2 -
- L'excellent Jam a écrit:
- les révoltes et insurrections sont les conséquences directes de conditions économiques dégradées (la paupérisation)
Ce sont en effet les conditions économiques dégradées pour un groupe donné qui constituent les invariants de la majorité des mouvements d'humeur des groupes sociaux à travers l'Histoire.
Il existe cependant un exemple contemporain qui infirme la présente loi ou du moins la prend à contrepied : mai 1968 fut une révolte survenant en période économique prospère et de croissance, et elle fut même en partie dirigée contre la forme de bien-être économico-social en place dans les pays occidentaux et au Japon : l'Etat-providence. En Tchécoslovaquie sous la botte soviétique par-contre, au même moment la révolte se déroulait dans un pays à économie faiblement développée par rapport à l'Europe de l'Ouest ; le soulèvement populaire n'était pas motivé par la revendication d'un bien-être matériel mais par une revendication portant sur la reconnaissance de
libertés fondamentales (selon notre vocabulaire actuel) et d'une autonomie décisionnelle des peuples tchécoslovaques sur fond de nationalisme.
Dans les Etats-providence, le moteur de la révolte de 1968 fut une
bataille d'Hernani à l'échelle d'un vaste ensemble de pays, une rébellion idéologique marquant la fracture entre la conception du monde des
modernes (les jeunes) et celle des
anciens (les satisfaits du système, les conservateurs), le tout sur fond d'opposition à la guerre du Vietnam.
Je crois qu'en raison de la tentation de produire chez nous des resucées de nostalgie les acteurs de cette événement n'ont pas encore osé une analyse historique dépassionnée. Surtout en France où l'on a fait croire à toute une génération et partant leurs descendants que le "phénomène Mai 1968" n'a été qu'un épisode exclusivement franco-français. Ce qui est bien évidemment inexact et formidablement réducteur.