"Un incirconcis n'est pas un homme." dicton africain
"… non seulement le corps de l'enfant ne nous appartient pas mais… son sexe "nous appartient encore moins." Françoise Dolto
"… la société… a dit oui jusqu'à présent aux plus grands crimes de l'humanité."
Alice Miller
"Les pratiques rituelles de circoncision et d'excision ont des effets qui atteignent "non seulement l'individu et sa descendance, mais même les autres hommes."
Alice Miller
"… (le handicap) confronte chacun de ceux qui ne sont pas atteints par ces inca-"pacités à l'angoisse de castration, à l'horreur de la blessure narcissique, et, au de-"là, à l'irrémédiable de la mort psychique ou physique, creusant ainsi la plus intrai-"table des exclusions." Julia Kristeva
"Mais une personne privée ne peut pratiquer une telle ablation, même avec le "consentement du patient ; ce serait commettre une injustice envers la société, à "laquelle l'homme appartient avec tous ses membres." Saint Thomas d'Aquin
"Le fait de soumettre une personne, dont la vulnérabilité ou l'état de dépendance "sont apparents ou connus de l'auteur, à des conditions de travail ou d'héberge-"ment incompatibles avec la dignité humaine est puni de cinq ans d'emprison-"nement et de 150 000 Euros d'amende." Article 225-14 du code pénal
"… les Juifs ayant vécu à part de toutes les nations de façon à s'attirer la haine "universelle et cela non seulement par l'observation de rites extérieurs opposés à "ceux des autres nations, mais par le signe de la circoncision… " Spînoza
"Le complexe de castration est la plus profonde racine inconsciente de l'antisémi-tisme, "car, dans la nursery déjà, les petits garçons entendent dire que les Juifs ont quelque "chose de coupé au pénis – un morceau du pénis, pensent-ils – ce qui leur donne "un droit de mépriser les Juifs." Freud
"L'enfant doit être protégé contre les pratiques qui peuvent pousser à la dis-"crimination raciale, à la discrimination religieuse ou à toute autre forme de "discrimination." Déclaration universelle des droits de l'enfant de l'Organisa-tion des Nations Unies
L'exclusion, sanction du groupe envers les opposants aux mutilations sexuelles, est le symptôme d'un sentiment de supériorité qui permet aux handicapés sexuels de surmonter artificiellement la dépression et la tristesse provoquées par une sexualité ap-pauvrie, voire anéantie pour la majorité des femmes. En corollaire, la mutilation est à la fois une condition du mariage et une barrière au mariage hors du groupe, grand souci d'un racisme qui va jusqu'à exclure les étrangers des cimetières, voire à leur interdire l'inhumation sur le territoire national (Islam).
Cette supériorité soi-disant conférée par les mutilations sexuelles a été prônée par Maïmonide et Philon d'Alexandrie qui affirment que la circoncision confère à l'individu élévation d'esprit, pureté, vertu, chasteté, et même une fidélité qui s'accommode cependant fréquemment de la polygamie :
"Ce commandement n'a pas été institué pour corriger une déficience congénitale mais une dé-"ficience morale." Maïmonide
La référence à l'ordre moral est explicite. Cette croyance fantasmatique semble à l'ori-gine de l'affirmation de Freud d'une capacité supérieure des Juifs pour la spiritualité . La population de la planète serait partagée entre de grands mystiques : les mâles sexuellement mutilés, et des êtres bassement terre à terre : les femelles et les mâles restés intacts. L'insulte banale : "chien d'incirconcis" témoigne du fait que, dans l'imaginaire des peuples circonciseurs, la circoncision différencie l'homme de l'animal. Les oiseaux sont certes dépourvus de prépuce. L'archangélique circoncision donnerait-elle des ailes ?
