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 Le procès de Jésus .

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Zed
Lawrence
Ungern
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Ungern

Ungern


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MessageSujet: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty16/1/2012, 19:34

Il m' a semblé intéressant de reprendre ici,le procès de Jésus .
Pendant 2 millénaires presque ,l'occident chrétien a accusé les juifs de la Mort du Christ .
Bien peu de chrétiens ne connaissent cependant exactement les tenants et les aboutissants de ce procès .
J'ai voulu les résumer dans un but purement historique et non polémique .
Je ne donnerai pas d'avis sur la question,je me borne à narrer des faits établis .



+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++







[size=12]Le Procès de Jésus .


[/size]





Les sources : les différents évangiles .

Il existe 4 évangiles reconnus , chacun ayant une date de parution différente, un auteur différent et donc un état d’esprit différent .

Marc
Avant la diaspora
Marc aurait fait le premier évangile, et c’est sur base de cet évangile que Luc et Mathieu auraient ajouté leurs propres version des faits ou des détails .
L’évangile de Marc est une rédaction « simple » destinée au peuple tandis que les évangiles de Luc et Mathieu sont eux destinés à l’intelligentsia.

Luc

Mathieu

Jean
Après la diaspora
Vu l’énorme laps de temps depuis la mort du Christ jusqu’à la rédaction de l’Evangile de Jean, il est clair que cet évangile a été rédigé par un autre que Jean, et qu’il s’agit de la transcription de l’évangile « oral » de Jean .
L’évangile de Jean ne s’appesantit que sur les omissions des Evangiles précédents et a lieu bien après la diaspora à une époque où le christianisme tend à prendre ses distances avec le peuple juif qui dès le départ a été jugé par les « chrétiens » comme « responsable » de la mort du Christ .
Les Evangiles « apocryphes (et non reconnus par l’Eglise) sont encore plus antisémites .




De nombreux disciples étant des parents ou amis de membres du sanhédrin ont pu renseigner les évangélistes sur le édroulement du procès .






Le sanhédrin.

Le Sanhédrin est le tribunal juif .

Il y en a un par grosse agglomération.
il est constitué de 70 membres + d’un Président.
Le quorum requis pour prendre une décision valable est de 21 personnes présentes .


Ce tribunal est entièrement autonome partout sauf à Jérusalem où le Président est nommé par l’occupant .

Le tribunal se compose de 3 groupes :

· Le groupe des prêtres .

· Le groupe des riches laïques.

· Le groupes des scribes (des pharisiens)

Ce tribunal se compose théoriquement de 2 chambres ; l’une religieuse et l’autre criminelle et civile .

Ce tribunal peut « condamner à mort », mais ne peut exécuter la sentence sans l’aval des romains, à une exception près : être entré quel que soit son statut dans le « saint des saints » du Temple .


Le procédé de mise à mort par le Sanhédrin est la lapidation, tandis qu’elle est généralement la crucifixion chez les romains .
Comme le Sanhédrin n’a plus le pouvoir de procéder à une mise à mort, la mise à mort est « de fait » toujours la crucifixion .


Pour pouvoir condamner quelqu’un ,le simple aveux ne suffit pas, il faut en plus et obligatoirement 2 témoignages rigoureusement concordants .
Si il y a discordance sur un point, le témoignage est rejeté .









Les accusations .



Jésus passe d’abord par un premier jugement au Sanhédrin ,et ensuite par un second jugement devant l’autorité romaine .

L’acte d’accusation change :

Devant le Sanhédrin, comme il n’est pas possible d’accuser Jésus de quoi que ce soit, on l’accuse de Blasphème : il a en effet déclaré devant le Sanhédrin tout entier qu’il est le fils de Dieu.
Il y a donc à la fois Blasphème public, aveux, et plus de 2 témoins.


Devant les autorités romaines, l’accusation change : il est accusé cette fois d’être « le Roi des Juifs » donc accusé indirectement de préparer une sédition.






Le « faux procès » .



Le procès intenté à Jésus ne s’est de toutes façons pas déroulé de façon régulière .
Un procès juif régulier doit se dérouler « ainsi » :


· Le procès ne peut avoir lieu que « de jour » .

· Le tribunal doit se réunir une deuxième fois le lendemain, et donc le lendemain doit être un jour « ouvrable » puisqu’il est interdit de juger le jour du shabbat …

· A ce deuxième tribunal ne peuvent participer que les seuls juges ayant voté pour la sentence

· Le 2° jugement ne peut être plus sévère que le premier .

Or ce « procès » c’est déroulé sur un seul jour et non deux .
Si il y avait eu un procès, déjà cela le rendait irrégulier …


Peut-on même parler de procès ou de parodie de procès ?

En y regardant de plus près, on arrive à la conclusion qu’il n’y a pas eu de procès ni de condamnation, mais uniquement un transfert de prisonnier de l’autorité juive à l’autorité romaine en laissant le soin aux romains de décider .
En effet si Jésus avait du être jugé et condamné par le Sanhendrin, son corps aurait dû se retrouver dans un endroit de sépultures juives réservé aux condamnés juifs , or il a été ensevelis dans une tombe privée .
On joue donc sur les mots une fois de plus .













La situation « concrète » :



Jésus vient de ressusciter Lazarre .
Sa popularité explose .
Il est temps de faire quelque chose si on veut récupérer la situation .


Les juifs veulent donc se débarrasser de Jésus.
Ils peuvent le juger, mais ils ne peuvent le mettre à mort eux même, ils doivent avoir l’accord des romains .
D’un autre côté si ils se bornent à l’envoyer chez les romains sans l’avoir condamné eux même au préalable, qui plus est d’une accusation infamante, Jésus risque d’être condamné à mort par les seuls romains et donc apparaitre comme une victime des occupants ,ce qui va une fois encore accroitre son prestige .
Il faut donc que le jugement du Sanhédrin le condamne (pour qu’il perde son auréole de martyr) et que les romains entérinent le jugement (pour qu’ils en portent la responsabilité) .









De l’arrestation à la Croix .
.
Le trajet du christ est assez bien connu , mais pas sa chronologie .
Nous pouvons néanmoins établir la séquence suivante :



  • Jésus prêche .
  • Jésus ressuscite Lazare.
  • Le Sanhédrin réunit en assemblée informelle et non légale prend la décision de s’en débarrasser d’une façon ou d’une autre ,et fait répandre dans la population le bruit qu’il recherche Jésus pour l’arrêter .
  • Pour une raison d’intérêt (ou pour hâter la fin des temps),Judas se propose comme « traitre » .
  • Jésus participe à la « dernière Cène » .
  • Jésus et ses disciples se rendent sur le Mont des Oliviers .
  • Judas guide la Garde Juive du Temple( force de police autonome et tolérée par les romains) à Jésus .
  • Jésus est arrêté .
  • Jésus est conduit chez Anne, le beau père du Caïphe .
    Anne n’occupait plus la fonction de Caïphe ; il en avait été destitué par l’occupant romain, et à cause de cela, il avait une énorme popularité .
    Il est fort probable que Caïphe espérait ainsi un début de condamnation par Anne de telle façon qu’il eut pu enchérir ,mais cela n’eut pas lieu ,car Jésus sut louvoyer dans son interrogatoire .

  • Jésus est conduit ensuite au Sanhédrin .
  • L’acte d’accusation commence par l’accusation d’avoir voulu détruire le Temple ,ce qui était « faux » ; Jésus avait dit : « SI VOUS détruisez le Temple alors MOI je le reconstruirai en 3 jours ».

    La discussion entre Caïphe et Jésus louvoie ensuite jusqu’à un tournant de phrase : Caïphe pose la question : « Es-tu le fils de Dieu » ?Et Jésus répond : Oui, je vous le dit .

    Immédiatement il est qualifié de blasphémateur , et les gens du Sanhédrin disent qu’il MERITE la mort (stricto sensu, il n’est donc pas condamné à mort par le Sanhédrin …).

  • Comme il n’est pas formellement condamné à mort, la nécessité de deuxième séance avant le transfert à l’autorité romaine tombe, et il est conduit directement à Pilate .
  • Devant Pilate les accusations de la foule et du Sanhédrin sont triples :

    • Il incite la nation juive à la révolte .
    • Il incite la nation juive à refuser de payer l’impôt romain .
    • Il se revendique du titre de Christ Roi, donc il prépare une rébellion .

