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 Georges Charpak, son oeuvre, son héritage

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OmbreBlanche

OmbreBlanche


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MessageSujet: Georges Charpak, son oeuvre, son héritage   Georges Charpak, son oeuvre, son héritage Empty30/9/2010, 14:34

En décrivant l'invention qui lui valut le prix Nobel de physique, bricolée "à l'économie" selon lui, Georges Charpak lâchait en riant : "Le scotch a joué un rôle capital dans la physique des hautes énergies".

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"NOUS MILITONS POUR LE DOUTE, LE SCEPTICISME, LA CURIOSITÉ ET LA SCIENCE"

Le physicien n'avait pas sa langue dans sa poche pour critiquer vertement les "pseudo-sciences". En 2004, il publiait Devenez sorciers, devenez savants (Odile Jacob) où il expliquait alors : "Nous espérons seulement, en proposant quelques expériences de sorcellerie banales, montrer comment un certain nombre de sorciers modernes abusent le pauvre monde !".

Georges Charpak défendait les fondamentaux de la démarche scientifique, qu'il entendait rendre accessible à tous, à condition qu'elle soit rigoureuse : "Nous militons (...) pour le doute, le scepticisme, la curiosité et la science", explique-t-il, critiquant notamment les argumentaires développés par certains antinucléaires. Le livre, riche d'explications simples et ludiques, remporte un franc succès. Il sera suivi en 2005 de Soyez savants, devenez prophètes, deuxième volet d'un véritable plaidoyer pour la connaissance.

Sources: Le Monde.fr

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OmbreBlanche

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MessageSujet: Re: Georges Charpak, son oeuvre, son héritage   Georges Charpak, son oeuvre, son héritage Empty30/9/2010, 14:57

«Au fond, j'étais un inventeur»

Georges Charpak, son oeuvre, son héritage 1114420

Ce sont les «Mémoires d'un déraciné, physicien et citoyen du monde» que le célèbre scientifique avait fait paraître dans un récent ouvrage aux éditions Odile Jacob.. Interview.

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Pourquoi ce livre ?
Pour témoigner. J'ai été un physicien avec une chouette vie. J'ai eu la chance de travailler au Cern, un endroit extraordinaire pour faire de la physique. Mais avant cela, il y a eu la déportation à Dachau. J'ai vu des choses horribles, indicibles. Surtout vers la fin, quand les Allemands traînaient des gens à l'état de cadavres ambulants dans l'intention de les faire brûler et de camoufler leurs crimes. Et moi, certains de ces cadavres, j'ai contribué à les enterrer. Mais mon organisme a rejeté ça. Comme si je n'avais jamais été déporté, en quelque sorte. Il a fallu que j'écrive le livre et que je voie les photographies que j'ai mises dedans pour revivre cette partie de ma vie. J'ai vu des choses, j'ai vu... j'ai vu...

Quelles conséquences cela a-t-il eu ?
Si je n'avais pas été arrêté, je pense que je serais devenu théoricien. J'avais un goût pour les mathématiques et j'étais assez doué pour entrer à 17 ans en mathématiques spéciales au lycée Saint-Louis. Et je voulais devenir scientifique, pour des raisons toujours incompréhensibles pour moi. Mais quand je suis revenu de déportation, je n'ai pas eu le courage de retourner passer des concours pour tenter l'entrée à Polytechnique. Alors que les polytechniciens les plus doués pouvaient tous aller en Amérique ou en Angleterre pour apprendre de la physique. Avant mon arrestation, en mai 1943, j'avais été reçu à l'Ecole des mines. Alors, j'y suis entré. Cela a été mon erreur.

Une erreur ?
Une erreur absolue j'étais totalement non doué pour être mineur. Il faut être petit, marcher à quatre pattes, et après ça, il faut deux heures pour se déplier. C'est l'horreur. Alors, je suis rentré dans la section métallurgie parce que là, on pouvait redresser le dos. Et que, ma foi, c'est très beau, un four Messmer avec l'acier qui coule dedans. J'ai donc passé deux ans et demi à essayer de devenir ingénieur. En parallèle, je me suis mis à faire de la physique, seul, en lisant les livres. Un jour, j'ai lu un ouvrage américain sur la relativité, et j'en ai pleuré. La relativité, c'est un autre monde ! Un monde intéressant.
J'ai passé une licence - médiocre, juste pour que le nez sorte de l'eau -, ce qui m'a permis d'entrer au CNRS dans le laboratoire de Joliot (1) au Collège de France pour passer ma thèse. J'étais décidé à devenir un scientifique, pas un ingénieur. J'ai travaillé avec acharnement, je me suis inscrit à des écoles théoriques pour apprendre.

