École : la laïcité ne suffit pas !(Les 4V - 4 FÉVRIER 2015 par MILLIERE GUY)Voici un peu plus de dix ans, un livre paraissait qui soulignait la situation très grave qui régnait dans nombre d’établissements scolaires.
Le livre s’appelait « Les territoires perdus de la république ».Les auteurs expliquaient qu’il était devenu impossible ou presque d’enseigner des chapitres entiers de l’histoire, sous peine de subir insultes et propos véhéments, voire menaces, de la part d’une fraction croissante des élèves – ceux issus de familles musulmanes.
Un peu plus tard, un rapport rendu au ministre de l’Éducation nationale, le rapport Obin, enfonçait le clou, et montrait, en s’appuyant sur de multiples exemples concrets, que la situation était peut-être plus grave encore que « Les territoires perdus de la république » ne l’avait montré : des violences ethniques et religieuses se répandaient au-delà des salles de classe, jusque dans les cours de récréation.
Le ministre a dit qu’il allait agir. Les mots sont restés des mots. Aujourd’hui, tout s’est considérablement aggravé.
Nul ne l’ignorait. Mais les attentats contre « Charlie Hebdo », et la contestation de la minute de silence censée être respectée dans chaque établissement, et souvent contestée, ont mis crûment les choses au jour.
La ministre de l’Éducation nationale a dit qu’elle allait agir, bien sûr. Et elle a ouvert des pistes. Celles-ci ont autant de chance de déboucher sur des résultats concrets que le célèbre emplâtre posé sur une jambe de bois vermoulu.
Il est question de réapprendre aux jeunes gens la « citoyenneté » : quelle signification peut avoir ce mot pour des garçons et des filles qui écoutent des airs de rap où il est question de « niquer la France » ? Aucune, c’est évident.
Il est question aussi d’insister sur la « laïcité ». Quel contenu des garçons et des filles qui, toujours plus nombreux, se reconnaissent davantage dans l’islam que dans la France peuvent-ils placer dans la « laïcité » ? Aucun, cela va de soi.
La notion de « citoyenneté » renvoie à de vieux cours d’instruction civique qui, lorsqu’ils étaient dispensés, n’avaient rien d’enthousiasmant pour ceux qui les recevaient et qui, aujourd’hui, ne pourraient, s’ils étaient à nouveau dispensés, avoir aucune prise sur ceux qui les recevraient.
La notion de « laïcité » pouvait faire sens lorsqu’il s’agissait, il y a 110 ans, de souligner la séparation de l’Église et de l’État, mais la France alors était un pays très majoritairement catholique, et, quand bien même il ne l’a pas toujours mise en œuvre, le catholicisme a toujours été porteur de l’idée qu’il faut laisser à Dieu ce qui est à Dieu et rendre à César ce qui est à César. Dans l’islam, chacun le sait, Dieu est César et n’a jamais cessé de l’être.
La seule société musulmane où il a été tenté, au forceps, de rendre à César ce qui est à César a été la Turquie au temps de Mustafa Kemal Ataturk.
On peut voir, en regardant la Turquie présente, que les adeptes de l’islam en Turquie n’ont pas renoncé, et que l’héritage d’Ataturk est en train de s’effondrer.
Ataturk n’est d’ailleurs parvenu à quelques résultats, temporaires, qu’en comprenant que la
« laïcité » qu’il invoquait ne suffisait pas, et qu’il fallait savoir désigner les dangers inhérents à l’islam radical.
Le gouvernement français n’ose pas même désigner les dangers inhérents à l’islam radical. Sitôt que Manuel Valls prononce un discours un peu sensé, il se trouve contredit par François Hollande qui s’en va faire repentance et acte de dhimmitude à l’Institut du monde arabe.
Le gouvernement français est dès lors condamné à échouer.
La ministre de l’Éducation nationale le sait. Elle le sait, sans doute, mieux que personne, elle qui vient d’une société musulmane et y a encore de multiples liens.
Dans moins de dix ans, on verra que les mots d’aujourd’hui seront restés des mots.
Parlera-t-on encore, vainement, et dans le vide, de
« citoyenneté » et de
« laïcité » ?Je gage plutôt, au train où vont les choses, que les territoires perdus de la république auront encore grandi. Ce qu’on traquera alors, ce ne seront pas les manquements à la
« citoyenneté » et à la
« laïcité », mais toutes les traces de contestation de ce qui sera devenu, si rien ne change en profondeur, la première religion de France…
Guy Millière+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
Ah, ce bon vieux Guy Millière... il commençait à me manquer !