Six cents ans après, les chevaliers sont de retour sur le champ de Grunwald Monde -
Europe 21:19 Chevaliers, archers, cavaliers et hallebardiers ont envahi samedi le champ de bataille de Grunwald, qui vit il y a 600 ans une armée polono-lituanienne sonner le glas de l'expansion du puissant Ordre des chevaliers teutoniques.
Quelque 2.200 passionnés du Moyen Age en armure et costumes d'époque, dont des dizaines de cavaliers se sont battus sous un soleil de plomb devant une foule immense évaluée par la police à entre 150.000 et 200.000 personnes.
Comme chaque année en juillet, des mordus d'histoire de toute l'Europe ont pris le cap de Grunwald, dans le nord de la Pologne, pour endosser leur cotte de maille, se gorger de kwas, boisson fraîche à base de pain fermenté et en découdre sans retenue.
Le 15 juillet 1410, une armée polono-lituanienne écrasait l'ordre des chevaliers teutoniques, moines guerriers de langue allemande qui dominaient les côtes de la Baltique.
Cette victoire eut un impact profond sur l'histoire de la région, contribuant à la création d'un puissant Etat polono-lituanien qui dura quatre siècles et s'étendit de la Baltique à la mer Noire. Elle reste vivante dans l'esprit des Polonais et des Lituaniens.
Selon ses organisateurs, l'événement est devenu la plus grande reconstitution chevaleresque d'Europe.
Ses participants viennent de toute la région: Polonais, Lituaniens, Ukrainiens, Russes, Bélarusses mais il y a aussi des Français, des Allemands, des Italiens, des Belges et des Britanniques.
La bataille est une chose sérieuse. Même si les épées sont émoussées, les coups peuvent toujours faire mal dans la mêlée.
"J'ai eu ça hier, lors de l'entraînement", dit le chevalier Janek en montrant un bout de plâtre à peine visible derrière son armure. "Cela ne m'a pas empêché de m'engager à fond aujourd'hui", ajoute-t-il avec un grand sourire.
Tomasz Konopka, lui, gère ses troupes d'une main forte.
"Formez! Tu appelles ça une ligne?", lance-t-il à un chevalier peu discipliné en le frappant avec le plat de son épée.
La reconstitution a lieu non le 15 juillet mais le week-end pour les touristes. Quelque 6.000 figurants et chevaliers ont campé une semaine dans un véritable retour dans le passé, quand des paysans recrutés et toute une suite d'hommes et de femmes accompagnaient les guerriers.
"C'est comme une sorte de Woodstock chevaleresque", résume Jaroslaw Struczynski qui a joué le rôle le grand maître de l'Ordre teutonique Ulrich von Jungingen, mort dans la bataille.
Monika Iwanska, 17 ans, porte un seau d'eau en bois à un groupe de chevaliers exténués. Seule concession à la modernité, des pailles en plastique.
"C'est la première fois que je viens", dit-elle. "Je me suis retrouvée là parce que mon ami est un chevalier".
"L'atmosphère est vraiment fantastique. Mais pour moi c'est plus que cela parce que j'adore le Moyen Age et on apprend plus sur le passé en le vivant pour de vrai", ajoute-t-elle.
M. Struczynski aime raconter sa chute de cheval à la bataille de Grunwald de 1999 et sa fracture au pied. L'année suivante c'était au tour de l'acteur jouant le roi de Pologne de tomber et de se briser la clavicule.
Le même médecin était de garde à l'hôpital local: "Bon, alors c'est ex-aequo maintenant?", avait ironisé le praticien.
Les spectateurs ont admiré les guerriers.
"C'est la première fois que j'assiste à une telle reconstitution", dit Jozef Pecka, 71 ans, arrivé de Poznan (ouest).
"Une reconstitution redonne vie à cet évènement. Je connais l'histoire de Grunwald, j'ai lu des livres mais là on peut le sentir comme quelque chose de vrai", ajoute-t-il.
Au fil des ans, les organisateurs ont débarrassé Grunwald de tout style hollywoodien ou de roman fantastique pour n'autoriser que les équipements semblables à ceux de 1350-1420, créant un modèle européen d'authenticité.