Les Cohortes Célestes ont le devoir et le regret de vous informer que Libres Propos est entré en sommeil. Ce forum convivial et sympathique reste uniquement accessible en lecture seule. Prenez plaisir à le consulter.
Merci de votre compréhension. |
|
| Série accidents: les bons vivants | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: Série accidents: les bons vivants 26/3/2012, 21:31 | |
| Ailleurs, dans un autre fil, on avait demandé quel était le profil type de l'assassin et j'avais répondu, cynique, l'«automobile».
C'est pas vraiment à côté de la plaque si on y pense bien. L'automobile tue plus de bons citoyens innocents que tous les terroristes de la terre, talibans, IRA, Al Qaeda, ETA tous et plus encore confondus qui font trembler le quidam lambda mais jouir l'investisseur au portefeuille diversifié.
Comme quoi on dort au gaz... à la pédale des gaz! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 26/3/2012, 21:38 | |
| Série accidents: les bons vivants Pierre Foglia La PresseJosée et Jacques et leurs deux garçons, Alexandre, 9 ans, et Antoine, 4 ans, partent de Pointe-aux-Trembles pour aller souper chez grand-papa à Pike-River, pas loin de Venise-en-Québec. Entre Henryville et Saint-Sébastien, sur la 133, un VUS conduit par un jeune homme de 18 ans qui roule à 180 km/h dans la voie de gauche les percute de plein fouet. Il pleuvait à verse. Le jeune conducteur, qui venait de dépasser trois voitures, n'a pas eu le temps de se rabattre. Il faudra une heure et demie aux pompiers pour désincarcérer les enfants, qui sont miraculeusement saufs, enfin à peu près: le plus grand a la rate éclatée et le crâne ouvert. Il faudra trois heures pour sortir les cadavres des parents.- Spoiler:
Ceci est le premier papier d'une série douloureuse qui ne devait pas commencer comme ça, qui ne voulait pas s'en aller tout de suite dans la ferraille tordue, les rates éclatées, les crânes ouverts.
Mais je vous connais, vous êtes pressés, vous aussi. Si je ne vous dis pas tout de suite de quoi il s'agit, vous allez me houspiller: allez, le journaliste, aboutis. On n'a pas que ça à faire, lire le journal. Vous ne vivez peut-être pas à 180 km/heure, mais c'est sûr que vous êtes, vous aussi, dans la hâte des choses, même le samedi matin. On en est tous là, remarquez; finalement, notre modernité se résume souvent à deux petits mots: dépêche-toi. Et après ça, on essaie de leur dire de ne pas aller vite.
O.K., je vais me dépêcher. Deux adolescents, 16 et 17 ans, ont perdu la vie dimanche soir à Saint-Wenceslas quand, pour une raison inconnue, leur voiture s'est retrouvée dans la voie inverse, où elle est entrée en collision frontale avec un autre véhicule. Selon la police, l'alcool pourrait être en cause dans cet accident.
À Saint-Sulpice, deux jeunes qui faisaient la course sur la 138 en plein coeur du village ont tué une dame qui se promenait à vélo.
Dans un rang près du village de L'Avenir, un étudiant de l'Université de Sherbrooke en visite chez ses parents a été heurté de plein fouet par un chauffard ivre. Il est mort le cou cassé. Il avait 21 ans.
À la télé, les amis des petits cons qui étaient soûls ou non, qui avaient pris de l'ecstasy ou pas, qui textaient leur blonde ou non, mais qui dans tous les cas roulaient très très très vite, les amis du petit con diront: c'était un bon gars. Les parents renchériront: il travaillait bien à l'école, on n'avait pas de misère avec. Et souvent, en épilogue, l'involontaire plaisanterie: c'était un bon vivant.
Je vous parle là d'accidents anciens, le petit rond qu'ils ont fait dans l'actualité s'est refermé aussitôt, sauf pour les proches des victimes, souvent marqués pour la vie.
Anik: Le type qui a tué mon frère dans le parc des Laurentides en faisant un dépassement interdit dans un virage avait une bière entre les cuisses. Mon père en a fait un infarctus, il est mort 18 mois plus tard. Ma mère s'est mise à boire, elle a bu jusqu'à sa mort. Moi, je devais aller étudier en France, ça ne s'est pas fait comme plein d'autres choses qui ne se sont pas faites non plus. C'est toute une famille que ce type a tuée. Il a eu six mois de prison.
Caroline: J'ai 12 ans, c'est la Saint-Jean. Ma soeur Josée, qui en a 16, a eu la permission d'aller aux feux. Mes parents m'ont réveillée à trois heures du matin, ils filaient à l'hôpital. Je les ai attendus toute la nuit sur la chaise berçante de la cuisine dans un silence rendu sinistre par l'horloge qui faisait tic-tac. Quand mes parents sont revenus, ils n'ont pas eu besoin de me dire que Josée était morte. Le gars qui l'a fauchée sur le trottoir et s'est enfui a été condamné à 42 week-ends de prison. Pas 42 mois. 42 week-ends.
Ceci est le premier papier d'une série douloureuse qui, pour l'essentiel, dira qu'il n'y pas que le petit con qui était bien vivant; Nancy Boisvert aussi. Elle avait 32 ans, elle a été tuée rue Notre-Dame à Lavaltrie quand son véhicule est entré en collision avec celui d'un jeune homme de 19 ans qui roulait à 180 km/h dans une zone de 70. Le jeune homme, qui avait perdu tous ses points d'inaptitude, conduisait sans permis. Nancy Boisvert, enceinte de cinq mois, était mère d'un petit garçon de trois ans qui n'était pas dans l'auto. Son mari, qui la suivait dans une seconde voiture, a assisté à l'accident.
Ceci est le premier papier d'une série douloureuse qui se complaira délibérément dans les détails superflus parce que ce sont les détails superflus qui disent la vie juste avant la ferraille tordue.
C'était un jeudi, normalement pas de sortie le jeudi, mais bon, elle avait si bien insisté... Et puis, c'était juste pour aller au Carrefour Laval avec son amie.
Je préparais le souper, raconte sa mère. Tu vas bien souper avant de sortir, quand même? Ah non, elle n'aurait pas le temps. L'autobus passait au coin à 18 h. Elle m'a dit: le pâté chinois d'hier fera l'affaire. Je n'en ai plus jamais refait.
Je me suis assise pour la regarder manger, à ce moment-là son amie a téléphoné, elle lui a répondu impatiemment, mais oui, mais oui, puis elle a raccroché et à moi: elle est fatigante!
Je lui ai fait mes recommandations comme d'habitude. Attention aux accidents!
M'man j'y vais en autobus!
Je l'ai embrassée, j'ai ajouté: tu sais, il y a même de la prostitution au Carrefour, ils en ont parlé à la télé. Je me ferais du cash elle m'a dit en m'envoyant la main. Elle avait 15 ans.
C'est en revenant, après que l'autobus l'eut déposée, en traversant la rue pour rentrer à la maison, qu'un jeune con, vroum, ne l'a pas vue, vroum, n'a pas freiné, on n'a jamais vraiment su.
À l'hôpital, presque en même temps qu'il nous a annoncé sa mort, le médecin a parlé de dispositions. Quelles dispositions? De quoi parlez-vous, docteur? Il a fini par dire on ne peut pas la garder longtemps. J'étais tellement fâchée. Vous avez besoin de la chambre, c'est ça? Pas de problème, faites-nous un petit paquet, on va la ramener à la maison. On la mettra dans sa chambre à elle, elle venait justement d'en faire le ménage après qu'on lui eut commandé vingt fois: fais ta chambre.
