Le Tadjikistan menacé de «talibanisation»
Une insurrection islamiste déstabilise ce pays frontalier de l'Afghanistan.
http://www.lefigaro.fr/international/2010/10/11/01003-20101011ARTFIG00686-le-tadjikistan-menace-de-talibanisation.php
Après l'Afghanistan, le Pakistan et le Kirghizstan, les chancelleries occidentales redoutent l'apparition d'un nouveau foyer de crise en Asie centrale. Le spectre d'une nouvelle guerre civile hante cette ancienne petite république soviétique, théâtre, depuis le 19 septembre, d'une insurrection armée. Celle-ci semble gagner du terrain au vu des violents combats qui opposent l'armée tadjike à des groupes islamistes dans le district de Racht (200 km à l'est de Douchanbé, la capitale). Le mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO) est probablement né en 1998. Ses fondateurs, Tahir Yuldash et Juma Namangani, sont originaires tous deux de la vallée de Fergana, berceau du salafisme en Asie centrale. Youldasha et Namangani ont pris part à la guerre civile au Tadjikistan. Chassés d'Ouzbékistan par le régime du président Islam Karimov, ils se réfugient au Tadjikistan et au Kirghizstan, d'où ils lancent de fréquentes incursions en Ouzbékistan avec, selon certains experts, la bénédiction des Russes. Ils combattent aux côtés des talibans en Afghanistan et dans les régions tribales au Pakistan. Namangani aurait été tué lors de combats en novembre 2001 près de Kunduz, en Afghanistan. La chute du régime taliban après l'invasion de l'Afghanistan par les troupes américaines fin 2001 a porté un coup sévère au MIO, mais cela n'a pas suffi à le détruire. Le groupe, qui ne visait au départ qu'à déstabiliser l'Ouzbékistan, s'est vite transformé en organisation transnationale sur le modèle d'al-Qaida. Il compterait de 2000 à 3 000 hommes venus de toute l'Asie centrale et aurait noué des contacts avec les séparatistes ouïgours de la province chinoise du Xinjiang. Le MIO rêve aujourd'hui d'instaurer un régime théocratique dans toute l'Asie centrale.