PARIS (Reuters) - Malgré un changement-surprise de magistrat la semaine dernière, la cour d'appel de Paris a rejeté mercredi la demande de mise en liberté de Pierre Falcone, principal acteur du dossier des ventes d'armes à l'Angola, a-t-on appris auprès du parquet général.
L'homme d'affaires, condamné en première instance en octobre 2009 à six ans de prison ferme pour commerce illicite d'armes notamment, et écroué depuis cette date, attendra donc en prison son procès en appel qui se tiendra du 19 janvier au 15 mars 2011 à Paris.
Ce dossier suscite une tension diplomatique entre la France et l'Angola, puissance pétrolière émergente en Afrique où Total espère de gros contrats.
L'Angola présente Pierre Falcone comme son mandataire et estime illégale son incarcération, car il est titulaire d'un passeport diplomatique au titre de l'Unesco, délivré après le début de l'enquête française.
Juste avant le premier procès, Nicolas Sarkozy s'était rendu en Angola et avait parlé de "malentendu du passé" à propos de l'affaire. Le magistrat qui se préparait à conduire le procès en appel, Christian Pers, vient de partir à la Cour de cassation et c'est son successeur, Alain Guillou, qui a refusé la remise en liberté.
Pierre Falcone, emprisonné à Fleury-Mérogis (Essonne), a été reconnu coupable d'une vente sans autorisation d'armes pour 793 millions de dollars, avec un bénéfice évalué à 397 millions pour lui-même et son associé Arcadi Gaydamak, Israélien d'origine russe aujourd'hui en fuite.
Les armes avaient été livrées aux partisans du président angolais Eduardo dos Santos, vainqueur d'une guerre civile ayant fait 500.000 morts de 1975 à 2002, et toujours au pouvoir.
Trente-cinq autres personnes ont été condamnées dans ce dossier, dont Jean-Christophe Mitterrand, fils aîné de l'ancien président de la République, et l'ex-ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, sanctionné d'un an de prison ferme et qui a aussi fait appel.
Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal