Après Michael Sommer, Président de la DGB (Deutscher Gewerkschaftsbund, Confédération de tous les syndicats allemands), Gesine Schwan (SPD), candidate défaite à la Présidence fédérale allemande avait à son tour mis en garde contre des troubles sociaux qui pourraient éclater en Allemagne suite à la crise économique : « Je n’exclue pas que la colère des gens monte en puissance dans deux ou trois mois. (…) Si aucune lueur d’espoir n’apparaît alors, l’ambiance peut devenir explosive.»1 Cette déclaration provoqua la colère de vastes cercles. Même son camarade de parti Walter Steinmeier prit ses distances avec les propos de Schwan et déclara qu’il ne fallait pas « tenter le diable ». 2 Il est évident que le gouvernement fédéral dans son intégralité ne tient pas du tout à voir s’instaurer un débat sur la fracture sociale et les possibilités de résistance à celle-ci, qui risquerait d’échapper à son contrôle.
On aide les banques et c’est le contribuable qui paie Beaucoup croient encore vraiment que ce ne sera pas si grave, et que, même dans ce cas, les autres en pâtiront plus qu’eux-mêmes. Beaucoup ferment les yeux sur le drame qui se prépare. La politique gouvernementale, qui soutient le système économique néolibéral, désastreux et inhumain, au prix d’un endettement public astronomique, est révoltante, mais la révolte tarde à se manifester. Les médias à la botte de l’État et des grandes entreprises ont décrit les premières manifestations, y compris celle du 16 mai 2009 organisée par le DGB (« Lutter de manière durable contre la crise. Nous voulons un pacte social européen ! Les responsables doivent payer !), comme minables et dépourvues d’ampleur, afin de les neutraliser au maximum.
Mais est-il vraiment exclu que sous peu « l’on assiste à des violences généralisées » 3 face à la montée galopante du chômage, de la pauvreté et de la misère ?
En tout cas, le gouvernement allemand se prépare, et d’autres avec lui, à voir éclater des troubles sociaux. En prévision de situations d’urgence, il renforce dans la plus grande discrétion l’appareil répressif de l’État et recherche des moyens de débusquer ses adversaires influents. La police fédérale et les commandos spécialisés des Länder (régions) s’entraînent déjà, avec des collègues d’États alliés pour maîtriser des « situations d’urgence policière »4
Dans mon Land de Schleswig-Holstein, mais aussi d’autres Länder, les bureaux de protection civile en sont déjà à fabriquer et stocker des cartes de ravitaillement. En cas d’inflation galopante la production et la vente de produits de base devraient être strictement encadrées et soumises à un rationnement. On ne pourrait plus acheter de produits alimentaires qu’en toute petite quantité et « en échange de tickets », comme autrefois pendant la guerre et l’après-guerre. Les instances locales sont chargées de prévoir des mesures en vue d’une rupture de l’approvisionnement en eau et en électricité.
Vous serez surveillés jusque dans votre lit Parallèlement le gouvernement met en place une surveillance policière intensive ; la « défense contre le terrorisme » reste un prétexte très convaincant. Le Secrétaire d’État à l’Intérieur, August Hanning,( d’après la taz, « … l’homme fort qui se cache derrière Schäuble ») a annoncé qu’il ne devrait plus y avoir de lieux non surveillés, même pour protéger la vie privée : « Certes nous pensons que c’est plutôt dans les pièces à vivre qu’on parle de projets criminels. Mais si quelque chose nous indique qu’un couple se retire dans sa chambre à coucher parce qu’il s’y sent plus en sécurité, alors nous pouvons le surveiller là aussi. »5
Oui, ils le peuvent. Les micro-ondes permettent de traverser les murs sans problèmes et de scanner ou mettre sur écoute les intérieurs et ceux qui s’y trouvent. Des capteurs émettent des radiations micro-ondes, à ondes millimétriques et fréquences térahertziennes, qui, réfléchies par les objets ciblés, peuvent être mesurées et exploitées par les services secrets.6 En outre on met au point des dispositifs d’écoute qui balayent tous les réseaux de communication afin de capter et de débusquer les membres de groupes en comparant les langages. Les USA mettront en service un dispositif de ce type – le Socio-Cultural Content in Language (SCIL) dès l’été 2009. 7Les Allemands fabriquent un appareil à micro-ondes de la taille d’une valise qui permet de mettre hors service tous les équipements électroniques d’une maison, en particulier les appareils de télécommunications, depuis le mobile jusqu’à l’ordinateur en passant par la radio et la télé.8
Des armes « non létales » qui en ont tué plus d’un
En outre les services publics de recherche et l’industrie de l’armement travaillent sur des armes dites « non létales », adaptées à la répression de soulèvements « sans effusion de sang ». On n’a aucune confirmation officielle, mais un nombre croissant d’indices laisse supposer que certaines unités de police disposent déjà de ce type d’armes (Non Lethal Weapons). La police fédérale et les commandos d’intervention spéciale à Berlin ainsi qu’en Saxe et Rhénanie-Nord-Westphalie testeraient depuis six mois des armes électromagnétiques scalaires9 : des armes émettant des radiations micro-ondes pouvant occasionner des lésions importantes. La Grande-Bretagne et la Suisse s’en sont déjà procuré. Les fabricants et distributeurs sont Rheinmetall DE-TEE (Düsseldorf)etDiehl BGT Defence (Nuremberg). Ces firmes, ainsi que Heckler & Koch, HDW, EADS, Krauss-Maffei et d’autres fabricants d’armes contribuent à hisser notre pays au rang méprisable de troisième marchand d’armes au monde.
L’une des nouvelles armes « non létales » utilise le courant électrique de faible ampérage mais à haut voltage(50 000 volts) : il s’agit du Taser. Un pistolet qui envoie une aiguille suspendue à un fil très fin. Ce dernier transmet à la cible des décharges électriques provoquant de graves crampes musculaires. Non létales ? L’organisation
Amnesty international fait état de nombreux décès au Canada et aux USA, où le Taser est déjà employé au quotidien par la police.
10 Jusqu’ici aucun État n’a fait d’enquêtes approfondies sur les séquelles physiques et psychiques entraînées à long terme par le Taser. Mais que serait l’Allemagne, si elle n’essayait pas de perfectionner aussi cette arme ?
Diehl met au point, avec 180 000 euros de subvention étatique, des Taser où le courant est conduit par un mince jet liquide.
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En Irak, les troupes US testent les armes allemandes
Pour inventer et fabriquer de nouvelles armes, l’Allemagne n’a pas besoin de copier les USA, bien au contraire : ce sont les USA qui ont importé de nouvelles armes mises au point en Allemagne et en ont testé quelques-unes en Irak, par exemple le canon à micro-ondes12 de la firme Diehl BGT Defence – une des nouveautés desquelles l’armée et la police allemande sont déjà équipées ou pourraient l’être incessamment.