S'enfonçant comme un coin au cœur du Grand Reich, la Tchécoslovaquie fait obstacle aux ambitions hitlériennes : par son économie puissante, son armée appuyée sur des fortifications solides, ses alliances avec la France et l'URSS, son régime parlementaire. Mais elle abrite, sur 15 millions d'habitants, 3 200 000 Allemands, minorité remuante massée aux frontières de la Bohême (la région des Sudètes), dans une zone stratégique et industrielle vitale.
Cet exemple risque de gagner d'autres minorités (hongroises), sans compter les Slovaques, qui se jugent sacrifiés aux Tchèques. Après mars 1938, les Sudètes, poussés par Berlin, exigent des concessions accrues. Le 12 septembre, Hitler se fait menaçant.
La guerre est-elle en vue ? Hitler menace...Nuremberg, 12 septembre 1938 :
- Citation :
- Le Reich n'admettra pas qu'on puisse continuer à opprimer trois millions et demi d'Allemands. Je prie les hommes d'État étrangers de se convaincre que ce n'est pas là une simple phrase...
Le 15 septembre, le Premier ministre britannique Chamberlain rencontre Hitler.
Il accepte l'idée de la cession à l'Allemagne de la région des Sudètes et convainc le chef du gouvernement français, Edouard Daladier, qui sait que ni l'armée ni l'opinion ne sont prêtes à la guerre. Le 21 septembre, les deux gouvernements contraignent le Tchèque Benès à se plier à ces conditions.
22 septembre : nouvelle entrevue Chamberlain-Hitler : ce dernier présente des exigences accrues.
La tension monte : les Tchèques mobilisent, Français et Allemands rappellent des réservistes.
24 septembre : le président américain Roosevelt lance un appel à une conférence internationale. Chamberlain reprend l'idée et la soumet à Mussolini.
Chamberlain, sans honte...Allocution radiodiffusée, le 27 septembre 1938 :
- Citation :
- Il est horrible, fantastique et incroyable qu'ici nous creusions des tranchées et essayions des masques à gaz à cause d'une querelle dans un pays lointain [sic] entre des gens dont nous en savons rien... La guerre est chose redoutable et, avant de nous y lancer, il doit être bien clair que ce sont réellement les valeurs fondamentales qui sont en jeu...
28 septembre : Hitler se décide à accepter la suggestion du Duce.
29-30 septembre : la conférence à quatre (Hitler, Mussolini, Chamberlain, Daladier), sans les Russes ni les Tchèques, se tient à Munich.
Satisfaction totale est donnée à Hitler qui annexe dès le 1er octobre les zones à majorité allemande. Abandonné, Benès se résigne.
Le lâche soulagement de la gauche française :Extrait du quotidien socialiste Le Populaire en ce 1er octobre 1938 :
- Citation :
- Le fléau s'éloigne. On peut reprendre son travail et retrouver son sommeil. On peut jouir de la beauté d'un soleil d'automne.
Au lendemain de Munich, Londres et Paris veulent croire à la parole du Führer ("Je n'ai plus de revendications territoriales en Europe")... Mais l'opinion, surtout en France, ne tarde pas à se diviser ; aux "munichois" soulagés s'opposent les "antimunichois" persuadés que la reculade ne sauvera pas la paix. Un des premiers sondages d'opinion (octobre 1938) donne 57% aux premiers, 37% aux seconds, 6% aux indécis. En fait, Munich n'a même pas permis aux démocraties de "gagner du temps" pour se préparer ; la production allemande d'acier, entre 1937 et 1939, croit de 25% (contre 5% en Angleterre, 0% en France), celle d'aluminium de 33% (respectivement 5 et 20%).
Sir Winston Churchill, lucide sur la situation de l'Europe à l'été 1939 :Discours radiodiffusé au peuple américain.
- Citation :
- Quel genre de calme règne sur l'Europe ? C'est le calme avant la tempête. Dressez l'oreille : j'entends quelque chose, toujours plus nettement. Ne l'entendez-vous pas ? C'est le pas des armes..."
Et un message adressé aux Européens :
- Citation :
- Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre.