C'est arrivé le 9 mars 74

On a déjà vu ici,et Coco nous l'a rappelé,ce qui s'était passé le 16 avril 73 : la chute de la forteresse de Massada .

Mais que c'est il passé le 9 mars 74 ?

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9 mars 1974 : le soldat japonais Onoda se rend, 30 ans après la fin de la guerre

Le Point.fr - Publié le 09/03/2012 à 00:01

Onoda, 52 ans, n'accepte de sortir de la jungle philippine que le jour où son ancien supérieur vient enfin lui en donner l'ordre.


Après trente ans passés dans la jungle, le soldat Onoda est enfin sauvé. Trente ans à lutter contre un ennemi imaginaire sur l'île de Lubang, aux Philippines. Trente ans à survivre de bananes et de racines. Trente ans à attendre patiemment l'ordre de déposer les armes. Car pour ce soldat japonais de la vieille école, seul celui qui lui a confié sa mission en 1944 peut l'interrompre. Qu'on le menace de lui balancer une bombe atomique sur la figure ne le ferait pas vaciller dans sa résolution. Il faut donc que le 9 mars 1974, son ancien supérieur, le major Yoshimi Taniguichi, toujours vivant (!), vienne à sa rencontre dans la jungle pour que Hiroo accepte d'arrêter de faire la guerre à l'Amérique.

Incroyable rencontre entre ce vieux soldat de 52 ans et son ancien supérieur devenu libraire. Très émus, les deux hommes se saluent avec force courbettes. Un ange aux yeux bridés passe. L'ex-officier déroule un document qu'il se met à lire à son subordonné qui a revêtu, pour l'occasion, les lambeaux de son uniforme. "La guerre a cessé. L'ordre vous est donné de cesser le combat." Onoda est complètement sonné par la nouvelle. "C'est donc vrai, nous avons perdu la guerre ! Comment ont-ils pu être aussi incapables ?", pense-t-il. Dans un deuxième temps, il se demande comment il a pu se montrer aussi méfiant toutes ces années. Pourquoi n'a-t-il pas cru les tracts trouvés dans la jungle l'invitant à se rendre ? Trente ans de vie perdus. Alors le fier combattant se courbe, son regard s'éteint. Si nous étions à Hollywood, on verrait une larme couler sur son rude visage. Onoda se contente de décharger son fusil, de poser son barda sur le sol. "N'ai-je vraiment plus besoin de cette arme que j'ai polie et dont j'ai pris soin comme un bébé toutes ces années ?", se demande-t-il, incrédule. Il pense alors à ses deux camarades de combat morts pour rien dans la jungle. N'aurait-il pas mieux fait de mourir avec eux ? Il pense également à la trentaine de Philippins qu'il a abattus tout au long de ces années, les prenant pour des espions ennemis.

Commando

D'autres soldats japonais ont, comme Hiroo Onoda, poursuivi le combat longtemps après la reddition du Japon. Il a été simplement le plus acharné. C'est à 20 ans, en 1942, qu'il s'engage. Faisant plutôt bonne figure, ses supérieurs décident d'en faire un officier de renseignements et, pour cela, lui font suivre une formation de commando. En décembre 1944, les majors Yoshimi Taniguchi et Takahashi le convoquent pour lui donner l'ordre de débarquer sur l'île de Lubang, à la tête d'un commando, pour aider la garnison locale à mener des actions de sabotage. Le major Taniguchi précise : "Il vous est formellement interdit de vous donner la mort. Cela pourra durer trois ans, cela pourra durer cinq ans, mais quoi qu'il arrive, nous reviendrons vous chercher. En attendant ce moment-là, aussi longtemps qu'un soldat sera à vos côtés, vous continuerez à le commander. Vous aurez peut-être à vous nourrir de noix de coco. Si c'est le cas, nourrissez-vous de noix de coco ! Dans aucune circonstance vous n'êtes autorisé à quitter la vie volontairement." L'ordre est clair ! Onoda s'y tiendra durant trente ans !


Il n'a pas débarqué sur l'île depuis quelques jours que les Américains lancent un assaut qui pulvérise la garnison japonaise. Impossible pour Onoda et ses hommes de mener à bien leur mission. Les quelques Japonais survivant à l'invasion des forces ennemies s'égayent dans la jungle par petits groupes. C'est ainsi que l'officier japonais se retrouve avec les soldats Shimada, Kozuka et Akatsu. L'épisode de Koh Lanta peut alors débuter... On imagine la galère, même pour des hommes hyperentraînés. Toutes ces années à survivre, sans une douche, sans une femme, sans une gorgée de saké. Le riz, il faut le voler aux villageois. Heureusement, la forêt est généreuse, elle fournit bananes, mangues et noix de coco. Parfois, les quatre Japonais ont la chance de tomber sur un boeuf perdu. Ils l'abattent, dévorent autant de viande qu'il est possible durant des jours puis découpent ce qui reste en lanières pour les faire sécher au soleil. Survivre, mais aussi combattre. Ils dressent des embuscades aux patrouilles américaines tant qu'elles sont encore présentes sur l'île, puis s'attaquent aux communautés paysannes qu'ils prennent pour des espions. De temps à autre, ils entrent en contact avec d'autres groupes de résistance, mais ceux-ci se font de moins en moins nombreux au fil des semaines, des mois.


