Les Cohortes Célestes ont le devoir et le regret de vous informer que Libres Propos est entré en sommeil. Ce forum convivial et sympathique reste uniquement accessible en lecture seule. Prenez plaisir à le consulter.
Merci de votre compréhension.
Comment cela est il possible au vingtieme et uniéme siecle..??
Auteur
Message
Invité Invité
Sujet: Comment cela est il possible au vingtieme et uniéme siecle..?? 13/5/2010, 09:49
Misère et dignité à l’hôpital Mama-Yemo de Kinshasa
« L’hôpital Mama-Yemo est le miroir de ce qui se passe au Zaïre. Toutes les couches de la population y sont représentées. Personne n’a rien à cacher ou à inventer. Ici, on peut vraiment faire, si on le veut, une autopsie de la société zaïroise. » Le docteur Gérard Kabamba est chirurgien orthopédiste dans ce qui fut, il y a vingt ans, un hôpital magnifique, très performant, la fierté du maréchal Mobutu. Toutes les personnalités d’Afrique centrale venaient s’y faire soigner pendant les années 70. Les médecins américains se bousculaient pour y travailler, non par philanthropie, mais parce que ce joyau de l’ère mobutiste recevait à cette époque 50 % du budget de la santé publique du Zaïre. Composé d’une dizaine de bâtiments à présent délabrés, reliés les uns aux autres par des sortes de couloirs à l’air libre, mais surmontés de tôle ondulée, Mama-Yemo - du nom de la mère du chef de l’Etat - est une ville dans la ville de Kinshasa, un monde à part, surréaliste, qui frappe autant par sa misère que par sa ténacité à conserver, envers et contre tout, sa dignité. C’est il y a deux ans que le personnel, lassé d’assister à l’agonie de l’hôpital, consécutive à celle des structures de l’Etat, a décidé de s’autogérer. « On n’était plus payé depuis plusieurs années, ou bien alors on l’était une fois tous les six mois, et on ne récupérait jamais les arriérés. Ça ne pouvait plus durer. On ne pouvait plus ni vivre ni travailler », explique le docteur Jean Baptiste Sondji, chirurgien et fondateur, en 1991, avec le docteur Kabamba, d’un parti politique, le Front patriotique, hostile à la cohabitation avec le maréchal Mobutu. « C’est alors qu’on a mis sur pied un système qui nous a permis de court-circuiter l’administration de l’hôpital et le ministère de la santé. Comme l’une et l’autre empochaient le montant des consultations et des opérations - sans rien nous reverser ni réinvestir dans l’hôpital -, on a décidé de prélever les quelques recettes directement à la source, auprès des malades. » Chaque jour, à tour de rôle, une personne désignée par ses collègues se voit chargée dans chaque département (chirurgie générale, médecine interne, urologie, traumatologie, etc.) de collecter les fonds et de faire les comptes. A la fin du mois, le personnel se répartit les maigres recettes : 40 % des sommes récupérées vont aux médecins, 40 % aux infirmiers, le reste à la direction et aux services administratifs. De leur aveu à tous, le système est dur à appliquer et à maintenir, et se heurte sans cesse à l’extrême dénuement des patients. « Les gens sont devenus si misérables qu’ils ne peuvent même plus se soigner. Quand ils se résolvent à venir ici, ils en sont déjà au stade terminal, raconte encore le docteur Sondji. On n’a même plus idée de ce qu’est l’urgence. 80 % des cas qui nous arrivent sont des urgences. Mais on ne peut rien faire parce qu’on n’a rien, ou parce qu’il est trop tard. Les gens meurent là, sous nos yeux. Notre hôpital, c’est un mouroir. » Apporter matériel et nourriture
Un patient atteint de fractures ouvertes, par exemple, peut attendre jusqu’à huit jours avant d’être opéré... Il faut d’abord que sa famille fasse le tour des parents et des amis, puis de Kinshasa pour acheter le matériel indispensable et l’apporter au chirurgien : un scalpel, des gants, des perfusions, des fils de suture, du sparadrap, des antibiotiques, de l’anesthésique et du sang... Alors seulement l’intervention pourra avoir lieu, si le malade n’est pas décédé entre-temps. Ensuite, la famille devra encore se charger d’apporter elle-même la nourriture au patient, car l’hôpital n’a plus les moyens de le faire depuis longtemps. Et le malade ne mangera qu’une fois par jour, voire un jour sur deux, comme la très grande majorité des Zaïrois... Cet homme d’une quarantaine d’années étendu sur un brancard, visage pincé et respiration difficile, attend depuis trois jours dans une chaleur étouffante d’être opéré. Il est atteint d’une perforation intestinale. Hier, une panne d’électricité longue de douze heures, dans le secteur de Mama-Yemo, a obligé les chirurgiens à annuler toutes les interventions prévues. Aujourd’hui, l’hôpital manque d’oxygène...
Nous parlons d'un pays aux richesses naturelles phenomenales, ou 70% de la population meurt de faim .
Invité Invité
Sujet: Re: Comment cela est il possible au vingtieme et uniéme siecle..?? 13/5/2010, 10:06
Suite...
