Rites des parents contre droits de l'enfant ; la circoncision, délit ou crime ?

(en partant du point de vue d'un juge pour enfants)


Article publié par la presse internet américaine :
http://www.salem-news.com/articles/august072011/anti-circ-hs.php

"La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui."

Article 4 de la déclaration de droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789)



"La circoncision est une torture."

Déclaration unanime du premier symposium de NOCIRC (1989)


Cet article a été écrit pour soutenir les défenseurs des enfants promouvant le vote de novembre 2011 décrétant la circoncision un délit à San Francisco. En apprenant la décision de rejeter ce vote de la Juge Georgi, nous n'y avons pas changé une ligne mais nous devons dire que si cette décision est maintenue, San Francisco, les USA et le monde entier perdront beaucoup plus que la perte due à la circoncision.


Jean-Pierre Rosenczveig est président du tribunal pour enfants de Bobigny. Nous introduirons notre matière en citant entièrement un article de son blog sur Lemonde.fr[1] :


"Excision, circoncision, le pouvoir des hommes sur l'enfant


"En vérité, la circoncision ne répond pas aux besoins de l'enfant…"

A en croire le dernier rapport de l’UNICEF « plus de 70 millions de filles et de femmes ont subi des mutilations génitales dans 28 pays d'Afrique, plus le Yémen ». Bien évidemment il faut prendre ce chiffre pour un ordre de grandeur, comme le révélateur de l‘ampleur d’une pratique qui perdure malgré les résistances qui se font jour, non seulement dans les pays dits occidentaux, mais également en Afrique. En majorité, sinon unanimement, les Etats, la condamne désormais.

Pour autant elle a la vie dure. Régulièrement certains lui donnent une légitimité religieuse. Le Coran là encore à bon dos. Fort heureusement une autre lecture des textes s’impose qui n’autorise pas l’excision.

Pour la communauté internationale ce n’est pas la religion qui doit faire la loi, mais les normes juridiques adoptées en commun.

En l’espèce la Convention internationale sur les droits de l’enfant du 20 novembre 1989 interdit, avec le langage diplomatique qui s’imposait malheureusement, les atteintes à l’intégrité physique d’un enfant qui ne soient pas justifiées par des raisons médicales.

« Article 24-3. Les Etats parties prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d'abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants. »

Et force est de reconnaître que l’imagination humaine est fertile pour asseoir la domination des hommes sur les femmes, des adultes sur les enfants ou du groupe sur l’individu. On étire le cou, on compresse les pieds, on introduit des choses dans le vagin, on excise ou on circoncit, etc. Bref, on marque profondément ou d’une manière indélébile le corps de l’autre pour bien montrer qu’il ne lui appartient pas.

L’excision est une véritable amputation de la femme avec le souci de l’empêcher de jouir, ce plaisir devant être réservé à l’homme. Et c’est réussi. Les femmes qui ont vécu cette atteinte criminelle la supportent de moins en moins et dénoncent cette agression. Mieux, elles entendent retrouver leur intégrité corporelle et fort heureusement la technique médicale le leur permet comme le montrait remarquablement un reportage diffusé hier dans le journal de France 2. Il faut s’en réjouir pour elles.

Reste que ce n’est pas une mince affaire pour chacune notamment sur le plan psychologique sinon physique que de suivre ce parcours pour retrouver leur plénitude; d’autant qu’il leur faut déjà affronter leur famille. Elles font souvent le choix de ne rien lui dire de cette reconstruction. Viendra surement le temps où elles oseront mener le combat ouvertement. On doit le souhaiter.

En tout cas la génération précédente a su se rebeller et porter plainte pour les violences subies ou demander de l’aide pour éviter d’être excisées.

La justice française a su les aider dans les années 90 à travers des procès symboliques à fort retentissement médiatiques tant ici qu’en Afrique. Des exciseuses ont été condamnées, des parents parfois, à des peines tournant autour de 5-6 ans de prison dont une partie ferme.

Ces procès d’assises, par l’écho donné aux débats et aux condamnations, ont surement contribué à affirmer l’interdit. Bien évidement ils n’ont pas suffit à eux seuls à empêcher de nouveaux passages à l’acte, mais ils s’imposaient. Ils ont relayé la résistance en Afrique et contribué à notablement éradiquer le phénomène en France.

Il est souhaitable que ceux qui pratiquent ce crime à l’étranger, le laissent faire sinon y incitent soient punis en France comme c’est le cas en matière de violences sexuelles, qu’ils soient français ou étrangers. L’ordre public français et l’ordre public international l’exige plus que jamais au nom des droits humains.