Plus tard, j'ai fouillé dans ses dessins pour en mettre un sur sa pierre tombale. Elle dessinait surtout des lapins et des petits bonhommes qu'elle appelait des pervers pépères. Je pouvais pas choisir un pervers pépère pour mettre sur sa tombe, j'ai choisi un lapin avec des oreilles d'âne. J'ai su plus tard par son amie qu'elle était tellement heureuse en revenant du Carrefour. Elle y avait rencontré ce garçon qui «était pogné sur elle», comme elle disait. Il lui avait donné son numéro. Elle s'appelait Élizabeth, mais on disait Zabeth.Nicole Deslauriers Boucanes
Gilles et Nicole sont allés passer ce vendredi 13 août (2010) chez des amis à Berthierville. Ils rentrent à Saint-Alphonse, où ils ont leur résidence d'été. Ils sont à mi-chemin quand Gilles, qui n'aime pas conduire, cède le volant à sa femme.
C'est arrivé peu après sur la route 158 qui porte à cet endroit le nom bucolique de «rang de la Petite Chaloupe». Nicole n'a gardé aucun souvenir de l'accident lui-même. Elle ne voit pas d'auto qui lui fonce dessus, ne se souvient d'aucun choc, ne se souvient pas d'avoir crié, elle voit seulement une lumière qui l'aveugle: la lampe d'un policier. J'ai aussitôt regardé vers le siège du passager: mon mari avait l'air de dormir.
Je n'avais mal nulle part. J'étais sûre de n'avoir rien. Je parlais normalement. J'ai donné, de mémoire, le numéro de téléphone de mon frère. À l'hôpital, à Joliette, j'ai demandé où était mon mari. Il est dans une chambre voisine, m'a-t-on répondu sans me préciser qu'il était mort.
On m'a annoncé qu'on allait me transférer à Sacré-Coeur à Montréal. Je ne comprenais pas pourquoi puisque j'avais rien... En fait, j'avais deux vertèbres du cou brisées, sans compter des petites choses, fracture du sternum, poignet gauche cassé, le fémur de la jambe gauche cassé, la rotule, la cheville, le talon...
C'était à la mi-août, je suis sortie de l'hôpital en octobre pour entrer au centre Gingras, l'institut de réadaptation de Montréal où j'ai été confinée jusqu'à la mi-janvier et où j'ai été magnifiquement soignée. C'est grâce à ces gens merveilleux que je remarche aujourd'hui.
J'ai des plaques de fer et des vis partout, il y a plus de fer dans ma jambe gauche que dans une boîte à outils, je me suis battue avec une volonté que je ne me connaissais pas pour retrouver mon autonomie, j'ai été si occupée par ce combat que c'est seulement à ma sortie de l'Institut, quand je me suis retrouvée seule dans mon condo de Longueuil, quand la solitude et l'ennui me sont tombés dessus, c'est seulement à ce moment-là que j'ai pleuré mon mari. L'ennui, la solitude et ce cauchemar qui est revenu tous les soirs pendant des mois, un cauchemar d'essence, des gens voulaient me jeter dans un feu qu'ils alimentaient en versant de l'essence dessus.
Mon mari est au cimetière Côte-des-Neiges dans une urne en forme de pyramide parce qu'il capotait sur les pyramides; ça lui est venu en lisant Tintin, puis il est allé en Égypte... Mon urne à moi, que j'ai commandée au même artiste, M. Boire de Saint-Charles-de-Mandeville, mon urne à moi sera en forme de tour, parce que je suis debout et que c'est une sorte de miracle. Brisée. Vidée. Seule. Et debout.
L'accident tel qu'il lui a été raconté par la police: vous ne pouviez rien voir, madame. C'était dans une côte, l'auto qui s'en venait en face, une S2000 (Honda), allait très vite, elle venait d'en dépasser une autre quand elle a surgi en haut de la côte où vous arriviez en sens inverse. Elle vous a frappée avant que vous ne l'ayez vue.
Les deux jeunes, 17 et 23 ans qui étaient à bord de la S2000 ont été tués dans l'accident. Quelques semaines auparavant, le plus jeune des deux avait reçu une contravention de 650$ pour excès de vitesse à peu près au même endroit.
Sur Facebook, la soeur de l'un des deux a invité les amis de son frère à venir faire crisser leurs pneus sur l'asphalte, un show de boucane, après les obsèques. Une de ses amies a approuvé avec enthousiasme: quelle bonne idée, la police va capoter.
On m'a gardé des copies de ces courriels, note Nicole d'une voix indifférente. On n'y trouve aucune mention de la mort de mon mari. Pas un regret. Pas un salut. Rien. Quand je suis rentrée à la maison, j'avais quand même, dans ma boîte vocale, un message compatissant de la mère du plus jeune.
Je ne nourris aucune rancune. Je m'emploie à vivre et cela me prend toute mon énergie. J'ai eu un accès de colère une seule fois et ce n'était même pas contre des jeunes. C'était un dimanche soir. Je regardais par hasard Tout le monde en parle, Jacques Duval s'y vantait de collectionner les contraventions parce qu'il roule très vite.
|
| | | Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 26/3/2012, 21:43 | |
| Tu n'as pas l'impression que c'est moins l'automobile qu'il faudrait incriminer que l'homme qui est au volant ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 26/3/2012, 21:51 | |
| - Biloulou a écrit:
- Tu n'as pas l'impression que c'est moins l'automobile qu'il faudrait incriminer que l'homme qui est au volant ?
Je sais pas. Ce discours n'est-il pas le même que celui que tient la NRA au sujet des armes de poing?
Ce n'est pas le gun semi-automatique et son chargeur de 40 balles qu'il faut incriminer mais la main qui le tient?
Moi je crois que la question se pose...
Pas toi? |
| | | Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 26/3/2012, 22:13 | |
| - Pétard a écrit:
- Biloulou a écrit:
- Tu n'as pas l'impression que c'est moins l'automobile qu'il faudrait incriminer que l'homme qui est au volant ?
Je sais pas. Ce discours n'est-il pas le même que celui que tient la NRA au sujet des armes de poing? Ce n'est pas le gun semi-automatique et son chargeur de 40 balles qu'il faut incriminer mais la main qui le tient? Moi je crois que la question se pose... Pas toi?
Si, sans doute... Tiens, ça me fait penser à un de tes vénérables compatriotes qui a fréquenté InfosBis il y a des années... il était indien et portait comme pseudo le petit nom que sa maman lui avit donné, Eyou-ni ou quelque chose comme ça. Il se flattait d'être un excellent tireur et posséder différentes armes dont certaines pas précisément d'agrément et de ne jamais s'en séparer. Un autre participant lui demandait s'il n'avait pas peur, en rentrant chez lui de voyage, de se trouver face à un voleur armé... il a dit non, car il aurait tiré le premier... | |
| | | Ungern
Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 26/3/2012, 22:19 | |
| Moi,j'ai toute une artillerie chez moi,qui correspond à toutes les configurations de tir possible : de l'ennemi concentré à courte portée ,jusqu'à l'ennemi dispersé à longue portée . J'ai des armes et munitions pour chacun,et le paradis pour tous ....
Un homme libre est un homme qui a une arme . Cette maxime est vraie depuis l'antiquité . Ce n'est pas mon problème si certains l'ont galvaudé .
| |
| | | Zed
Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 26/3/2012, 22:30 | |
| - Ungern a écrit:
- Moi,j'ai toute une artillerie chez moi,qui correspond à toutes les configurations de tir possible : de l'ennemi concentré à courte portée ,jusqu'à l'ennemi dispersé à longue portée .
