Napoléon face à l'Histoire : un grand homme ou pas ? Faire l'apologie d'un personnage historique est aussi absurde que de le dénigrer à outrance. Dans les deux cas, cela revient à sacrifier au culte de la personnalité. C'est mal poser le problème dès le départ en condamnant le "grand homme" à dépasser l'histoire au lieu de l'y intégrer pour mieux le comprendre.
Face à Napoléon, le bon historien s'interroge.
La grande ambition napoléonienne, qui était d'édifier un grand empire européen et fonder une nouvelle dynastie a échoué. Les poètes y voient là un symbole prométhéen : puni pour son audace, cloué sur le rocher de Sainte-Hélène. Il est le symbole du génie aux prises avec la fatalité.
Les historiens, eux, préfèrent essayer de comprendre le personnage de manière plus rationnelle en tentant de trouver un fil conducteur dans la complexité des
faits.
Hormis la rupture que constitue le 18 brumaire et la légende consulaire, il existe incontestablement une unité qui soude l'époque napoléonienne et la période révolutionnaire.
Bonaparte doit son destin prodigieux à la Révolution. C'est elle qui lui ouvre les portes de sa carrière.
Si d'autre part, il put imposer à une France républicaine son régime autoritaire c'est pour contrer, aussi longtemps que cela aurait pu être nécessaire, les partisans de l'Ancien Régime alliés aux monarchies européennes qui craignaient la "contagion révolutionnaire".
Bonaparte s'est imposé comme chef naturel des Français parce qu'il a été d'abord et avant tout, le continuateur de la Constituante de 1789, parce qu'il a parachevé la Constitution de 1791, auxquelles ses victoires ont donné du relief et ont permis que cette œuvre s'implante durablement et définitivement dans le paysage politique, social et administratif français jusqu'à nos jours.
En cela, on peut affirmer que Napoléon fait partie des "grands hommes" de la France.