On se fait un pt'it "porno" à Peshawar" ?

Expérience insolite :

Citation :

Intermède porno à Peshawar
Emmanuel Derville

Mis en ligne le 30/04/2012

On aurait cru la chose impossible mais la ville a quatre cinémas pornos. Les talibans enragent mais les clients veulent oublier que leur vie est dure.
Pour aller au Shama, il faut s’enfoncer dans un quartier crasseux de Peshawar. Les ruelles tortueuses débordent de voitures et de tricycles à moteur. Protégé par un mur en béton surmonté d’une grille, le Shama passe presque inaperçu. Le bâtiment est un rectangle de béton sans charme, sans fenêtre, sans affiche de films. Dans la cour, quelques employés vendent les billets, un simple jeton en papier plastifié. Des photos pornos sont alignées derrière le portail. Bienvenue dans l’un des quatre cinémas érotiques et pornographiques de Peshawar.

Pour 250 roupies (2,10 euros), le client s’offre 90 minutes en solitaire, loin des carcans de la société pakistanaise. Dans la salle de 200 places, ils sont une poignée à attendre que le film commence. Les sièges rabattables grincent à chaque nouveau spectateur. Le cuir a disparu depuis longtemps. Le fauteuil n’est plus qu’une planche de bois.

La séance démarre sur une musique pachtoune assourdissante. A l’écran, une femme nue se déhanche sommairement devant un homme qu’elle tente d’aguicher dans un décor de chambre d’hôtel. Au lieu d’un film, les spectateurs ont droit à une succession de clips musicaux du même genre. Peu importe : ils sont scotchés à l’écran. Ici, on ne mange pas de pop-corn pendant la projection. On fume du haschich. Même les ouvreurs ont un joint entre les lèvres.

Le gérant du Shama s’appelle Ishaq. Marié, six enfants, il tient la boutique depuis 20 ans. "Je n’ai jamais dit à ma femme dans quel genre de cinéma je travaillais", explique ce gros moustachu au crâne dégarni. "Ce que je fais n’est pas très islamique ", concède-t-il avec un sourire.

Ali Khan, 31 ans, charpentier de son état, sort à peine de la salle. Ce père de famille maigrichon vient ici une à deux fois par mois. Il vit avec sa femme, sa fille, sa mère et son frère. " Je vais au marché. Je vais travailler", leur lance-t-il chaque fois qu’il sort pour aller au Shama.

" Lorsque que je viens, je me dis que c’est mal. Mais je ne peux pas m’en empêcher. J’ai besoin de me changer les idées. La vie est dure. Je gagne péniblement 6 000 roupies par mois (50 euros). Il faut bien se détendre. "(le ticket du cine porno = donc 1 jour de paie !!!
Ben mon vieux ...) .

Malgré les menaces de mort des talibans, malgré la fréquentation en baisse à cause d’Internet et des chaînes câblées , le Shama est ouvert depuis 20 ans. Ishaq adore son métier.

" On diffuse des films érotiques et pornos tournés au Pakistan. Je les achète entre 200 000 et 300 000 roupies (1 700 et 2 500 euros). Je varie la programmation avec des productions américaines et allemandes ", confie cet homme chaleureux autour d’une tasse de thé.

Ishaq loue le Shama à Aziz Bilour, un politicien C’est le secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie dans le gouvernement fédéral ! Un de ses frères est ministre des Chemins de fer, tandis que le troisième, Bashir Bilour, est ministre dans le gouvernement provincial à Peshawar.

Outre le Shama, la famille Bilour possède une fabrique d’allumettes et deux usines de fabrication de farine. Elle est une figure de proue du premier parti de la province du Nord-Ouest, l’ANP. Le clan Bilour est typique de la société pakistanaise où les grandes familles occupent les ministères pour protéger leur business et s’enrichir grâce à la corruption. Fort de leurs positions, les Bilour ont la haute main sur la police de Peshawar.

Au regard de la loi, les activités du Shama sont illégales. Mais la justice pakistanaise est aveugle pour celui qui peut se la payer. Un employé du Shama explique comment les pots-de-vin sont versés : " Une fois par mois, des officiers de police viennent consulter nos comptes. On leur verse 10 à 20 roupies par billet vendu. Et on est tranquille. "

Assis dans son ministère à Peshawar, Bashir Bilour admet que sa famille possède le Shama. Sait-il que les talibans et les islamistes enragent des films projetés dans son cinéma ? " Les talibans ont essayé de me tuer plusieurs fois. Un jour, ils ont bombardé ma maison à la roquette. Et après ? Ces gens-là sont fous. "

Le Shama fait tout de même une concession aux islamistes : il ferme pendant le Ramadan( ah tout de même !).

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Citation :

Fort de leurs positions, les Bilour ont la haute main sur la police de Peshawar

C'est curieux, Bilou...Bilou... Bilour, n'est-ce pas le nom pachtoune de la chenille verte ?

A propos du ciné porno de Peshawar on a écrit:

Le Shama fait tout de même une concession aux islamistes : il ferme pendant le Ramadan.

C'est assez logique, à cette période de l'année les mecs ont l'habitude de rester sur leur faim !