Ungern
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| Sujet: Une arnaque béninoise spéciale pour crétins ! 3/8/2012, 17:56 | |
| - Citation :
- Le Bon Coin : j’ai testé l’arnaque à la tondeuse
Stéphane Laurent | Independant
Mis à jour le vendredi 21 octobre 2011 à 10h41 Exaspéré par les escroqueries et par le laisser-faire du site de petites annonces, un riverain a fait semblant de se faire pigeonner pour témoigner.
Un homme tape sur un clavier d’ordinateur (Sebastian Anthony/Flickr/CC) Le Bon Coin est justement un bon coin pour les escrocs. Pour le vérifier, j’ai choisi de répondre à une annonce douteuse sur le site. Un tracteur tondeuse qui ne pouvait qu’être une arnaque. Moins d’une heure après, bingo : c’était le cas.
« Tondeuse auto-portée Viking + remorque », état neuf, achetée trois mois plus tôt pour 1 000 euros et vendue par un certain « André ». Il dit habiter au code postal 19 000 (Tulle, Corrèze) et laisse son numéro. Etrange : une simple recherche sur Internet nous informe que neuf, l’ensemble vaut trois fois plus cher : plus de 3 500 euros.
Capture d’écran du site Le Bon Coin Je prends contact avec le vendeur. Moins d’une heure après, celui qui prétend s’appeler André Patrick m’explique dans un très mauvais français qu’il déménage et doit donc se séparer de la machine. Il joint deux photos (piquées sur une annonce eBay). N’étant pas là, c’est son cousin qui s’occupe de la suite de notre affaire.
Le Corrézien envoie son e-mail du Bénin
PRIVILÉGIER LES ÉCHANGES DE MAIN À MAIN Ancien webmaster, Stéphane Laurent travaille aujourd’hui dans le commerce de cigarettes électroniques.
Contacté par Rue89, une porte-parole du Bon Coin rappelle que les échanges de la main à la main sont « les meilleures garanties d’une bonne transaction ». En amont, « les 500 000 annonces déposées chaque jour sont validées avant publication par une équipe de modérateurs » (clarté du descriptif, bonne catégorisation, respect des règles) et des messages d’alerte mettent en garde les internautes. Notamment au moment de contacter un vendeur.
Une vérification des en-têtes dans la source du mail confirme déjà mes doutes : ce prétendu Corrézien envoie son mail depuis une adresse IP au Bénin. L’escroc demande mes coordonnées afin de me livrer d’urgence : je lui donne un nom bidon, mon numéro et l’adresse de la gendarmerie locale, au cas où il se déplace quand même.
Quatre heures plus tard, nouveau mail. On m’informe que je serai livré le lendemain et que je devrai réunir dès ce soir la somme en liquide. Le lendemain vers 13 heures, coup de fil du cousin transporteur avec un fort accent : il me dit qu’il arrive vers 17 heures.
Je reçois son courriel (posté de nouveau du Bénin). Il me confirme la livraison :
« Je n’accepte pas la liquidité pour mes livraisons car j’ai été victime de braquages et de faux billets. [...] Je procède par chèque de La Poste (mandat cash urgent) que vous allez établir au nom du propriétaire de la tondeuse (M. Patrick André) et que vous allez me donner à la livraison en échange de la machine. Au cas où la tondeuse ne vous conviendrait pas, vous retournez encore à La Poste retirer vos 1 000 euros avec votre reçu du mandat sans payer aucun frais. »
Le code du mandat cash
Le mandat cash urgent est limité à 1 500 euros. Une fois rempli à La Poste, l’argent est instantanément disponible et peut être retiré dans n’importe quel bureau de poste avec une pièce d’identité et le numéro confidentiel du mandat. Toute l’astuce va consister à me soutirer ce numéro sans que je m’en doute.
Nouvel e-mail de M. Patrick :
« Compte tenu de mon indisponibilité, le paiement se fera sur les coordonnées de mon conseiller financier. »
Ce dernier viendra donc récupérer l’argent à La Poste avec ses (faux ?) papiers. Nouveau mail :
« Ne précisez pas à l’agent de La Poste que c’est pour un achat si non elle vous taxera [...] jusqu’à 288,75 euros [...], mais que vous effectuez l’envoi pour un ami. »
Mieux vaut rester discret, apparemment. Peu avant 15 heures, heure à laquelle je suis censé me rendre à La Poste, le transporteur me rappelle : il m’explique à son tour comment faire le mandat et insiste beaucoup pour que je dise que c’est pour un ami. Sa voix est très directive, presque autoritaire. J’ai beau jouer la comédie, j’aurais presque peur.
Trente minutes après, nouvel appel. Et nouveau mail : il contient un lien vers un faux site de La Poste, censé vérifier le mandat avec un formulaire où il faut noter... le numéro confidentiel (soi-disant masqué). J’entre un faux, le site me dit que le mandat n’existe pas. Toujours est-il que l’escroc, ainsi, le connaît.
« Vous n’êtes plus intéressé ? »
Inquiet de ne rien avoir reçu, le transporteur me rappelle. Il doute de mon honnêteté (on aura tout vu !) et devient agressif. Je lui dis que c’est un escroc : la conversation s’arrête là.
Le soir, je reçois un dernier mail du Bénin de M. Patrick, pas dégonflé :
« Votre silence explique bien que vous n’êtes plus intéressé ? »
Le lendemain, je retente avec une annonce d’un tracteur bradé : je reçois un e-mail comme celui de la tondeuse. Bonne pioche. Je décide d’envoyer un message au Bon Coin pour faire supprimer l’annonce. Réponse laconique :
« Après relecture de l’annonce, celle-ci semble effectivement douteuse ou ne pas correspondre à nos règles de diffusion. Nous allons donc la retirer du site. »
LeBonCoin.fr est devenu en cinq ans le site de la petite annonce et le complice passif des escrocs en tout genre. La validation est automatique, au mieux restreinte. Alors qu’une simple vérification du prix, de l’IP (comparée au code postal) ou un recoupement des coordonnées suffirait à éviter bien des arnaques. Car mon « M. Patrick » qui vendait une tondeuse à Tulle bradait aussi une voiture dans la Meuse et une moto à Paris. | |
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