  • Pilate refuse de le condamner .
  • La foule exulte de rage et exige la condamnation .
  • Pilate trouve une tangente : Jésus bien qu’étant Judéen du fait de sa naissance a fait l’essentiel des actes qu’on lui reproche en Galilée , et il relève donc de l’autorité de Hérode Antipas (il est plus que vraisemblable que Pilate ne savait même pas qu’il était Judéen …) .
  • Hérode Antipas ne tient pas à se risquer dans cette affaire ,car d’une part il est plutôt anti chrétien, mais d’autre part il se méfie fort des miracles de Jésus .
    Il choisit une réponse intermédiaire : il le renvoie à Pilate affublé d’ un manteau royal .

  • Pilate revoit Jésus et se dit deux choses : d’une part Hérode ne l’a pas gardé chez lui, donc l’ a retourné à la décision romaine, et d’autre part , Hérode l’a affublé d’un manteau royal signe qu’il le prend pour un imposteur, signe aussi qu’il serait donc « pour la mort » …
  • Pilate a encore une carte en main pour ne pas appliquer la sentence : nous sommes la veille de Pâques et une tradition juive respectée par les romains donne aux juifs un droit de libération à un condamné .
  • Pilate propose cette solution à la foule, mais la foule manipulée tant par les autorités religieuses que laïques du Sanhédrin lui préfère Barabbas (qui par ailleurs ,et par hasard, portait aussi le nom de « Jésus ») , qui était soit un simple brigand soit au contraire un des premiers zélotes, ceux là même qui des années plus tard soulèveront la Judée ,un épisode qui se terminera par la destruction du Temple et la Diaspora .
  • Pilate a encore la possibilité de classer toute l’affaire ; il est « tout puissant » car représentant l’autorité occupante .
    Néanmoins dans ce cas précis ,sa toute puissance est relative, parce que ce droit s’applique à des crimes politiques et non des crimes religieux .
    Or le fond de la question est de nature religieuse : Jésus est accusé de blasphème en se disant fils de Dieu…

  • Encore une fois ,Pilate cherche une tangente : il voudrait bien se contenter de le fouetter..
    Il le fait fouetter, et le représente ensuite à la foule dans une attitude grotesque avec une courrone d’épines dans l’espoir que la foule sera calmée .
    De nouveau la foule exige son exécution, et pire des bruits commencent à circuler que si Pilate n’applique pas la sentence de mort, il y aura des plaintes à Rome parce qu’il aurait refusé de punir un ennemi de Rome … .

  • Toute dernière manœuvre de Pilate : il se lave les mains ostensiblement en disant : « Je ne suis pas responsable de tout ce sang, à vous de voir » .
    C’est terminé, le supplice de la Croix va commencer .

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Lawrence

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty16/1/2012, 20:32

Merci Ungern,

Je connaissais très bien la "Semana Santa" et l'agonie du Christ mais en te relisant je me suis rendu compte que ces Juifs étaient encore plus tordus que je ne le pensais !!!!


Twisted Evil
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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty16/1/2012, 20:54

Lawrence a écrit:
Merci Ungern,

Je connaissais très bien la "Semana Santa" et l'agonie du Christ mais en te relisant je me suis rendu compte que ces Juifs étaient encore plus tordus que je ne le pensais !!!!


Twisted Evil

Sûrement encore le MOSSAD et les ricains, on voit presque leur signature moderne sur la chose que vous appelez celle ci.
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Alice

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty16/1/2012, 21:16

Des points intéressants dans l'exposé de Ungern, mais j'ajouterais quelques détails supplémentaires qui soulignent encore plus l'incohérence du récit évangélique (preuve s'il en est qu'on a affaire là à un écrit politique rédigé-réécrit bien ultérieurement par un (des ?) auteurs ne connaissant pas grand chose au droit hébraique de l'époque, et non à un récit historique de première main)

Citation :
Devant le Sanhédrin, comme il n’est pas possible d’accuser Jésus de quoi que ce soit, on l’accuse de Blasphème : il a en effet déclaré devant le Sanhédrin tout entier qu’il est le fils de Dieu.
Il y a donc à la fois Blasphème public, aveux, et plus de 2 témoins.

- Prétendre être le fils de Dieu ne relève pas dans le droit hébraique du blasphème stricto sensu.

L’accusation de blasphème est très cadrée et restreinte dans le judaïsme et ne concerne que celui qui, malgré avoir été mis en garde au préalable, prononce publiquement le Nom de Dieu en vue de lui porter atteinte, en présence de deux témoins au moins qui acceptent de témoigner et de répéter ce qu’ils ont entendus précisément. Une condamnation à mort ne peut se faire que suite à ces deux témoignages – s’ils sont jugés recevables. On voit dans le texte que Caïphe se permet de se passer de ces témoignages – il déchire son vêtement, geste qui n’était fait par les juges que dans les cas où les deux témoins confirmaient le délit de blasphème en répétant le Nom de Dieu qu’il avaient entendu de la bouche du coupable. Il s’agit donc d’une parodie de procès, ne respectant en rien les lois religieuses juives, qu’aucun « pharisien » ne pourrait cautionner.

- Dans le cas d’un procès pour un délit pénal, le sanhédrin ne peut statuer que dans l’enceinte du Temple (quel est donc ce « tribunal » qui se rassemblerait dans la maison du Grand Prêtre ?)

- Depuis l’occupation romaine, le sanhedrin avait perdu tout pouvoir de condamnation à mort, un sanhedrin qui aurait mené un procès pour un délit pénal débouchant sur une condamnation à mort se mettait de facto en porte-à-faux de l’occupant romain, cela aurait été une véritable provocation contre laquelle les romains n’auraient pu que réagir avec la plus grande sévérité, en destituant notamment les responsables du procès.

- Le procès se déroule dans la nuit précédant la nuit de Pessah, la Pâque juive. Or, les tribunaux juifs ne siégeaient pas les veille de fête (et encore moins la nuit), car une peine prononcée devait être appliquée le lendemain, ce qui fait que Jésus aurait été mis à mort le 1er jour de la Pâque juive, chose impossible au regard de la loi juive.
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Lawrence

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty17/1/2012, 00:55

Tu as entièrement raison Alice mais alors il y a un flagrant "Vice de forme".

Tu sembles t'attarder bien plus sur la procédure que sur la mort du Christ, je plains le Messie dès son arrivée !!!!! affraid
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OmbreBlanche

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty17/1/2012, 06:42

> Jésus reviendrait sur Terre qu'il serait à nouveau jugé et exécuté.

Les Hommes sont tellement cons qu'ils ne changent guère ...
No
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Alice

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty17/1/2012, 10:27

Lawrence a écrit:
Tu as entièrement raison Alice mais alors il y a un flagrant "Vice de forme".

Tu sembles t'attarder bien plus sur la procédure que sur la mort du Christ, je plains le Messie dès son arrivée !!!!! affraid

La mort de qui ? confused

Je ne m'attarde que sur une seule chose : la portée historique du récit que font les évangiles du procès d'un certain Jésus (K. ?) dont une l'Histoire à fait le messie de certains.

En soulignant les incohérences flagrantes, en terme de procédures entre autres, j'entends montrer qu'il s'agit d'un récit écrit dans un objectif didactiquo-politique (pour ne pas dire de propagande), par des auteurs ultérieurs et très certainement étrangers au monde juif (ou très éloigné).

Si procès il y eu, ce ne pu être qu'une parodie de procès, ne relevant aucunement des us et coutumes juives de l'époque et aucunement fondé sur le corpus juridique hébraique.

Par contre, en posant l'hypothèse que ce texte fut (ré)écrit ultérieurement par des Chrétiens d'ascendance non-juive, soucieux d'imposer leur statut de "verus Israel", il retrouve sa cohérence : le but étant bien évidemment de discréditer les Juifs et leur Loi en les présentant sous un jour cruel, sanguinaire, violent et arbitraire (la fameuse accusation de préférer la Lettre à l'esprit de la Lettre, l'une des accusations les plus injustes et injustifiées que la chrétienté a jamais produit contre le judaisme... et qui continue d'avoir la vie dure).
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Zed

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty17/1/2012, 12:46

Alice a écrit

Si procès il y eu, ce ne pu être qu'une parodie de procès, ne relevant aucunement des us et coutumes juives de l'époque et aucunement fondé sur le corpus juridique hébraique.

Encore une fois, je suis obligé d'être d'accord avec toi Alice (Ça commence a devenir une manie Very Happy )


Ce n'est pas le peuple juif qui voulait la mort de Jésus, seulement le Sanhédrin.

