C'est pourtant intéressant des histoires de Thermite et de Thermate qui coupent les poutres porteuses à 45 °...
On apprend tt plein de choses :
Des traces de Thermate ?
Le physicien Steven E. Jones est le premier 'scientifique' qui a lancé l'hypothèse de l'utilisation de la thermite, puis de la thermate, pour la découpe des colonnes du WTC au moment de l'effondrement.
Qu'est-ce que la thermate ?
La thermate est un mélange de thermite (2Al + Fe2O3), de nitrate de baryum (Ba(NO3)2) et de soufre (S). La thermite est un incendiaire qui permet une découpe rapide de l'acier (voir la vidéo de la rubrique sur la page Mensonges).
D'après Jones qui cite ce brevet en référence, le mélange de thermate est constitué classiquement de thermite à 69 %, 29 % de nitrate de baryum, et 2 % de soufre. Le nitrate de baryum et le soufre sont surtout présents pour permettre l'ignition de la réaction thermitique qui sans cela serait très difficile à déclencher. La réaction qui se produit est alors la suivante :
2Al + Fe2O3 = Al2O3 + 2Fe
Il est important de noter que si c'est la thermate qui est utilisée, le nitrate de baryum (en forte proportion) devrait donner une couleur verte à la réaction, contrairement à ce qu'affirme Jones (jaune paille). Les plus curieux qui voudraient refaire un petit tour en enfance peuvent aller vérifier là. Le problème c'est que dès qu'il est fait une objection, Jones passe allègrement de la thermite à la thermate et inversement, sans que le contradicteur ne sache plus trop s'il faut s'attaquer à l'une ou l'autre. La thermite donne bien la couleur jaune, mais s'il y a présence de soufre, c'est de la thermate, qui elle est verte avec le baryum ! On tourne vite en bourrique !!
Le soufre, lui, n'a qu'un effet limité sur l'acier, il limite sa coulabilité et le fragilise. Il peut, dans certaines proportions, constituer avec le fer un eutectique dont le point de fusion est alors plus bas que celui de l'acier (1000 °C contre 1500 °C).
Les échantillons étudiés
Ils étaient constitués de trois morceaux d'acier prélevés sur les ruines du WTC, dont deux au moins proviennent apparemment de colonnes du 55ème étage. Si l'hypothèse que ces échantillons sont "purs" est acceptée, c'est à dire qu'ils n'ont pas subi d'autres réactions chimiques que celles ayant eu cours durant les attentats, nous pouvons nous intéresser aux résultats des analyses.
Les résultats
Les analyses ont consisté à passer les échantillons au microscope électronique : fluorescence X et analyse à la micro-sonde. Notons que l'analyse à la mico-sonde ne permet de scruter qu'une infime partie de l'échantillon et en surface.
Une analyse quantitative plus poussée aurait été intéressante sur le plan scientifique. Là, on nous parle de traces, d'abondance (!) mais aucun chiffre pour une base de discussion...
Les résultats obtenus ont fait apparaître :
* la prédominance de l'élément fer
* la présence de chrome en très faible quantité
* fluor, manganèse, soufre et aluminium en quantités plus ou moins 'abondantes'
* enfin, le soufre s'est attaqué à l'acier, créant une sulfuration (FeS - sulfure de fer) de surface.
Ce qui aurait été très pertinent d'un point de vue scientifique, c'eût été de faire des analyses identiques sur des aciers issus de démolitions ou d'incendies et qui auraient eu à subir des conditions similaires. En tout cas, c'est ce qu'auraient fait des personnes souhaitant "appliquer la méthode scientifique" (copyright Jones dans son diaporama, défense de rire...).
Les conclusions
Etant donné que la thermate contient au moins 2% de soufre, pour Jones tout cela ne fait aucun doute, c'est bien de la thermate qui a été utilisée pour sabrer les tours...
Commentaires et analyses...
Les conclusions proposées par Jones à partir de l'analyse de ces trois échantillons sont assez remarquables de simplicité... mais aussi d'un sacré culot !
- Si le soufre est le témoin de la présence de thermate sur les colonnes du WTC, où est donc passé le nitrate de baryum qui est 15 fois plus important en quantité que le soufre ? AUCUNE de ses analyses n'y fait référence ! Bizarre non ? Evaporé le baryum ?