A destination de ceux qui pourraient pu être choqués que j’ai inclus la circoncision dans la liste des mutilations sexuelles condamnables je préciserai que je n’ignore pas que les conséquences sur le plan de la sexualité sont d’évidence différentes. De même il est acquis que la circoncision a pu s’imposer dans le passé ou peut encore être nécessaire pour des raisons médicales, mais pour la majorité des cas désormais il n’en est rien : hors ces rares cas justifiés par la Faculté, elle répond au souci des parents de «marquer» religieusement leur enfant. En vérité, elle ne répond pas aux besoins de l’enfant, mais à l’intérêt bien compris des adultes et ce point de vue entre dans l’épure prévue par la Convention internationale sur les droits de l’enfant.

Il serait temps d’avoir un débat public sur ce sujet pour ne pas balayer que devant la porte des autres."


La pétition de San Francisco

Le vote qui devrait avoir lieu en novembre 2011 à San Francisco est la première occasion historique de donner à ce débat une importante couverture médiatique. Cependant, nous devons souligner que l'usage des conventions internationales par le juge Rosenczveig a été très parcimonieux. En effet, il aurait pu recourir aux accords internationaux suivants :

- Déclaration universelle des droits de l'homme de l'Organisation des Nations Unies (10 décembre 1948) :

"Article premier : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits."

"Article 5 : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants."

- Déclaration universelle des droits de l'enfant de l'Organisation des Nations Unies (20 novembre 1959) :

"Principe 9 : L'enfant doit être protégé contre toute forme de négligence, de cruauté et d'exploitation."

"Principe 10 : L'enfant doit être protégé contre les pratiques qui peuvent pousser à la discrimination raciale, à la discrimination religieuse ou à toute autre forme de discrimination."

- Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant (20 novembre 1989, ratifiée par la France et entrée en vigueur le 6.09.90):

"Article 14-1 : Les états signataires respecteront le droit de l'enfant à la liberté… de religion."

"Article 19 : Les états signataires prendront toutes mesures législatives, administratives, sociales et éducationnelles pour protéger l'enfant contre toute forme de violence physique ou mentale... "

Et puisque, culturellement parlant, les mutilations sexuelles sont une forme particulièrement cruelle de bizutage, l'article 225-14 du code pénal doit s'y appliquer :

"Le fait de soumettre une personne, dont la vulnérabilité ou l'état de dépendance sont apparents ou connus de l'auteur, à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 150 000 Euros d'amende."

Article 225-15 : "Les infractions définies (à l') article 225-14..., lorsqu'elles sont commises à l'égard d'un mineur..., sont punies de sept ans d'emprisonnement et de 200 000 Euros d'amende."

Le premier Symposium international sur la circoncision (1989) a déclaré à l'unanimité que la mutilation sexuelle des enfants est une torture. Et, en introduisant le passage concernant l'excision et la circoncision de son livre : "La connaissance interdite - Faire face aux blessures de l'enfance"[i], Alice Miller a suggéré que les mutilations sexuelles sont le plus grand crime contre l'humanité :

"… la société… a dit oui jusqu'à présent aux plus grands crimes de l'humanité."

L'académie de médecine a confirmé en intitulant son colloque du 10 juin 2004 : "LES MUTILATIONS SEXUELLES, UN AUTRE CRIME CONTRE L'HUMANITE". A la fin de ce colloque, refusant, comme le juge Rosenczveig, de faire une discrimination de genre, j'ai déclaré :

"L'excision est un crime contre l'humanité, la circoncision aussi est un crime contre l'humanité."

Personne n'a objecté.

Cependant, un grand principe de la loi pénale doit être rappelé : il n'y a pas de crime ou de délit commis sans intention de nuire, ce qui est évidemment le cas. En conséquence, appliquer la loi pénale aux mutilations sexuelles est impossible. Une loi spéciale doit être édictée, avec beaucoup de publicité de façon que les transgresseurs puissent être poursuivis.


L'initiative de M Schoffield à San Francisco est donc modeste mais, "pour ne pas balayer que devant la porte des autres", l'auteur de cet article, lui-même victime d'abus sexuel dans son enfance, rappelle que la rétraction forcée du prépuce est une violence inadmissible qui doit aussi être réprimée, comme le gavage alimentaire, les claques et les fessées.

Ceux, parmi lesquels des médecins, qui pensent que la circoncision ne serait pas une mutilation, doivent apprendre que le prépuce, comme le clitoris, est l'organe spécifique de la manusexualité, qui est la sexualité de l'enfant mais pas seulement de l'enfant mais aussi des adolescents, des célibataires et des veufs. C'est pourquoi la circoncision est aussi criminelle que l'excision.

Cependant, nous avons démontré que les mutilations sexuelles, et surtout la circoncision, parce qu'elle frappe les hommes qui détiennent le pouvoir, sont un acte terriblement malsain avec de redoutables conséquences cachées : le racisme et la violence :

- "Excision, circoncision, entre barbarie et exclusion"

http://sigismond.multiply.com/journal/item/78/Excision_circoncision_entre_barbarie_et_exclusion

- "Génocide, guerre, peine de mort, excision, viol et circoncision"

http://circabolition.multiply.com/journal/item/360/360


La plus grave conséquence de la circoncision est la corrélation élevée entre génocide et circoncision :

Sur les douze génocides des temps modernes : Congolais, Héréros, Arméniens, Juifs, Tziganes, Biafraes, Bengalis, Tutsis, Hutus, Kurdes, Bosniens, habitants du Darfour, onze, ont impliqué des circoncis d'un côté au moins et trois des deux côtés. Les circoncis en ont perpétré six.