J'ai des armes et munitions pour chacun,et le paradis pour tous ....
Un homme libre est un homme qui a une arme . Cette maxime est vraie depuis l'antiquité . Ce n'est pas mon problème si certains l'ont galvaudé .
Il y a un proverbe ricain qui dit.
La nature a créé les hommes inégaux, colt y a remédié. | |
| | | Zed
Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 26/3/2012, 22:33 | |
| C'est sûr qu'un gun sans personne, ça tue personne.
Un automobile aussi.
Sauf que l'automobile est conçue généralement récréatif. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 27/3/2012, 00:15 | |
| J'ai été impliqué dans un accident de voiture une fois, menacé par une arme de poing deux fois.
Dans les années '80, revenant tard du boulot un soir de novembre, je roulais vers vers la maison sur l'autoroute 30 dans une camionnette Toyota. Il tombait une légère poudreuse fondante, rien pour nuire à la visibilité. Dans une ligne droite, la camionnette a décidé de gagner sa liberté et a braqué à gauche de son propre chef. Roulant à près de 100 à l'l'heure. Les roues avant ont heurté un banc de neige, la camionnette s'est envoyée en l'air et a capoté trois fois sur elle-même, atterrissant heureusement à l'endroit sur ses quatre roues.
Bilan de l'histoire, trois côtes cassées, la jambe droite toute autant, une ribambelle de lacérations sur le crâne. Comme j'avais un manteau blanc, qu'il y avait de la neige fondante qui me tombait sur la caboche sanguinolante, la patte cassée relevée, j'avais l'air d'un flamand rose dans la lumière des phares qui m'éclairaient dans le terre-plein du milieu de l'autoroute. Çä a pris une demi-heure avant qu'un bon samaritain ne s'arrête pour me ramasser. Les autres passaient tous leur chemin de peur de salir l'intérieur de leur beau véhicules avec mon sang.
Le premier secours arrivé fut une remorqueuse puis une seconde suivie de la SQ, une auto-patrouille de la police de St-Hubert peu après. Les deux corps de police se sont chamaillés pour savoir qui avait juridiction. La SQ a gagné. Un peu plus tard s'est pointée une ambulance.
J'ai jamais su pourquoi le camion s'est retrouvé à porter à gauche mais trois mois plus tard, Toyota a rappelé toutes ses camionnettes pour cause de direction défectueuse...
Pour ce qui en est des menaces armées, c'était des hold-ups, des armes volées. Avoir été armé moi-même aurait diminué de beaucoup me chances de survie. Ayant pris la chose calmement et avec même une pointe d'humour me permet aujourd'hui de composer ce texte.
Ungern devrait émigrer en amèreloquerie. Du temps de Waco, il aurait pu faire garde du corps pour David Koresh. Il serait maintenant un héros criblé des balles de l'ATF mais surtout vénéré dans toutes les grottes et taudis des hillbillies du Texas, de l'Alabama et du Mississipi! |
| | | Zed
Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 27/3/2012, 00:51 | |
| - Zed a écrit:
- La vie c'est un poker.
Ce qui confirme qu'il y a plus dans l'automobile que la responsabilité de la main qui tient le volant comme pour l'arme de poing la responsabilité de la main qui la caresse.
Je tiens aussi à souligner, même si c'est totalement hors propos, que l'arme du terroriste n'est presque jamais l'arme de poing, parfois la Kalachnikov mais plus souvent qu'autrement l'explosif poivré de clous à l'occasion.
L'arme citoyenne n'est certainement pas forgée dans la fonderie d'un armementier quoi qu'en pensent la NRA ou Ungern... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 27/3/2012, 21:06 | |
| Série accidents: l'annonce faite aux parents (2)Pierre Foglia La PresseLe téléphone sonne chez les Pigeon, à Sainte-Béatrix. Il est 21 h 30, un samedi de fin novembre. C'est la police. Vous êtes M. Pigeon?- Spoiler:
Oui.
Vous êtes qui par rapport à William Pigeon?
Je suis son père, pourquoi? Je peux lui parler?
Non, vous ne pouvez pas. Votre fils a un enfant?
Non, il a juste 20 ans. Vous devez parler d'Anastasia, elle a 11 ans, c'est la petite soeur de Clara, la blonde de mon fils. Ils sont allés au cinéma à Joliette tous les trois, il est arrivé quelque chose?
Il est gravement blessé.
À l'hôpital de Joliette, Pierre Pigeon et sa compagne Christine sont isolés dans une pièce. Toutes les 20 minutes, un infirmier vient leur dire qu'il ne peut rien leur dire.
Il est blessé où?
Je ne peux rien vous dire.
C'est grave?
Je ne peux rien vous dire.
Il est mort?
Je ne peux rien vous dire. L'infirmier est aussi bouleversé qu'eux.
Il reviendra une dernière fois accompagné d'une femme médecin qui semble tétanisée à l'idée de leur annoncer que leur fils est mort. C'est finalement l'infirmier, après un coup d'oeil à la médecin, qui prendra sur lui de parler: votre fils est décédé.
Deux policiers accompagnent Pierre Pigeon dans la chambre pour l'identification.
«Mon fils avait les yeux ouverts, c'est la première fois que je voyais un mort les yeux ouverts. Il avait les dents cassées, je crois bien qu'il n'avait plus de bas du corps.
«J'ai appelé sa mère à Montréal.»
William, Clara et Anastasia roulaient à 70 kmh. Le jeune de 19 ans qui leur est rentré dedans roulait à 158 kmh. L'alcool n'est pas en cause. William et Clara ont été tués sur le coup, la petite fille a eu les jambes écrasées, elle remarchera, mais devra être opérée à chaque étape de sa croissance. Le jeune homme, qui n'était pas attaché, s'en est sorti avec une commotion.
Quelques jours plus tard, un enquêteur a accompagné Pierre Pigeon au garage, il a demandé à Pierre s'il voulait récupérer les souliers de son fils.
L'enquêteur a dit aussi à Pierre que la famille du jeune homme de 19 ans qui a causé l'accident était une famille normale, «comme vous autres», a-t-il ajouté.
J'imagine que vous voulez dire que c'est du bon monde, a répondu Pierre.
* * *
Carmen et Guy regardaient, en différé, la finale du curling féminin des Jeux de Vancouver. Il était 9h du matin, un des chiens s'est mis à aboyer. Carmen regarde par la fenêtre: tiens, une voiture de police dans la cour.
Vous êtes Carmen Desgagné, la mère de Jonathan?
Tout d'un coup, ses jambes ou ses genoux ne voulaient plus la porter. Elle est restée debout au prix d'un effort incroyable. Le policier a continué avec la brutale maladresse des timides: il a eu un accident, il est décédé. Et presque du même souffle: il faudrait aller l'identifier à l'hôpital pour libérer les lieux.
Jonathan, 32 ans, et sa compagne Claudine, 27 ans, venaient de passer la soirée à Chicoutimi. Ils rentraient à la maison à Kénogami, Claudine était au volant.
Ils étaient quatre dans l'autre auto: le chauffeur, 17 ans, sa copine et deux amies de sa copine, dont c'était l'anniversaire. Les filles ont raconté en cour qu'ils avaient descendu Saint-Dominique en brûlant quatre lumières, y compris celle du boulevard du Saguenay, où ils ont heurté à 118 kmh Jonathan et Claudine, qui passaient tranquillement sur la verte. Claudine a été tuée aussi.