Cette superstition trouve son origine dans l'assimilation de la sexualité, et tout particulièrement de l'autosexualité, au péché. Ces conceptions nauséeuses reposent sur une ignorance totale des plaisirs aussi intenses qu'exquis procurés par les organes spécifiques de l'autosexualité. Élisabeth Roudinesco, dans sa préface à un ouvrage italien – on ose dire à Rome ce qu'on ne peut proférer à Paris – fait l'éloge de cette dernière :
"...si, au cours de la seconde moitié du XXème siècle, la m……….n a cessé d'être classifiée "comme une maladie mentale, grâce en bonne part à la théorie freudienne, elle est désormais "revendiquée, par de nombreux mouvements de libération post-freudiens, comme l'expression "la plus pure d'une sexualité qui, enfin débarrassée des oripeaux de la morale puritaine, auto-"rise un plaisir illimité, sans risque de contamination, sans procréation, sans partenaire encom-"brant.
"Symbole de l'individualisme moderne, le sexe solitaire peut enfin être vu – en particulier sur in-"ternet – comme une découverte de soi ou un exil qui tombe dans la mélancolie. En l'espèce, "le danger substitué", réduit par Freud à la banalité polymorphe de l'enfance, est devenu l'em-"blème d'une sexualité(*) élevée en éthique de la liberté."
Cependant, la profonde culpabilité des circonciseurs les conduit à mépriser les "non circoncis". Le psychiatre anthropologue Michel Erlich signale que "goy", "incircon-cis", voire "chien d'incirconcis", est une injure grave . Ce sentiment de supériorité dégénère parfois en snobisme, ainsi au Royaume-Uni où la circoncision se répandit d'abord dans la noblesse et aux États-Unis où elle est encore fréquemment un critère de standing social. Il trouve sa consécration dans la langue : l'entier n'est jamais désigné comme tel mais comme "non" ou "in" -circoncis, avec la connotation de manque, de perte, attachée à la négation. Ce renversement des réalités est caractéristique de la perversion. N'est-il pas pervers, en effet, de se rassurer en diminuant l'autre dans sa différence même, par une nomination humiliante plutôt que simplement exacte ? Un principe fondamental du droit trouve ici à s'appliquer à cette pseudo-spiritualité :
"Nul ne saurait se prévaloir de sa propre turpitude."
Ce sentiment de supériorité ne s'arrête pas là. De toute antiquité, les circoncis se pré-tendent plus propres :
"Aussi ni homme ni femme en Égypte ne consentirait à embrasser un Grec sur la bouche, pas "plus qu'à user… du couteau d'un Grec." Hérodote
Les intacts sont supposés lubriques, impurs et même sales. Le préjugé, populaire chez les non-entiers, que les entiers sont des "masturbateurs sans hygiène" n'est pas de nature à défavoriser le racisme. Les circoncis plongent pourtant sans appréhension leur organe dans le féminin qui, à les suivre, devrait être un bouillon de culture. Ils font également courir la rumeur totalement infondée selon laquelle ils accompliraient des prouesses sexuelles. Quoi qu'il en soit, une supériorité fondée sur une différence phy-sique est une supériorité de type raciste.
Ce sentiment de supériorité est cultivé par des élites religio-politiques qui tiennent à la circoncision comme à la prunelle de leurs yeux parce qu'elle est au fondement de leur pouvoir. Elles l'utilisent délibérément comme technique de manipulation des masses:
"On sait combien les hommes s'aiment et s'entraident quand ils ont tous la même marque dis-"tinctive qui est pour eux une sorte d'alliance et de pacte."
En séparant le groupe des autres par un acte sectaire, un ultra-racisme fondé sur une petite différence flattant et exacerbant le narcissisme du groupe, trouve dans les mutila-tions sexuelles un mode d'expression privilégié :
"La circoncision a, selon moi, un autre motif très important : elle fait que ceux qui professent "cette idée de l'unité de Dieu se distinguent par un même signe corporel qui leur est imprimé à "tous, de sorte que celui qui n'en fait pas partie ne peut pas, étant étranger, prétendre leur ap-"partenir."
Ce chauvinisme s'ancre facilement et solidement dans l'esprit tant par l'étroitesse de son lien avec le pesant tabou de l'autosexualité que par le déni par l'homme (la femme) de sa propre féminité (masculinité), il est lourdement renforcé par une crainte inconsciente de la castration ou de la mort. Cette attitude discriminatoire, consciente et résolue chez les élites extrémistes, reste inconsciente et déniée chez les modérés. Les mutilations sexuelles sont moins religieuses que sectaires. Elles visent à refermer le groupe sur lui-même, comme la castration pratiquée en Russie par la secte des Skoptzis.