La psychanalyse explique très simplement ce phénomène. En effet, l'affirmation ci-dessus d'Alice Miller est fondée sur la découverte de Freud des processus inconscients qui mènent à la folie. Pour l'inconscient, le tout est équivalent à la partie, la circoncision à une menace de castration, et une menace de castration à une menace de mort. Cela est vrai pour l'individu mais, sur le plan collectif, la circoncision est inconsciemment équivalente à une menace d'extermination.

C'est pourquoi il est nécessaire de déclarer les mutilations un crime grave, indépendamment du sexe. En conséquence, le vote de San Francisco est un grand challenge et même le début d'un nouveau départ pour l'humanité. Ce n'est que lorsque les médias auront diffusé publiquement : (1) la grave atteinte de la circoncision contre la liberté individuelle, (2) ses méfaits physiques, sexologiques et psychologiques, et (3) ses abominables conséquences sociétales, qu'il sera possible de mettre fin à la barbarie primitive de la criminalité pédo-sexuelle des sacrifices humains de parties sexuelles des enfants. Le psychanalyste souligne les méfaits psychologiques particuliers de la circoncision résultant du fait que les parents en sont responsables, ce qui n'arrive dans aucune autre société animale et fait de l'humanité l'espèce la plus inhumaine de la création. En effet, blesser ses propres enfants est le crime le plus impensable, un crime qui fait entrer la trahison dans les relations les plus sacrées.


ARTICLES LIES :

- "Reyes et Zagdanski dénoncent le racisme de la circoncision"

http://sigismond.multiply.com/journal/item/102/102

- "La psychanalyse et le massacre de juillet 2011 à Oslo"

http://sigismond.multiply.com/journal/item/292/292

- "Tu ne circonciras pas.", le Deuxième Commandement abolit la circoncision"

http://circabolition.multiply.com/journal/item/62/62




[1] Rosenczveig J.-P. Excision, circoncision, le pouvoir des hommes sur l'enfant. 2009.

http://jprosen.blog.lemonde.fr/category/circoncision/

[2] Miller A. La connaissance interdite – Faire face aux blessures de l'enfance. Paris : Aubier ; 1990.

tout à fait d'accord
en aucune circonstance une religion ne peut être l'excuse de quoique ce soit, sinon c'est la porte ouverte au "n'importe quoi"
on est un pays laïc où quoi ?
plutôt que d'attendre si san-francisco va voter une loi, pourquoi on voterait pas ça en france ?
est-ce que la question a déjà été posée ?
2012 serait une bonne occasion de soulever le débat (vu l'ambiance anti musulmane actuelle il est certain que nos démagogues favoris seraient tentés par le challenge d'ajouter ça dans leur programme)

Ungern a écrit:

C'est des faux problèmes de l'église catholique encore .

Ne me dites pas qu'enc..... un gosse circonçis ou pas,il y a une différence ...
Se faire enc... par un gosse circonçis ou pas,je dis pas ,faut voir,mais je crois pas ...

ça n'élève pas le débat !

jam a écrit:

ça n'élève pas le débat !

Non, ça l'introduit.
(Enfin, façon Ungern... )

La question est pourtant simple: faut-il oui ou non discuter avec des malades mentaux ?

Peut être que je l'ai exprimé différement .

C'est la loi du "Show",et je m'en excuse si ça déplait .

Ungern a écrit:

La question est pourtant simple: faut-il oui ou non discuter avec des malades mentaux ?
Peut être que je l'ai exprimé différement .
C'est la loi du "Show",et je m'en excuse si ça déplait .

Bonjour Ungern !

Citation :

"...et je m'en excuse si ça déplait."

J'espère que ce n'est pas à moi que tu penses malgré le ton taquin de mon message de 19:12.

Les seuls qui pourraient être choqués ce sont ceux qui ne comprendraient pas le recours réitéré à "enc...." et autres évocations à la sodomie surtout d'enfants et, en plus, dans des discussions qui sont parfaitement étrangères à ces comportements déviants, pervers et très à la mode parmi ces derniers.

C'est peut-être une des raisons qui éloigne tant de nouveaux inscrits qui n'osent même pas poster un premier message ?

En tout cas je comprendrais que Sigis, un intervenant historique de LP puisse, lui, en prendre ombrage, quelle que soit l'importance qu'il donne à des choses qui laissent indifférents la plupart d'entre nous, mais qu'il nous fait la confiance et l'amitié de nous confier par l'entremise de LP.