OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
| Sujet: Education Nationale, écoles, universités, instruction 10/9/2010, 09:42 | |
| Richard Descoings. «Les lycéens réclament du respect» Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris, a été chargé par Nicolas Sarkozy d'une mission de médiation concernant la réforme des lycées et du système scolaire français. Dans un livre (*), il expose des propositions souvent hardies et parfois décoiffantes. Que retenez-vous de la mission qui vous a été confiée par Nicolas Sarkozy concernant la réforme des lycées? J'en retiens d'abord l'extraordinaire maturité des lycéens. J'ai été bluffé par la qualité des dialogues. Le fait de réunir dans un même endroit lycéens, professeurs et personnels de l'Éducation nationale a permis de mener des débats extrêmement forts, comme cela a été le cas en Bretagne. La deuxième chose, c'est la demande des lycéens d'être traités de façon personnalisée. Certains m'ont dit : «On a parfois l'impression d'être traités comme des numéros et qu'à travers certaines méthodes de notation, on cherche à insister davantage sur nos défauts que sur nos qualités et à insister plus sur nos faiblesses que sur ce qui nous fait progresser». Dernière chose, les lycéens nous disent : «On n'est plus des enfants». Le lycée, c'est le passage progressif à l'âge adulte. Voilà pourquoi ils demandent de la considération et du respect. Vous insistez sur la nécessité de revaloriser l'enseignement professionnel. Tout commence au collège. Il faut mener un travail de persuasion auprès des professeurs de 4e et de 3e, auprès de parents d'élèves et auprès des collégiens eux-mêmes. Il faut leur montrer les exemples de réussite au travers de la voie professionnelle, qui est aujourd'hui largement présentée comme la voie qu'on doit prendre si on a été un mauvais élève. Je comprends que cela puisse être difficile pour les professeurs qui sont presque tous d'anciens bons élèves et qui ont réussi des concours. Mais il faut faire un énorme travail au sein des établissements. C'est à la base et sur le terrain qu'on pourra changer les choses. Il y a encore vingt ans, l'apprentissage était réservé aux mauvais élèves. Aujourd'hui, grâce à l'action des régions et de l'État, il y a eu de grandes campagnes d'information, de sensibilisation qui ont revalorisé l'apprentissage et je pense qu'on peut faire la même chose pour les lycées professionnels. Vous dénoncez ce que vous appelez «un esprit de compétition maladif». N'est-ce pas choisir le nivellement par le bas ?Pas du tout. En France, on a une certaine idée de la méritocratie : pour que certains réussissent, il faut que beaucoup échouent. Je ne crois pas que ce soit le rôle de l'Éducation nationale de se donner pour objectif qu'un petit nombre réussisse alors que tant de jeunes échouent. C'est une ambition légitime pour un pays de dire qu'on doit porter chaque élève au maximum de ce qu'il peut faire. Peut-on réformer l'Éducation nationale alors que beaucoup dénoncent le conservatisme de nombreux enseignants et des organisations syndicales ? Je ne parlerai pas de corporatisme. Les enseignants sont très divers. Ils ont une certaine idée de leur profession, fondée sur leurs parcours personnels qui privilégient les concours qui les ont amenés à exercer ce métier. Il ne faut pas s'étonner qu'ils défendent ce modèle-là. Je pense qu'il faut négocier avec les enseignants le fait qu'ils doivent faire moins d'heures de travail en classe avec, en contrepartie, l'obligation de passer le temps ainsi gagné pour s'occuper de manière beaucoup plus personnelle de leurs élèves. | |
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