* * *
«Je me suis sentie comme un animal qui vient de se faire abattre à la chasse. L'animal n'est pas mort, il sent le couteau qui est en train de lui ouvrir le corps, il sent qu'on lui arrache les organes un par un, le foie, les poumons, le coeur surtout. On s'imagine un grand malheur, une tristesse infinie, on ne sait pas, tant que cela ne nous est pas arrivé de nous faire dire que notre enfant est mort, on ne sait pas que c'est aussi une terrible douleur physique.»
Catherine, 21 ans, la fille unique de Lise Lebel, a été tuée sur la 155 alors qu'elle s'en allait suivre un cours du soir à l'université, à Trois-Rivières. Elle a été tuée par une femme qui avait commencé à rouler dans la mauvaise voie de l'autoroute sur un parcours de six kilomètres.
Lise venait de se coucher quand deux policiers se sont présentés à sa porte. «Je me suis sentie comme un animal quand le couteau lui ouvre le corps...»
Ils sont allés pour l'identification à l'hôpital de Trois-Rivières.
«On ne la reconnaissait pas. Elle avait la mâchoire cassée.»
* * *
Renée était rentrée à Outremont dans la matinée. Pierre, son compagnon depuis 42 ans, devait l'y rejoindre le lendemain. Ils avaient loué une maison pour l'été dans la région de Valcartier, où Pierre était commandant de l'école de musique des cadets. C'était aussi un cycliste, il allait souvent faire la route des Équerres, paraît-il, un des plus beaux parcours de la région de Québec. Il y est allé ce jour-là en fin d'après-midi.
Il a été heurté par un individu qui ne se souvient de rien. Pas de témoin. Pas de coup de frein. En passant, si vous me permettez un conseil, si vous voulez tuer un cycliste, c'est une très bonne idée de ne pas freiner; comme ça, la police ne pourra pas dire à quelle vitesse de débile vous alliez, car c'est par les traces de freinage qu'on calcule la vitesse. Bref, il n'y aura pas de poursuite. La police a identifié Pierre par son permis de conduire dans la poche de son cuissard.
Ils ont réveillé Renée à 4h du matin à Outremont. Il n'y a pas eu d'identification officielle: les policiers ont vivement déconseillé à Renée de voir le corps.
* * *
La police a sonné à leur porte à 3 h 45 du matin. En voyant les policiers, Guylaine se souvient de s'être demandé: Louis-Philippe ou Nathalie? Mon fils ou ma fille?
Les deux étaient venus fêter le 28e anniversaire de Nathalie. Ils étaient repartis vers minuit, chacun de leur côté.
Il est arrivé quelque chose à votre fille, a dit le policier, elle est décédée.
«Je me suis mise à crier comme une folle dans la maison. La suite s'est déroulée dans un brouillard; nous avons suivi les policiers jusqu'à l'hôpital où je travaille comme infirmière auxiliaire depuis 32 ans. Il a fallu obtenir l'autorisation du coroner pour la voir. Son visage était intact.»
L'accident a été causé par un jeune homme de 17 ans qui venait d'emprunter en sens inverse une bretelle de sortie de l'autoroute 20. Il est accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort, négligence criminelle ayant causé la mort, conduite avec capacités affaiblies ayant causé la mort et conduite sous l'influence de l'alcool ayant causé la mort.
* * *
Carinthe, 20 ans, est partie de Sutton vers 19h, elle avait passé le week-end chez ses parents à étudier, elle était en première année de médecine à Sherbrooke.
Ils ont soupé, puis elle est partie. Sa mère a dit: n'oublie pas d'appeler quand tu seras arrivée.
Elle appelait toujours. Pourquoi pas cette fois? Qu'est-ce qui se passe? Son mari l'a rassurée: elle se sera sans doute arrêtée chez des amis. Plus tard dans la soirée, en passant devant son portrait, sa mère a parlé au portrait: pourquoi t'appelles pas? T'appelles toujours...
Le téléphone a sonné vers 23h, sa mère a décroché et comme on le fait parfois quand on est sûr de qui appelle, elle a parlé la première: ah! t'es arrivée! Mais ce n'était pas sa fille. C'était un policier.
Le type complètement saoul roulait dans le mauvais sens de la rue Saint-François à Sherbrooke. Deux voitures ont réussi à l'éviter, pas Carinthe. Le type, dans la cinquantaine, collectionnait les condamnations pour conduite en état d'ébriété.
Les parents de Carinthe ont fait don de ses yeux, les seuls tissus encore viables. «Nous savons, dit sa mère, que deux jeunes personnes ont reçu des greffes de cornée, nous espérons qu'ils verront la vie avec la même humanité, le même joyeux optimisme que Carinthe.»
QS: Ste-Béatrix, c'est la patronne des chasseurs/déplumeurs de canards? |
| | | Zed
Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
| | | | Ungern
Nombre de messages : 17713 Date d'inscription : 18/05/2009
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 27/3/2012, 21:50 | |
| Oui,mais il y a toujours des journalistes qui vous posent la "bonne question"; celle qui vous faire voir les choses autrement,qui vous fait revivre en quelque sorte .
Par exemple ; le mec rentre chez lui,à la place de ce qui fut sa maison ,le Concorde .
"Qu'est ce que ça vous fait" ? (authentique) .
Je m'imagine la gueule du mec si le type avait répondu : bof heuh.... trop rien ...la barraque était pourrie,j'allais divorcer,je savais pas comment annoncer l'affaire à ma femme... Au fond,ça a réglé tous mes problèmes d'un coup ... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 27/3/2012, 22:02 | |
| C'est craquant de voir un arabophobe fini et un juifophobe tout aussi fini s'accorder comme larrons en foire pour minimiser les tragédies qui se passent chez leurs voisins de quartier.
L'indifférence pour le voisin mais la haine pour l'étranger!
Ça se soigne docteur?
Non! C'est certainement génétique, dira l'autre... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 28/3/2012, 18:50 | |
| Série accidents: Shaun avait buPierre Foglia La PresseEn 2007, Shaun Côté a 22 ans. Ça ne va pas du tout dans sa vie. Marié très jeune, il vient de se séparer. Il a perdu la garde de sa petite fille de 2 ans. Il noie sa déprime dans le travail - il est soudeur chez Bombardier à Granby - et, les fins de semaine, il boit. Beaucoup.- Spoiler:
Je buvais mes émotions. Je buvais, je buvais, j'étais même pas soûl. Je l'étais, mais ça ne paraissait pas.
Ce vendredi-là - c'était en octobre -, avec un ami de chez Bombardier, ils ont fermé le Bora, un bar de Granby qui n'existe plus, à 4 h du matin. Puis ils sont allés à Montréal, comme ça, un flash de gars soûls. Ils s'étaient mis en tête d'aller à une vente-trottoir. Ils n'ont jamais trouvé de vente-trottoir. De toute façon, il pleuvait à boire debout et tout à coup, dans leur brouillard éthylique, ils se sont souvenus qu'ils devaient travailler ce samedi matin.
Retour au parc industriel de Granby. L'ami, trop fatigué, s'endort dans la Pontiac Sunfire. Mais Shaun va effectivement travailler jusqu'à midi. À midi, il remonte dans sa voiture, où dort toujours son ami. Il décide de le conduire chez lui.
Et c'est là, pas très loin de son lieu de travail, dans un virage de la 139 Nord, que Shaun s'est endormi.
Face-à-face avec une auto conduite par un monsieur de 64 ans, dont Shaun ignore encore aujourd'hui la condition. Il sait seulement qu'il n'est pas mort mais que les séquelles sont très sérieuses.
Shaun est dans le coma, les ambulanciers ont perdu ses signes vitaux. Il va pourtant finir par se réveiller:
Tu sais où t'es?
