Grève à la poste . Depuis ce matin à l’appel de la CGT/PTT. Le syndicat rejette à nouveau un projet portant sur une réorganisation du travail, que la direction aurait, selon lui, voulu faire passer en force lors des deux conflits de 2005, et qu’elle remet aujourd’hui au goût du jour. Dépêche du 15 octobre 2007. La réorganisation du travail, en voilà une bonne idée. Juste pour vous rappeler à quoi ressemble une bonne organisation du travail, allez faire un tour dans un bureau de Poste.
Quand vous entrez, vous êtes surpris par le silence. Pas messe basse, ni de murmure. C’est le silence. Même les mioches se taisent. A croire que la malédiction est prête à s’abattre sur le premier qui l’ouvre. Vous prenez votre place. Devant vous cinq ou six personnes attendent patiemment. Le premier de la cohorte se tient bien droit juste avant la ligne jaune : Warning ! Do not cross the line.
T’as pas intérêt à la franchir sans autorisation, si non retour à la case départ, comme avec les petits chevaux (vous savez le jeu que nos parents nous forçaient à jouer parce que çà faisait convivial et qu’eux aussi y avait joué quand ils étaient petits et patati et patata).
Tu bouges à droite et à gauche pour essayer de voir ce qui se passe près du comptoir. Tu devines une pauvre vieille qui tend l’oreille vers le préposé pour comprendre ce qu’il lui demande. Le préposé, le voilà le personnage central. Il est assis derrière son comptoir-barricade, armé de tampons, de stylos attachés à un socle, d’imprimés bien rangés. Oui bien rangés, d’ailleurs pour te montrer qui est le patron ici, il s’arrête entre deux clients pour classer les imprimés selon leurs tailles, leurs couleurs, leur importance. Attention, il te demande d’attendre tranquillement derrière ta ligne pour qu’il mette de l’ordre.
Au moment où tu penses ton tour enfin arrivé, il te regarde avec un grand sourire, te lance « ahé, ciao ! », comme si vous étiez potes depuis le premier tube de Dalida, Ciao Ciao Bambino ..., mais, fermement, te défend d’avancer parce qu’il pose un carton sur le comptoir « Guichet fermé ». Toi avec ton papier jaune du recommandé dans la main tu as l’air d’un con. Pourtant samedi matin, tu étais bien à la maison, même que tu t’es réveillé à 7h30 à cause de ta mère qui promène l’aspirateur dans toute la maison sans aucune compassion pour toi qui as passé la nuit à écumer les comptoirs, à ramasser les râteaux et les épaves. Bref, tu étais bien réveillé et tu n’as pas entendu la sonnerie.
Tu as passé ta matinée à buller ave Mario dans sa DS. Quand tu es descendu acheter l’Equipe tu as découvert un papier jaune à ton nom dans la boîte aux lettres : En votre absence, un colis en recommandé est à votre disposition au bureau de Poste. C’est clair, le préposé n’a pas voulu tenter le coup de monter au deuxième étage, au cas où il aurait eu la guigne de tomber sur toi. Il a préféré assurer. Mais, pas chien, il t’a offert un mini-séjour à glandoland pour le lundi suivant.
Donc, tu es planté. Mais, t’as de la chance puisqu’arrive le collègue. Alors lui, il est phénoménal. Du grand, du solide. Tout dans l’allure, comme le Colonel Bigeard, Il arrive, tel un acteur de théâtre classique (le pas lent avec une démarche bien assurée, le geste souple presque félin, les mains dans le rythme mou de la marche, la tête haute et le regard lointain) il toise la clientèle. Oui, qui c’est le patron ici ? Sans te regarder, il annonce « C’est à qui ? ».
Entre la volonté de lui répondre « A ton avis, connard ? » et la volonté de récupérer ton paquet, tu as vite fais le choix. Non, tu ne vas pas lui en coller une, ni lui dire tout le bien que tu penses de lui et de ses potes, tu vas lui donner ton papier jaune et, en plus, avec ta carte d’identité où est collée ta photo de collégien qui fait fuir tes copines et hurler de rire tes copains. Il ne te regarde toujours pas. Il prend paisiblement, très paisiblement le carnet où sont notés les recommandés.
Avec son stylo sérigraphié « Bougez avec la Poste », il suit une à une ligne, levant un sourcil de temps en temps. Tu as vraiment de la chance, au bout de quatre pages, il a trouvé ton nom. En relevant le col de sa chemise et en éparpillant ses cheveux clairsemés sur son crâne, il fait reculer son siège à roulettes. Il se lève. Alors, c’est franchement grand. Il a un regard circulaire vers la salle du style « je sors, mais que je n’entende rien, sinon je vire tout le monde et je ferme ». Bien sûr, personne ne moufte. Il se dirige paisiblement (oui, c’est une répétition, mais çà lui va vraiment bien) vers la pièce d’à côté où sont stockés tous les trésors d’Ali Baba.
Après d’interminables minutes, il en ressort, visiblement épuisé mais avec le sourire victorieux du héros qui revient avec ton colis à la main. Il le pose devant lui, te tend du bout des doigts le fameux imprimé jaune pour que tu puisses attester qu’il a réellement combattu pour toi. Tout çà sans un mot, ni un regard. Toi, bien élevé tu marmonnes un piteux merci. Il n’a n’en rien à foutre, il n’en est à pas là. Lui, il est au-dessus, il est ailleurs. Tu la tiens enfin ta compilation DVD collector de Roland Magdane. Mais à quel prix ? T’aurais mieux fait de l’acheter à Casino.
Tu ressors en regardant avec compassion les douze personnes bien rangées et silencieuses qui attendent leur tour. C’était un mardi vers 12h30, il paraît qu’entre midi et deux, y a personne et que ça va vite…
Pendant ce temps, une dame fatiguée avait fait pipi debout et essuyait ses petites jambes en disant " à ces mouches, elles sont partout", c'est vraiment une année de m....
Un patient , derrière, plus agé, n'arretait pas de remonter son pantalon en fouillant dans ses poches.
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Ps: copié collé que des millions de clients de la Poste auraient pu écrire .
Vivement la privatisation.
Dahak ex LaBaramine sur ce nouveau site.
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