Les codes ultra-secrets qui permettent au président des États-Unis de déclencher une frappe nucléaire ont disparu pendant "des mois" alors que le président Bill Clinton était à la Maison-Blanche, écrit dans ses mémoires son ancien chef d'état-major. Connus sous l'appellation familière du "biscuit", les codes permettant l'usage de l'arme nucléaire sont supposés être en permanence à la disposition du président et sont placés sous la responsabilité d'un de ses collaborateurs.
"À un moment, sous l'administration Clinton - et à ce jour, à ma connaissance, ceci n'a jamais été révélé -, les codes ont disparu pendant des mois", écrit le général à la retraite Hugh Shelton, dans ses mémoires qui viennent de paraître sous le titre Without Hesitation : The Odyssey of an American Warrior (Sans hésitation : l'odyssée d'un guerrier américain). L'aide du président chargé de garder le "biscuit" - qui se présente comme une carte digitale - l'a égaré en 2000, raconte le général, ex-chef de l'état-major interarmes.
Quand un responsable du Pentagone est venu le voir un jour à la Maison-Blanche pour la confirmation des codes - une procédure de routine qui se déroule tous les mois -, l'aide en question l'a congédié en lui assurant que le président Clinton les avait en sa possession et qu'il était occupé par une réunion urgente. "Ce petit jeu s'est poursuivi, sans que le président Clinton en soit informé, j'en suis sûr", poursuit le général, jusqu'au moment où il fallut remplacer les codes par un nouveau jeu, ce qui est fait tous les quatre mois.
"Vous n'allez pas le croire !"
"À ce moment-là, nous avons découvert que l'aide n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvaient les anciens codes, parce qu'ils avaient disparu depuis des mois", révèle le général dans son livre. "Le président ne les avait jamais eus, mais il pensait, j'en suis certain, que son aide les avait avec lui, ainsi qu'il était prévu", ajoute le général. Le désastre découvert, le général Shelton s'est rué dans le bureau du secrétaire d'État à la Défense de l'époque, William Cohen, en lui lançant : "Vous n'allez pas le croire !"
Les procédures ont été modifiées après l'incident, et la crainte de voir l'affaire révélée à la une de la presse ne s'est jamais matérialisée. L'épisode démontre, aux yeux du général, qu'aucun système n'est à l'abri d'une erreur humaine : "Vous pouvez faire tout ce que vous voulez et croire que votre système est infaillible, quelqu'un trouvera toujours le moyen de le faire foirer d'une manière ou d'une autre."
Un autre livre, publié plusieurs années auparavant, racontait un incident similaire, mais le datait de 1998 et du jour qui suivit la révélation du scandale Monica Lewinsky. Son auteur, le lieutenant-colonel à la retraite Robert Patterson, assurait que Bill Clinton, et non son aide, avait perdu les codes.