A son âge, Jaco hésite encore ... que lui conseiller ?
Des anciens salariés d'un grand groupe de soins aux défunts, la thanatopraxie, mettent en cause leur ex-employeur qui s'en défend, affirmant avoir dû effectuer des actes de conservation ou des retraits de pacemakers sur des cadavres sans être formés, ni supervisés.
Recruté en mars 2008 comme "employé aux soins somatiques", Philippe Géral a été embauché par la société Raffault, rachetée depuis par le groupe Hygeco, pour transporter les corps, les nettoyer et les préparer. Mais, à sa surprise, on lui demande d'effectuer d'autres gestes comme retirer les pacemakers des cadavres.
Pour cela, "il faut couper, ouvrir la peau pour le sortir (...) et après il faut fermer", explique-t-il à l'AFP. "La plupart du temps je mettais du sparadrap dessus ou je mettais de la colle pour fermer", témoigne-t-il.
"J'en ai retiré une quinzaine (...) aujourd'hui, j'en garde encore une dizaine chez moi et je ne sais pas quoi en faire", raconte M. Géral.
Selon la loi, si le décédé porte un pacemaker, l'appareil doit être retiré par un médecin ou un thanatopracteur, ou sous la surveillance de l'un ou l'autre.
Mais M. Géral et son collègue Maxime Garba assurent avoir effectué seuls ces opérations ainsi que des soins de conservation, et montrent des attestations de retrait pré-signées et pré-tamponnées: "On avait juste à mettre les noms des défunts", s'insurgent-ils.
M. Géral vient d'être licencié pour faute lourde, après avoir mis en cause Hygeco dans un reportage récent de la radio Europe 1.
Patrick De Meyer, vice-président Ventes et Marketing d'Hygeco, une entreprise d'embaumement des cadavres qui prend en charge 100.000 corps par an, balaie ces critiques. "Ces messieurs ne sont pas thanatopracteurs. Ils n'ont jamais fait de soins de thanatopraxie. On ne peut en faire sans être diplômé", martèle-t-il.
M. De Meyer rejette la faute sur l'ex-employeur des deux hommes: "Je ne suis pas responsable de ce qui s'est passé à l'époque de Raffault", se défend-il, jurant "être très à cheval sur la procédure".
La patron de la société éponyme, Christian Raffault, a indiqué à l'AFP que "rien n'empêche un assistant de chambre mortuaire ou chambre funéraire, ou funérarium, ou entreprise de thanatopraxie de pratiquer ce retrait avec la garantie d'une personne compétente".
D'autres professionnels des soins aux défunts dénoncent des pratiques douteuses dans cette corporation.
Selon Patrick Jourdain, délégué du personnel à la chambre funéraire des Batignolles, à Paris, "des entreprises extérieures viennent (avec) des agents qui ne sont pas habilités, sans diplômes, ils retirent les pacemakers à la chambre funéraire et puis après ils remplissent les documents".
"On va chercher les corps, on les transporte dans le garage de la société ou dans le bureau et on effectue les soins là, au lieu que ce soit dans le funérarium, pour aller plus vite", détaille un thanatopracteur, qui a travaillé chez Hygeco et qui est aujourd'hui indépendant.
"J'ai vu un ambulancier (...) effectuer des soins de conservation", poursuit-il. "J'ai soulevé le problème, la direction m'a répondu que c'était pour gagner du temps", dénonce-t-il.
Le concours de thanatopraxie est également dans le collimateur, les directeurs des grandes entreprises du secteur en assurant l'organisation. Un collectif s'est monté pour dénoncer "un concours impartial, irrégulier" selon son porte-parole, Loïc Bougerol.