Ce n'était pas difficile à deviner, j'étais plogué de partout. Dans un hôpital? À Granby?
Non. T'es au CHU de Sherbrooke. Tu te souviens de ce qui s'est passé?
Non. J'étais dans un bar? J'ai mangé une volée?
Non. T'as eu un accident.
J'ai tout de suite pensé à mon chum dans l'auto. J'ai tué quelqu'un?
Ils n'avaient pas le droit de me le dire. J'ai su assez rapidement que mon chum s'en tirerait mais que le monsieur dans l'autre voiture avait été blessé très sérieusement.
Pendant que j'étais dans le coma, la police avait obtenu un télémandat pour me faire faire une prise de sang. J'avais 134 mg d'alcool pour 100 ml de sang, presque le double de la limite permise. J'ai été accusé de conduite avec facultés affaiblies ayant causé des lésions à deux personnes.
Les choses ont traîné pendant deux ans avant que je me retrouve devant un juge. Sur le conseil de mon avocate, qui m'a dit carrément: plaide coupable, de toute façon, tu mérites de faire du temps, t'es passé bien proche de tuer quelqu'un, j'ai effectivement plaidé coupable.
Le juge m'a condamné à 18 mois en me disant: je ne t'envoie pas en prison pour te punir mais pour te responsabiliser, penses-y.
Les policiers m'ont aussitôt passé les menottes et, quand ils m'ont emmené, il y a deux types qui ont applaudi. J'ai compris que ce devait être les fils du monsieur que j'ai blessé.
J'ai fait huit mois à la prison Talbot, à Sherbrooke. C'est pas l'enfer comme on raconte, mais c'est pas facile non plus. Le pire, c'est l'ennui. En sortant, j'ai fait sept autres mois dans une maison de transition. Je vais retrouver mon droit de conduire cet automne, je n'ai pas repris une goutte d'alcool depuis l'accident.
Granby est une petite ville, j'ai fini par rencontrer des gens qui connaissaient le monsieur que j'ai blessé. J'ai demandé à la police si je pouvais aller prendre de ses nouvelles et m'excuser. Ils m'ont dit que c'était une très mauvaise idée, que cela pourrait passer pour du harcèlement.
Je m'y suis pris autrement en m'adressant à un organisme qui s'appelle Justice alternative et Médiation, dont c'est justement la job de faire de la médiation. Mon souhait a été adressé par eux au CAVAC (Centre d'aide aux victimes d'actes criminels). La réponse est revenue: non, le monsieur ne veut pas vous voir, ne veut rien savoir. Je comprends.
Shaun donne des conférences dans les écoles, dans les maisons des jeunes; Justice alternative et Médiation a fait un documentaire avec son histoire: ça me fait du bien d'en parler, j'espère que ça fait du bien à ceux qui m'écoutent... L'autre jour, une fille assez jeune, 16 ans peut-être, est venue me voir après la conférence. Elle m'a dit: ça m'arrive de conduire après avoir bu, c'est la première fois que je réalise que c'est pas juste moi que je peux tuer. Je vais y penser la prochaine fois.
Le sergent Hugo Lizotte, agent des relations avec la communauté au poste de la SQ à Dunham, qui parraine parfois les interventions de Shaun, note une baisse sensible des accidents étiquetés [jeunes-vitesse-alcool], baisse qu'il attribue à plus de surveillance policière, plus de prévention active aussi, aux messages de la SAAQ et de MAAD (les Mères contre l'alcool au volant) ainsi qu'à des initiatives de plus en plus nombreuses comme celles de Shaun.
Dans la période qui précède les bals de fin d'études, la SQ de ma région convie les milliers d'ados dans un aréna pour une saisissante reproduction d'accident, avec des ambulanciers, les pompiers et leurs pinces de désincarcération, des morts et des blessés simulés, des cris, des sirènes, de la fumée, et ça marche, note le sergent Lizotte. Ils sortent de là ébranlés, impressionnés.
Il ajoute que des peines plus sévères contribueraient aussi à faire baisser les statistiques. Les chauffards accusés de conduite avec capacités affaiblies - et c'est encore plus vrai dans le cas des mineurs - s'en sortent trop souvent avec des peines à purger dans la communauté.
Le travailleur social Luc Genest, du bureau de Granby de Justice alternative et Médiation, désigne les parents: c'est aux parents plus qu'à l'école, plus qu'à la police, plus qu'à n'importe qui de donner des leçons de conduite à leurs enfants - au sens le plus large de conduite, bien sûr.
J'ai assisté à une des interventions de Shaun dans une maison de jeunes dans une petite ville près de chez moi. C'est vrai que l'écoute était grande. Il reste que plusieurs des ados qui étaient là ce jour-là ont reçu son témoignage comme le récit d'une aventure: cool, man, t'es allé en prison, comment c'est? Dans la discussion qui a suivi, ceux-là ont dit que Shaun se flagellait peut-être un peu trop: un accident, c'est un accident, t'as payé ta dette à société, man, la vie continue, vroum-vroum.
Si vous voulez mon avis, tout est dans cette petite phrase - un accident, c'est un accident -, qui cerne à la fois notre culture de la vitesse mais aussi cette inconscience particulière de l'Autre, cet Autre qu'on se dépêche d'aider quand il est enseveli dans un tremblement de terre à l'autre bout de la terre, mais qu'on est prêt à tuer aussi, comme ça, comme rien, quand c'est notre voisin qui s'en vient sur cette route où, soûl et gelé, on roule à 180 km/h.
QS: Y'a là un p'tit quekchose qui m'fait penser à kekun! Me d'mande ben qui! |
| | | Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 28/3/2012, 18:53 | |
| À Quantat ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 28/3/2012, 19:03 | |
| - Biloulou a écrit:
- À Quantat ?
Noooooon, pas vraiment... Mais c'est juste une vague impression... Les vapeurs éthyliques , l'inattention, les trous de mémoire...
Je finirai bien par trouver! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 29/3/2012, 14:33 | |
| Série accidents: Quelle plaie, les mamans trop prudentes!Pierre Foglia La PresseC'est une dame médecin qui parle et je ne comprends pas ce qu'elle dit. Au début, ça va, elle dit: j'ai fait 5 ans dans un centre de trauma tertiaire à Montréal et 10 dans un centre de trauma secondaire dans un hôpital régional près des grands axes routiers. Mon bilan: j'ai vu très peu d'accidents mortels ou avec séquelles sérieuses sans que soient impliquées la vitesse et la consommation d'alcool ou de drogues.- Spoiler:
Ce bout-là, je comprends.
Mais elle continue: Je me suis souvent interrogée sur la nature des morts. Certains blessés survivent miraculeusement; d'autres qui auraient pu s'en sortir meurent. D'autres sont impliqués dans des accidents tout à fait fortuits. Ma conclusion à moi, dit-elle (et c'est ici que je ne comprends plus rien, sa conclusion à elle): le destin.
Selon les statistiques de la SAAQ, seulement un peu plus de la moitié des accidents sont... de vrais accidents. Je veux dire fortuits. Le destin, si vous voulez.
De 2005 à 2009, 30% des conducteurs tués dans des accidents de la route au Québec étaient sous l'influence de l'alcool.
Vous appelez ça le destin, docteure?
Dans 44% des cas où les conducteurs sont morts, pour la même période, LA VITESSE a été un facteur déterminant. Pas le destin, madame. LA VITESSE.
Maintenant, la même statistique en tenant compte de l'âge des conducteurs. Chez les chauffeurs tués âgés de 16 à 24 ans, la vitesse a été un facteur déterminant dans 52% des cas et l'alcool dans 45% des cas.