Ne manquez pas de voir le film, en lingala, mais les images parlent d'elles memes.
Le bloc opératoire où l’un et l’autre travaillent est hallucinant. Dans des conteneurs de l’armée, on a bricolé cinq petites salles d’opération qui mériteraient le nom de clapiers. Le sol est éventré et laisse apparaître des barres de fer rouillées sur lesquelles zigzaguent de gros lézards à la tête orangée. Faute de climatisation, la porte reste ouverte pendant les interventions, ce qui permet aux mouches et moustiques d’aller et venir. En janvier, l’hôpital disposera d’un nouveau bloc opératoire. Construit par des entrepreneurs chinois (dont les tarifs sont dix fois moins élevés que ceux des Occidentaux, lesquels profitent sans vergogne de la corruption généralisée...), le bâtiment a pu voir le jour grâce à un don de 6 millions de dollars du gouvernement américain. Celui-ci s’est en effet ému de la situation de l’hôpital, brusquement mise en lumière par le crash d’un avion Antonov sur le marché de Kinshasa en janvier 1996. « ;C’est bien, mais cela ne résout pas le problème de fond, souligne un médecin. On aura un beau service d’urgences et des salles d’opération toutes neuves, comme on n’en a pas eus depuis vingt ans, mais toujours pas de matériel, ni de pièces de rechange, ni de médicaments, et le personnel ne sera toujours pas payé. » Les salles communes, quant à elles, attendent toujours d’improbables donateurs. Sous des murs lézardés, menaçant de s’écrouler, s’alignent des séries de lits rouillés, aux matelas de mousse miteux, sans draps, sur lesquels gisent, jour et nuit, des patients silencieux, urinant souvent sous eux et se couvrant d’escarres. Pas de climatisation mais, au plafond, deux ou trois grandes pales qui brassent un air chaud et humide. Pas de lumière dans la moitié des salles, ni de vitres aux fenêtres, encore moins de moustiquaires. Quant aux pinces et instruments supposés stériles, ils sont enveloppés dans du papier journal...
Cet article a eté ecrit en 1996, la situation s'est bien sur deteriorée... Le film lui date de fevrier 2010
Invité Invité
Sujet: Re: Comment cela est il possible au vingtieme et uniéme siecle..?? 13/5/2010, 10:42
Récupérer le fer pour survivre
Le tremblement de terre du 12 janvier a ouvert de larges perspectives aux jeunes qui vivaient déjà du fer. Avec la destruction des constructions en béton, ce métal désormais abondant devient une manne pour les sans-emploi qui vivent au jour le jour.
Haïti: Le bâtiment de la librairie La Pléiade à Bois-Patate a été complètement rasé par les bulldozers du CNE. Il reste sur le site de la librairie, qui a accueilli en décembre dernier l'écrivain Dany Laferrière, des monticules de béton contenant des barres de fer, métal que recherchent des jeunes pour les revendre sur le marché informel. Il est huit heures du matin. Un groupe de jeunes foncent comme des vautours sur les mottes de béton gisant sur les ruines.
« Je n'ai pas dormi. Depuis neuf heures du soir, je découpe le fer à la scie dans ces décombres », dit Michelet Verdrix, 25 ans, un jeune de la commune de Cité Soleil. Il fait équipe avec quatre amis pour extraire des barres de fer coincées dans du béton. Toute la nuit, ils ont tapé avec des masses et des marteaux pour libérer le fer pendant que les pelleteuses métalliques ronronnaient. Ils épuisent leur énergie, sous le soleil, dans l'espoir de gagner un peu d'argent. Il faut un moral d'acier pour survivre dans le fer.
Depuis le séisme, « Je n'ai reçu l'aide de personne. C'est à la sueur de mon front que je fais un peu d'argent pour pouvoir manger », dit Michelet tout en continuant à scier une barre de fer à côté d'un autre gars qui fait le même mouvement que lui. « Avant, je marchais beaucoup, comme un chien errant pour récupérer des bouts de fer dans les rues. Quand je ne les trouvais pas, je les achetais à des gens. J'en achetais à 1000 gourdes pour revendre les lots à 1750 gourdes », souligne-t-il . « Depuis le 13 janvier, le fer est en abondance dans le pays. C'est du gaspillage ! J'attends qu'on nous ouvre le Palais national pour le dépecer », lance-t-il dans un cri pétillant de joie.
Tous les jours, sauf le dimanche, Michelet file dans un tap tap, va du côté de l'aéroport international, pour écouler son produit. « Ce que je perds en largeur, je le gagne en longueur. Avant, je vendais la livre à quelqu'un qui travaillait pour le compte d'une grande entreprise à 10 gourdes . Aujourd'hui, le prix a terriblement baissé. On nous offre quatre gourdes pour la livre. Du côté de la cathédrale ou encore à la rue du Champ de Mars, on nous propose même trois gourdes. Tout le monde s'adonne au commerce du fer », débite-t-il avec volubilité.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Comment cela est il possible au vingtieme et uniéme siecle..??
Comment cela est il possible au vingtieme et uniéme siecle..??