Tunisie: le chef de la sécurité de Ben Ali blanchi, prison pour ses proches
le 12.08.11 | 20h24
La justice tunisienne a acquitté vendredi le général Ali Seriati, ex-chef de...
La justice tunisienne a acquitté vendredi le général Ali Seriati, ex-chef de la sécurité présidentielle, jugé pour complicité dans la fuite en Arabie Saoudite de Zine El Abidine Ben Ali et de sa proche famille le 14 janvier, en plein soulèvement populaire.
La justice tunisienne a acquitté vendredi le général Ali Seriati, ex-chef de la sécurité présidentielle, jugé pour complicité dans la fuite en Arabie Saoudite de Zine El Abidine Ben Ali et de sa proche famille le 14 janvier, en plein soulèvement populaire.
Le tribunal de première instance de Tunis a en revanche prononcé des peines de prison allant de quatre mois à six ans contre 25 membres de la famille Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi, dont 22 étaient présents à ce procès, pour tentative de fuite et possession illégale de devises.
Le général Seriati a expliqué vendredi à l'AFP être "victime d'une mise en scène" montée par l'ex-ministre de la Défense Ridha Grira, actuellement libre.
"Ridha Grira était derrière de tout ce qui c'était passé. C'est lui qui a donné l'ordre de m'arrêter avec le consentement du président déchu à qui on avait soufflé que je préparais un coup d'Etat", a-t-il révélé dans une interview réalisé depuis sa cellule depuis la base l'Aouina, près de Tunis, par le biais de son frère.
Le général Seriati a reconnu avoir poussé Ben Ali à s'enfuir afin d'épargner "un bain de sang" au pays mais nié avoir tenté un coup d'Etat pour prendre le pouvoir à sa place.
"Je suis un militaire et n'ai jamais été un politicien", a dit l'ancien homme fort de la sécurité, qui n'en a pas fini avec la justice car il fait l'objet d'autres poursuites pour des chefs d'inculpation plus graves tels que complot contre la sécurité intérieure de l'Etat, incitation à commettre des crimes.
L'un de ses avocats, Me Abada Kefi, s'est félicité d'un jugement "historique". "C'est un jour de gloire pour la justice tunisienne qui a fait montre de liberté vis-à-vis de l'exécutif et de la pression de la rue", a-t-il dit à l'AFP.
Parmi les proches de Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi jugés dans le même procès, Moez, neveu de l'ex-première Dame, a été condamné par contumace à la peine maximum de six ans de prison. Deux de ses soeurs, Jalila et Samira, ont été jugées respectivement à dix-huit et quatre mois d'emprisonnement ferme.
Imed, le neveu préféré de Leïla, aussi haï qu'elle des Tunisiens et déjà condamné à quatre ans de prison pour détention de drogue, a écopé de deux ans d'emprisonnment. Sa mère Najia Jridi a été condamnée à huit mois de prison.
Un des frères de Leila, Moncef, a été condamné à 18 mois de détention.
Outre le général Seriati, six inculpés ont été acquittés, dont la veuve de Moncef Ben Ali, frère aîné de l'ex-président condamné en France en 1992 pour trafic de drogue dans l'affaire dite "couscous connection".
Sur les 32 accusés, 23 se trouvaient en détention provisoire: outre le général Seriati, 22 membres du clan BenAli/Trabelsi arrêtés le 14 janvier à l'aéroport de Tunis-Carthage en possession des sommes importantes en devises et de bijoux, alors qu'ils s'apprêtaient à prendre l'avion.
Six personnes, parmi lesquelles la veuve de Moncef Ben Ali, comparaissaient libres. Trois ont été jugés par contumace: Outre Moez, il s'agit de Leïla Trabelsi elle-même et de Sakhr el-Materi, gendre du couple présidentiel en fuite, qui ont été condamnés par défaut respectivement à six et quatre ans de prison pour complicité et possession illégale de devises.
Leïla avait donné l'ordre à ses proches de se rassembler à l'aéroport pour embarquer sur un vol à destination de la France. Ce plan avait été déjoué par la brigade anti-terroriste, selon la police, et le refus d'un pilote de les avoir à bord.
Lors des plaidoiries, l'un des avocats de Ali Seriati avait estimé que son client devait être innocenté et traité "en héros de la révolution". Le prévenu avait demandé pardon aux Tunisiens pour avoir servi sous Ben Ali et souhaité que son procès marque "le départ d'une nouvelle Tunisie, d'une justice indépendante".
Le tribunal a aussi prononcé des peines d'amendes pour un montant global de 200 millions de dinars (plus de cent millions d'euros).
Ce procès qui s'était ouvert le 26 juillet concernait le plus grand nombre d'accusés dans une série d'affaires en justice contre le président tunisien déchu et ses proches. Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite et dont la Tunisie n'a pu obtenir l'extradition, cumule déjà plus de 66 ans de prison dans des procès par contumace.