Une nouvelle initiative pour sauver les migrants en Méditerranée(la Croix - 25/8/14 - 09 H 52)Le Moas va sillonner la Méditerranée pour venir en aide aux migrants.
Darrin Zammit Lupi/ReutersUn couple d’entrepreneurs installé à Malte va utiliser des drones pour repérer les migrants en difficulté et leur apporter de l’aide. Ils précisent en revanche qu’ils ne les amèneront pas à terre, vraisemblablement pour ne pas être accusés d’aide à l’immigration illégale.Alors que les flux de migrants en Méditerranée ne se tarissent pas, une nouvelle initiative doit être lancée lundi 25 août pour leur venir en aide. Avec un fonctionnement original : la station d’aide maritime aux migrants – en anglais, Migrant Offshore Aid Station, ou Moas – sera basée sur un bateau de pêche rénové, qui sillonnera la Méditerranée.
Il emploiera deux drones pour repérer les embarcations de migrants en difficulté. Lorsque l’une d’elles sera détectée, les membres du Moas iront à sa rencontre à bord de hors-bord, apportant de l’eau, de la nourriture, des gilets de sauvetage et du matériel médical et préviendront les autorités.
ORIGINE DU MOASLe Moas a été lancé par un couple de riches entrepreneurs, Christopher et Regina Catrambone, basé à Malte. Lui, originaire de Louisiane, a travaillé dans plusieurs zones de conflits. Il a ensuite fondé, avec sa femme, italienne, une compagnie d’assurances spécialisée dans les zones à risque.
Christopher et Regina disent avoir décidé de lancer le Moas à la suite d’une croisière en yacht privé vers la Tunisie, effectuée l’été dernier. « Nous avons vu un gilet qui flottait dans l’eau, et le capitaine nous a expliqué qu’elle appartenait probablement à un migrant qui n’était plus de ce monde », se rappelle-t-elle.
Tous deux catholiques, ils ont aussi été marqués par l’appel lancé peu après par le pape François, en juillet 2013. En visite sur l’île de Lampedusa, celui-ci avait fustigé
« la culture du bien-être (qui) nous rend insensibles aux cris d’autrui ».
UNE INITIATIVE ONÉREUSELe couple a financé le matériel du Moas, et paie les coûts de fonctionnement pendant l’été. Il refuse de dévoiler la somme qu’il a consacrée à cela, mais Regina Catrambone a déclaré au journal anglais The Independent qu’avec cet argent, ils auraient pu s’acheter « une autre villa à Saint-Tropez », ou « un beau bateau de luxe ». Un porte-parole précise néanmoins que « les coûts augmentent tous les jours » et que l’initiative accepte par conséquent les dons.
Le site Internet de l’initiative précise explicitement qu’elle n’a pas pour vocation de transporter les migrants qu’elle assiste, à moins que les autorités ne le leur demandent expressément. Ils transmettront en effet aux services de sauvetage en mer les images des embarcations récoltées par leur drone.
« Si nous rencontrons quelqu’un qui a un besoin médical urgent, ou un navire en train de couler, nous stabiliserons la situation sur place, en attendant que les autorités arrivent », précise le site.
UNE AIDE HUMANITAIRE LÉGALELe but est vraisemblablement d’éviter l’accusation d’aide à l’immigration illégale. En 2004, le navire Cap Anamur, appartenant à une ONG allemande, avait recueilli 37 migrants dont l’embarcation était en train de couler dans le canal de Sicile. À leur débarquement en Italie, les autorités avaient placé les migrants dans un centre de rétention et avaient arrêté les marins.
D’abord condamnés pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière », ces derniers avaient finalement été relaxés en 2009, à la suite d’un jugement de la cour d’Agrigente reconnaissant l’impératif de sauvetage de vies.
« Tant qu’ils ne font que fournir une aide humanitaire, et qu’ils n’amènent personne sur les côtes maltaises, ils ne font rien d’illégal », approuve un bon connaisseur des questions d’immigration.
« Le Moas est une bonne initiative, mais elle ne doit pas conduire les États à négliger leurs obligations de recherche et de sauvetage des personnes en détresse, affirme Jean-François Dubost, responsable du programme réfugié et migrants à Amnesty International France. Elle ne doit pas non plus les inciter à repousser des migrants en mer, ce qui est contraire aux règles internationales. » Les autorités maltaises n’ont pas répondu aux sollicitations de La Croix.
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Comme quoi l'argent n'est bon ni mauvais, il rend meilleur les bons et pire les mauvais...