Ce n'est pas le destin qui a tué ces gens-là. C'est la vitesse, ou l'alcool, ou la drogue, ou les trois en même temps. Mais le plus grave est ailleurs. En se tuant, ces gens-là ont tué des innocents qui allaient au cinéma ou chez grand-papa, ou qui faisaient un tour de machine, comme on dit, ou un tour de vélo, ou de moto, et ces innocents-là non plus, ce n'est pas le destin qui les a tués. C'est un petit con soûl qui allait trop vite.
Il aime les chiens. Il en a un sur ses genoux. Il n'a pas eu le temps de manger, alors il mange. En fait, il est très en retard. Il pitonne sur son cell - c'était encore permis à l'époque - pour dire aux gens qui l'attendent qu'il sera en retard. Et en plus, devant, il y a un type qui se traîne. Alors il le double. On est dans une côte? Pas grave, il est en retard.
Dans la voiture qu'il va heurter en haut de la côte, il y a Corinne, 21 ans, et son bébé fille de deux mois et demi.
C'était il y a huit ans. Elle a été déclarée invalide à vie par la SAAQ. Encore ce matin, fin mars 2012, elle est allée en réadaptation. Elle y va cinq jours sur sept. En plus des migraines et des convulsions.
La petite fille non plus n'est pas morte. Mais pendant des mois elle souffrait tellement qu'elle se mettait hurler à tout moment. Plus tard, elle va s'automutiler. Je ne suis pas médecin, mais ne semble qu'un enfant de 8 ans qui s'automutile, ce n'est pas vraiment le destin.
* * *
Le type qui signe le témoignage ébouriffant qui suit, ce type, je l'aime. Je l'embrasserais tant il dit exactement ce qu'il faut dire pour illustrer cette série sur la connerie vroum-vroum.
Il habite à Boucherville. Il m'écrit pour se plaindre des vélos qui roulent dans la rue plutôt que sur la piste cyclable entretenue avec «ses impôts». Ces cyclistes dans la rue l'insupportent tant que, je cite: «Je prends un malin plaisir à les klaxonner ET À LEUR DONNER LA FROUSSE EN LES FRÔLANT.»
Ce charmant jeune homme de 26 ans, universitaire, se dit adepte «du tuning de voiture». Il précise aussitôt qu'il n'est pas du genre à faire de la vitesse entre les voitures à l'heure de pointe. Je cite: «En fait, lorsque j'ai le goût de faire de la vitesse, JE VAIS SUR LES ROUTES DE CAMPAGNE DE LA MONTÉRÉGIE, CAR LES POLICIERS SONT TOUJOURS SUR LES AUTOROUTES.»
Les fins de semaine, il lui arrive d'aller rouler sur une piste, Sanair ou Saint-Eustache, parce que les rues, vraiment, quel embarras! Je le cite encore, c'est trop beau: «Avec tous ces vélos, toutes ces fourgonnettes conduites par des mamans TROP PRUDENTES et surtout TROP LENTES, toutes ces personnes âgées aux moins bons réflexes...»
Comme vous avez raison, monsieur. Les routes ne sont vraiment pas sûres.
J'ai une idée, monsieur. Vous me direz ce que vous en pensez. Avec vos impôts, les miens, ceux des cyclistes et des mamans trop lentes, pourquoi ne vous réserverait-on pas des lieux où vous pourriez vous éclater, dans tous les sens du mot? Je ne parle pas de pistes bébêtes comme à Sanair ou à Saint-Eustache. Je pense à d'immenses territoires - le Québec est assez grand pour cela - avec des lignes droites de 20, 30 km sur des autoroutes où vous pourriez atteindre les 300 km/h, mais aussi des routes régionales à trois voies où vous pourriez dépasser quatre autos de suite dans une côte alors que surgirait devant vous un de vos semblables qui tirerait trois de ses amis sur un sofa derrière son pick-up. Il y aurait aussi des rangs de campagne avec plein de tournants et des arbres et des pelotons de cyclistes - ce pourrait être des criminels qu'on obligerait à faire du vélo ou des cyclistes qu'on aurait surpris à Boucherville en train de rouler dans la rue. Vous traverseriez aussi, à 160, des villages fantômes où des enfants - qu'on pourrait faire venir de pays où de toute façon ils meurent de faim - où des enfants à trottinette traverseraient la rue.
Bien sûr, il y aurait aussi un gigantesque salon funéraire.
* * *
Je pourrais vous parler de mon amour de la vitesse pendant des heures, me dit Eddy Brunet. Non, ce n'est pas le même que le précédent. Celui-ci est sympathique, même s'il me parle d'une autre planète.
Je n'ai jamais causé d'accident, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé, reconnaît Eddy. À une époque, 220, 240 km/h, c'était mon quotidien. Pas juste une pointe pour me vanter d'être monté à 220, je parle d'un 220 soutenu.
Eddy a été champion nord-américain de moto à 47 ans. Sur sa moto pas si puissante (250cc GP), il est monté à 260. Sur une Suzuki plus performante, il a déjà atteint 305.
Comment commence cette maladie-là?
À 5 ans sur une motoneige. Puis en passant La Presse à toute allure à mobylette. En allant toujours plus vite, tout le temps. En devenant accro au rush d'adrénaline. Au high. Ça prend 20 minutes pour redescendre après une course de moto.
Il conduit aujourd'hui une Saab 97\9000 Aero, un «sleeper», m'explique-t-il. Ça n'a l'air de rien, mais ça peut aller vite.
Et vous allez vite?
Depuis cinq ou six ans, non, je roule en citoyen responsable, à 118, pépère.
Pourquoi 118?
La vitesse permise plus 18, la marge que tolère la police.
Vous trouvez que les gens conduisent mal?
Incroyablement. J'en vois qui lisent en conduisant, qui textent, qui se maquillent.
Et ceux qui vont vite?
Ça paraît tout de suite qu'ils ne savent pas grand-chose de la vitesse. J'ai enseigné le pilotage pour moto de compétition pendant 20 ans; ça s'apprend, la vitesse. Ce n'est pas d'aller vite qui est difficile, c'est de ralentir, maîtriser la ligne, tout ressentir en même temps, l'adhérence, l'inertie, la suspension. C'est une science. C'est pas un jeu vidéo.
Et la lenteur, vous avez déjà goûté?
Oui. Le silence aussi.
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 31/3/2012, 15:28 | |
|
Dernière édition par Pétard le 1/4/2012, 17:42, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 31/3/2012, 15:33 | |
| Chez vous, les cousins/cousines, c'est comment?
À part le Biloulou tortureur des terrorisses... |
| | | Zed
Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 31/3/2012, 16:44 | |
| - Pétard a écrit:
- Chez vous, les cousins/cousines, c'est comment?
À part le Biloulou tortureur des terrorisses... Toi tu veux quoi? les vénérer? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 1/4/2012, 02:27 | |
| - Zed a écrit:
- Toi tu veux quoi? les vénérer?
Imbécile! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 1/4/2012, 14:51 | |
| Série Accidents: la culture vroum-vroum
Pierre Foglia La Presse
Ce fut sans doute un des accidents les plus spectaculaires jamais arrivés à Montréal. Un chauffard ivre, qui circulait à très haute vitesse sur l'autoroute Décarie, a perdu la maîtrise de sa voiture, qui est allée heurter le parapet central avant de s'envoler littéralement dans les airs pour passer à travers le grillage de la clôture qui sépare les deux sections de l'autoroute, et pour finalement rebondir, dans l'autre section, sur le toit d'un véhicule, tuant sur le coup une prof du cégep de Saint-Jérôme qui venait de conduire sa fille à l'aéroport.- Spoiler:
Le chauffard blessera sérieusement le conducteur d'un autre véhicule avant de s'immobiliser. L'autoroute Décarie a dû être fermée dans les deux sens jusqu'au lendemain matin. La porte-parole de Transports Québec ne se souvenait pas d'une scène d'accident aussi échevelée, avec des voitures renversées partout...
