> 90% des hommes, au Moyen Age, vivent à la campagne et tirent leurs ressources de la terre. Ce sont des vilains ou des serfs. Le vilain est un serf qui s'est affranchi. Le serf, lui, est attaché à une terre que lui a confiée le seigneur, et qu'il ne peut ni quitter, ni vendre.
Mais le serf n'est pas un esclave !Il est même beaucoup mieux traité qu'un esclave : sa terre lui assure sa nourriture, et s'il ne peut la quitter, on ne peut non plus, en aucun cas, la lui enlever. Certes, il doit à son seigneur un certain nombre de corvées par an, comme rempierrer un chemin menant au château ou couper l'herbe sur les talus, mais ceci dit, ces jours ont tendance à diminuer durant tout le Moyen Age.
Le serf était obligé d'utiliser le moulin, le four et le pressoir du seigneur et de payer pour cela. Mais, aurait-il eu les moyens suffisants pour s'en servir une seule fois par an ?
En fait, ce n'est pas le système féodal qui fut oppressant pour le paysan. Ce furent les hivers trop longs et froids pendant lesquels les bêtes mouraient, faute d'avoine. Ce furent les guerres qui ravageaient les champs et les villages. Ce furent les épidémies de peste. Ce furent aussi les meuniers malhonnêtes qui mettaient du sable au fond du sac de blé moulu pour s'en garder une bonne part - d'ailleurs on dit "voleur comme un meunier". Ce furent, enfin, les seigneurs cupides et mauvais gérants qui pressaient leurs hommes comme des citrons, pour donner de vaines fêtes où l'on gaspillait la nourriture. Car, oui, il était de mauvais seigneurs comme de mauvais pères qui maltraitent leurs enfants, sans se rendre compte qu'ils courent à leur propre perte.
Mais ce sont là des exceptions. Le seigneur honnête et clairvoyant respectait ses hommes parce qu'il les connait bien. Il les rencontrait souvent : le dimanche à l'église, dans les nombreuses fêtes paysannes dans lesquelles il ne dédaignait jamais de danser, au moment des grands travaux d'été quand il fallait organiser les équipes de moissonneurs et de vendangeurs et surtout pendant les cours de justice qu'il tenait régulièrement dans les villages afin de régler les différents entre les habitants.
Tout le monde pouvait assister aux séances de justice.
Les jugements rendus ne l'étaient pas en fonction d'une loi abstraite et impersonnelle, comme aujourd'hui, mais en fonction du droit coutumier propre à chaque paroisse, chaque région, et que les paysans connaissaient aussi, et que le seigneur se gardait bien d'enfreindre ...
Au Moyen Age, bon nombre de châtellenies n'étaient pas grandes, ce qui favorisait les rapports harmonieux d'échanges et de services entre les différents protagonistes. Chacun y trouvait son propre compte.