Une famille ligotée pendant le plasticage de sa villa en CorseL'ancien président du groupe Wendel et ses proches ont été séquestrés par un commando. Tout a commencé vers 22h30 lorsque plusieurs hommes armés et encagoulés font irruption dans la propriété et frappent tout d'abord à la porte de la loge de la gardienne. «Ils étaient cinq et ils se sont présentés comme des hommes du Raid. J'étais accompagnée de ma fille de 6 ans», raconte cette dernière, encore secouée par les épisodes de cette soirée et en poursuivant: «Ils nous ont dit que des prisonniers s'étaient évadés avec l'intention de nous prendre en otages. Ils ont alors précisé qu'ils étaient venus pour nous protéger.»
Le piège se referme. «Sans violence», précise encore la gardienne. Les assaillants se dirigent vers la villa où se trouvent Jean-Bernard Lafonta, son épouse et deux de leurs enfants, deux fillettes de 13 et 10 ans. Ils les somment de gagner la loge de la gardienne. «Ils nous ont attachés dans le salon», raconte cette dernière. Seuls les adultes sont ligotés et installés à terre. Les enfants, quant à eux, sont contraints de rester assis sur un canapé.
Ainsi retenus avant de pouvoir donner l'alerte, les prisonniers entendent soudain trois fortes déflagrations venant de dehors. Avant de s'enfuir, les membres du commando ont installé des explosifs dans la villa de 300 m² située en bordure de mer. Recouverte de bois, cette dernière s'enflamme rapidement. Alors que le feu gagne la végétation, l'une des fillettes libère ses parents qui préviennent les secours.
Arrivés sur place, les enquêteurs de la police judiciaire ont aussitôt remarqué les inscriptions laissées par les assaillants sur le mur d'enceinte de la maison: «Liberté pour les patriotes. À la mémoire de Marcel Lorenzoni. Solution politique FLNC». «Lorenzoni était une figure emblématique du nationalisme, décédé il y a dix ans», rappelle un proche de l'enquête.
Pour la famille Lafonta, cet attentat est un choc. «Nous sommes corses! Le grand-père de Jean-Bernard Lafonta est le colonel Germani qui a libéré l'île durant la Seconde Guerre mondiale. Une rue de Cervione porte son nom», rappelle ainsi un de ses membres qui ajoute: «Jean-Bernard Lafonta est aussi l'arrière-petit-fils du professeur Ambrosi, auteur d'ouvrages sur l'histoire de la Corse.»
Depuis dix ans, Jean-Bernard Lafonta avait acquis cette belle demeure, aujourd'hui partie en fumée. «Quand il a été attaqué, il était en pyjama et il n'avait rien sur lui. Tout a brûlé, son portable et ses papiers», précise-t-on dans son entourage. «En trois mois», rappelle le préfet de Corse, Stéphane Bouillon, «c'est la deuxième agression de ce type sur l'île. À chaque fois des enfants ont été violentés», s'indigne ce dernier en s'inquiétant de ce «retour de la violence» contraire, selon lui, à la volonté des habitants. Et de rappeler que tous les candidats aux dernières élections territoriales de mars avaient prôné «la paix et l'ouverture».
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