Neuf accusations criminelles ont été portées contre le chauffard qui, trois ans plus tard (!) a été condamné à... trois ans de prison.
Un grand sentiment d'injustice anéantit les parents des victimes, qui trouvent déraisonnables les peines infligées à ceux qui tuent un être cher ou le blessent sérieusement. Même si je ne suis pas un partisan de lourdes peines de prison, certaines sanctions - surtout celles infligées aux contrevenants mineurs - tiennent de la petite tape sur les doigts.
Neuf mois en garde fermée, six mois dans la communauté pour avoir tué quelqu'un à 180 km/h, soûl, on peut comprendre l'indignation des veuves, des mères qui trouvent qu'on insulte la mémoire de leurs disparus.
Mais bon, il a 16 ans et on ne va tout de même pas, même si ça ferait plaisir à M. Harper, envoyer ce petit con au bagne pour la vie. Me semble que la punition devrait avoir ici le sens de «réparation».
Dans notre régime «sans égard à la faute», dans le cas d'un décès, la SAAQ verse une indemnité de 51 000$ à la veuve ou aux enfants. Pourquoi la SAAQ n'exigerait-elle pas du contrevenant qui a tué «avec facultés affaiblies», dès lors qu'il a été reconnu coupable, le remboursement de ces 51 000$? Un peu comme on rembourse une dette.
«Sans égard à la faute», mais pas dans le cas de fautes criminelles et jugées comme telles. Ou serait-ce ici ouvrir une brèche qui emporterait tout le barrage?
La SAAQ verse annuellement 1 milliard de dollars en compensations diverses aux accidentés de la route. Elle paie les frais funéraires (4826$), elle paie pour des remplacements de revenu, elle paie pour les séquelles (jusqu'à un maximum de 226 000$ dans le cas d'une tétraplégie, par exemple), elle finance en partie les centres de réadaptation (inclus dans le milliard). Bref, une merveille de régime, un instrument qui a mis fin aux poursuites judiciaires interminables et qui assure une compensation minimale. Merci, madame Payette. Je me demandais seulement si, dans le cas du petit con à 180 km/h, il ne conviendrait pas de l'obliger à rembourser la SAAQ. L'expression «payer sa dette à la société» prendrait alors tout son sens.
Pour en revenir aux peines de prison, Stéphanie Landry, procureure de la Couronne à Sherbrooke, a obtenu sept ans de prison (confirmés par la Cour d'appel) dans un dossier de conduite avec les facultés affaiblies. Il s'agit du cas de cette étudiante de 20 ans de Sutton (Corinthe) dont j'ai parlé dans mon texte de lundi, tuée par un soûlon dans la cinquantaine qui collectionnait les condamnations pour conduite en état d'ébriété.
La procureure indique que le poignant témoignage des parents, lors de l'audience sur la peine, n'est certes pas étranger à la sévérité de cette peine, la plus sévère à l'époque pour un cas de conduite avec facultés affaiblies, et il plaît à la procureure de croire que ce dossier a, depuis, fait école.
***
Dans presque tous les témoignages recueillis au cours de ce reportage, un regret récurrent chez les victimes: l'absence d'excuses des contrevenants. Pas un mot, pas un coup de téléphone, rien. Il était soûl, il a tué ma fille, mais ça ne lui vient même pas à l'idée de s'excuser. De l'impolitesse? Bien pire: le sentiment que c'était juste un accident.
Ceci n'est pas un regret mais une statistique: le type qui était soûl à 180 km/h, pas attaché, s'en sort assez souvent avec presque rien. Parfois, même, il devient un héros. Comme celui-là qui a tué deux personnes en plus d'en blesser gravement une autre et qui a été fièrement baptisé Le Killer dans les pages Facebook de ses amis.
***
Pour finir cette série, une bonne nouvelle. Il y a eu 487 morts en 2010 sur les routes du Québec pour un parc automobile de 6 millions de voitures. En 1973, pour 3 fois moins de voitures (2,3 millions), il y a eu 5 fois plus de morts: 2209.
En 2010, il y a eu 2300 blessés graves (nécessitant une hospitalisation) et 41 000 blessés légers (par exemple, des fractures).
La bonne nouvelle, c'est que ça continue de baisser un tout petit peu chaque année. La mauvaise nouvelle: un tout petit peu seulement.
Alors? Une meilleure surveillance policière? D'autres campagnes de sensibilisation? Une configuration plus sécuritaire des véhicules? Tout cela, bien sûr. Ajoutez à cela l'augmentation du prix de l'essence - je sais, je sais, n'empêche que ça joue un rôle.
Ajoutez des lois plus sévères. Dans deux semaines - à partir du 15 avril -, le zéro alcool qui s'appliquait jusqu'ici aux conducteurs de moins de 18 ans s'appliquera à tous les conducteurs de véhicules motorisés de moins de 21 ans.
Reste que, à la fin, toutes mesures prises, il reste le plus difficile. Le plus facile, c'est de s'attaquer à la vitesse, à l'alcool, à la drogue. Le plus difficile? S'attaquer à la culture. Disons ça autrement. Disons qu'il y a des radars pour dire: tu vas vraiment trop vite. Il n'y a pas encore de radars pour dire: t'es vraiment trop con.
Pour terminer cette série comme je l'ai commencée, une illustration, une dernière. Il avait 16 ans, il allait très vite, il a pris le fossé, il est mort sous sa voiture.
Ses chums, une demi-douzaine, ceux avec lesquels il faisait la course sur des routes peu surveillées, ceux avec lesquels il faisait de la boucane avec ses pneus, ses chums étaient au salon funéraire avec leurs blousons de course, la casquette vissée sur la tête. Dans un geste dont je ne saisis pas très bien la signification, ils sont allés déposer leur permis de conduire dans le cercueil avant qu'on le ferme. Ce sont eux qui ont porté la boîte jusqu'au corbillard.
Ils avaient des allures de soldats, compagnons d'armes qui portaient un des leurs tombé au combat.
C'est ce que je veux dire quand je dis que le plus dur reste à faire: s'attaquer à la culture vroum-vroum.
Est-ce qu'il y a des parents dans la salle?
REMERCIEMENTS À MADD et à sa directrice pour le Québec, Marie-Claude Morin. MADD (les Mères contre l'alcool au volant) lutte depuis 30 ans contre l'alcool (et le cannabis) au volant. MADD encourage les victimes à prendre la parole pour partager leur douloureuse expérience.
À Mme Johanne Saint-Cyr, vice-présidente de la SAAQ, et à ses fonctionnaires.
À Jean-Marie De Koninck.
|
| | | Zed
Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants 1/4/2012, 15:22 | |
| - Pétard a écrit:
Série Accidents: la culture vroum-vroum
Pierre Foglia La Presse
Ce fut sans doute un des accidents les plus spectaculaires jamais arrivés à Montréal. Un chauffard ivre, qui circulait à très haute vitesse sur l'autoroute Décarie, a perdu la maîtrise de sa voiture, qui est allée heurter le parapet central avant de s'envoler littéralement dans les airs pour passer à travers le grillage de la clôture qui sépare les deux sections de l'autoroute, et pour finalement rebondir, dans l'autre section, sur le toit d'un véhicule, tuant sur le coup une prof du cégep de Saint-Jérôme qui venait de conduire sa fille à l'aéroport.
