La sagesse nous incite à fuir l'artifice.
Car le vulgaire "
accumule les richesses au-delà de l'usage" et "
se torture jour et nuit, tant il est préoccupé de parvenir à ses fins".
Le naturel, c'est l'être intime. L'artifice, les choses concrètes.
La vertu se trouve dans le naturel.
Attention, toutefois. Le naturel n'est pas le retour à la nature. Il serait d'ailleurs absurde de vouloir retrouver ce que nous sommes déjà. Il s'agit plutôt de découvrir sa véritable nature, d'abandonner les couches de l'artifice pour faire surgir à la lumière les choses enfouies.
Le naturel est différent du naturalisme. Il n'est pas un culte voué à la Nature.
La Nature, c'est le paradis où l'homme est bon, équilibré, en osmose avec l'univers. Un état antérieur que l'on a perdu mais qu'il est facile de réintégrer et ce à chaque instant: par la pratique de la méditation qui conduit à l'illumination.
L'homme est un voyageur. Sa destination: comprendre les choses, s'unir à elles. Le naturel, c'est observer le monde tel qu'il est.
"
Pour découvrir les vérités spirituelles, il faut d'abord obéir aux lois de ce monde", nous enseigne le grand maître hindou
Radhakrishnan.
Sachez que chaque chose possède sa nature propre qui se développe selon des lois qui sont précises. Aussi il ne faut jamais forcer l'issue d'une situation quelle qu'elle soit. Respecter le Naturel, c'est d'abord respecter ces rapports de convenance.
Ainsi, vivre au naturel c'est coopérer pleinement à la vie. Ce n'est pas "se tenir à l'écart", non. On ne peut d'ailleurs pas être en harmonie avec un monde que l'on considère comme extérieur à soi.
C'est la toute la schizophrénie du monde moderne, par ailleurs, mais là est un autre débat.
Analysons et méditons cette autre phrase de maître
Tchouang Tseu : "
Le sage ne voit pas les choses d'un point de vue personnel et subjectif, il s'unit à la chose observée".
Il y a une grande différence entre l'observation analytique, propre au monde occidental, qui propose une vision trop séparée des choses et accorde à chacune une valeur et l'observation intuitive, caractéristique du monde asiatique, plus fine et qui nous fait pénétrer dans le sein même des choses.
Ainsi, la sagesse d'extrême-orient nous fait apprécier les choses telles qu'elles sont vraiment et non sous de fallacieux critères de l'utilité.
L'exploitation de la Nature, telle que pratiquée par les Occidentaux, c'est s'engager sur le versant de la destruction. Et détruire la Nature, c'est détruire la vie spirituelle.
En enchaînant la Nature, l'homme devient esclave à son tour.
Maintenant, il a toujours le choix... à lui de choisir sa voie...