Quand le Pape émet une objection quelconque, ce n'est pas l'occident qui s'exprime, seulement le Pape.
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quantat

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty17/1/2012, 13:21

... n'empêche qu'après tout ça, il faut pas s'étonner que les Parisiens aient si mauvaise réputation...



Embarassed
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Alice

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty17/1/2012, 13:52

Zed a écrit:

Ce n'est pas le peuple juif qui voulait la mort de Jésus, seulement le Sanhédrin.
[/b]

Hé pt'ite souris, faut suivre !
Rien ne permet d'affirmer que le Sanhedrin voulait la mort de Jésus, au contraire.
Que l'un ou l'autre membre du sanhedrin (Caïphe ou autre) la souhaitait, c'est fort probable, mais leur souhait d'éliminer un agitateur gênant ne peut être mis sur le dos de l'institution du Sanhedrin dans son ensemble.

comme je l'ai souligné plus haut, le "procès" présenté dans les évangiles n'est qu'une parodie de procès qui ne respecte en rien les lois de fonctionnement du tribunal du sanhedrin.
Donc soit ce "procès" n'a jamais existé en lui-même et à été inventé ultérieurement pour mieux dénigrer les juifs, soit ce "procès" est une initiative de mise à mort "personnelle", initiée à titre privé par certains membres de celui-ci (qui collaboraient activement avec l'occupant romain, histoire de garder un pouvoir en partie usurpé).
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MessageSujet: Le procès de Jésus et l’anti-judaïsme chrétien   Le procès de Jésus . Empty18/1/2012, 21:55

pour Alice,

voici ce que j'ai trouvé dans un site catholique intelligent "Port Saint Nicolas"

coco!

Le procès de Jésus et l’anti-judaïsme chrétien



Parler du « procès de Jésus » oblige à faire
d’emblée une distinction. On peut en effet aborder le sujet en
historien, scruter les documents et, à partir de ceux-ci, chercher à
retracer le déroulement historique de ce procès. Mais on peut aussi
considérer les évangiles qui nous en font le récit pour savoir comment
leurs auteurs l’ont compris et interprété. Cette distinction suppose
admis que les évangélistes n’ont pas pour seul propos de retracer des
faits avec le plus d’exactitude possible, mais poursuivent d’autres
buts, théologiques, pastoraux, voire polémiques.


À partir de cette distinction on doit en faire une autre : distinguer
le rôle des Juifs (lesquels ? à préciser) dans le procès historique et
celui que leur font jouer les récits évangéliques de la Passion. La
question de l’anti-judaïsme ne se situe qu’au niveau des versions
évangéliques du procès, des « tendances » qu’on peut y percevoir, non au
niveau des faits bruts, pour autant qu’un historien soit à même de les
retracer. Mais pour percevoir les tendances en question, il est utile
d’avoir une idée au moins sommaire de ce qui s’est passé au niveau des
faits. Une comparaison entre le résultat de l’étude historique et les
versions des évangiles permet de mieux évaluer ces dernières. La tâche
n’est pas facile, car, à part quelques exceptions, notre connaissance du
procès de Jésus dépend de ces versions évangéliques et c’est à travers
elles que, moyennant une étude critique, nous pouvons atteindre les
faits."


Le rôle des juifs dans le procès historique



Voici en résumé, et sans dissimuler les zones d’ombre, le résultat
qu’il semble possible d’obtenir touchant le procès de Jésus dans
l’histoire. Jésus a été arrêté à l’initiative des « grands prêtres », à
savoir la hiérocratie de Jérusalem, avec à sa tête Caïphe, le grand
prêtre en exercice. La troupe qui a effectué l’opération était composée
uniquement d’une milice juive aux ordres de ces autorités.


Pourquoi Jésus a-t-il été arrêté ? Certains auteurs pensent que la
manifestation, chez Jésus, d’un projet de caractère messianique avait
alerté Caïphe et son entourage, au demeurant dans les meilleurs termes
avec le pouvoir romain représenté par Pilate. La crainte d’un
soulèvement aurait déterminé le pouvoir juif à arrêter Jésus.


D’autres auteurs pensent aux paroles de Jésus annonçant la fin du
Temple et qu’aurait illustrées le geste spectaculaire des vendeurs
chassés de l’esplanade du sanctuaire. Propos dangereux, car impopulaires
et nécessairement politiques (ils s’en prenaient au centre religieux de
la nation), donc susceptibles d’engendrer des troubles, sans compter
qu’ils contestaient aux desservants leur pouvoir et la source de leur
revenus.


Au sens strict, il n’y pas eu de « procès » juif, mais seulement un
procès romain. Le récit de la séance du Sanhédrin telle qu’elle est
rapportée dans les évangiles synoptiques est sans vraisemblance
historique. Non seulement la version de Luc, qui remanie de fond en
comble celle de Marc, mais encore les deux autres : c’est là un produit
chrétien qui n’a d’autre but que de montrer que Jésus a été condamné à
mort en tant que Christ (Messie) Fils de Dieu, mais aussi que cela reste
un crime pour lequel les juges seront jugés et châtiés. Il n’y aura pas
eu de séance, formelle ou informelle, du Sanhédrin au matin, car la
phrase de Marc 15,1 s’entend aussi bien comme une façon de renouer avec
la séance nocturne.



Pilate a instruit un procès dont nous ignorons en fait le
déroulement. En condamnant Jésus à être crucifié, après l’avoir fait
flageller,
Pilate aura pu prendre une mesure sécuritaire. Le rôle de la
foule juive en la circonstance est pour le moins douteux : elle
n’apparaît en effet que dans l’épisode de Barabbas, lui-m0me d’une
historicité discutable. Jésus, au sortir du prétoire, a été emmené par
les troupes auxiliaires de Rome et crucifié par ses soldats avec
d’autres condamnés.
Un Juif pieux, Joseph d’Arimathie, a obtenu du
gouverneur l’autorisation exceptionnelle de détacher de leur gibet les
cadavres de Jésus et de ses compagnons de supplice et de les ensevelir
avant le coucher du soleil et le début du sabbat."


Dernière édition par coco! le 19/1/2012, 09:16, édité 1 fois
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Ungern

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty18/1/2012, 22:25

C'est bien Coco d'être revenu,mais tu fais toujours du copier-coller sans rien comprendre .

Historiquement les choses s'établissent ainsi :

. Une assemblée informelle du Sanhédrin avec à sa tête Caïphe décide de la mort de Jésus .

. Au nom du Sanhédrin,cette assemblée illégale envoie un groupe arrêter Jésus .

. Jésus comparait devant une assemblée illégale (car réunie de telle façon que l'appel ne soit pas possible,vu que l'on était la veille du shabat) du Sanhédrin .

. Caïphe sait que cette assemblée est illégale et que donc sa sentance de mort n'a aucune validité ,mais par contre elle va sûrement forcer la main de Pilate vu que Jésus peut passer pour un agitateur anti romain .

. Caïphe (qui n'a pas le ius gladius) envoie donc pour l'exéquatur Jésus à Pilate (et de plus ce transfert "imposé" l'arrange on ne peut mieux,puisqu'ainsi la décision de mort sera prise par un autre...) .

. L'acte d'accusation change devant les 2 tribunaux : devant le Sanhédrin,l'acte d'accusation est au final le blasphème,. C'est sur base de cet acte d'accusation qu'il est transféré à Pilate . Mais devant Pilate l'acte d'accusation invoqué change; cette fois çi Caïphe invoque la sédition anti romaine .

.Pilate fait tout ce qu'il peut pour ne pas faire exécuter Jésus,mais sa marge de manoeuvre,tout le monde le sait,est réduite ;Pilate est subordonné au préfet de Syrie toute proche .

. A plusieurs reprises la foule pousse puis force même la main à Pilate en menaçant d'appeler "Rome" si Pilate n'exécute pas un agitateur anti romain .