Vous voilà enfin devenu un scientifique ?
Chez Joliot, on faisait de la physique nucléaire, mais moi, cela ne m'intéressait pas. Je préférais étudier le monde des particules. On en trouvait dans les rayons cosmiques avec des comportements bizarres, des particules qui avaient la masse du proton, une vie trop longue... On trouvait des animaux exotiques, là. Et comme je suis peut-être quelqu'un de puéril qui aime l'exotisme, instinctivement, j'ai su que c'était ce que je voulais. Et puis j'ai inventé un détecteur. Au fond, j'étais un inventeur. Cela n'intéressait pas Joliot mais il trouvait que ce n'était pas mal et il ne m'a pas du tout découragé. En 1958, j'ai présenté mon détecteur à un congrès, le grand «festival» des chambres à bulles inventées six ans plus tôt par Donald Arthur Glaser. Je ne me suis pas dégonflé. J'ai eu le culot d'annoncer «a new particle detector». C'est là que Lederman est venu me voir et m'a dit : «Je vais monter un groupe, est-ce que tu viendrais pour un an avec moi au Cern ?» Je lui ai sauté au cou.

Le physicien américain Leon Lederman, prix Nobel en 1988, était déjà célèbre ?
Il avait déjà frisé le prix Nobel avec Richard Garwin pour avoir découvert la violation de la parité du muon et du pion (1). Grâce à la polarisation des électrons et des muons, ils arrivaient à faire des expériences de physique du solide extraordinaires. Et ça faisait leur gloire. Lederman m'a donc invité à venir au Cern. Et là, c'était le paradis. Le paradis en tranches. On travaillait jour et nuit, on rencontrait les types les plus forts du monde. J'ai fait trois ans de physique des particules. Et à un moment donné, grâce à la culture que j'avais acquise avec ma thèse - ça, c'est très important - je me suis lancé dans les compteurs proportionnels et j'ai fait la première chambre à fils. Elle a marché tout de suite, alors que j'avais des concurrents célèbres, à Berkeley ou ailleurs... Eux barbotaient. Moi, ça n'a pas barboté, je savais exactement ce qu'il fallait faire.

Vous avez participé au grand bouleversement de la physique des particules...
Avant, il y avait un adorable proton, le neutron, l'électron, l'atome et des lois d'interaction... la physique était simple. Avec ça, on reconstituait tout ce qu'on voyait dans les étoiles, dans la physique nucléaire, les 92 espèces stables d'atomes et ceux qui étaient instables - peut-être un millier d'atomes. Les travaux menés au Cern ont débouché sur le «modèle standard» : on a maintenant une famille de douze particules, avec leurs antiparticules - donc un antimonde -, et avec ça, vous expliquez tout l'Univers.
Il devrait y avoir un monument qui représente ces douze particules, leurs antiparticules et les particules d'interaction. Je voudrais que les citoyens français sachent ce que c'est que le «nouvel atome». C'est pour cela que, dans mon livre, et grâce au travail remarquable de François Vannucci, j'explique de façon détaillée la découverte de ces particules qui ont joué un rôle essentiel.

Dans le livre, le lecteur découvre également que vous avez failli être cinéaste...
J'étais amoureux fou du Dr Folamour. Alors, j'ai écrit un scénario dans lequel un général français, dont la fille est par ailleurs amoureuse d'un prêtre-ouvrier, pense que c'est complètement débile de développer le stock d'armes nucléaires. Il veut profiter de sa position pour faucher cinq têtes nucléaires et faire chanter tout ce beau monde pour qu'il désarme - pas totalement, mais qu'il désarme. Qu'il ne se laisse pas entraîner dans la spirale. Mais face au danger, la CIA et le KGB, qui se livrent une guerre sans merci, collaborent. L'avion du général est abattu. J'ai donc écrit ça et je n'ai pas résisté au plaisir d'essayer de le vendre à Hollywood - un endroit intéressant pour passer 15 jours et où les Américains m'ont très bien accueilli. Ils m'ont dit : «Restez un an avec nous, vous n'avez écrit que 30 pages, vous allez écrire le reste.» J'ai répondu «salut les copains», je suis retourné à ma physique. En France, le général Buis a été assez emballé par l'histoire. Il a essayé de la vendre à la Gaumont, sans succès là encore. Je n'ai pas été cinéaste. Mais ça m'aurait amusé de m'attaquer aux problèmes sérieux en utilisant la comédie, le rire...

