La journée d'un paysan, en France, au XVIIe siècle ...

> Jean Colin, après avoir mangé un morceau, est parti rapidement : sa matinée ne lui appartient pas. Il doit battre le blé chez un des rares laboureurs aisés du village. Celui-ci a prêté, deux ans plus tôt, des semences : la récolte avait été insuffisante et il avait fallu la manger toute pour survivre. Depuis, la dette courait ; on s'était mis d'accord : Jean Colin, bon batteur au fléau, rembourserait en travail.

Frappant en cadence sur les gerbes d'autrui, il songe que sa propre récolte a été suffisante cet été : une fois de quoi engrangé de quoi nourrir sa famille et ensemencer, il a pu vendre des excédents. Il a vendu aussi deux agneaux. Et avec l'argent reçu, il réglera cette année sans difficulté sa part de taille. Les droits du seigneur sont, eux, pour l'essentiel payables en nature.

Après le dîner - ainsi nommait-on alors le repas pris à midi -, en rentrant chez lui, il passe devant l'église paroissiale. Il ôte son chapeau, mais constate que la lézarde s'élargit à la base du clocher. La communauté des habitants va devoir se résoudre à engager des frais pour le réparer. A moins que le seigneur n'accepte de faire un geste.

Il retrouve sa femme dans sa maison en torchis, une grande pièce mal éclairée et enfumée, avec une étable accolée pour les deux vaches et les six brebis. C'est sa seconde épouse, la première est morte en couches à 28 ans, lui laissant deux enfants. Il s'est remarié six mois plus tard, et sa famille s'est agrandie de trois autres marmots. Mais, l'automne dernier, la dysenterie en a emporté deux. Sa femme file après avoir donné sa bouillie au petit dernier.

Jean Colin consacre l'après-dîner à réparer ses médiocres instruments aratoires, en prévision des labours. La moitié des terres qu'il travaille lui appartient, mais le reste lui a été loué par un bourgeois de la ville voisine.

Le souper avalé, la veillée est écourtée : le fléau est épuisant. Les fileuses chuchotent encore au coin du feu que déjà Colin dort dans le grand lit qu'il partage avec sa femme et un de leurs fils.

Demain sera un autre jour, si Dieu le veut ...

Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009

Ces gens là travaillaient "plus", mais pas pour gagner "plus".... Uniquement pour ne pas crever de faim ....

Et c'est pas des paysans pauvres ; ils ont :
a) du vin.
b) dans un verre
c)un chien qui n'est pas utilitaire

Et un chat !
Oui, c'est vrai, c'est pour ramener des rats pour le bourguignon... Laughing

Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009

Les chats faisaient partie des animaux utilitaires à la ferme : chasseur de rats et donc prévention des maladies + garde des récoltes .
A la différence du chien,le chat se nourrissait tout seul .

Ce ne sont pas des paysans pauvres,sans doute des laboureurs .
Les laboureurs sont l'élite de la profession: ils possèdent des boeufs pour le labour et un instrument lourd et complexe "en fer" : la charrue ou l'araire suivant les régions .

Ungern a écrit:: Ce ne sont pas des paysans pauvres,sans doute des laboureurs .
Les laboureurs sont l'élite de la profession: ils possèdent des boeufs pour le labour et un instrument lourd et complexe "en fer" : la charrue ou l'araire suivant les régions .

Ca se voit : la dame à gauche sur la photo prend un porto en apéro... Laughing

Ungern a écrit:: Ces gens là travaillaient "plus", mais pas pour gagner "plus".... Uniquement pour ne pas crever de faim ....

Et c'est pas des paysans pauvres ; ils ont :
a) du vin.
b) dans un verre
c)un chien qui n'est pas utilitaire

> Mais, Ungern, il ne faut pas croire tout ce que l'on nous raconte sur la vie des paysans d'autrefois. Ils étaient loin d'être malheureux !

Il y avait parfois des jours difficiles mais pas plus qu'aujourd'hui. C'est tout. En plus, les paysans pouvaient améliorer l'ordinaire en vendant les excédents de leurs récoltes ou une vache quand ils manquaient d'argent. Et puis, y avait toujours un voisin pour aider. A cette époque, tu sais, la solidarité n'était pas un vain mot et les gens s'entraidaient plus que maintenant.

C'est peut-être cela la leçon des paysans de naguère. Travailler pour la communauté, être solidaire les uns des autres, être moins égoïste et individualiste, surtout.

Le paysan du XVIIe siècle, lui, était un paysan heureux. Contrairement à nos agriculteurs modernes qui ne savent jamais comment seront leurs fins de mois...

> Et en plus, les paysans de cette époque vivaient en parfaite harmonie avec la nature. Ils n'utilisaient pas de pesticides et aucun OGM.