Alors je n'ai pas très bien compris ,mais tu sauras sûrement m'expliquer :

.Qui a la responsabilité juridique?
.Qui a la responsabilité morale ?
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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty18/1/2012, 22:52

je me suis adressé à Alice et non à vous monsieur ungern.

vous avez commencé par m'insulter en disant que je ne comprenais pas ce que j'ai publié !

et vous avec vos commentaires qui n'ont qu'un but accuser les juifs de la mort de Jésus, vous croyez que vous savez la vérité historique du procès de Jésus?

ce qui ne me surprend pas d'ailleurs .

moi mon copié-collé je l'ai trouvé dans un site catholique qui ne peut être accusé de ne pas rechercher honnêtement la Vérité !

alors cher monsieur je vous demande pour ne pas envenimer l'atmosphère du forum de ne pas répondre injurieusement à mes messages et d'arréter d'accuser les juifs de tous les maux du monde!

coco!
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MessageSujet: pour Alice coco!   Le procès de Jésus . Empty18/1/2012, 22:55

Les lignes directrices des récits évangéliques



Laissons à présent le plan de l’histoire et des faits bruts pour
l’interprétation dont témoignent les récits des évangiles. Une première
remarque est négative : ces récits ne sont pas gouvernés par la
polémique anti-juive. Celle-ci n’est que seconde en importance. La
perspective principale est ici d’un autre ordre. On peut la définir
comme apologético-théologique, ou comme une théologie, une christologie,
dont le but est apologétique.


Les chrétiens se réclament d’un crucifié, le vénèrent et l’adorent
peut-être déjà. Eux-mêmes ont besoin de savoir qu’il ne s’égarent pas en
ce faisant. Les Juifs, aux premiers temps du mouvement chrétien,
refusaient le titre et la qualité de Messie à ce crucifié que les
chrétiens reconnaissaient comme tel et qui demeurait « scandale pour les
Juifs » (1 Co 1, 23). Il était aussi essentiel de leur montrer que ce
Messie crucifié réalisait le plan de Dieu tel que le dessinaient les
écritures sacrées. Les évangélistes font à leur tour ce qu’on avait déjà
fait avant la composition des évangiles dans les premières églises de
Palestine. à cette fin on cite l’Ancien Testament où l’on a découvert
des « prophéties » opportunes : on les coule aussi dans le texte;
parfois même on sollicite les faits pour que la concordance soit plus
exacte (par exemple, dans Matthieu 27,34, Jésus boit du vin mêlé de
fiel, à cause du Psaume 69,22). Ainsi pensait-on éloigner ou neutraliser
le scandale, éclairer et rassurer les chrétiens, et convaincre les
Juifs récalcitrants.


Autre aspect au service de la même cause. Jésus, dans ces récits, est
présenté non comme subissant ce qui lui est infligé, mais le voulant,
le décidant, l’organisant même. Discret dans Marc, cet aspect n’en est
pas moins présent. Qu’on songe au récit de l’arrestation où Jésus,
quoique déjà arrêté, tient un discours aux gardes, lesquels sont
apparemment disposés à l’entendre, pour leur apprendre que s’ils ont
réussi leur prise, « c’est pour que s’accomplissent les écritures » (Mc
14,48-49). Luc va plus loin, par exemple dans le récit de la séance du
sanhédrin, où Jésus, en réalité, mène le dialogue, où il n’y a ni
président ni sentence et qui ne ressemble que de très loin à une séance
de tribunal : Jésus amène ses juges (en réalité le lecteur) à conclure à
sa dignité de Fils de Dieu. Matthieu est, sur ce point, très clair dès
le début du récit de la Passion : Jésus, magistralement, déclare que le
moment est venu de la subir; bien plus, il semble déclencher les menées
des chefs juifs (Mt 26,1-3).


Dans Jean, cette maîtrise devant la Passion atteint son sommet.
Ainsi, dès le début, Jésus, fort de sa prescience surnaturelle, donne
l’ordre à Judas d’accomplir sa sinistre besogne (Jn 13,26-30), puis
s’offre à l’arrestation au moment qu’il juge opportun après avoir bien
marqué qu’on ne s’empare pas de lui sans qu’il en ait décidé ainsi.
C’est lui, en effet, gui sort du jardin au-devant de ses agresseurs,
pose les questions, culbute la troupe à sa déclaration d’identité et,
après sa défense des disciples et l’incident du coup d’épée, se laisse
finalement arrêter (Jn 18,4-12). Le reste, où l’on pourrait multiplier
les exemples, est à l’avenant, jusqu’à ce dernier soupir rendu après que
Jésus ait dit son dernier mot et « achevé » sa mission (Jn 19,30).


Outre ces leçons essentielles, les récits de la Passion laissent
entrevoir un propos touchant la conduite des chrétiens. Les évangiles
mettent les lecteurs en garde contre l’apostasie et les invitent à la
pénitence avec la fuite des disciples, les reniements de Pierre et ses
larmes. Dans Luc, le repentir du « bon larron », son pardon et la
pro-messe dont il est l’objet invitent le chrétien pécheur à la
contrition et à l’espérance. Les foules pénitentes qui s’éloignent du
Calvaire (Lc 23,48) lui rappellent que la mort de Jésus entraîne de
semblables sentiments chez celui qui la contemple avec foi et
reconnaissance. C’est une même position secondaire qu’occupe dans ces
récits la polémique antijuive.
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Ungern

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty18/1/2012, 23:05

Coco,t'as bouffé du curé ?
T'as bouffé Moussa ?
Toi non plus tu ne réponds pas aux questions posées ?
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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 00:19

15 -

Cette histoire est confondante, mais une chose est évidente : si le leader de la LCR (Ligue Chrétienne Révolutionnaire) avait eu comme avocats les deux baveux qui ont sauvé la tête de DSK au pénal il n'aurait jamais fini en pins sur son tau !

D'un autre côté le monde en aurait été changé, car sans la crucifixion du Djizeus les produits mythologiques et monumentaux dérivés de sa boîte n'auraient jamais pu connaître le succès. C'est presque sûr qu'il n'y aurait pas eu les allumés du tapis qui doivent beaucoup à la dissidence du judaïsme qu'est le christianisme.

Tout se tient.

Comme le monde serait beau !
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MessageSujet: suite de l'article catholique    Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 09:13

Avant les évangiles

Les généralisations et les gauchissements des récits évangéliques de la Passion au détriment des Juifs sont une mise en forme narrative d’une inculpation antérieure. Celle-ci remonte presque aux origines du christianisme.

Sa première attestation nous est conservée, sous l’autorité de Paul, dans la Première épître aux Thessaloniciens, écrite une vingtaine d’années après la mort de Jésus. Dans un passage (1 Th 2,14-16) à l’authenticité parfois discutée mais en réalité indubitable, Paul passe de l’action de grince à la polémique et s’en prend aux « Juifs » qu’il incrimine d’une série de méfaits. Le premier d’entre eux consiste en ce qu’« ils ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes ». Le meurtre de Jésus est présenté comme le couronnement de l’infidélité séculaire d’Israël, celle-ci se manifestant au paroxysme dans l’assassinat des prophètes [1], au terme desquels Jésus vient prendre sa place. Paul n’a pas inventé l’inculpation ni sa formule, bien qu’il soit le premier à les attester.

En effet les Actes des Apôtres les insèrent dans des discours qui ne dépendent pas de Paul et où l’on a tout lieu de reconnaître certains héritages de la tradition chrétienne. Parfois ces discours, qui s’adressent aux Juifs, tiennent compte du rôle des Romains dans l’exécution de Jésus : « Vous l’avez cloué à la croix et tué par la main des impies » (Ac 2,23; voir aussi 13,28). Mais ailleurs ce sont les seuls Juifs auxquels le crime est imputé. Ainsi Pierre, dans le discours de la Pentecôte à la foule juive : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous, vous avez crucifié » (Ac 2,36). Des variantes de cette accusation se lisent en Ac 3,15; 4,10; 5,30. à l’origine on peut supposer une base traditionnelle, une formule lapidaire et contrastée de la prédication primitive aux Juifs, telle que : « Vous l’avez tué, mais Dieu l’a ressuscité ».

Dans les évangiles

Voyons à présent, par une série d’exemples, comment les évangélistes traitent à leur tour cette accusation en l’incorporant à leurs récits. Il est conseillé au lecteur d’avoir sous les yeux une synopse des récits de la Passion.
Jésus condamné à mort par le Sanhédrin

La séance du Sanhédrin devant lequel Jésus comparaît après son arrestation s’achève dans Marc et dans Matthieu par une condamnation à mort. Le grand prêtre constate que Jésus a blasphémé. Une délibération a lieu où le grand prêtre demande l’avis du conseil, lequel répond en déclarant (à l’unanimité dans Marc) que Jésus mérite la mort (Mc 14,64, par. Mt 26,66). Quand un tribunal, en fin de séance, tranche en déclarant que l’accusé est « digne de mort », il le condamne à mourir et, par le fait même, entend le remettre aux mains de ceux qui sont chargés de l’exécution. Sans doute, prise isolément, la formule pourrait n’être que l’expression d’une opinion. Mais ce ne peut plus être le cas dans le contexte évangé1ique où elle se trouve. Moins encore si l’on y joint la troisième prophétie de la Passion où Jésus déclare que les sanhédrites le « condamneront à mort et le livreront aux païens » (Mc 10,53, par.). Il ne fait aucun doute que les deux premiers évangélistes ont compris la conclusion de la séance comme une condamnation à mort de Jésus en bonne et due forme par l’instance suprême de la nation juive.

