Tourny, intendant de Guyenne de 1743 à 1747.
> Monseigneur l'Intendant s'est levé tôt : rude travail que d'administrer une des trente et une généralités de France.
Il lui faut d'abord achever un rapport sur les blés que lui a demandé le contrôleur général des Finances dont il dépend. Comme son collègue Turgot, intendant de Limoges, il est favorable à la libre circulation des grains ; mais au moment des disettes et des hauts prix, il lui arrive d'empêcher les sorties de céréales hors de sa circonscription pour éviter les troubles.
Notre intendant doit maintenant recevoir une délégation qui sollicite un dégrèvement d'impôt pour un secteur touché par un fort orage de grêle. Paris, pourtant, le presse de faire rentrer l'argent pour solder les armées qui combattent en Allemagne. Il doit d'ailleurs prévoir le ravitaillement d'un régiment qui, partant aux frontières, traversera sa généralité.
S'il n'est pas dupe du tableau poussé au noir de ses administrés, il prend pourtant leur défense à coeur : il s'est attaché à la région. Il a su embellir le chef-lieu où il réside : hier encore, avec un architecte de Bordeaux, il a étudié le plan d'une nouvelle artère. On devra abattre un rempart médiéval pour la percer.
Le courrier de Paris vient d'arriver.
Peu de choses : une lettre de son fils, qui étudie chez les Jésuites et surtout une circulaire du contrôle général pour l'application du dernier règlement sur la fabrication des cotonnades.
L'intendant est chargé d'écrire à ses subdélégués, ses agents répartis dans les principales localités de la généralité, pour qu'ils effectuent une enquête précise.
L'après-midi est consacré à une séance de tribunal de l'intendance pour trancher du différend qui oppose la municipalité au couvent des Clarisses pour la possession d'un jardin.
Après souper, retour au bureau et aux dossiers : il faut déjà à répartir la taille de l'année prochaine.
Être au service de son Roi et de la France, n'est vraiment pas de tout repos...