Rappel du premier message :
Il y a un incroyable article paru dans le Ha'aretz aujourd'hui sur la mise à l'épreuve du « pro-Israël » qui détermine qui est autorisé à servir au gouvernement des États-Unis. Voici le genre de chose que vous n'êtes pas prêt de lire dans le New York Times ou le Washington Post :
« Chaque candidat au gouvernement Américain doit se soumettre à une vérification complète de ses antécédents par la communauté JUIVE Américaine.
Dans le cas du gouvernement Obama en particulier, chaque critique contre l'Israël faite par un candidat potentiel au gouvernement est devenu un catalyseur pour débattre si la nomination d'un « autre gauchiste » offre la preuve qu'Obama ne soutient pas vraiment Israël. » »
http://www.haaretz.com/hasen/spages/1132797.html
L'article continue en rappelant ce qui est arrivé à Chas Freeman (dont la nomination a été court-circuitée par le lobby Israélien pour avoir exprimé quelques critiques modérées sur le comportement d'Israël) et signale que des plaintes semblables ont maintenant vu le jour concernant la nomination de l'ancien Sénateur Chuck Hagel. Encore plus bizarre, l'Organisaion Sioniste de l'Amérique (ZOA) et d'autres groupes juifs de droite se plaignent au sujet de la nomination de Hannah Rosenthal pour diriger le « Bureau pour Combattre et Surveiller l'Antisémitisme ». Pourquoi ? Apparemment elle a été impliquée dans J Street et dans d’autres organismes « de gauche » que la ZOA et d’autres considèrent comme étant insuffisamment ardents dans leur soutien à l'Etat Juif, et a proposé que les forces progressives doivent davantage porter la voix pour faire avancer le processus de paix.
On ressent une certaine sympathie pour Mme Rosenthal, qui est forcée de défendre sa propre nomination en disant à un interviewer :
« J'aime Israël. J'ai habité en Israël. J’y retourne et je la visite autant que je peux. Je la considère comme faisant partie de mon coeur. Et du fait que je l'aime autant, je veux la voir sure et sécurisée et libre et démocratique et vivant en paix. »
http://www.tabletmag.com/news-and-politics/20960/the-anti-anti-semite/
Voila de bons sentiments, mais n’est-il pas étrange qu’elle doive défendre ses qualifications pour une position au gouvernement des États-Unis en disant combien elle « aime » un pays étranger ? Pour un haut fonctionnaire Américain dans sa position, ce qui compte c’est qu'elle aime l'Amérique, et qu'elle pense que l’antisémitisme est une philosophie détestable à laquelle on devrait vigoureusement s’opposer. Qu’elle aime Israël ou la France ou la Thaïlande ou la Namibie, etc., n’a aucun sens. (Et oui, il est tout à fait possible de détester l'antisémitisme et de ne pas aimer Israël).
Mais la vraie leçon de toutes ces histoires est l'effet de cette mise à l'épreuve des hauts fonctionnaires travaillant dans la politique étrangère plus généralement. Les groupes de lobby ont ciblé de hauts fonctionnaires comme Freeman, Hagel, et Rosenthal car ils veulent s'assurer que personne, pas même avec un point de vue modérément indépendante sur les affaires au Moyen-Orient, ne soient jamais nommés. En faisant un exemple d’eux, ils cherchent à décourager les personnes libres d’esprit d'exprimer leurs points de vue ouvertement, de peur que s’ils le faisaient, tout espoir de faire évoluer leur propre carrière soit pour eux impossible. Et ça marche.
Même si le lobby ne parvient pas à bloquer TOUTES les nominations, ils peuvent faire en sorte que tout administration y pense à deux fois avant de prendre un choix potentiellement « controversé » et ils utilisent la menace pour étouffer les discours libres de quasiment tous les hauts fonctionnaires impliqués en politique étrangère (et certainement quiconque qui aspire à travailler pour Washington).
Le résultat, naturellement, est que la politique des États-Unis pour le Moyen-Orient (et la politique étrangère des États-Unis plus généralement) est réservé pour ceux qui soit, sont immuablement consacrés à la « relation spécial » (US/Israël), soit pour ceux qui ont été intimidés et réduit au silence. Le résultat ? La politique des États-Unis demeure entre les mains du même groupe « d’experts » dont la politique au cours des 17 dernières années (ou plus) a été réduite à l'échec. Si quelques Américains de plus lisaient le Ha'aretz, ils pourraient commencer à se rendre compte de cela.