Or une lecture critique de cet épisode ne peut y voir qu’une composition chrétienne où l’accusation de blasphème n’est plausible que si les titres que Jésus confesse sont compris à la lumière de la foi chrétienne et que le reproche qui lui est fait est identique à celui des Juifs dans l’Evangile de Jean : « Ce n’est pas pour une bonne oeuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème et parce que, étant homme, tu te fais Dieu » (Jn 10,33). Nul en effet dans le judaïsme n’a été accusé de la sorte pour s’être déclaré Messie, et « Fils de Dieu » est l’appendice naturel du premier titre d’après la Bible elle-même (2 S 7,14; Ps 2,7). Sans doute, la position de Fils de l’homme assis 4 la droite de Dieu traduit une incontestable transcendance, mais sans aller jusqu’à prétendre à la divinité. Avec sa conclusion actuelle et le grief qui la justifie, le récit fait à la polémique une place importante, rejoignant l’accusation traditionnelle rappelée plus haut et l’élaborant à travers ce récit dramatique.

Les Sanhédrites et les outrages

D’après Marc (14, 65) et Matthieu (26, 67-68) l’épisode de la séance du Sanhédrin se prolonge par une scène d’outrages. Placé à cet endroit le tableau attribue nécessairement le fait aux sanhédrites. Marc écrit : « Et certains commencèrent à cracher sur lui... ». Ceux dont il est ici question ne peuvent être que certains membres du grand Sanhédrin qui vient de juger Jésus. Ils sont seulement secondés par des « valets » opportunément sortis de l’ombre. Attribuée à des sanhédrites, la scène est invraisemblable : c’est une scène vulgaire qui relève d’un commissariat indigne, non de ces hauts personnages de la nation. Jésus, on peut l’admettre, a été remis aux mains de la police du Temple en attendant d’être expédié devant Pilate. La scène a beau avoir été lue selon les prophéties (crachats et gifles sont infligés à l’innocent. persécuté d’après Isaïe 50,6-7), elle revêt dans Marc une touche nettement polémique, vu son attribution aux sanhédrites. La clarté sur ce point est totale dans Matthieu qui, tout en réécrivant la scène de Marc et en y mettant de l’ordre (les gifles n’ont plus l’air de tomber sur un visage voilé et les coups sont ramenés à une seule mention), fait savoir que les outrages sont le fait des sanhédrites dans leur ensemble, alors que, d’autre part, les valets ont complètement disparu.
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MessageSujet: suite de l'article catholique   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 09:20

Jésus livré par Pilate aux Juifs

Dans Marc (15, 15), à la fin du récit de la comparution de Jésus devant Pilate, on lit : « Pilate, voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et livra Jésus, l’ayant fait flageller, pour qu’il fût crucifié ». Le texte continue : « Or, les soldats l’emmenaient à l’intérieur du palais... » Suit la scène de moqueries jouée par les seuls soldats. Après quoi on lit : « Et ils le conduisirent dehors afin de le crucifier... » Le transfert au Golgotha, le narcotique, la crucifixion, tout est attribué à des gens qui ne sont pas nommés, mais qui ne peuvent être que les soldats. Il en va de même dans Matthieu.

Lisons à présent la version de Luc. à la fin du récit de la séance devant Pilate (23,24) Luc écrit : « Et Pilate prononça qu’il fut fait droit à leur demande ». « Leur demande », c’est la demande de ceux qui auparavant ont « demandé » la crucifixion de Jésus. Ceux-là sont « les grands prêtres et les chefs et le peuple » (23,13) qui se trouvent devant le tribunal de Pilate et avec lesquels celui-ci a essayé de négocier la libération de Jésus. échec du gouverneur qui est acculé à la capitulation. Lisons la suite : « II relâcha celui qui avait été jeté en prison pour émeute, celui qu’ils réclamaient; quant à Jésus il le livra à leur volonté » (23,25). « Leur volonté », c’est la volonté de ceux qui ont réclamé la crucifixion de Jésus. On les a déjà identifiés. Ici Luc ajoute quelque chose d’essentiel h la version de Marc : Jésus est livré par Pilate à la foule juive et à ses chefs.

Ce sont les mêmes qui emmènent Jésus au Calvaire, réquisitionnent Simon de Cyrène et crucifient Jésus. C’est ce que, sous une autre forme, Paul a déjà écrit dans la Première épître aux Thessaloniciens, et qu’on trouve, sous la plume du même Luc, dans les Actes des Apôtres, ainsi qu’on l’a vu plus haut. Mais Luc sait très bien que Jésus a été crucifié par les soldats de Rome : il le dit en termes équivalents dans les Actes (2,23; 13,28) et il le laisse suffisamment entendre dans son propre récit de la Passion : alors que jusqu’à la crucifixion incluse les soldats sont entièrement absents du récit, ils apparaissent ensuite tout à coup (23,36) pour se moquer, eux aussi, de Jésus en lui présentant du vinaigre.

Passons à présent à Jean. Pilate est censé dialoguer avec la foule juive massée à l’extérieur du palais. Pour finir, il se rend à leur dernier argument : « Si tu le relâches, tu n’es pas un ami de César » (19,12). « Alors donc, continue le texte, il le leur livra pour être crucifié » (19,16a). Jésus est donc livré par Pilate aux Juifs pour être crucifié. Continuons : « Ils prirent donc Jésus et portant la croix, il sortit vers le lieu dit du Crâne... où ils le crucifièrent ». Jusqu’à présent, il ne fait aucun doute que ce sont les Juifs qui ont crucifié Jésus. Mais poursuivons la lecture jusqu’en 19,23, où l’on est étonné de lire : « Les soldats donc, lorsqu’ils eurent crucifié Jésus, prirent ses vêtements... » Les soldats ont donc, eux aussi, crucifié Jésus ! Le heurt est ici encore plus grand que chez Luc entre la version historique et l’arrangement dû à l’évangéliste.
Barabbas, la foule et Pilate

Les fidèles qui fréquentent les églises le dimanche des Rameaux et le Vendredi-Saint connaissent familièrement les vociférations de la foule juive réclamant la crucifixion de Jésus. La version la plus ancienne de l’intervention de la foule au cours du procès romain de Jésus se lit dans Marc suivi par Matthieu. Les deux évangiles font apparaître deux éléments distincts dans ce récit. L’un (Mc 15,1-5, par.) rapporte l’interrogatoire mené par Pilate sous la pression des seuls grands prêtres. L’autre (Mc 15,6-15, par.) est l’épisode de Barabbas. Dans la seconde partie, changement de sujet et d’acteurs : tout est désormais centré sur l’élargissement d’un criminel au temps de la Pâque et l’action se déroule entre Pilate et la foule, les grands prêtres cessant d’intervenir directement.

L’épisode de Barabbas pose de sérieux problèmes d’historicité. L’amnistie pascale qui est le tissu même du récit a beau être présentée comme une coutume, on n’en trouve pas la moindre trace hors des évangiles, qu’il s’agisse de Pilate ou de n’importe quel autre gouverneur de Judée. Il est probable qu’à l’origine de cet épisode il y a un fait historique : d’après Marc (15,7) Barabbas avait été « arrêté avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre dans l’émeute ». Cette phrase renvoie à un fait connu des premiers lecteurs, au moins au niveau des sources de Marc, et dont le souvenir remonte à la première communauté de Jérusalem. Qu’un séditieux nommé Barabbas ait été libéré par Pilate à la demande de la foule est donc vraisemblable. On pourrait même admettre que ce fait a eu lieu le jour même où Pilate a condamné Jésus. Mais il est beaucoup moins sûr que les deux faits ont été mêlés historiquement tels qu’ils le sont chez Marc et que Pilate a été amené à libérer Barabbas à la place de Jésus.

