"La Demoiselle"Dans un jour de printemps, est-il rien de joli
Comme la Demoiselle, aux quatre ailes de gaze,
Aux antennes de soies, au corps svelte et poli
Tour à tour émeraude, ou saphir, ou topaze ?
Elle vole dans l'air, quand le jour à pâli;
Elle enlève un parfum à la fleur qu'elle rase;
Et le regard charmé la contemple en extase
Sur les flots azurés traçant un léger pli.
Comme toi, fleur qui vis et jamais ne fanes
Oh ! Que n'ai-je reçu des ailes diaphanes;
Je ne planerais pas sur ce globe terni !
Aux régions de l'âme, où nul mortel ne passe,
J'irais, cherchant toujours dans les cieux, dans l'espace,
Le monde que je rêve, éternel, infini !
mai 1834
Louise Colet, Fleurs du Midi, (1836)