Emmanuel MACRON, 8e Président de la République Française

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Dans le détail, les montages financiers du groupe au Luxembourg sont assez complexes. Il y a d'abord la société Epajona, gérée par Élisabeth Holder, la benjamine de la famille. À 44 ans, cette dernière, qui a fondé sa société au Luxembourg en décembre 2010 avant de quitter la France, dirige aujourd’hui le développement de Ladurée aux États-Unis. En décembre 2011, près de 20 millions d’euros sont placés dans la société. Afin de gonfler le capital de sa holding, Élisabeth Holder souscrit, fin 2011, 159 000 nouvelles parts sociales en les libérant intégralement par l’apport en nature de 11,73 % du capital de la SAS Holder. Valeur estimée de l’opération : 19 883 500 euros.

À peine six mois plus tard, la structure faîtière investit dans une seconde entreprise luxembourgeoise : MH5. Cette fois, la société est fondée par Maxime Holder, 47 ans, second enfant de l’ancien couple et PDG des boulangeries Paul. Deux semaines à peine après sa création, la holding augmente son capital de 17 millions d’euros, là aussi par apport en nature de la SAS Holder. Au sein du groupe, MH5 a pour missions l’acquisition et la gestion d'autres sociétés luxembourgeoises ou étrangères. Elle peut accorder aux sociétés du groupe toutes sortes d'aides, de prêts, d'avances et de garanties.

Le rôle des deux holdings luxembourgeoises est central dans le fonctionnement du groupe familial. Pour preuve : le 13 juin 2016, Françoise et Francis Holder modifient les statuts de leur SAS en France afin qu’elle puisse intégrer en qualité d’administrateur les sociétés Epajona, MH5… mais aussi H’Corp, l’entreprise luxembourgeoise de David Holder. David, troisième enfant, est le PDG des macarons Ladurée. En 2010, Françoise Holder a investi dans H’Corp l’équivalent de 6,3 millions d’euros, au moyen d'un apport en nature consistant en l’usufruit de 57 444 actions de la SAS Holder.

De toute évidence, le Grand-Duché ne sert pas qu'à optimiser la gestion familiale. C'est également de là, et non depuis la France, que l'empire familial développe ses investissements, selon des montages complexes dont le but exact reste inconnu.

Conduit depuis 2004 par Maxime Holder, le développement des boulangeries Paul au Royaume-Uni en est un parfait exemple. Pour lancer cette aventure, les Holder se sont ainsi associés au sein d'une joint-venture à David Belhassen, un entrepreneur français, ancien de Goldman Sachs, fondateur du fonds de capital-investissement offshore Neo Capital. L’investisseur est un partenaire habituel de la famille, puisqu'il a accompagné le développement de Ladurée à Dubaï, au Qatar, au Koweït, en Australie, en Chine, à Singapour ou en Corée du Sud.

La création d’une holding dans le Grand-Duché aurait-elle également servi à masquer l’identité d'autres investisseurs ? L’entreprise familiale n’a jamais donné leurs noms. Selon nos informations, ils ont une réputation sulfureuse.

Pour boucler le tour de table, David Belhassen s'est en effet associé à Yariv Elbaz, self-made man ambitieux, « très proche » de l’homme d’affaires Richard Attias selon Jeune Afrique, qui a fondé plusieurs sociétés de gestion après être passé par la BNP. Né au Maroc en 1976, ce Français basé à Genève dirige désormais le fonds d’investissement YCap, au cœur d’opérations de rachat de plusieurs sociétés agroalimentaires africaines, et a été récemment sanctionné d'une amende de 200 000 euros par l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour avoir rétrocédé des frais de gestion du Luxembourg vers la France.

Autre investisseur ayant investi à ses côtés – et ce, via une société maltaise : Steve O’Hana, fils d'une des plus grandes familles du Maroc, mis en cause à la fin des années 90 dans une affaire de blanchiment. Son nom est cité dans le scandale des « Panama Papers », révélés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).

Aux côtés de ces investisseurs hétéroclites, la famille Holder a continué à contrôler 30 % de Paul UK Partners via une autre société, elle aussi domiciliée au Luxembourg, Holder International, qui a bénéficié de plusieurs augmentations de capital effectuées par le groupe. En mars 2010, la famille Holder reprendra le contrôle total de Paul UK Partners jusqu’à sa dissolution complète en 2014. Holder International est alors remplacée par une autre société, Paul International, domiciliée à Genève. Quelques mois plus tard, en novembre 2010, une autre holding « Cofinholder Suisse », directement dirigée par Françoise Holder, est créée. Selon nos informations, elle a ensuite investi plusieurs centaines de milliers de francs suisses dans la construction du centre mondial de production de macarons Ladurée à Enney, dans le canton de Fribourg.

Inaugurée en juin 2012, cette usine, qui a une capacité de production de 20 millions de pièces par an, constitue l’un des derniers gros investissements de David Holder. Résident suisse après être passé par le Luxembourg et Monaco, il peut ainsi continuer d'irriguer le marché mondial de ses pâtisseries. Voilà sans doute le genre d'entrepreneur « parti faire carrière à l’étranger » que Françoise Holder et Emmanuel Macron aimeraient convaincre de « revenir » dans l’Hexagone.