L'imam de Drancy se livre

Un tribunal indonésien a acquitté Pujiono Cahyo Widianto, le religieux musulman controversé accusé de pédophilie après avoir épousé une jeune fille mineure âgée de 12 l’an dernier. Widianto risquait jusqu’à 15 ans de prison s’il avait été reconnu coupable des accusations. Les procureurs ont déclaré qu’ils feraient appel de la décision. La jeune fille est sa deuxième épouse.

Après avoir entendu les accusations et le plaidoyer de l’équipe juridique de Pujiono, alias Syech Puji, 43 ans, dirigée par l’éminent avocat O.C. Kaligis, le juge Hari Mulyanto qui présidait le tribunal a jugé que les accusations étaient vagues et imprécises et ordonné un arrêt des procédures.

Le ministère public avait accusé Pujiono, un riche entrepreneur en chaudronnerie et propriétaire du pensionnat islamique Miftahul dans le district de Jambu, d’avoir enfreint la loi de 2002 sur la protection des enfants et l’article 290 du Code pénal de l’Indonésie sur les abus sexuels sur mineur en raison de son mariage avec Lutfiana Ulfa, à peine âgée de 12 ans et une élève de 8e année en août 2008.

La seconde femme de Pujiono, Lutfiana, et sa première épouse, Ummi Hani, ont assisté à l’audience et pleuré de joie à l’annonce de l’acquittement.

Les procureurs ont déclaré qu’ils en appelleraient de la décision. « Nous allons immédiatement reformuler l’acte d’accusation et déposer un appel », a déclaré le procureur Didik Djoko Ady après le procès. Il a dit que les juges auraient dû entendre la cause. « Les juges ont plutôt acquitté l’accusé et mis fin au procès », a dit Didik, ajoutant que son équipe compte retravailler les actes d’accusation et les renvoyer à la Cour.

Le mariage est devenu une affaire publique controversée, l’imam s’étant défendu en affirmant que le mariage était permis par sa religion.

Les militants pour la protection des femmes et des enfants ont condamné l’imam et exhorté la police à prendre des mesures contre Widianto pour avoir enfreint les lois sur la protection de l’enfance.

La directrice du Centre de ressources juridiques pour les droits de l’Homme, Eva Risan, a critiqué la cour pour son abandon des accusations. « C’est un mauvais précédent. La décision est entachée d’illégalité. Les juges ne sont pas voués au respect des lois sur la protection des enfants, » a déclaré Risan au Jakarta Post mardi soir.

Elle a déclaré que son organisation ainsi que d’autres organismes regroupés sous la Coalition pour la protection des femmes et des enfants dénonceraient les juges à la Cour suprême et à la Commission judiciaire de l’Indonésie.

Risan estime que les juges ont été mis sous pression du fait que Pujiono amenait toujours ses partisans aux audiences.