Y a-t-il eu un déclencheur à cette détermination de s'opposer au développement des armes nucléaires ?
Absolument. J'ai toujours été pour l'énergie nucléaire civile. Elle existe et on ne va pas la «désinventer». Ce qu'il faut, c'est la contrôler. Et j'ai fait la connaissance de Richard Garwin, qui a mis au point la première bombe H aux Etats-Unis. Ce type est un génie. Il m'a souvent invité à venir dans des réunions où il y avait les plus grandes personnalités dans le domaine des armements et du pouvoir. C'est là que j'ai vu la plus belle collection de cinglés que j'ai rencontrés dans ma vie...

Vous plaidez pour un désarmement nucléaire mondial...
D'anciens hauts responsables américains, dont Henry Kissinger et William Perry, ex-secrétaire d'Etat à la défense, ont publié un texte début 2007 (1) pour dire qu'il faut se débarrasser le plus vite possible des armes nucléaires. Et que s'ils ne confiaient pas les armes à un organisme de contrôle, on ne sortirait jamais de la domination des militaires. Il faut que les Américains donnent l'exemple, parce que ce sont eux qui possèdent le plus d'armes. Ce n'est pas moi qui peut convaincre les généraux américains, ni même les généraux français. J'ai quand même fait passer des publications à des ministres - ils ont dit que c'était intéressant, juste au moment où nous mettions à l'eau notre dernier porte-avions, un gadget à trois milliards que vous pouvez mettre au rebut tout de suite. C'est inutile.

Et la France, que doit-elle faire ?
Les Français, tout seuls, ne feront rien. Mais si les Américains se lancent, ils auront du mal à dire «ce sont leurs oignons, nous on est contre». Il va donc falloir convaincre les Américains et les Russes, tous les gens qui sont à l'ONU, que dans ce monde globalisé, il faut faire vivre cet organisme international de contrôle responsable de tous les matériaux militaires nucléaires, tous sans exception. On libérerait une quantité de ressources économiques colossale. Finis les petits sous-marins et autres bidules qui peuvent vous envoyer des dizaines de têtes nucléaires sur des villes ! A quoi allez-vous aboutir avec ça ? A rien ! Ce message, c'est aussi l'une des raisons d'être de mon livre. La dernière partie qui y est consacrée, je l'ai écrite avec Richard Garwin.

L'homme politique que vous admirez le plus est Nelson Mandela...
On ne peut que l'admirer. Mandela, c'est la non-violence, la réponse non violente à une situation exécrable, chose qu'on n'a pas faite en Europe. J'ai un mépris total pour ceux qui ont fait la Première Guerre mondiale, ces grands généraux qui étaient tous des minables. J'ai beaucoup de mépris pour eux et j'ai une grande admiration pour des gens comme Einstein, qui a été capable de s'opposer au militarisme du Kaiser alors qu'il était membre de l'Académie des sciences de Prusse.

Est-ce que le Nobel a vraiment changé quelque chose pour vous ?
Quand je l'ai eu, on m'a demandé de faire partie du jury qui élit miss France. C'est dire si, socialement, j'avais changé de catégorie... Mais je n'ai pas accepté.

Votre seul regret, en fait, c'est de ne pas savoir chanter !
Oui. Quand j'étais prisonnier, à Noël, les SS nous avaient laissés tranquilles. Alors, j'avais organisé la chorale. J'avais été dans des auberges de jeunesse et je connaissais des tas de chants mais je chantais faux. Alors, avec l'aide de gars, qui chantaient des chansons minables mais qui avaient une voix parfaite... on a fait la chorale. On a chanté. C'était très chouette.

Sources: Sciences et Avenir.fr
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