- Spoiler:
Le chauffard blessera sérieusement le conducteur d'un autre véhicule avant de s'immobiliser. L'autoroute Décarie a dû être fermée dans les deux sens jusqu'au lendemain matin. La porte-parole de Transports Québec ne se souvenait pas d'une scène d'accident aussi échevelée, avec des voitures renversées partout...
Neuf accusations criminelles ont été portées contre le chauffard qui, trois ans plus tard (!) a été condamné à... trois ans de prison.
Un grand sentiment d'injustice anéantit les parents des victimes, qui trouvent déraisonnables les peines infligées à ceux qui tuent un être cher ou le blessent sérieusement. Même si je ne suis pas un partisan de lourdes peines de prison, certaines sanctions - surtout celles infligées aux contrevenants mineurs - tiennent de la petite tape sur les doigts.
Neuf mois en garde fermée, six mois dans la communauté pour avoir tué quelqu'un à 180 km/h, soûl, on peut comprendre l'indignation des veuves, des mères qui trouvent qu'on insulte la mémoire de leurs disparus.
Mais bon, il a 16 ans et on ne va tout de même pas, même si ça ferait plaisir à M. Harper, envoyer ce petit con au bagne pour la vie. Me semble que la punition devrait avoir ici le sens de «réparation».
Dans notre régime «sans égard à la faute», dans le cas d'un décès, la SAAQ verse une indemnité de 51 000$ à la veuve ou aux enfants. Pourquoi la SAAQ n'exigerait-elle pas du contrevenant qui a tué «avec facultés affaiblies», dès lors qu'il a été reconnu coupable, le remboursement de ces 51 000$? Un peu comme on rembourse une dette.
«Sans égard à la faute», mais pas dans le cas de fautes criminelles et jugées comme telles. Ou serait-ce ici ouvrir une brèche qui emporterait tout le barrage?
La SAAQ verse annuellement 1 milliard de dollars en compensations diverses aux accidentés de la route. Elle paie les frais funéraires (4826$), elle paie pour des remplacements de revenu, elle paie pour les séquelles (jusqu'à un maximum de 226 000$ dans le cas d'une tétraplégie, par exemple), elle finance en partie les centres de réadaptation (inclus dans le milliard). Bref, une merveille de régime, un instrument qui a mis fin aux poursuites judiciaires interminables et qui assure une compensation minimale. Merci, madame Payette. Je me demandais seulement si, dans le cas du petit con à 180 km/h, il ne conviendrait pas de l'obliger à rembourser la SAAQ. L'expression «payer sa dette à la société» prendrait alors tout son sens.
Pour en revenir aux peines de prison, Stéphanie Landry, procureure de la Couronne à Sherbrooke, a obtenu sept ans de prison (confirmés par la Cour d'appel) dans un dossier de conduite avec les facultés affaiblies. Il s'agit du cas de cette étudiante de 20 ans de Sutton (Corinthe) dont j'ai parlé dans mon texte de lundi, tuée par un soûlon dans la cinquantaine qui collectionnait les condamnations pour conduite en état d'ébriété.
La procureure indique que le poignant témoignage des parents, lors de l'audience sur la peine, n'est certes pas étranger à la sévérité de cette peine, la plus sévère à l'époque pour un cas de conduite avec facultés affaiblies, et il plaît à la procureure de croire que ce dossier a, depuis, fait école.
***
Dans presque tous les témoignages recueillis au cours de ce reportage, un regret récurrent chez les victimes: l'absence d'excuses des contrevenants. Pas un mot, pas un coup de téléphone, rien. Il était soûl, il a tué ma fille, mais ça ne lui vient même pas à l'idée de s'excuser. De l'impolitesse? Bien pire: le sentiment que c'était juste un accident.
Ceci n'est pas un regret mais une statistique: le type qui était soûl à 180 km/h, pas attaché, s'en sort assez souvent avec presque rien. Parfois, même, il devient un héros. Comme celui-là qui a tué deux personnes en plus d'en blesser gravement une autre et qui a été fièrement baptisé Le Killer dans les pages Facebook de ses amis.
***
Pour finir cette série, une bonne nouvelle. Il y a eu 487 morts en 2010 sur les routes du Québec pour un parc automobile de 6 millions de voitures. En 1973, pour 3 fois moins de voitures (2,3 millions), il y a eu 5 fois plus de morts: 2209.
En 2010, il y a eu 2300 blessés graves (nécessitant une hospitalisation) et 41 000 blessés légers (par exemple, des fractures).
La bonne nouvelle, c'est que ça continue de baisser un tout petit peu chaque année. La mauvaise nouvelle: un tout petit peu seulement.
Alors? Une meilleure surveillance policière? D'autres campagnes de sensibilisation? Une configuration plus sécuritaire des véhicules? Tout cela, bien sûr. Ajoutez à cela l'augmentation du prix de l'essence - je sais, je sais, n'empêche que ça joue un rôle.
Ajoutez des lois plus sévères. Dans deux semaines - à partir du 15 avril -, le zéro alcool qui s'appliquait jusqu'ici aux conducteurs de moins de 18 ans s'appliquera à tous les conducteurs de véhicules motorisés de moins de 21 ans.
Reste que, à la fin, toutes mesures prises, il reste le plus difficile. Le plus facile, c'est de s'attaquer à la vitesse, à l'alcool, à la drogue. Le plus difficile? S'attaquer à la culture. Disons ça autrement. Disons qu'il y a des radars pour dire: tu vas vraiment trop vite. Il n'y a pas encore de radars pour dire: t'es vraiment trop con.
Pour terminer cette série comme je l'ai commencée, une illustration, une dernière. Il avait 16 ans, il allait très vite, il a pris le fossé, il est mort sous sa voiture.
Ses chums, une demi-douzaine, ceux avec lesquels il faisait la course sur des routes peu surveillées, ceux avec lesquels il faisait de la boucane avec ses pneus, ses chums étaient au salon funéraire avec leurs blousons de course, la casquette vissée sur la tête. Dans un geste dont je ne saisis pas très bien la signification, ils sont allés déposer leur permis de conduire dans le cercueil avant qu'on le ferme. Ce sont eux qui ont porté la boîte jusqu'au corbillard.
Ils avaient des allures de soldats, compagnons d'armes qui portaient un des leurs tombé au combat.
C'est ce que je veux dire quand je dis que le plus dur reste à faire: s'attaquer à la culture vroum-vroum.
Est-ce qu'il y a des parents dans la salle?
REMERCIEMENTS À MADD et à sa directrice pour le Québec, Marie-Claude Morin. MADD (les Mères contre l'alcool au volant) lutte depuis 30 ans contre l'alcool (et le cannabis) au volant. MADD encourage les victimes à prendre la parole pour partager leur douloureuse expérience.
À Mme Johanne Saint-Cyr, vice-présidente de la SAAQ, et à ses fonctionnaires.
À Jean-Marie De Koninck.
Je suis d'accord que je fusse l'un de ces conducteurs dangereux et que j'aurais pu être l'auteur d'un de ces drames que je déplore autant que quiconque.
J'ai été chanceux de ne pas me réveiller dans une cellule apprenant que je venais de causer la mort d'une famille entière.
J'ai pas d'excuses, aucunes, tape si ça te fais du bien. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Série accidents: les bons vivants | |
| |
| | | | Série accidents: les bons vivants | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|