C'était de l'agriculture "Bio" avant l'heure. 100% naturel.

Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009

OmbreBlanche a écrit:: Le paysan du XVIIe siècle, lui, était un paysan heureux.

Euhhhh....
Je n'ai pas "comme çà" en tête le rendement d'un grain mais ça doit être de l'ordre de 3 à 5 grains.
T'enlèves la semence suivante et les pertes de la moisson et du stockage... Va nin rester grand chose pour tenir le reste de l'année ...

Effectivement la misère doit se calculer avec le garde fou de la solidarité .
Mais la solidarité ,ça implique que l'on ait qq chose à partager ..
Si personne n'a rien... On a beau être solidaire ... On bouffe pas ...

Mais comme personne ne bouffe,il est vrai qu'on a moins faim ...
tandis que maintenant on est en plus abreuvé de publicité nous décrivant par le détail les meilleurs repas ,et même les excès d'une suralimentation,alors qu'on est aux Restau du Coeur ...

J'ai lu un livre extraordinaire sur les testaments ; quand on voit que dans les testaments de cette époque apparaissaient des chaussettes,chapeau et veste de laine,on a vite fait le compte de la succession .

Mais Sarko serait encore parvenu à faire croire aux cons que les plus pauvres eux même allaient gagner quelque chose avec la suppression de l’impôt sur les successions ....

OmbreBlanche a écrit:: Ils n'utilisaient pas de pesticides et aucun OGM.

Si l'on veut... quoique depuis que l'agriculture existe, les paysans n'ont jamais cessé d'améliorer leurs végétaux par des greffes, bouturages et autres manipulations génétiques.
Certes, ils le faisaient par tatônements, alors que maintenant ce sont des scientifiques qui le font en labo, de façon bien plus sûre... Wink

Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009

Biloulou a écrit:: Si l'on veut... quoique depuis que l'agriculture existe, les paysans n'ont jamais cessé d'améliorer leurs végétaux

Oui,mais ils étaient propriétaires de leurs graines (fertiles), tandis que maintenant elles sont stériles après une génération ,ou alors elles sont de génération "f2" et perdent leur hybridisme ...

La plante elle même ne s'améliore pas ,mais bien le compte en banque du semencier ...

Sans compter la surface des champs consacrée uniquement à la création de génération de graines fertiles et donc non disponible pour l'alimentation ....

Invité

Évidemment, Biloulou ne mentionnera pas l'appauvrissement des sols et la disparition à vitesse grand V des terres arables dus au pratiques de monoculture à grande échelle de l'industrie-agroalimentaire!

Ungern a écrit:: Oui,mais ils étaient propriétaires de leurs graines (fertiles), tandis que maintenant elles sont stériles après une génération ,ou alors elles sont de génération "f2" et perdent leur hybridisme ...

En effet, ça arrive souvent aux hybrides, ça ne date pas d'aujourd'hui.

Ungern a écrit:

La plante ne s'améliore pas ? Va dire ça aux cultivateurs de riz en Asie, tiens ! Laughing

Invité

Biloulou a écrit:: En effet, ça arrive souvent aux hybrides, ça ne date pas d'aujourd'hui.

Aujourd'hui c'est systématique pour simple question d'engranger des profits.

Citation :: La plante ne s'améliore pas ? Va dire ça aux cultivateurs de riz en Asie, tiens !

Au dépend de l'eau. Bientôt en Chine on ne pourra plus faire pousser le riz, à défaut d'eau. On assèchera Madagascar comme les Coréens voulaient le faire.

Si j'étais toi, je ferais provision de porto. Ça touche à la fin. Plus de Portugal et plus d'eau...

Bonne chance dans ton monde cauchemardesque!

Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009

Biloulou a écrit:: La plante ne s'améliore pas ? Va dire ça aux cultivateurs de riz en Asie, tiens !

Comment veux-tu que la plante s'améliore,puisqu'elle est soit stérile soit perd son hybridisme .

Faut réfléchir un peu Coco .... clown

Ungern a écrit:

Biloulou a écrit:: La plante ne s'améliore pas ? Va dire ça aux cultivateurs de riz en Asie, tiens !

Comment veux-tu que la plante s'améliore,puisqu'elle est soit stérile soit perd son hybridisme .
Faut réfléchir un peu Coco .... clown

Si la plante n'a pas été améliorée en labo, comment le compte en banque des semenciers dont tu parles va-t-il se gonfler ?
Allez, explique, à moins que ce soit déjà décrit dans un de tes sites... La journée d'un paysan, en France, au XVIIe siècle ... 75479

La journée d'un paysan, en France, au XVIIe siècle ... 75479

Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009

Ta plante est améliorée (ca se discute encore) mais en labo uniquement !
La plante en elle même n'est pas améliorée puisqu'elle n'existe que par l'intermédiaire du labo !
La marge bénéficiaire du paysan est fonction du prix d'achat de la semence .
Mais il n'y a pas de concurrence possible : il n'y a qu'un seul vendeur de ce type de semence .
Si l'année suivante le semencier augmente son prix,le fermier est obligé de l'acheter,puisque de ce type de semence dépend son choix agricole (type de matériel de récolte et de stockage) ...

