appelé à produire du fruit. La logique de la révélation au cœur de l’événement créateur est respectée : dans le fruit, il est la semence (Genèse 1, 11). On comprend pourquoi les apôtres sont troublés en entendant l’explication de la parabole. Ils comprennent qu’en recevant la semence, ils deviennent semence ; en recevant la parole de Jésus, ils deviennent parole de Dieu. Luc nous révélera davantage la dimension communautaire de cette parabole, tandis que Marc insistera davantage sur cette transformation de l’auditeur qui devient semence-parole.
"La semence, c’est la Parole de Dieu"Luc identifie clairement «
semence » et «
parole ». Dans le début de sa parabole, Jésus affirme avec précision : «
Le semeur est sorti pour semer la semence » (Luc 8, 5), alors que dans celles de Matthieu et Marc, Jésus dit simplement : «
le semeur est sorti pour semer » (Matthieu 13, 3 ; Marc 4, 3). Au début de l’explication de la parabole, Jésus exprime avec clarté : «
La semence, c’est la Parole de Dieu » (Luc 8, 11). Cet accueil de la Parole dans la bonne terre, «
chez ceux qui, dans un cœur beau-et-bon, écoutent, conservent et fructifient dans la persévérance » (Luc 8, 15), est en parfaite continuité avec cette compréhension de la Parole qui poursuivra sa course dans le cœur des croyants et des communautés ecclésiales. La finalité communautaire de la parabole est bien indiquée dans les passages qui suivent, avec la parabole de la lampe allumée «
Faites donc attention à la manière dont vous écoutez » (Luc 8, 16-18) et la réponse de Jésus sur sa vraie famille :