Le philosophe Jacques Rozenberg n'appréciait guère la circoncision ; il nous écrit :
"Le peuple juif dérange et effraye car il représente l’Autre. Cette équivalence désigne précisément le lien thématique qui relie le mythe et la psychopathologie, eux-mêmes constituant des épiphénomènes d’une double crise d’identité sexuelle et culturelle. Cette équivalence provoque dans les deux cas une fantasmagorie portant, d’une part sur la différence anatomique, perceptible aussi bien chez la femme que chez le Juif circoncis, et d’autre part sur un attachement à la matérialité naturelle et charnelle qu’ils incarnent pareillement."
La bévue de l'illustre philosophe, selon laquelle le juif circoncis incarnerait, comme la femme, le naturel, signe avec éclat que la circoncision, et l'Autre, ont la peau dure, comme celle du gland circoncis bien sûr
On comprend néanmoins ce qu'il veut décrire, à savoir l'effroi provoqué par le premier regard porté sur la différence physiologique radicale, effroi causé par l'idée de la castration ou de la mutilation sexuelle, la différence du handicap irrémédiable, d'autant plus angoissant que portant sur l'organe du plaisir. Qu'une telle différence puisse engendrer le sexisme et le racisme relève de la banalité quotidienne à laquelle chacun de nous doit faire face.
Mais la bévue de Rozenberg ne doit pas seulement prêter à sourire. Elle montre à quel point le juif circoncis est victime, et bien davantage qu'Abraham ne l'a été puisqu'il s'est circoncis volontairement à l'âge adulte, de la castration du huitième jour. Cette infirmité atteint le circoncis au plus profond de lui-même, provoquant des troubles de nature totalement inconsciente.
Le lapsus de Rozenberg nous donne cependant un immense espoir : sortir de la barbarie planétaire par l'abolition des mutilations sexuelles.