... des psychiatres se prononcent sur l'addiction possible de Dominique Strauss-Kahn aux femmes.
Est-ce que ce souci de séduire peut-il être assimilé à une forme d'addiction, qui aurait pu le conduire, si l'accusation se confirme, à la tentative de viol dont est accusé le patron du FMI ?
L'appétence excessive pour le sexe est bien différente d'une addiction, une souffrance qui monopolise la pensée et peut, dans certains cas, amener à un comportement transgressif. «
Ce sont des concepts à manier avec prudence, car on est à la frontière entre sexualité dite normale et pathologique», estime le psychiatre Jean-Claude Matysiak.
Le sexe n'est pas classé à ce jour dans les possibles addictions, qui peuvent être licites (tabac, alcool) ou illicites, voire «
sans drogue» (jeu, ordinateur...).
Pour le Dr William Lowenstein, directeur de la clinique Montevideo (banlieue parisienne), spécialisée dans le traitement des addictions, il faut bien différencier la séduction, l'obsession et l'addiction, même s'»
il n'y a pas de cloisonnement parfait entre les différents états».
La séduction, dit-il, c'est «
la conquête et l'envie du désir de l'autre», à l'opposé de l'agression. L'obsession se manifeste souvent par crises, déclenchées par un événement ou un traumatisme. «
Alors toute la tension psychique est orientée vers la génitalité».
L'addiction sexuelle, qui touche 3 à 6% de la population adulte - à 84% des hommes -, enfin se définit par la perte du contrôle rationnel, avec des modifications neuro-fonctionnelles majeures. «
La volonté va perdre son rôle de chef d'orchestre du comportement, et savoir que ce n'est pas bon pour la santé, la vie sociale ou professionnelle ne suffit plus à modifier le comportement», dit-il.
Perte de maîtriseLe Dr Matysiak parle lui aussi de «perte de la maîtrise». Selon lui, «
l'addiction devient le centre de la vie au mépris de tout le reste. Il y a une souffrance individuelle personnelle, les gens essayent de s'arrêter mais n'y arrivent pas et viennent consulter. C'est une maladie».
Pour lui, elle peut aussi entraîner des «
actes agressifs asociaux pour l'assouvissement des pulsions», comme le toxicomane qui va agresser une vieille dame pour obtenir de l'argent et se payer sa drogue.
Pour Roland Coutanceau, psychiatre et criminologue, il peut y avoir des dérapages dans la séduction, avec la volonté «
de conclure dans l'instant», mais «
la plupart des délinquants sexuels ne sont pas des séducteurs». De même, pour le Dr Lowenstein, aussi bien la séduction que l'addiction n'impliquent que «
très rarement» la perversion ou l'agression.
Sources: 20minutes.ch