Un beau jour, Onoda et ses hommes ramassent un tract sur lequel ils lisent avec incrédulité ces quelques lignes : "La guerre est finie depuis le 15 août. Descendez des montagnes." L'armée américaine leur demande de sortir de la jungle. Ils en trouvent un deuxième, puis un troisième. Qu'en penser ? Est-il possible que l'Empereur invincible ait perdu la guerre ? Certainement pas. Ils en concluent que c'est une ruse de l'ennemi. Pas question de tomber dans le panneau.

Paranoïa

Fin 1945, les Américains balancent d'autres tracts sur l'île depuis un Boeing B-17. Le général Yamashita de la 14e armée y donne l'ordre de se rendre. Mais Onoda et ses camarades restent irrémédiablement méfiants. Ils examinent avec attention chaque lettre, chaque mot du tract. Une phrase surtout les inquiète. Elle dit que ceux qui rendront les armes recevront un "secours hygiénique" et seront "rapatriés" au Japon. Ils croient au canular et décident de poursuivre leur guerre. La paranoïa les tient. Rien ne peut les ramener à la raison, ni les journaux, ni des photographies, ni les lettres de leurs parents qui sont aussi laissées à leur intention dans la jungle. Même la venue de leurs proches dans la forêt ne les convainc pas. Aussi bien le groupe d'Onoda que quelques autres.


Akatsu est le premier à craquer. En septembre 1949, il quitte ses camarades sans les prévenir. Durant six mois, il erre dans la jungle, hésite, puis finalement se rend. Par la suite, il écrit une lettre à ses anciens compagnons pour les convaincre de l'imiter. Elle est déposée dans la jungle, mais les trois survivants qui la trouvent croient une fois de plus au piège. Ils poursuivent inlassablement leur guerre. Cinq ans plus tard, le 7 mai 1954, ils ouvrent le feu sur une patrouille partie à leur recherche, laquelle se défend en tirant à son tour. Shimada est tué. Onoda et Kuzaku s'enfuient, convaincus de la poursuite du conflit. Aussi stupéfiant, aussi délirant que cela puisse paraître, nos deux Rambo bridés poursuivent encore 19 ans leur combat au fond de la jungle. Une éternité. Ils sont les derniers. Au Japon, on finit par les croire morts. Mais eux attendent patiemment que l'armée japonaise vienne les chercher.

Panda, Yéti et Onoda

En octobre 1972, devenus quinquagénaires, les deux guérilleros s'apprêtent à mettre le feu à la récolte de riz d'un village supposé ennemi quand ils sont surpris par une patrouille philippine. Il s'ensuit un échange de coups de feu au cours duquel, après 27 ans d'héroïque résistance, Kozuka, 51 ans, meurt. Désormais le soldat Onoda est seul. Ce n'est pas une raison pour se rendre. Seulement, l'affrontement fait la une des journaux japonais. Onoda est donc toujours vivant. Alors de nouvelles expéditions sont envoyées à sa recherche. Elles reviennent toutes bredouilles. Jusqu'au printemps 1974, quand un hippy japonais nommé Norio Suzuki décide de tracer la route du monde avec trois objectifs : rencontrer un panda, le Yéti et Onoda. Il débarque sur l'île de Lubang et s'enfonce dans la jungle, sac au dos. À force d'errer, Suzuki finit par tomber sur Onoda, qu'il parvient à apprivoiser. Le vieux soldat lui confie qu'il acceptera de se rendre, mais uniquement sur l'ordre de son commandant de l'époque. Suzuki relève le défi, revient au Japon, et avec l'aide des autorités met la main sur le major Taniguchi, devenu libraire. Il le convainc de se rendre avec lui sur l'île de Lubang. On connaît la suite.


Onoda est accueilli en héros au Japon. Mais pour lui, c'est le coup de bambou. Il a quitté un empire à la dévotion du dieu empereur, il retrouve des compatriotes sacrifiant au dieu dollar. Le choc est trop grand. Trente ans de combat pour ça ! Onoda s'enfuit au Brésil où il devient éleveur de bétail dans un coin perdu. Il ne reviendra au Japon que dans les années quatre-vingt pour se marier et pour créer un camp pour ados désireux de s'immerger dans la nature

Récit à peine croyable et pourtant vrai.
Encore quelques courtes années et on retrouvera, qui sait, quelque part dans Eretz Israël, des nostalgiques du Fatah et du Hamas qu'il faudra convaincre, à grand-peine, que l'Histoire a repris son cours millénaire...

Zed a écrit:

30 ans a manger les noix de Coco, j'avoue que ça devait pas être rigolo tout les jours

Coco ? C'est la nourriture préférée d'Ungern...