- Le chrome et le manganèse sont des composants que l'on retrouve classiquement dans l'acier (fer + carbone) selon les propriétés mécaniques souhaitées. Le rapport du Nist donne les différents types d'acier et leurs additifs (chrome, manganèse, vanadium, cuivre...). L'aluminium utilisé en façade des tours pour recouvrir l'acier était aussi pourvu de manganèse, de l'ordre de 1 %.
- Le fluor est aussi un élément assez commun sur 400 000 m² de bureaux. Ce composant se retrouve bien sûr en grande quantité dans le polytétrafluoroéthylène (abréviation : PTFE, plus connu sous le petit nom familier de téflon) dont il n'est pas la peine de faire la liste exhaustive des utilisations (protections, isolations, membranes, habits, etc...). Jones, lui, ne parle jamais de téflon mais de polytétrafluoroéthylène "utilisé dans les charges de thermite" : le terme scientifique fait beaucoup plus sérieux et impressionne ne serait-ce que par sa longueur...
Le fluor était aussi extrêmement présents dans les 7 bâtiments du complexe WTC au travers du système de climatisation qui utilisait encore du fréon, un gaz interdit depuis quelques années en raison de son effet néfaste sur la couche d'ozone. Près de 100 tonnes étaient utilisées pour la climatisation de l'ensemble des bureaux. Ce gaz étant plus lourd que l'air se situait au cœur des décombres et constituait un réel danger pour les secouristes.
- Le permanganate de potassium (KMnO4) a aussi été avancé comme étant un oxydant dans les réactions thermitiques et les traces trouvées dans les analyses (potassium K et manganèse Mn) sont considérées comme autant de preuves de la présence de thermate... Malheureusement, les conclusions sur le potassium sont tout aussi hasardeuses que le manganèse puisque, là aussi les sources de cet élément pouvaient être nombreuses dans les tours du WTC : béton, produits pharmaceutiques, fertilisant pour les plantes, détergents, cuisine (!)...
- Enfin la présence de soufre, et plus précisément la sulfuration de l'acier nécessite un petit développement...
Le soufre...
La sulfuration de l'acier a été révélée pour la première fois dans le rapport de la FEMA. A haute température (environ 1000 °C) le soufre attaque l'acier pour former du FeS.
La question qu'il faut préalablement se poser est donc : d'où peut bien provenir ce soufre et comment a-t-il interagit ?
Au passage, notons que Jones ou F. Henry-Couannier affirment dans leur diaporamas respectifs qu'un "mélange eutectique de fer et de soufre a pénétré et attaqué l'acier entre les grains"... C'est complètement aberrant : un mélange eutectique est justement l'association de deux éléments liquides qui se comportent ensuite comme un corps pur. Il ne peut donc y avoir de réaction entre les constituants !
Le dioxyde de soufre (SO2) capable de créer cette sulfuration de surface peut provenir de beaucoup de sources : la combustion des matériaux de bureaux, des véhicules dans les parkings, de la réaction de l'aluminium avec le plâtre ou carrément de la décomposition du plâtre...
En effet il se trouve que le soufre est un des composants principaux du gypse (CaSO4) qui sert d'élément de base à la fabrication du plâtre. Il a été montré dans des articles antérieurs aux attentats, qu'il était possible de décomposer le gypse selon les deux réactions suivantes :
CaSO4 + CO --> CaO + CO2 + SO2 en présence de monoxyde de carbone et à partir de 1000 °C.
3CaSO4 + 2Al --> 3CaO + Al2O3 + 3SO2 lorsque l'aluminium fondu s'écoule sur du plâtre...
Greening a donné les références de toutes ces recherches dans son papier.
Compte tenu de la quantité de plâtre utilisée dans les tours (protection incendie des colonnes, cloisons séparatives, etc...) il va sans dire que la masse de soufre nécessaire à la sulfuration de l'acier était des milliers de fois supérieure à ce qui était nécessaire. De plus, suite à l'effondrement des tours, ce plâtre s'est retrouvé pulvérisé dans l'atmosphère et sur les décombres du WTC, s'insinuant dans tous les interstices.
En comparant la capacité de production de dioxyde de soufre de toutes les sources précitées avec la quantité de soufre supposée utilisée dans la thermate, les ratios apparaissent ridicules et anéantissent complètement l'hypothèse de Jones.