La marge de liberté du fermier existe,mais elle est de plus en plus réduite .
Bien souvent en plus les achats se font par contrat automatiquement renouvelables d'année en année .
Tu as ou tu n'as pas un contrat de 1000 tonnes de patates .
Si tu as 900 tonnes seulement ,tu peux acheter 100 tonnes à n'importe quel prix,mais il faut que le type ait ses 1000 tonnes .
Déjà tu peux y laisser ta culotte .
Mais en plus ton contrat est automatiquement reconductible d'une année sur l'autre .
Pas question de dire que cette année,t'es pas inspiré,et que tu vas pas planter des patates .
Si t'en plantes pas ,tu fais plus partie des "contractuels",et tu peux vendre tes patates non plus en une fois 1000 tonnes,mais par sacs de 25 kgr ...
Ca va t'occuper ...

Tout cela est une très belle théorie qui satisfait pleinement... celui qui l'a enfantée.
Donc je répète : va demander à un paysan dans les rizières d'Extrême-Orient.

Il théorise moins derrière un ordi en Belgique mais en revanche il bosse dans ses rizières. Laughing

Invité

OmbreBlanche a écrit:: Mais, Ungern, il ne faut pas croire tout ce que l'on nous raconte sur la vie des paysans d'autrefois. Ils étaient loin d'être malheureux !

Ombre, je te suggere un petit tour dans la genealogie des paysans du XIXe siecle -pas la peine de remonter à pire...
Le taux de mortalité infantile et la moyenne d'âge à laquelle on passait l'arme à gauche dans les populations paysannes te donneront une idée assez nette du "bonheur" de ces gens...
Et ne viens pas me dire qu'ils ne vivaient pas assez vieux pour avoir le temps d'etre malheureux Embarassed

Mab

Mara-des-bois a écrit:: Le taux de mortalité infantile et la moyenne d'âge à laquelle on passait l'arme à gauche dans les populations paysannes te donneront une idée assez nette du "bonheur" de ces gens...

> Tout est relatif. Aujourd'hui, cela nous choque peut-être, à l'époque c'était normal.

Dernière édition par Biloulou le 27/10/2012, 17:54, édité 1 fois

OmbreBlanche a écrit:

Mara-des-bois a écrit:: Le taux de mortalité infantile et la moyenne d'âge à laquelle on passait l'arme à gauche dans les populations paysannes te donneront une idée assez nette du "bonheur" de ces gens...

> Tout est relatif. Aujourd'hui, cela nous choque peut-être, à l'époque c'était normal.

Ouais... comme c'était normal qu'une grossesse sur trois se termine par la mort en couches de la maman, que des épidémies effrayantes ravagent les populations et plus particulièrement celles qui étaient proches des animaux (la vaccination n'avait pas encore été inventée), ils étaient dépossédés de leurs récoltes et bétail par les seigneurs de leurs fiefs, des disettes épouvantables s'abattaient sur eux à chaque invasion de parasites ou insectes affamés de leurs cultures bio (les pesticides, engrais et les OGM modernes n'existaient pas encore)...

Une vie normale, quoi. Razz

La journée d'un paysan, en France, au XVIIe siècle ... Louis_10

> Après le travail aux champs, vient le réconfort d'une petite collation entre collègues.

cheers

Invité

Une vrai tête à la Hollande... Et toute sa famille de dégénérée apte au statut de cas social.
Brrrrrrr, cela fait froids dans le dos !

Alande-La France, c'est maintenant

alande a écrit:: Une vrai tête à la Hollande... Et toute sa famille de dégénérée apte au statut de cas social.
Brrrrrrr, cela fait froids dans le dos !

Alande-La France, c'est maintenant

> Ces "cas sociaux" comme tu les appelles, ce sont nos ancêtres. Ils avaient le goût des choses simples et se contenter de peu pour vivre.

Pas comme aujourd'hui où on ne sait plus rien faire pour s'occuper dès qu'on nous retire nos "gadgets". Nos ancêtres, eux, savaient se débrouiller avec n'importe quoi.

La journée d'un paysan, en France, au XVIIe siècle ... Louis_12

Invité

Citation :: eux, savaient se débrouiller avec n'importe quoi.

Oui, cela se voit à leur gueule et ils bouffaient n'importe quoi mais cela n'en fait pas des exemples pour autant, tu m'excuses !

Alande-J'ai des photos de familles moins effrayantes