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Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: La Pensée soufie des Berbères 11/1/2011, 00:08
L'Extinction
Le Sheikh Hadj Adda Bentounes est un maître spirituel soufi (1898-1952), disciple et successeur du Cheikh Ahmad Al-Alawi le fondateur de la confrérie alawiyya de Mostaganem en Algérie.
Sheikh Adda Bentounes a écrit:
Le disciple est comme une étoile sur un tapis de laine. Etoile brillante, il est attaché à son nom brillant, à sa brillante forme d'étoile, il a oublié qu'il est de la laine. Alors pour lui faire comprendre ce qu'il est, il faut que le maître, fil à fil, effiloche tout le tapis ; et ainsi, il fait goûter au faqir qu'il est de la laine avant d'être une brillante étoile. Effilocher le tapis, c'est effilocher aussi la pauvre petite étoile ; et c'est bien cela qui fait mal.
OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Re: La Pensée soufie des Berbères 11/1/2011, 00:28
Le sheikh ad-Darqâwî, qui vécut au Maroc jusqu'à sa mort en 1823, a écrit dans une de ses lettres :
Sheikh ad-Darqâwî a écrit:
L'un de nos frères me dit : "Je ne suis rien"; je lui répondis : "Ne dis pas : je ne suis rien, et ne dis pas non plus : je suis quelque chose. Ne dis pas : il me faut telle chose, ni : il ne me faut aucune chose, mais dis : Allah ! et tu verras merveille." Un autre me dit : "Comment guérir l'âme ?" Je lui répondis : "Oublie-là et n'y pense guère." Vous ne pouvez donc pas concevoir que c'est l'existence du monde qui nous fait oublier notre Seigneur ; ce qui nous Le fait oublier, c'est l'existence de nous-mêmes, de notre égo. Rien d'autre nous Le voile que le fait de nous occuper, non de l'existence, comme telle mais de nos désirs. Si nous pouvions oublier notre propre existence, nous trouverions Celui qui est à l'origine de toute existence, et nous verrions en même temps que nous n'existons pas du tout. Comment pouvez-vous concevoir que l'homme puisse perdre la conscience du monde sans perdre celle de son égo ? Cela se produira jamais.
Et maintenant, méditons mes frères...
quantat
Nombre de messages : 5399 Date d'inscription : 17/11/2008
Sujet: Re: La Pensée soufie des Berbères 11/1/2011, 07:56
Citation :
Sheikh ad-Darqâwî a écrit: L'un de nos frères me dit : "Je ne suis rien"; je lui répondis : "Ne dis pas : je ne suis rien, et ne dis pas non plus : je suis quelque chose. Ne dis pas : il me faut telle chose, ni : il ne me faut aucune chose, mais dis : Allah ! et tu verras merveille." Un autre me dit : "Comment guérir l'âme ?" Je lui répondis : "Oublie-là et n'y pense guère." Vous ne pouvez donc pas concevoir que c'est l'existence du monde qui nous fait oublier notre Seigneur ; ce qui nous Le fait oublier, c'est l'existence de nous-mêmes, de notre égo. Rien d'autre nous Le voile que le fait de nous occuper, non de l'existence, comme telle mais de nos désirs. Si nous pouvions oublier notre propre existence, nous trouverions Celui qui est à l'origine de toute existence, et nous verrions en même temps que nous n'existons pas du tout. Comment pouvez-vous concevoir que l'homme puisse perdre la conscience du monde sans perdre celle de son égo ? Cela se produira jamais.
Cela ressemble énormément aux propos de Maître Eckhart, d'Arslan de Damas, St Jean de la Croix. On retrouve également un idéal bouddhiste: le renoncement au "moi" (appelé ici "ego") et la "fusion" ou l'anéantissement en dieu.
Pourquoi continu t'on a parler d'un seul Islam, comme si celui qui prône la domination du monde avait la même religion que celui qui recommande l'oubli du monde et de soi ? (la pensée soufiste est étrangère à toute idéologie politique).
quantat
Nombre de messages : 5399 Date d'inscription : 17/11/2008
Sujet: Re: La Pensée soufie des Berbères 11/1/2011, 07:59
Citation :
Et réalisez directement votre propre nature. Cette propre nature est non-nature.Vous êtes déjà loin des discussions inutiles.