En effet, Jones a évalué la quantité de thermate nécessaire (après consultation d'experts) à 1000 pounds soit environ 500 kg. Bien sûr : il n'en fallait pas de trop pour des problèmes de logistique. Le problème c'est qu'avec ce poids là, la proportion de soufre est de 10 kg par bâtiment (2% seulement dans le mélange), à comparer à la masse totale d'une tour évaluée selon les sources de 300 000 000 à 500 000 000 kg. A ce niveau de 'concentration', le fait que les 10 kg provenant de la thermate aient réagi avec 3 morceaux d'acier pris au hasard relève d'un miracle à peu près aussi osé que de trouver des traces de Jésus Christ chez les Mayas...
C'est bien que la quantité de soufre dégagée a été bien plus importante et nécessité les sources bien plus conséquentes citées plus haut.
Il faut également savoir, que même à froid et sans parler de SO2, le plâtre est très corrosif pour le métal, il n'y a qu'à lire cet article (antérieur lui aussi aux attentats) pour en être convaincu...
Titre du document
Metallic corrosion in contact with synthetic gypsum pore solutions and gypsum = Corrosion des métaux en contact avec des solutions de pores synthétiques de plâtre, et de plâtre
Auteur(s) / Author(s) : VERDU P. (1) ; GARCES P. (1) ; CLIMENT M. A. (1) ;
Affiliation(s) du ou des auteurs / Author(s) Affiliation(s) (1) Universidad de Alicante, ESPAGNE
Résumé / Abstract
Des mesures du taux de corrosion de différents métaux en contact avec du plâtre ont été effectuées dans des solutions reconstituant l'environnement électrolytique dans les micropores du plâtre et d'éléments de construction de plâtre. Les taux de corrosion de l'acier sont d'un ordre de grandeur supérieur, dans une solution de pores synthétique de plâtre, à ceux du cuivre, du laiton et des aciers galvanisés. Toutes ces valeurs indiquent des taux de corrosion plus qu'importantes. Afin d'éviter cette corrosion sur l'acier, il convient d'ajouter à cette solution du NaNO2 en concentrations au-dessus de 10-2 M. L'étendue de la corrosion de l'acier pur, dans le plâtre durci, est plus faible que dans le plâtre à gros ou fins grains, probablement à cause de la faible grosseur des particules et de la plus faible porosité, qui en résulte. Le taux d'humidité auquel sont soumis les matériaux à base de plâtre, a une forte influence sur le taux de corrosion de l'acier.
Revue ZKG international ISSN 0722-4397
Source 1997, vol. 50, no6, pp. 340-345 (4 ref.)
En y ajoutant l'air marin très salin et la quantité d'eau déversée par les pompiers sur les débris, le niveau de corrosion de l'acier n'est plus une surprise pour un chimiste averti ! En tout cas, pour le professeur Jones et bien d'autres, tout cela est déjà un peu trop compliqué...
Enfin et pour conclure, la fusion de l'acier au cœur des décombres pendant plusieurs semaines après l'effondrement peut également apparaître suspecte et a fait couler beaucoup d'encre... En fait, compte tenu de la somme de composés chimiques présents sur 400 000 m² de planchers, parfois incompatibles entre eux, qui ont été malaxés et réduits en poudre et gouttelettes, enfouis dans un amas de décombres recélant d'énormes poches d'air (voir les films montrant les pompiers travaillant dans les "cavités"), il n'est pas étonnant que de puissantes réactions exothermiques se soient produites, initiées par l'incendie préalable.
De plus, avec l'énorme quantité d'eau envoyée pour refroidir ces décombres, il est possible qu'un autre phénomène ait été mis en jeu, c'est celui d'une réaction entre l'acier et la vapeur d'eau. En effet, un procédé industriel utilisé dans le temps pour créer de l'hydrogène consistait à faire passer de la vapeur d'eau sur des particules de fer. Le fer s'oxyde alors (absorption de l'oxygène) et l'hydrogène est libéré. Si cette réaction s'est produite, l'hydrogène pouvait alors réagir avec l'oxygène ou d'autres composés pour une réaction exothermique supplémentaire. Ainsi, en déversant de l'eau sur les ruines, il est possible qu'une partie ait servi à entretenir des réactions chimiques et élever encore la température ! Cela ne serait pas le moins paradoxal dans cette histoire... Source (bas de page).
http://www.bastison.net/ALCHIMIE/alchimie.html