Le coma de Schumacher: quatre scénarios sont possibles(Le Soir - par Patricia Labar avec AFP - Mis en ligne mardi 28 janvier 2014, 18h54)Michael Schumacher. Photonews Cela fait un mois que Michael Schumacher est plongé dans le coma après avoir fait une chute à ski. Michael Schumacher est toujours en soins intensifs à l’hôpital de Grenoble. Interrogée lundi par l’AFP, sa porte-parole, Sabine Kehm, a renvoyé au dernier bulletin de santé, publié le 17 janvier. L’état du pilote allemand y était qualifié de « stable » mais plus de « critique » comme auparavant. Sans autre précision.
Schumacher a été admis dans le service de neurochirurgie du CHU de Grenoble le 29 décembre après une chute dans un secteur hors piste. Sa tête a violemment heurté un rocher. Lors de son admission, Schumacher souffrait de lésions crâniennes
« diffuses et sérieuses » et a été plongé dans un coma artificiel.
La plus grande incertitude demeure sur le devenir de Schumacher.
Pourquoi Schumacher est-il plongé dans le coma ? Le but du coma artificiel dans le cas d’un traumatisme crânien est de mettre le cerveau au repos pour réduire la tension dans la boîte crânienne.
« L’impact du traumatisme va entraîner un oedème, c’est-à-dire un gonflement comme lorsqu’on se fait une entorse de la cheville », explique le Pr Gérard Audibert, responsable de l’unité de réanimation neurochirurgicale du CHU de Nancy.
Ce coma artificiel peut être prolongé
« longtemps, des jours, des semaines », ajoute le Pr Jean Mantz, chef du département d’anesthésie réanimation à l’hôpital parisien Bichat-Beaujon-Louis Mourier.
Toutefois, la durée moyenne d’un coma artificiel pour les traumatisés crâniens graves est « de l’ordre de 15 jours », selon le Pr Audibert. Même si cela peut être un peu plus long, c’est
« assez rare » qu’un coma artificiel dépasse trois semaines, explique-t-il.
Les médecins décident généralement de la sortie du coma artificiel une fois que la pression dans la boîte crânienne est redevenue basse et stable.
« Quand on enlève doucement la sédation et que la pression reste correcte, cela détermine l’arrêt complet du coma artificiel », explique le Pr Audibert. Le patient revient alors à son
« état de base clinique ». Il peut rester dans le coma, cela arrive, ou bien se
« réveiller » progressivement.
4 scénarios pour un coma après traumatisme Selon Steven Laureys, neurologue au CHU de Liège et responsable du centre coma,
« en général, après un traumatisme crânien et une plongée dans le coma, il y a quatre scénarios ».1. Le patient peut récupérer avec plus ou moins de séquelles dans les jours ou les semaines qui suivent le traumatisme. Ce sera une récupération qui va se faire dans les jours et les semaines qui suivent le traumatisme crânien.
2. Les choses tournent mal très vite. C’est l’ensemble du cerveau qui est mort. C’est la mort cérébrale.
3. Le patient reste dans le coma mais il n’y a pas de chance raisonnable de récupérer et on décide d’arrêter le traitement.
4. Certains patients peuvent se réveiller parfois sans montrer aucun signe de conscience. C’est ce qu’on appelait autrefois l’état végétatif. On parle désormais d’un état d’éveil non-répondant où le temps joue contre nous. S’il n’y a aucun signe de conscience dans les 12 mois qui suivent le traumatisme, on ne verra jamais une récupération.
« Un partie de ces patients va parfois montrer des signes de conscience sans être capable de communiquer, c’est ce qu’on appelle l’état de conscience minimale. Là, on ne parle plus de certitude et c’est très difficile pour les médecins et la famille qui vit avec cette incertitude », explique le neurologue.
Quid du devenir de Schumacher ? À la sortie du coma artificiel, les médecins sont attentifs aux réactions du patient.
« On va tester pour voir si on arrive à communiquer avec lui, s’il répond aux stimulations verbales, avec des ordres du type ‘serrez-moi la main’, ‘fermez ou ouvrez les yeux’», indique le Pr Audibert.
Après cette phase,
« la route peut être encore très longue et on a vu des patients s’améliorer entre un et trois ans après un accident », explique le Dr Vigué.
« Le temps au bout duquel le patient peut récupérer de son accident sur le plan neurologique, et la qualité de cette récupération restent impossibles à pronostiquer avec certitude aujourd’hui », pour le Pr Mantz. Mais selon le Pr Audibert on peut être fixé sur le handicap définitif consécutif à un traumatisme crânien environ deux ans après l’accident.
Pour le neurologue belge Steven Laureys,
« les séquelles après un traumatisme comme cela sont très graves. C’est une situation difficile où il fait accepter de vivre avec ces incertitudes ». Et d’ajouter :
« Les chances de retrouver Michael Schumacher comme il a été avant sont quasi inexistantes ».