Le caractère artificiel de la fusion étant admis, on est porté à mettre en doute l’intervention de la foule en la circonstance : en faveur de Barabbas et contre Jésus. On peut supposer qu’une délégation des grands prêtres s’est rendue au palais du gouverneur pour lui notifier la raison de l’arrestation de Jésus et de sa remise à l’autorité romaine. Mais il est douteux que cela se soit passé dans le cadre d’un tumulte populaire. Les chefs juifs n’avaient aucun intérêt à « exciter » la foule, comme le rapportent les évangiles : cela n’aurait pas été du goût de Pilate et aurait porté tort à l’entreprise des accusateurs. Ces vociférations et les appels au meurtre qu’elles contiennent sont, au plus probable, une version « jouée », une mise en scène de l’accusation traditionnelle dont témoignent Paul et les Actes : les Juifs sont responsables de la mort de Jésus
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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 09:24

« Son sang sur nous »

Matthieu insère dans le récit marcien du procès romain un épisode inédit (27, 24-25). Il est double. Sa première partie a Pilate comme acteur principal, la foule se contentant d’être spectatrice. Dans la seconde partie, la foule, qui est devenue « tout le peuple », est seule à se manifester.

Au départ, c’est une prise de conscience chez Pilate. Le tumulte en est arrivé à un tel point que le gouverneur doit prendre une décision. Il est convaincu de l’innocence de Jésus et sa femme l’a mis en garde contre toute sentence qui le condamnerait. Donc Pilate est amené à se tenir en dehors de l’affaire. Pour se dégager de toute responsabilité, il s’inspire de la Bible et il semble avoir lu le Deutéronome et sa réglementation concernant le cas du meurtrier inconnu (Dt 21,1-9). Le lavement des mains et la déclaration qui suit sont en tout cas racontés par quelqu’un qui connaît l’Ancien Testament. Comme dans le Deutéronome, la parole donne le sens au geste. Après s’être lavé les mains, Pilate déclare : « Je suis innocent de ce sang a; ou (autre traduction possible du grec) » ... du sang de celui-ci, de cet homme « [2]. Pilate refuse de s’engager davantage. Il laisse par contre à ses interlocuteurs le loisir de prendre leurs responsabilités. C’est ce qu’ils vont faire sur le champ.

Mais d’abord, de qui s’agit-il ? Matthieu ne parle plus ici de la « foule » ou des « foules ». Cette dénomination s’arrête en Mt 27,24. Mais au v.22 il est déjà question de « tous », à propos de la clameur réclamant la crucifixion de Jésus. Maintenant (v.25), c’est « tout le peuple ». L’expres​sion(un écho de Dt 27,15-26) est solennelle et le changement, significatif : c’est la nation israélite qui s’engage et qui déclare : « Son sang (soit ou est [3] sur nous et sur nos enfants ! »

Cette phrase doit s’interpréter d’après les expressions bibliques dont elle dérive. Ce sont des formules juridiques. En voici quelques exemples. Un fils maudit son père ou sa mère : « Son sang (est) sur lui » (Lv 20,9). Au meurtrier de SaüI David déclare : « Ton sang (est) sur ta tête, puisque ta bouche a témoigné contre toi » (2 S 1,16). Dans ces passages la formule veut dire que l’intéressé porte la responsabilité de son acte coupable et de la sanction que cet acte entraîne, à savoir la mort. Parfois les descendants sont impliqués. Salomon, qui est sur le point de faire exécuter Joab, donne la raison de son geste : « Yahvé fera retomber son sang sur sa ôte, à lui qui a frappé deux hommes plus justes et meilleurs que lui... Leur sang retombera sur la tête de Joab et sur la tête de ses descendants à jamais » (1 R 2,32-33). Plus étroitement apparenté au texte de l’évangile est ce passage de Josué 2,19 où les espions israélites s’engagent à épargner la famille de Rahab à condition qu’elle reste groupée dans sa maison : « Si quelqu’un d’eux sort par les portes de ta maison pour aller dehors, son sang (scia) sur sa ôte; mais si l’on met la main sur l’un de tous ceux qui sont avec toi dans la maison, son sang (sera) sur notre tête’ », c’est-à-dire : nous porterons la responsabilité du meurtre.

Ainsi en va-t-il de la déclaration de « tout le peuple » à Pilate : « Son sang (soit ou est) sur nous et sur nos enfants ». Par cette parole « tout le peuple a assume la responsabilité de l’exécution de Jésus qu’il réclame. Mais on a remarqué que ce peuple engage aussi ses » enfants« . Qui sont-ils ? Si l’on consulte l’Ancien Testament, on peut hésiter entre la descendance immédiate et l’ensemble des générations à venir, car le sens varie suivant les contextes. Par exemple, en Gn 31,16, il s’agit de la descendance immédiate, quand Rachel et Léa déclarent à Jacob : » Tout le bien que Dieu a enlevé à notre père caban), nous l’avons, nous et nos enfants « . Mais il est clair qu’on change de perspective dans cette menace divine : » Si vous vous détournez de moi, vous et vos enfants, si vous n’observez pas mes commandements et mes lois... j’exterminerai Israël du pays que je leur ai donné " (1 R 9,6-9). Ici c’est le peuple présent et sa continuation qui sont concernés, sans qu’on puisse n’envisager que la postérité immédiate.

Le Nouveau Testament offre des cas similaires, notamment quand Matthieu (2,18) cite Jérémie 31,15 à propos des Innocents massacrés par Hérode : « Rachel pleure ses enfants », des enfants qui s’étendent évidemment bien au-delà de ceux que Rachel a donnés à Jacob. Il en va de même dans la déclaration du peuple à Pilate, si l’on remarque qu’ici c’est « tout le peuple » qui s’exprime et la nation qui s’implique, engageant sa postérité sans autre précision dans la responsabilité de la crucifixion de Jésus qu’il a réclamée.

On n’oubliera pas que Matthieu écrit après les malheurs de la guerre juive et de la terrible catastrophe que fut pour Israël la ruine de Jérusalem en 70. Mais on aurait tort de lire dans la phrase en question une malédiction que le peuple s’infligerait à lui-même et dont il accable-rait sa descendance. Cette interprétation est malheureusement présente chez certains Pères de l’église et chez bien d’autres auteurs jusqu’à notre époque [4]. Dans son commentaire du passage de Matthieu saint Jérôme écrivait : « Cette malédiction demeure jusqu’à ce jour sur les Juifs et le sang du Seigneur n’est pas 8té d’eux. C’est pourquoi il est dit en Isaïe (1,15) : ’Si vous levez vers moi les mains, je ne vous exaucerai pas. Car vos mains sont pleines de sang.’ Voilà l’excellent héritage que les Juifs laissent à leurs fils, en prononçant cette parole... » (PL 26, 207). Saint Léon le Grand appelait Israël à la conversion en ces termes : « Délivre-toi de la cruelle imprécation de tes pères, et ne te laisse pas lier par la malédiction qu’ils ont prononcée lorsqu’ils criaient contre le Christ... » (PL, 54, 249).

Bossuet, dans son Sermon pour le Vendredi-Saint [5], glose ainsi le texte : « J’entends les Juifs qui crient : ’Son sang soit sur nous et sur nos enfants.’ Il y sera, race maudite; tu ne seras que trop exaucée : ce sang te poursuivra jusqu’à tes derniers rejetons, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, se lassant enfin de ses vengeances, qui se souviendra, à la fin des siècles, de tes misérables restes. » Et sous la plume d’un exégète relativement récent, le P. Durand, dans son commentaire de Matthieu [6] : « On sait comment Dieu a relevé cette sacrilège bravade. La légende du ’Juif errant’ n’est qu’une expression symbolique de l’histoire. Comme Caïn, Ahasvérus porte au front une tache de sang qu’il n’a pas encore réussi à effacer. »

Cette « auto-malédiction » n’a pas de fondement dans les textes et il est indu de s’en prévaloir pour justifier les malheurs du peuple juif au cours de l’histoire. Mais il faut aller plus loin et admettre que cette phrase, selon toute vraisemblance, n’a jamais été prononcée, qu’elle est un produit de la polémique et sert, sous la plume de l’évangéliste, à faire de la Guerre juive et de la ruine de 70 le châtiment des Juifs inculpés collectivement du meurtre du Messie.
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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 09:27

Remarques en guise de conclusion

Polémique anti-juive et apologétique pro-romaine


La polémique antijuive et les inculpations massives dont les Juifs sont l’objet dans les récits évangéliques de la Passion sont en partie le revers d’une apologétique destinée à disculper les chrétiens, et d’abord Jésus lui-même, d’une opposition à l’Empire. En accablant les Juifs, les chrétiens ôtaient assurément aux Romains une part de leur responsabilité dans cette affaire. Mais en plus les évangiles font apparaître une volonté de montrer que le pouvoir romain n’a condamné Jésus qu’à regret et sous la pression juive. Cela se manifeste à des degrés divers.

