Pour rallier les sceptiques à sa nouvelle politique en Afrique, Nicolas Sarkozy s’est efforcé de modifier le casting de sa première « grand’messe » franco-africaine. Nice sera le « sommet du renouveau, une espèce de lancement d’une nouvelle période », assure son secrétaire d’Etat à la Coopération Alain Joyandet.
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La société civile et les entreprises privées y seront ainsi pour la première fois conviées et le dîner réservé aux seuls « amis » francophones supprimé. Une preuve de plus, selon l’Elysée, que « la France a rompu avec les vieilles habitudes et entretient désormais des liens avec tout le monde ». Mais pour l’ONG Survie, qui organise un « contre-sommet France-Afrique » pour dénoncer le soutien de Paris à des régimes corrompus et dictatoriaux, les « mauvaises pratiques perdurent ». Elle prend pour exemple, en 2009, l’intervention de l’avocat Robert Bourgi, conseiller élyséen de l’ombre, qui a raconté que le secrétaire d’Etat à la Coopération Jean-Marie Bockel avait été évincé à la demande du Gabonais Omar Bongo et laissé entendre que son fils Ali était le candidat de la France à la présidentielle gabonaise. Suite à sa sortie, l’embarrassant M e Bourgi a bien été mis au « piquet » l’espace de quelques mois. Mais sa punition a aujourd’hui été levée et il gare à nouveau sa Maserati dans la cour de l’Elysée.
D’après Survie, « là où la France possède des intérêts économiques importants, elle est complaisante, elle continue à apporter son soutien à des régimes dictatoriaux ». Sur le front économique, le président français a proclamé sa volonté de rompre avec l’image d’une France pilleuse des richesses minières ou pétrolières de l’Afrique en y nouant des partenariats « gagnant-gagnant ».
Mais l’Elysée a beau souligner que « le commerce avec l’Afrique n’est pas vital pour les entreprises françaises » et le chef de l’Etat rencontrer l’opposition à chacune de ses visites, les soupçons n’ont pas été levés. Pour Survie, la défense des intérêts économiques français se fait encore « trop souvent au détriment des droits humains et de la démocratie » : « On demande que la France conditionne son aide aux progrès démocratiques. Ce qui paraît scandaleux aujourd’hui, c’est que le président français considère que l’aide publique au développement doit favoriser les entreprises françaises. »