Ce motif est étroitement lié à celui de la domination des femmes. La circoncision a pour but profond de séparer l'enfant de sa mère, du monde des femmes et de l'enfance. C'est précisément là que réside l'intention la plus criminelle, la plus abjecte, la plus contraire à la vie, à l'amour, au meilleur de l'existence. Il s'agit d'orienter les affects de l'enfant vers le monde des hommes, des laboureurs et des fabricants, en en excluant les femmes pour mieux les dominer.
Mais l'exclusion appelle la haine ; Spinoza et Freud ont dénoncé la circoncision comme source de haine de la part des peuples voisins. Les mutilations sexuelles sont encouragées par les régimes tyranniques qui s'en servent aussi bien d'initiation pour leurs troupes que de signe de distinction tribale. Elles ont le plus souvent un caractère sexiste. Prenant pour alibi les festivités du folklore, elles sont imposées par des élites militaires et religieuses au comportement adolescent. Le signe communautaire est toujours un appel au nationalisme, un signe de guerre. Tatouages, voile, burka, obésité forcée, lèvres vulvaires étirées, scarifications, dents cassées, pieds bandés, clitoris et prépuces coupés, peine de mort, aux armes et cetera…, l'escalade des très ethniques techniques de manipulation des esprits par le marquage des corps – grand instrument de la guerre des générations et des sexes – canalise les besoins humains au service des intérêts des classes dominantes.
Antisexuelles, antidémocratiques et culturalo-racistes, les mutilations sexuelles discriminent les groupes voisins et ceux du groupe lui-même qui les refusent. Plus fas-cistes que le fascisme, elles sont insupportables aux fascistes (cf. les néo-nazis, les révisionnistes, l'Association contre la mutilation des enfants) ; ce n'est pas une raison pour que les démocrates les tolèrent. La socialisation ou l'affiliation par le traumatisme et l'incitation au mépris sont inadmissibles.
Les mutilations sexuelles n'accueillent pas l'enfant dans une société régulée par la différence des sexes et des âges mais l'enrôlent dans des bandes guerrières par une initiation militaire barbare. Elles génèrent une violence particulièrement élevée. Sur les dix génocides des temps modernes, neuf, dont quatre comme acteurs, ont impliqué des sexuellement mutilés d'un côté ou de l'autre, et deux des deux côtés. A l'exception d'une guerre civile (Sri Lanka), toutes les guerres entre 1996 et 2002 impliquaient au moins un pays circonciseur et elles furent plus de trois fois plus nombreuses dans les pays circonciseurs. La peine de mort y est deux fois plus répandue et ils sont les seuls à exciser les filles. En Norvège, deux pour cent de circoncis commettent soixante pour cent des viols. Les mutilations sexuelles séparent l'enfant de la mère à un âge où c'est la dernière chose à faire, le résultat est catastrophique ; elles sont le terreau de la paranoïa, du sexisme, du fanatisme et du terrorisme de groupe ou d'état.
Les mutilations sexuelles ne sont pas à proprement parler racistes. Cherchant à fabriquer "des surhommes", elles sont un racisme artificiel, plus raciste que le racisme, un racisme à la puissance deux, du néo-Gobineau mis en acte par Mengele. Comme elles sont commises sans intention de nuire, le seul moyen de les pénaliser est de dé-noncer leur volonté de discrimination et ségrégation sous menace d'exclusion des opposants. Lorsqu'un tel hyper-racisme est exercé collectivement, au nom de Dieu et de la religion, on est en présence d'une monstrueuse abomination, génératrice de terrorisme parfois étatique et d'un contre-racisme tout aussi virulent. Pierre angulaire du plus odieux des racismes, la circoncision est un véritable cancer rongeant la planète. L'abolition de ce crime contre l'humanité est une étape dans la lutte contre la répression de la sexualité et pour le droit de la personne humaine à la libre disposition de son corps et au respect de son intégrité physique, sentimentale et mentale.
Nous demandons l'inscription du droit au corps comme article premier de la Dé-claration universelle des droits de la personne humaine :
"Indivisible, inaliénable et sacré, le droit au corps est le tout premier des droits de la personne "humaine."