Stupeur et indignation après l'interpellation musclée d'un dirigeant de Libération(Samedi 29 novembre, 21h12)"Il n'y a pas de précédent en France, aucun directeur de publication n'a subi ce que j'ai subi", a affirmé samedi à l'AFP M. de Filippis, qui, à ce poste, était pénalement responsable de tout ce qui était publié.
"Nous vivons dans un pays où l'on parle d'incarcérer les mineurs délinquants de 12 ans, on voit comment est traitée l'ultra-gauche sur l'affaire de la SNCF... On porte atteinte à la liberté de la presse, aux libertés publiques, au débat démocratique", a-t-il ajouté.
Aujourd'hui directeur du développement du journal, Vittorio de Filippis a été interpellé à son domicile vendredi vers 6H30 par des policiers qui l'ont conduit au commissariat du Raincy (Seine-Saint-Denis), la commune où il réside.
Il a été mis en examen par la juge Muriel Josié pour
"diffamation publique" envers Xavier Niel, fondateur du fournisseur d'accès internet Free.
Celui-ci avait déposé plainte après la parution en 2006 sur le site internet du quotidien d'un commentaire d'un internaute, à la suite d'un article du journaliste Renaud Lecadre faisant état de ses démêlés judiciaires.
Sur le site du journal, M. de Filippis affirme avoir été arrêté sans ménagement et insulté devant l'un de ses deux fils, âgés de 10 et 14 ans, restés seuls alors qu'il était emmené.
Interrogé au commissariat, il sera acheminé menotté au dépôt du TGI où il sera enfermé et déshabillé à deux reprises avant d'être conduit devant la juge, selon ses dires. Il sera relâché vers 11H30.
De source policière, on affirmait samedi à l'AFP que M. de Filippis aurait
"pris de haut" les policiers
"irréprochables" venus l'interpeller sur ordre de la juge qui avait délivré un mandat d'amener, M. de Filippis n'ayant pas répondu à une convocation.
On précisait au ministère de l'Intérieur que
"dans une affaire comme celle-là, la police est à la disposition du juge d'instruction", qui
"décide des modalités de l'interpellation, de l'heure...".Dès vendredi soir, l'avocat de Libération, Me Jean-Paul Levy, s'est dit
"scandalisé" par un
"tel traitement pour un délit qui n'est pas passible de prison", affirmant qu'il s'agit d'une
"première" en matière de délit de presse.
"Que la police ait employé des moyens aussi brutaux, c'est un dérapage dangereux qui ne doit pas créer un précédent", a dit samedi à l'AFP le directeur de la publication de Libération, Laurent Joffrin.
L'UMP a demandé l'ouverture d'une enquête, estimant que le traitement subi par le journaliste paraissait
"surréaliste" et la méthode utilisée
"disproportionnée". Le porte-parole Frédéric Lefebvre a suggéré que soit mise à l'ordre du jour des Etats Généraux de la presse la question des procédures utilisées à l'encontre de la presse par les autorités judiciaires.
Le PS a stigmatisé des
"méthodes inadmissibles" qui ont pour but
"d'entraver la liberté de la presse". Sa première secrétaire, Martine Aubry, a demandé à Nicolas Sarkozy une enquête "dans les plus brefs délais" sur l'interpellation du journaliste. Elle s'indigne des
"méthodes judiciaires inadmissibles dont a été victime" M. de Filippis.
Reporters sans frontières a jugé les faits
"intolérables", affirmant que la France
"détient le triste record européen du nombre de convocations judiciaires, mises en examen et placements en garde à vue de journalistes".Le syndicat professionnel de la Presse magazine et d'opinion a appelé la ministre de la Justice, Rachida Dati, à
"réaffirmer publiquement que la détention n'existe pas dans les délits de presse". Le Syndicat de la Presse quotidienne nationale a demandé à la ministre de
"mettre fin à de telles dérives d'intimidation, incompatibles avec la liberté d'expression".Le Syndicat national des Journalistes s'est insurgé contre le fait qu'un journaliste soit
"traité comme un criminel". Il a dénoncé
"la démesure avec laquelle sont désormais instruits certains délits de presse".(AFP - Rébecca Frasquet)===================================================
Bref, tous ces braves gens d'une bonne foi irréprochable poussent des cris d'orfraie parce qu'un des leurs, un journaliste, a "oublié" à trois reprises d'obtempérer à une convocation d'un juge d'instruction qui, le plus normalement du monde et comme pour n'importe quel autre citoyen, s'est vu contraint de lancer un mandat d'amener envers le réfractaire...
Oui, tous ces braves gens et même d'autres moins braves - des politiciens - sont scandalisés que les journalisres ne soient plus considérés comme des citoyens à part, des privilégiés, pour qui les lois ne s'appliquent pas.
Faut rigoler, faut rigoler...