Pour ce qui est de Marc, cet évangéliste est moins intéressé à exploiter la conviction de Pilate touchant l’innocence de Jésus qu’à souligner la responsabilité des juifs, lesquels finissent pas l’emporter sur les réticences, à vrai dire timides, du gouverneur. Cela est encore plus vrai de Matthieu, chez gui la polémique antijuive domine largement. Du reste Matthieu, dans son récit, mène moins une défense du christianisme devant l’Empire qu’il ne fait ressortir les dispositions favorables des païens - et non des moindres - envers Jésus; ce qui est une annonce et préfiguration de l’accès de ces mêmes païens à la foi chrétienne, tel que l’évangéliste et son église le vivent actuellement. La femme de Pilate, favorisée par un avertissement surnaturel, reconnaît en Jésus un « juste » et intercède en sa faveur (27,19). Tout est limpide à la fin, quand non seulement le centurion du Calvaire (comme dans Marc) mais encore les soldats qu’il commande confessent Jésus comme le Fils de Dieu (27,54).

Si dans Jean toute apologétique de ce genre disparaît (les soldats et Pilate sont résolument du clé du « monde »), Luc, dans son évangile et dans les Actes, la développe, encore qu’il ne faille pas la majorer. Dans les Actes, on l’a vu, Luc attribue aux Juifs la crucifixion et il écrit que les Juifs « ont demandé à Pilate de faire périr » Jésus (Ac13,28). C’est ce que fait Pilate; et Luc, dans l’évangile, ne le cache pas, au contraire même, puisque dans le récit du procès la responsabilité du gouverneur est accrue par la phrase qui clôt la séance : « Pilate prononça (en juge) qu’il fût fait droit à leur demande » (23,24). En affirmant par trois fois l’innocence de Jésus, Pilate oppose en réalité une résistance au dessein de Dieu; mais Dieu finira par l’emporter, car Jésus doit mourir et ce n’est pas un magistrat de l’Empire qui pourra l’en empêcher. Cela montre bien que Luc n’a pas pour but principal de ménager l’autorité romaine mais poursuit une visée théologique (et aussi apologétique) à l’intention des chrétiens : il s’agit de comprendre et de justifier la Passion.

Reste qu’on ne saurait ignorer l’autre propos. Cela, d’autant moins qu’il se fait jour également dans les Actes, à propos de Paul dans ses rapports avec les autorités impériales. Dans l’évangile Jésus est accusé explicitement par les sanhédrites de subversion anti-romaine : « Nous avons trou-vé cet homme perturbant notre nation : il empêche de payer les impôts à César et se pré-sente comme Christ roi » (Lc 23,2). Cette accusation est écrite à dessein, pour être aussitôt neutralisée par le représentant local de l’Empire. Pilate, sans manifester la moindre sympathie pour le prisonnier, sans la moindre compassion envers lui, écarte froidement de Jésus tout grief politique. De plus, appuyé par Hérode, vassal de l’Empire, il se fait indirectement l’avocat de l’accusé, selon la justice romaine qu’il représente (23,1.4-15).

Le peuple et les chefs

La polémique anti-juive dans les récits de la Passion n’est pas purement arbitraire, car elle possède des bases historiques. Il est indubitable que l’affaire est partie d’une initiative de la hiérocratie juive de Jérusalem et, bien que son intérêt politique - voire économique - ait été en jeu, on ne peut pas dire qu’elle ait agi sans égard pour la population elle-même, encore moins contre elle. Il n’y a pas eu de soulèvement populaire à cette occasion et, si l’on peut douter de la présence de la foule devant le palais gouverne-mental, il est difficile d’admettre qu’elle ait été favorable à Jésus, à ses idées et à son mouvement. Donc, tout en étant schématisée à l’extrême, l’attribution de la mort de Jésus aux « Juifs » n’est pas entièrement gratuite.

A cela il faut ajouter que les évangiles eux-mêmes invitent les lecteurs à reconnaître la responsabilité des chefs dans cette affaire et à établir une distinction entre eux et le reste du peuple. Dans Marc, ce sont les chefs qui sont responsables de tout. La foule est simplement manipulée. Les chefs, qui ont égaré le peuple en falsifiant les prescriptions divines (Mc 7,6-13), ont tout autant perdu Israël comme peuple du salut en faisant mourir le Christ (12,1-12). C’est à ces mêmes chefs, lors du procès, que Jésus promet de le « voir », pour leur confusion, dans le triomphe de la seconde venue (14,62). Donc la pointe de la polémique marcienne vise non les Juifs comme tels et dans leur ensemble, mais les autorités qui les gouvernent.

Matthieu suit pour l’essentiel cette ligne. La Passion apparaît dans cet évangile comme une entreprise menée systématiquement par les autorités juive, peu scrupuleuses sur les moyens à prendre (voir la tractation financière avec Judas en 26,14-15) et qui n’hésitent pas à assumer un acte qu’elles reconnaissent comme criminel (27,6 : c’est le « prix du sang », bien mal acquis). Mais on note ici un développement sensible par rapport à Marc : ces autorités influencent « tout le peuple », lequel, comme ses chefs et perverti par eux, endosse solennellement la responsabilité de la crucifixion de Jésus et va même plus loin puisqu’il engage sa postérité dans la mime voie.

Luc (comme Jean : 13,2.27 [7]) voit derrière l’action des hommes celle de Satan (22,53). Mais Satan manipule avant tout les autorités juives de Jérusalem. Ce sont elles qui, de l’arrestation à la crucifixion, mènent toute l’affaire. à ces autorités Luc joint les « habitants de Jérusalem » (Ac 13,27) dont il nous apprend qu’ils ont réclamé la crucifixion de Jésus (Lc 23,4-5.13.18.21.23). Mais il faut aussi remarquer que, dans la Passion selon Luc, la « foule » ou le << peuple« n’offre pas toujours des traits hostiles. On y trouve des gens de Jérusalem, avec les femmes pleureuses, pour accompagner respectueusement Jésus sur le chemin du supplice. Au Calvaire, il n’y a plus que les chefs et les soldats pour se moquer de Jésus. Le peuple se contente de » regarder", puis, après la mort de Jésus, il bat sa coulpe et se repent (23,35.48). Cette présentation des faits non seulement n’accuse pas les Juifs en bloc, mais encore elle épargne quelque peu ceux auxquels, traditionnellement, on imputait la mort de Jésus. Luc a un schéma en tête et il tient à écarter, malgré tout, de l’esprit de ses lecteurs l’idée d’une rupture radicale entre Israël et son Messie, pour n’avoir pas à accuser Dieu d’avoir rompu ses propres engagements.

Les dangers d’une lecture naïve

Tout en devant être évaluée à son juste poids, la polémique anti-juive est bien présente dans les récits évangéliques de la Passion. Elle en arrive même à altérer les faits pour les mettre à son service. En cela elle a été et demeure dangereuse. Quand, pendant vingt siècles, les chrétiens ont entendu dire, dans leurs assemblées, que les Juifs de Jérusalem ont crucifié Jésus après l’avoir traîné au Calvaire, il y a danger. Danger considérablement amplifié en raison de l’autorité des textes qui présentent ainsi les choses.
Quel anti-dote opposer à ce qui est encore susceptible d’empoisonner l’esprit des chrétiens ? On écartera sans scrupule toute révision du Iectionnaire liturgique qui soit amputerait le texte des passages gênants, soit chercherait à rendre ces derniers inoffensifs par des traductions qui en altéreraient le sens. Ce ne serait être honnête ni envers les textes ni envers les fidèles. On se demande, du reste, comment procéder à ce qui, dans l’une ou l’autre hypothèse, relèverait du tour de force.

