Réflexion sur la Monarchie Belge (hors rosseries et gags perso usuels).

Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009

Citation :: Il ne manquait plus que le Roi ! La N-VA à 37%, Bart De Wever bourgmestre d’Anvers, appelant à la négociation immédiate du confédéralisme, les partis francophones et flamands en pagaille après le charivaris électoral : le cocktail avait déjà de quoi déstabiliser potentiellement l’édifice Belgique, en vue de « l’ » échéance 2014. Alors imaginez, un tir de barrage sur la monarchie ! Personne n’en rêvait dans le camp belgo-belge, Frédéric Deborsu l’a fait. Son livre « Question(s) Royale(s) » fait scandale désormais, dévoilé par certains médias tandis que l’auteur se mure jusqu’à ce matin dans le silence sur sa méthode, sa motivation, ses conclusions. On l’attend en fait surtout sur ses preuves. Car ce livre - Le Soir l’a lu - pose souci et crée un malaise non seulement sur le ton adopté – l’impertinence, marque de fabrique Deborsu, a ses limites en matière d’enquête journalistique – mais par les phrases définitives assénées sans éléments probants. Philippe aurait un vrai problème avec le femmes ? Le couple qu’il forme avec Mathilde n’aurait pas fait un mariage d’ amour ? On ne voit dans l’ouvrage pas ce qui permet de telles affirmations. Ni ce qui fait la pertinence politique des détails, sexuels notamment, qui n’apportent rien à l’analyse de l’exercice de la fonction royale. Albert II serait allé dans des maisons closes de luxe et Paola aurait eu des amants, nous dit Deborsu.

Ce livre nous convainc en fait surtout d’une chose: pauvre famille, que cette famille Royale ! Ubuesque système que cette monarchie ! Le destin de Philippe de Belgique est simplement tragique, comme celui d’Albert II avant lui et d’Elisabeth à l’avenir. Il y a de quoi frémir à l’idée de ce que cette petite fille va devoir subir, sans avoir quasi le droit de refuser le que sa naissance , et uniquement elle, lui impose. Elle n’aura pas le choix de son devenir ou d’échapper à une forme d’horreur au quotidien, en quasi direct live. Car la vie d’un Roi ou d’une Reine, de Belgique ou d’ailleurs, n’a rien du conte de fées qu’on nous a proposé ce samedi au balcon luxembourgeois. D’autant qu’en Belgique, la monarchie ne peut se contenter de couper des rubans. Et son dilemme ne se limite pas au choix entre une robe Zara ou Natan. Non, parce que nous sommes la Belgique, ce pays fragile et qui ne tient qu’à un fil, la monarchie n’a pas le choix de n’être que protocolaire. Elle doit être aussi politique. Nous avons longtemps cru que le Roi n’avait, depuis quelques années, quasi aucun rôle. Et que le colloque singulier était aux crises politiques, ce que le temps mort était au match de basket : une pause pour permettre aux joueurs de se reprendre. Mais lors de la dernière crise, il est apparu que le rôle royal est allé bien plus loin que celui de paravent. Les ministres concernés l’ont dit : le passage chez le Roi tenait de la visite chez le psy, prenant des initiatives.

La monarchie est en soi une aberration dans nos démocraties. Tant pour les citoyens, que pour les individus qui exercent contraints et forcés, ce rôle forcément empathique, au service d’un pays qui dit régulièrement qu’il ne veut plus d’eux, et alterne adulation et mépris, fleurs et boue selon les dérapages plus ou moins importants d’un membre de la famille, dans son comportement ou ses finances. Mais voilà, dans une Belgique dont l’unité ne tient qu’à un fil, le rôle du Roi est devenu un enjeu stratégique, pour les Francophones notamment qui estiment qu’il est le dernier rempart contre l’indépendantiste républicain Bart De Wever. Dans un contexte suranné et surréaliste. Les entourages royaux et le monde politique n’ont guère aidé, tenant la famille royale dans de l’ouate isolante, se refusant à mettre leurs finances sous tutelle, à réduire leur train de vie, à cadrer les dotations aux princes non appelés à régner. Se refusant à restructurer l’institution, si ce n’est contraints et forcés, au risque de précipiter sa chute.
Si ses « révélations » se confirment, le livre de Deborsu n’apporterait qu’une seule confirmation : les princes sont amenés au trône comme à l’abattoir, sans espoir d’y échapper. Avec l’obligation de se marier, de ne pas être eux mêmes, et d’exercer une fonction quasiment à perpétuité et…en la fermant.
Cela se dit paraît-il beaucoup en Flandre : la vraie goutte qui ferait déborder le vase communautaire serait l’arrivée de Philippe, sur le trône de Belgique, suite à l’abdication ou à la disparition d’Albert II. Pour ce successeur redouté cependant, la véritable malédiction a commencé à sa naissance. Par ce destin confisqué.
Il y a plus à plaindre sur la planète Europe par les temps qui courent. Mais en ce qui me concerne, je ne voudrais, pour rien au monde, de cette camisole royale.

> Au moins, vous les Belges, vous avez encore la chance d'avoir une VRAIE Monarchie.