OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
| Sujet: La démocratie chrétienne : une idée neuve ? 31/5/2010, 15:31 | |
| http://www.sacristains.fr/2010/05/31/la-democratie-chretienne-une-idee-neuve/ A Rome vient de se clore la XXII° Assemblée annuelle du Conseil pontifical pour les laïcs. Elle s’est conclue par un appel de Benoît XVI à prendre une part active à la vie politique. Gageons que cet appel, s’il est répercuté par les médias (rien n’est moins sûr : on n’y parle ni de sexe, ni d’argent), risque d’être compris comme une dangereuse ingérence de l’Eglise dans des affaires qui ne la regardent pas.Et pourtant. Pour être catholique, on n’en est pas moins citoyen. Cet intérêt pour la chose publique s’est exprimé au concile Vatican II, qui affirme que l’Eglise partage « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps ». Il tranche avec l’apparent désamour des Français pour la vie de la Cité : une bonne moitié d’électeurs qui s’abstiennent, sans compter ceux qui ne prennent même pas la peine de s’inscrire pour avoir le droit de voter, et ceux qui ne votent que par devoir sans se reconnaître dans aucun de nos champions nationaux, ça devrait faire réfléchir. Une précision d’abord : la démocratie-chrétienne n’a rien à voir avec la caricature qui en est souvent donnée en France. Ce n’est ni la droite, ni le conservatisme, ni le parti du pape. L’Eglise catholique non plus d’ailleurs : il suffit d’aller faire un tour sur les plateformes d’un certain nombre de mouvements très officiels, celles du CCFD, du Secours catholique, de Pax Christi et d’autres, pour s’en convaincre. Ce n’est pas non plus un parti de gauche. C’est un mouvement populaire, formé de gens qui s’accordent autour d’un certain nombre d’idées-forces, issues de l’Evangile et abondamment développées tout au long des textes fondamentaux de l’Eglise catholique. Ces idées font d’ailleurs partie de notre patrimoine national : centralité de la personne humaine, importance accordée à la famille et à l’éducation, lutte contre la pauvreté et l’injustice, solidarité nationale, sauvegarde de la création, aide au développement, souci du prochain… A partir de ces thèmes, l’accord est recherché à travers le débat, et non en appliquant purement et simplement les consignes données par une Eglise. Dans un parti démocrate-chrétien, il y a une droite et une gauche, des courants qui s’affrontent, une vraie discussion menée à partir des valeurs communes à la démocratie et au christianisme, pour tâcher d’incarner ces valeurs dans l’action politique. L’intérêt du christianisme, c’est d’être fondé en raison : et par conséquent, d’offrir la possibilité à ceux qui ne sont pas chrétiens de s’atteler à un projet commun. Donc : la DC, ce n’est ni la droite, ni la gauche. Classiquement, ce qui n’est ni à droite, ni à gauche, on est tenté chez nous de le situer au centre ; or, il ne s’agit pas de cela : l’idée est bien celle d’une recherche qui déborde les clivages politiques habituels. Pas de consensus mou et sans saveur ; mais un accord obtenu à partir de convictions raisonnables, partagées par la plus grande part des électeurs. Le pari, ici, est double : d’une part, cela suppose que ces convictions partagées rejoignent précisément celles soutenues par les Eglises chrétiennes ; mais surtout, cela suppose également que celles et ceux qui s’engagent dans une telle démarche quittent le terrain de la militance (la défense mordicus d’idées, voire d’idéologies) pour s’engager sur celui du politique, c’est-à-dire de la recherche du bien commun. Qui dit démocratie chrétienne dit, certes, christianisme ; mais dit également démocratie, ce qui suppose de respecter l’expression de la volonté générale. Il ne s’agit pas d’être là pour imposer ses convictions, mais pour apporter sa pierre au vivre-ensemble. La démocratie chrétienne a disparu de notre horizon politique en tant que parti. Elle y est présente d’une autre manière : dans des cercles de réflexion, tels que ceux qui réunissent ici ou là, de manière généralement discrète, des élus de diverses tendances. Elle est présente également dans des mouvements plus larges, comme celui qui se constitue autour des Semaines sociales de France, au cours desquelles, chaque année, des milliers de personnes d’horizons très divers se retrouvent pour débattre de sujets de société. Les thèmes abordés lors de ces rencontres – famille, éducation, travail, immigration, santé – sont précisément ceux qui préoccupent nos concitoyens. Et le travail produit à cette occasion intéresse également : à titre d’exemple, la fréquentation du site Internet ouvert par les évêques de France pour les Etats généraux de la bioéthique a largement dépassé celle du site gouvernemental développé à cette occasion. Le fait que le courant démocrate-chrétien subsiste de cette manière en-dehors de tout cercle partisan montre avec évidence que le christianisme a encore quelque chose à apporter au débat public et au pays dans lequel nous vivons. | |
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