La porte s'ouvre quand la cause et l'effet sont inséparables, le chemin du non-deux, non-trois va droit devant.
Faites de la forme une forme sans forme,allez et venez sans autre destination.
extrait du fil de Ombre sur le zazen: comparez avec le texte ci dessus
OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Re: La Pensée soufie des Berbères 11/1/2011, 10:25
quantat a écrit:
Cela ressemble énormément aux propos de Maître Eckhart, d'Arslan de Damas, St Jean de la Croix. On retrouve également un idéal bouddhiste: le renoncement au "moi" (appelé ici "ego") et la "fusion" ou l'anéantissement en dieu.
Tout à fait. Je me suis fait aussi la même remarque que toi.
En fait, je pense qu'il existe une pensée spirituelle universelle, qui transcende les différences culturelles et religieuses. Une même quête de l'absolu qui rassemble tous les Hommes.
C'est un peu le sens de la célèbre phrase de Malraux, malgré le fait qu'elle fut rapportée de manière tronquée, qui n'a jamais dit que le XXIe siècle sera "religieux" mais plus empreint de spiritualité.
Et je pense moi aussi que les Hommes deviendront plus spirituels que religieux, bien que l'actualité nous démontreraient plutôt le contraire. C'est une question de temps et d'évolution. Et même les religions, toutes les religions, trouveront le chemin pour s'adapter.
On le voit déjà chez la plupart des croyants, notamment chez les chrétiens : désormais on se tourne vers une religion de l'intime, on revient à la lecture de l'Écriture, "silencieuse", pour soi. C'est comme si le message du Christ portait une vérité qui s'adresse finalement à soi-même et non plus à l'ensemble de l'humanité.
C'est même, selon moi, le sens même des religions. Elles s'adressent aux hommes, en tant qu'individus. Pour prétendre "changer le monde", il faut d'abord se changer soi-même. Quand les hommes auront vraiment compris cela, ils auront déjà fait un grand pas sur le chemin de la sagesse.
Mais je garde espoir.
Citation :
Pourquoi continu t'on a parler d'un seul Islam, comme si celui qui prône la domination du monde avait la même religion que celui qui recommande l'oubli du monde et de soi ? (la pensée soufiste est étrangère à toute idéologie politique).
Pour moi, le soufisme est le seul et véritable Islam.
OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Re: La Pensée soufie des Berbères 11/1/2011, 10:35
quantat a écrit:
Citation :
Et réalisez directement votre propre nature. Cette propre nature est non-nature.Vous êtes déjà loin des discussions inutiles.
La porte s'ouvre quand la cause et l'effet sont inséparables, le chemin du non-deux, non-trois va droit devant.
Faites de la forme une forme sans forme,allez et venez sans autre destination.
extrait du fil de Ombre sur le zazen: comparez avec le texte ci dessus
En fait, j'ai voulu partager avec vous ces quelques morceaux de sagesse qui m'ont accompagnés hier soir.
Comme bien souvent, hier soir j'ai éteint ma télé, ma radio et oublié pour un temps toutes les nouvelles du monde. Je me suis assis dans mon canapé et je me suis mis à relire la parole des sages par le biais des livres suivants que je vous recommande par ailleurs :
Deux superbes anthologies qui comptent parmi mes livres de chevet favoris.
Une très belle collection de textes de sagesse qui fait du bien à lire, dans notre époque de médiocrité actuelle.
Zed
Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
Sujet: Re: La Pensée soufie des Berbères 11/1/2011, 15:08
Pourquoi notre époque serait-elle médiocre? Est ce que l'adolescence est une époque médiocre de la vie d'un être?
Personnellement je trouve ''notre'' époque bien plus enviable qu'a des milliers d'autres de part le passé.
Dans un travail donné, plus il y en n'a de fait moins il en reste a faire, alors qu'en évolution plus il y en n'a de fait, plus il en reste a faire. Plus on découvre, plus on découvre qu'il n'y a rien encore de découvert.
Les animaux ne s’informent jamais des buts de la vie ; c’est pourquoi ils ne se font jamais de soucis et ne se suicident pas. Chez les hommes, le suicide témoigne qu’ils ont émergé du stade d’existence purement animal et, en outre, que les efforts exploratoires de tels êtres humains n’ont pas réussi à atteindre les niveaux où l’expérience humaine devient un art.
La vie va de transition en transition, tel est le moteur de l'évolution.