Des remarques ont été faites au sujet du genre polémique dans l’antiquité juive et chrétienne. On reconnaît la part de convenu et de clichés qu’elle incorpore. On admet aussi qu’à l’origine, au moins pendant un certain temps, cette polémique était plutôt interne au judaïsme, puisqu’elle opposait une « secte » issue de son sein à la majorité et à ses leaders. Ce ne fut plus le cas par la suite, où le mouvement chrétien, recrutant essentiellement parmi les non-Juifs, poursuivit sa destinée hors d’Israël et que la mésentente (du reste réciproque) cessa d’ire familiale. Il ne suffit donc pas de rap-peler le temps où elle l’était encore et ou l’on se jetait au visage injures et griefs, selon des règles bien établies entre Juifs pour écarter le danger là où la situation a changé du tout au tout.

Aujourd’hui où, parmi les chrétiens, on prend enfin conscience d’un risque qui n’est que trop réel, il devient nécessaire de repenser la théologie de l’écriture. Une doctrine de l’inspiration scripturaire qui se simplifie le travail en décrétant que tout dans les livres canoniques est à la fois de Dieu et de l’homme ne fait que poser, par une formule sonore, d’inextricables problèmes. Acclamer la « parole de Dieu » après avoir Iu les... civilités que Matthieu (ch. 23) met sur les lèvres de Jésus à l’adresse des « scribes et des pharisiens hypocrites » peut ne pas émou-voir une assemblée ronronnante, mais ne saurait satisfaire des esprits honnêtes et exigeants. Tant qu’on n’aura pas, en théologie, abordé ces textes dans leur crudité il manquera une pièce essentielle au rapprochement souhaité entre Juifs et chrétiens, car l’éducation pastorale dépend de la réflexion théologique. De ce que les chrétiens soient pratiquement les seuls à l’entreprendre sur ce point, à partir d’une ana-lyse critique, il n’y a pas à se plaindre : ce courage est le signe d’une recherche inlassable de la vérité.

[1] Le thème est juif et se trouve déjà dans la prière de pénitence en Ne 9,26. Les chrétiens s’en servent pour incriminer les Juifs (voir Mt 23,37 ; Ac 7,52).

[2] Cette seconde traduction est à préférer à cause de la suite : » son sang« , litt. : a le sang de celui-ci ».

[3] Qu’il s’agisse d’un souhait ou d’une affirmation (la phrase est sans verbe), le sens est le même.

[4] Voir F. Lovsky, Antisémitisme et mystère d’Israël, Paris, 1970.

[5] Oeuvres, éd. Gauthier, t. IV, 1828, p. 20.

[6] Coll. « Verbum Salutis », 11’ éd., Beauchesne, Paris 1929, p. 511.

[7] Dans Jean, aucune nuance ni distinction, car chez lui règne un schématisme symbolique où « les Juifs » rejoignent Pilate dans son allégeance au « monde » et à son Prince. La perspective, sans cesser d’être polémique, accède au niveau théologique et transhistorique.
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Alice

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 10:21

Ungern a écrit:

Historiquement les choses s'établissent ainsi :

Ton énumération ne peut prétendre recevoir "l'imprimatur historique", il s'agit juste d'hypothèses reconstruites à partir des sources évangéliques (dont la valeur historique est plus que sujette à caution)

Citation :
L'acte d'accusation change devant les 2 tribunaux : devant le Sanhédrin,l'acte d'accusation est au final le blasphème,. C'est sur base de cet acte d'accusation qu'il est transféré à Pilate . Mais devant Pilate l'acte d'accusation invoqué change; cette fois çi Caïphe invoque la sédition anti romaine .

Il n'y a pas eu de procès devant un tribunal juif (sanhedrin) il ne peut donc y avoir eu "d'acte d'accusation" en tant que tel.
Qui plus est, comme je l'ai déjà souligné, le "crime de blasphème" tel qu'envisagé dans le droit hébraique ne correspond pas à ce qui est reproché à Jésus (ce qui confirme encore le caractère improbable de la tenue d'un procès selon la loi juive)

On a donc d'un côté, un soi-disant "procès juif":
- qui ne respecte pas les procédures prévue par la loi juive
- qui porte un acte d'accusation non prévu par le droit hébraique
- dont "le tribunal" si tant est qu'il ai existé, agit de manière illégitime.

De l'autre, on à un "procès romain" :
- qui ne relève pas du jugement d'un tribunal constitué mais de la décision d'un seul homme, responsable du maintien de l'ordre dans la région
- une décision d'exécution d'un agitateur séditieux qui risquait de porter atteinte à la pax romana
- une mise à mort conforme au droit romain.

Citation :
A plusieurs reprises la foule pousse puis force même la main à Pilate en menaçant d'appeler "Rome" si Pilate n'exécute pas un agitateur anti romain .

Aucune valeur historique à ce passage, au contraire. Ponce Pilate est connu historiquement pour sa violence répressive vis-à-vis des populations de Judée et son incapacité à faire montre de diplomatie dans ses relations avec les populations locales, c'est d'ailleurs ce qui lui vaudra d'être renvoyé à Rome par le légat de Syrie. L'image d'un Ponce Pilate qui aurait besoin que la population locale lui "force" la main pour exécuter un agitateur anti-romain est totalement incohérente.

Citation :

Alors je n'ai pas très bien compris ,mais tu sauras sûrement m'expliquer :

.Qui a la responsabilité juridique?
.Qui a la responsabilité morale ?


Responsabilité juridique : le pouvoir romain très clairement
Responsabilité morale : Caïphe et "sa mafia"
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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 12:43

Eddie a écrit:

D'un autre côté le monde en aurait été changé, car sans la crucifixion du Djizeus les produits mythologiques et monumentaux dérivés de sa boîte n'auraient jamais pu connaître le succès. C'est presque sûr qu'il n'y aurait pas eu les allumés du tapis qui doivent beaucoup à la dissidence du judaïsme qu'est le christianisme.

Tout se tient.

Comme le monde serait beau !



Mais de quoi parlerait-on ?


Mab
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EddieCochran
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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 15:46

Mara-des-bois a écrit:


Mais de quoi parlerait-on ?
Mab

Bof, il resterait toujours l'hommerie et la khônnerie éternelles pour
jaser goulument sans fin, surtout que l'absence de mythologies
ne signifie nullement absence de politique.

Et puis pour vous les filles il y aurait à dire du bien des mecs
et pour nous les garçons à dire du mal des filles.
(Et c'est sans compter les affaires de belles-mères et les histoires belges !).
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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 15:51

EddieCochran a écrit:
Mara-des-bois a écrit:


Mais de quoi parlerait-on ?
Mab

Bof, il resterait toujours l'hommerie et la khônnerie éternelles pour
jaser goulument sans fin, surtout que l'absence de mythologies
ne signifie nullement absence de politique.

Et puis pour vous les filles il y aurait à dire du bien des mecs
et pour nous les garçons à dire du mal des filles.
(Et c'est sans compter les affaires de belles-mères et les histoires belges !).

Franchement Eddie, je te comprends pas: je trouve ça HYPER CLASSE la crucifixion... :dans le reportage sur Djizeus ("les fruits de la passion" ou un truc comme ça ), on l'entend en plus parler en ...: araméen !!!! y'a personne qui sait faire ça...: on te crucifix et toi tu trouves encore le moyen de dire des trucs supers beaux en A-R-R-A-M-E-E-N !!!!

.... ou alors t'aime pas le cinéma ....
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Zed

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MessageSujet: Re: Le procès de Jésus .   Le procès de Jésus . Empty19/1/2012, 16:06

quantat a écrit:
EddieCochran a écrit:
Mara-des-bois a écrit:


Mais de quoi parlerait-on ?
Mab

Bof, il resterait toujours l'hommerie et la khônnerie éternelles pour
jaser goulument sans fin, surtout que l'absence de mythologies
ne signifie nullement absence de politique.

Et puis pour vous les filles il y aurait à dire du bien des mecs
et pour nous les garçons à dire du mal des filles.
(Et c'est sans compter les affaires de belles-mères et les histoires belges !).

Franchement Eddie, je te comprends pas: je trouve ça HYPER CLASSE la crucifixion... :dans le reportage sur Djizeus ("les fruits de la passion" ou un truc comme ça ), on l'entend en plus parler en ...: araméen !!!! y'a personne qui sait faire ça...: on te crucifix et toi tu trouves encore le moyen de dire des trucs supers beaux en A-R-R-A-M-E-E-N !!!!

.... ou alors t'aime pas le cinéma ....



Bof, le cinéma n'est plus ce qu'il était.

Je trouve qu'ils manquent d'innovation, ben oui quoi.

La croix était en bois, ils auraient pu y mettre le feu, du bois ça brûle, non?
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